Qui suis-je?

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petit colibri
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Qui suis-je?

Message par petit colibri »

Je ne sais pas si vous aussi vous éprouvez cette sensation parfois, de ne plus savoir qui vous êtes. Incapable de vous reconnaître dans ce que vous êtes devenus en songeant au soi un tantinet plus heureux que maintenant... Enfin, un peu plus ouvert aux belles choses de la vie, comme partager des moments avec des proches ou pratiquer ses passions sans être prisonnier de ses pensées destructrices et obsédantes.

Aujourd'hui, je suis arrivée à ce constat, je ne sais plus qui je suis. Je ne reconnais pas mon image dans le miroir ou c'est le rejet total parce que ça ne colle pas à mon image mentale. Tout ce que je vois me dégoûte, la sensation d'être énorme, ne pas supporter le peu de forme qui transparaît de dessous des vêtements.
Les médecins et toutes les personnes que je connais sont effrayés par ma "maigreur", et moi, je suis toujours étonnée car tout ce que je vois c'est de la graisse sur mon corps. Je dois prendre des compléments et des vitamines pour essayer de rétablir un équilibre. C'est extrêmement difficile.
Et mes journées sont rythmées par ça, la peur de grossir et la nourriture, la peur d'ingurgiter et devoir le faire, voir de la nourriture partout, sur les étales, dans les rues, les personnes manger... Et les pensées qui s'accélèrent et la sensation que la nourriture pénètre en soi. Penser à tout pour rester fine, penser au moment où l'on sera seule pour se faire vomir, se vider le corps, se faire mal pour se sentir paradoxalement mieux, vidé de tout.
Et le pire dans tout ça, c'est que ça ne rend pas heureux... C'est douloureux même ce sentiment de perte de soi-même.
Aujourd'hui, je suis incapable d'éprouver du plaisir dans quoique ce soit. Tout passe par un contrôle extrême et sans relâche. Je marche pour dépenser des calories, je marche ou plutôt je erre, un peu au hasard, seulement l'âme torturée à compter le nombre de calories brûlées, à savoir si ça va être suffisant pour ne pas prendre un gramme. Se balader était un plaisir avant. Je veux dire cela avait un sens, découvrir et s'émerveiller. Je n'ai même plus la force d'aller contempler des tableaux au musée et je n'ai plus assez de force pour me concentrer et lire des romans...
Mais le plus douloureux, je crois, c'est de s'être perdu et effacé aux yeux de ceux qu'on aimait... C'est l'histoire d'une petite plume qui vole dans le vent, translucide, et qu'on aperçoit seulement... Je me pose et je repense à ça, aux souvenirs heureux, du temps où j'avais des amis, une place dans ma famille et mon Amour. Et puis ça, ça a tout gâcher, fuir, se replier... Bienvenue dans le monde de la solitude... Je me suis effacée aux yeux de mes amis, de ma famille aussi, je n'ai plus vraiment de place... Je m'enferme dans ma bulle pour essayer de ne pas les faire souffrir, mais pour eux, c'est encore plus compliqué je crois que de subir impuissant notre "maladie". Je pense si souvent qu'ils seraient tellement mieux sans moi qui ne sais que semer de la souffrance autour de moi. Je me sens tellement incapable de rendre quelqu'un heureux et tout simplement d'être quelqu'un de bien. J'ai tout détruit avec cette "maladie". J'aimerais dire à mes amis que je regrette, que je suis désolée.
Et puis pour mon Amour, c'est douloureux de se dire que ce mal prend plus de place dans notre vie que notre bonheur. Et que si elle continue d'exister, la seule essence de vie qui reste va s'effondrer elle aussi.
C'est douloureux de réaliser ça, que ce mal, balaie tout comme un ouragan... Cette maladie de l'âme est un poids plus lourd que le corps, en faite c'est elle qui est énorme...
Je ne sais pas comment faire pour m'en sortir... J'ai accepté de retourner voir des médecins, de me faire suivre... J'avoue ne pas vraiment voir d'issue. Je manque de force en ce moment, je suis vide de tout. Grossir me fait peur, tellement... Pourtant, je voudrais bien construire une vie plus douce, plus sereine sans Ana...
Queenmarian
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Re: Qui suis-je?

