Augustine, Alice Winocour
- Dans Billets d’Enfine Boulimie & Hyperphagie
- par Charlotte Planchette
- le 04/12/2012
Par : Charlotte Planchette
« La définition de l’hystérie n’a jamais été donnée et ne le sera jamais » (Ernest-Charles Lasègue, 1816-1883)
L’hystérie. Un mot employé à tort et à travers de nos jours, sans rapport avec son sens originel, mais toujours accompagné d’une dimension négative. L’hystérie est une névrose que notre société s’est chargée d’oublier autant que possible.
Alice Winocour a fait le choix de ressusciter cette pathologie au travers de la relation entre le docteur Charcot (Vincent Lindon) et sa patiente Augustine (Soko). Une relation basée sur la séduction, le jeu mais aussi un grand respect mutuel.
Augustine pousse le spectateur à se confronter à cette névrose féminine oubliée dans ces formes là et l’entraîne dans une observation quasi scientifique de l’hystérie. Le spectateur, comme un disciple du maître, suit pas à pas les expériences de Charcot sur sa patiente et espère sa guérison. Toutefois la guérison ne se produira pas de la façon à laquelle le spectateur s’attendait, et force est pour nous de constater que ce que le film cherche à montrer avant tout, c’est la reconnaissance d’une maladie psychiatrique longtemps considérée comme une preuve de possession démoniaque. Si Charcot n’apporte pas de solution à l’hystérie, il apporte cependant une considération à cette maladie longtemps rejetée, et trace la voie pour Freud qui démontrera que les symptômes physiques de l’hystérie sont dus, tout comme les troubles du comportement alimentaire, à des conflits psychiques réprimés.
Indécence, érotisme, voyeurisme scientifique et lyrisme gothique s’enchevêtrent dans ce premier film impressionnant de maîtrise pour Alice Winocour qui, en faisant de la condition féminine le sujet de son long métrage, réussit à entraîner son spectateur dans les méandres de la pathologie hystérique. La cinéaste a gagné son pari, et Augustine aussi.