reversi
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- Sab
- Sab'liées et Tite Grande Sab... ;-)
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- Enregistré le : 14 mars 2003, 01:00
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reversi
Tristement réaliste, mais à garder quelque part en tête. On pense à nos établissements scolaires comme lieux grouillants de vie, de rire, de chamailleries, de flirts. Parfois aussi des choses moins drôles, des pleurs, bagarres, "violence", "délinquance juvénile", etc. Tout cela est, au fond, de la vie. Mais au cours de notre carrière, que ce soit au tout début, ou à la fin, nous serons confrontés à la perte de l'un de nos ados. Parfois ce sera un suicide, une longue maladie, ou accidentel. Il n'ya pas d'échelle pour classer ce qui est pire ou moins pire. Une chose est certaine : l'horreur atteint son comble lorsqu'elle se produit devant un ou des camarades.
Alors, avec ce profond sentiment de révolte que l'on ressent lorsque les images nous reviennent, d'une voix, d'uun sourire, de petits souvenirs anodins qui se rappellent à notre mémoire alors qu'ils allaient se faire oublier, d'une personne fauchée en pleine force de l'âge.
Nous parlions de cette classe de seconde avec une autre enseignante, qui me disait à quel point ils étaient encore bébés, dans le sens "manque d'autonomie". Je lui avais répondu qu'on allait les voir grandir en cours d'année. Classe charnière la seconde. Je ne pensais pas que ce serait si brutal. Je voulais qu'ils grandissent de façon naturelle et non qu'ils vieillissent de plusieurs années en quelques secondes.
En quelques secondes, une vingtaine de jeunes gens de 16-17 ans auront connu l'extrême fragilité et l'éphémère d'une vie. Ils auront ri et blagué avec une camarade dans un car qui les amenait vers ce qui aurait dû être un beau voyage. Car qui devait revenir sans elle. Ils auront connu la panique, l'attente, les sirènes des secours, la peur, l'espoir vain. La situation dans ce qu'elle a de plus horrible, être là, et impuissant. Le côté absurde d'un accident lorsque les "et si..." s'emparent de nous. Ils auront aussi connu la solidarité, le réconfort, l'union, le courage aussi.
Je tire mon chapeau à la capacité de résistance des élèves qui sont en train de traverser qch qui les changera à jamais. Ils nous apprennent chaque jour à quel point la vie mérite d'être vécue, attrapée à la gorge, parfois forcée, défoncée comme une porte.
Je tire mon chapeau à une collègue qui a dû gérer le retour en car en prenant sur elle pour épauler des élèves profondément choqués, et qui, en dépit de son innocence totale dans l'histoire, ne pourra s'empêcher de vivre avec une certaine culpabilité.
A quel point une épreuve changera-t-elle les gens ... elle sera bénéfique pour certains sur le long terme, en les dotant de capacités à traverser les choses et à bien réagir. Elle sera destructrice pour d'autres aussi, notamment sa petite camarade de chambre, à qui il faudra sans doute plusieurs années pour se reconstruire. Ils ne seront plus jamais comme avant. Il y a des choses que l'école est bien impuissante à apprendre.
Alors, avec ce profond sentiment de révolte que l'on ressent lorsque les images nous reviennent, d'une voix, d'uun sourire, de petits souvenirs anodins qui se rappellent à notre mémoire alors qu'ils allaient se faire oublier, d'une personne fauchée en pleine force de l'âge.
Nous parlions de cette classe de seconde avec une autre enseignante, qui me disait à quel point ils étaient encore bébés, dans le sens "manque d'autonomie". Je lui avais répondu qu'on allait les voir grandir en cours d'année. Classe charnière la seconde. Je ne pensais pas que ce serait si brutal. Je voulais qu'ils grandissent de façon naturelle et non qu'ils vieillissent de plusieurs années en quelques secondes.
En quelques secondes, une vingtaine de jeunes gens de 16-17 ans auront connu l'extrême fragilité et l'éphémère d'une vie. Ils auront ri et blagué avec une camarade dans un car qui les amenait vers ce qui aurait dû être un beau voyage. Car qui devait revenir sans elle. Ils auront connu la panique, l'attente, les sirènes des secours, la peur, l'espoir vain. La situation dans ce qu'elle a de plus horrible, être là, et impuissant. Le côté absurde d'un accident lorsque les "et si..." s'emparent de nous. Ils auront aussi connu la solidarité, le réconfort, l'union, le courage aussi.
Je tire mon chapeau à la capacité de résistance des élèves qui sont en train de traverser qch qui les changera à jamais. Ils nous apprennent chaque jour à quel point la vie mérite d'être vécue, attrapée à la gorge, parfois forcée, défoncée comme une porte.
Je tire mon chapeau à une collègue qui a dû gérer le retour en car en prenant sur elle pour épauler des élèves profondément choqués, et qui, en dépit de son innocence totale dans l'histoire, ne pourra s'empêcher de vivre avec une certaine culpabilité.
A quel point une épreuve changera-t-elle les gens ... elle sera bénéfique pour certains sur le long terme, en les dotant de capacités à traverser les choses et à bien réagir. Elle sera destructrice pour d'autres aussi, notamment sa petite camarade de chambre, à qui il faudra sans doute plusieurs années pour se reconstruire. Ils ne seront plus jamais comme avant. Il y a des choses que l'école est bien impuissante à apprendre.