Message par Queenmarian »

Bonsoir Petitcolibri.
Je me suis inscrite tout juste pour pouvoir répondre à ton post. Précisément parce ce que, souffrant moi même de boulimie et autres addictions, le sentiment qui m’anime le plus souvent (avec le dégoût de ma personne, tout de même celui ci revient souvent 😄), c’est celui de me sentir complètement perdue sur qui je suis, qu’est-ce qui définit ma personne, ou je vais ? Ou mieux encore, ou ai-je envie d’aller ?
Donc oui, tu n’es pas seule à te demander qui tu es. Es tu définie par ta maladie ou non.
Dans les moments où tu te sens plus forte, tu sauras que ta maladie ne résume pas ta personne. Et il est tentant de le croire parfois car nous laissons tellement de place à ces comportements nocifs dans notre vie.
Dans mon cas, j’ai l’impression d’avoir justement le choix d’etre Qui je veux .. sans arriver à me décider ..
J’ai de la chance dans la vie, j’ai été plutôt bien entourée, autant par des amis que par la famille, je n’ai jamais galeré pour trouver un emploi, j’ai voyagé à travers le monde et vu des choses et rencontré des gens extraordinaires.
Et malgré ça .. des que je me retrouve face à moi même, tout s’ecroule. J’ai tellement de choix à portée de main que j’ai décidé de n’en prendre aucun.
Je buvais un verre (ou 6 ou 7, le but étant souvent de fortement m’alcooliser Pr une perte de contrôle) avec des amis ce week-end. Il faisait beau et la conversation était agréable. Ils voulaient aller au restaurant par la suite, mais pas question pr moi.
A peine 10min après les avoir laissé, tout juste le pied mis dans le train, j’ai commencé à pleurer.
En rentrant j’ai fait 2 crises de boulimie.
Ma seule question c’est pq ?
Pourquoi, alors que je sais que des lors que je vais être seule mes démons vont ressortir, je ne peux pas m’empecher d’y aller quand même ?
Et c’est la où je me dis que je dois être timbrée. Puis quand la crise est passée je me dis que ca ira mieux demain, puis ça recommence.
C’est cet effet de va et vient entre contrôle et perte de soi qui fait que je ne sais pas où plus qui je suis.
Quand j’essaye d’expliquer ça a une amie, je lui dis que je ne sais jamais qui je serai aujourd’hui.
La Marion forte et déterminée à prendre le contrôle de sa vie, ou la déprimée alcoolique qui ne sait même pas si elle va réussir à prendre une douche aujourd’hui.
C’est difficile et plus on laisse le doute s’installer, plus il semble impossible de se débarrasser de ses démons.
C’est la où je me dis que si toi comme moi, comme des centaines d’autres personnes sûrement, sont sur ce forum, où vont a des réunions de groupe et communiquent sur ce mal, c’est qu’au fond on a de l’espoir que ça puisse changer.
Que même si la maladie disparaît et qu’on ne sait tjs pas qui on est 😄 au moins on aura du temps de libre pr être quelqu’un de plus heureux.
Il faut plus que de l’espoir pour que ça change d’ailleurs, il faut de l’envie, de la hargne pcq le combat est dur .. et il faut aussi de l’aide.
C’est vraiment drôle que je me retrouve à écrire ces lignes alors que je surfais plutôt sur la vague dépressive ce soir ..
comme quoi l’ecriture à vraiment des vertues !
Du coup je me suis peut être égarée ..
En tout cas le sentiment est partagé, mais j’en suis persuadée il n’est pas définitif :)
Elise9
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Re: Qui suis-je?

Message par Elise9 »

Ton message est vraiment très touchant. J'espère que tu vas bien.
Racala
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Re: Qui suis-je?

Message par Racala »

C'est une période très compliqué, j'ai perdu du poids, et je me trouve encore plus grosse qu'avant
J'essaie de retrouver un peu d'espoir, j'ai commencé l'hypnotherapie et séance avec un ostéopathe et kinè pour remettre mon corps en état car il est fortement éprouvé et qu'il n'en peut plus des douleurs quotidiennes que je lui fais subir.
Je commence à retrouver un peu d'espoir, par moment, à analyser aussi. Je me rends compte que d'être avec du monde est compliqué. Je me suis éloignée de mes amis, ma famille. Je pense toujours qu'ils sont mieux sans moi. Et ma relation amoureuse aussi a changé, je me suis renfermée et je n'arrive pas à lui dire que je l'aime et tout ce que j'ai dans le cœur. Il en souffre, il essaie de m'aider comme il peut, il accepte mon silence et mon repli. Il me laisse le temps de guérir.
Je vais essayer de guérir peut être que j'y arriverai avec un suivi régulier. J'espère aller mieux un jour et être heureuse
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