La faim d’un monde

Par : Charlotte Planchette

« Elles sont toutes dépendantes du symptôme et ne sont que les marionnettes d’un démon qui peut les mener jusqu’à la mort. »
« J’ai eu peur de déplaire alors je n’ai pas voulu grandir.»


Si l’ouvrage de Carole Laborde se lit très rapidement en raison de son petit format, il n’en est pas moins riche et intense. Pêle-mêle de sensations, d’impressions et d’expériences, ce livre relate de façon souvent métaphorique le combat de l’auteur contre l’anorexie, ainsi que sa longue et difficile victoire sur la maladie.

Carole Laborde ne raconte pas seulement l’hôpital, les confrontations aux médecins, et les objectifs de reprise de poids, elle nous permet également d’être au contact de son esprit manipulé par l’anorexie, de nous immerger dans ce système de pensée perverti. Ainsi l’on trouve dans son ouvrage les « dix commandements de l’anorexie», dont le plus terrible est sans le premier : « Tu n’auras pas d’autres Dieux que moi, l’Anorexie. Tu ne feras aucune idole, aucune image de ce qui est là-haut dans les cieux, ou en bas sur Terre, ou dans les eaux par-dessous la Terre : tu rendras ton corps invisible.». Les dialogues intérieurs entre l’auteur et sa maladie se succèdent, ponctués de victoires et de défaites, alors que cette dernière, avide de destruction, tente de la rattraper pendant les quelques phases de rémission.

Dans ce livre constitué de paraboles et de contes, parfois amusants ou mélancoliques, diverses perspectives s’entrecroisent, y compris celle du mur d’une chambre d’hôpital, symbole de l’enfermement concret et psychologique dans lequel se trouvait la jeune fille, mais aussi image de volonté et de persévérance. La faim d’un monde est en effet avant tout un témoignage de survie et une ode à la vie. L’auteure invite le lecteur malade à se concentrer sur l’ici et maintenant, sur ses sensations et émotions actuelles pour renaître à soi et se reconstruire petit à petit. Elle souligne également qu’il est essentiel pour avancer de reconnaître qu’on a tort, qu’on a été manipulé par la maladie, et de sortir du binarisme. Oublier le tout ou rien, intégrer la notion de nuance et se concentrer sur les petits bonheurs que nous offre la vie sont les trois pôles de la guérison selon Carole Laborde, et c’est ce qu’elle s’applique à démontrer de façon à la fois tendre, drôle et poignante dans La faim d’un monde.

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Article écrit par Charlotte Planchette


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