mes douze ans dans l'enfer de Beyrouth

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mayaabudib
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Enregistré le : 12 nov. 2019, 14:12

mes douze ans dans l'enfer de Beyrouth

Message par mayaabudib »

Mes douze ans dans l’enfer de Beyrouth

Je suis née en 1964 a Beyrouth au Liban. Une terre que l’on dit bénie des dieux mais qui n’a en fait fait
Que le fruit de leurs querelles. Aussi loin que remontent mes souvenirs, leur parcours est ponctué par le
Bruit des rafales d armes automatiques.
Ma première image est celle d’une chambre obscure aux volets clos.
A l’extérieur le vacarme des balles.
Je ne saurais y mettre une date précise, mais l image esquissée est déjà pour moi celle d’un pays au pouvoir affaiblit
Vulnérable. Bien sur ce n’est pas encore la guerre a proprement dire mais un enchainement incessant de vendetta,
De règlement de compte aux revendications claniques d’un système patriarcal sclérosé.
J’apprends a repérer dans la nuit la trajectoire des balles à leur sifflement.
J’apprends aussi à baisser la tête et raser les murs quand une altercation un tant soi peu virulente surgit entre deux personnes de lignée différente
Tous ces messages envoyés, tous je les avais déjà captés.
Beyrouth, bien sur, c’était encore différent, mais le Beyrouth des années1960 1970 c était aussi la guerre israélo arabe
Er ses conséquences pour mon petit pays.


1975, j’aie onze ans, la guerre éclate. JE me souviens bien de ce 13 avril ou une fusillade sanglante avait généré
Une succession de round meurtrier dessinant les lignes de démarcation et plaçant des zones entières
Sous l’influence des forces en action
Désormais, le paysage change, les barricades se dressent à chaque coin de rue, les visages se camouflent derrière des cagoules.
La carte d’identité se réduit a un carton dont on s’en revendique pour mieux la piétinée cette fois (r.p.g)
Kalachnikov) (mao) (roquettes) tirs de (d.c .a) rythment le quotidien.

A onze ans je voyais déjà mes premiers cadavres ; mutilés ; décapités démembres ils avaient été largues a l’arrière d’un camion
Sanglantes trophées de miliciens en mal de gloire.
Ils étaient jetés en pâture à la colère populaire, vulgaires morceaux de viande sur l’étal d’une boucherie
L école avait fermé et ma vie se déroulait sous la poudrière des mortiers.

Ma maison était située dans une zone sensible. Mon père était en voyage, ma mère ayant à sa charge sa propre mère malade
La veillait à l’hôpital.
J’étais libre, pas d’école et une amie ; une petite voisine avec laquelle je partageais mon temps.
Les décombres des immeubles détruits ou abandonnés nous servaient de terrain de jeu. Douilles de balles et morceaux d’obus ne
Recelaient pus de secrets pour nous.
Nous les différencions, les identifions, les reconnaissions tous.
Chacun avec ses morbides particularités finissait dans notre collection.
Et puis, il y avait aussi autre chose. Cet autre chose qui nous intriguait.
Dans une école publique, a proximité de la permanence du parti, émanaient souvent des slogans militaires scandés par des voix enfantines.
La tentation était grande. Pourquoi laisser la guerre s’accaparer le privilège de la primauté du sexe masculin ?
Armées de notre insolence et de notre inconscience nous gagnâmes les lieux d’entrainement de ceux que l’on appelle les
Lionceaux du parti. J’avais douze ans.
Une multitude de gamins de notre âge, torse nu, pantalons en treillis militaire s’exerçaient à la manipulation des armes.
Sous l’œil vigilant d’un milicien. Ils étaient tous très jeunes entre huit et douze ans.les plus âgés avaient déjà égrènes leurs armes
Sur les tranchées de Beyrouth. À croire que les milices en quête de chair à canon recrutaient dans les pouponnières de la capitale
Cheveux courts, shorts délavés, tennis usés, mon ami et moi ressemblions à s’y méprendre a deux jeunes garçons.
Pour entrer officiellement dans la milice et faire partie des lionceaux il fallait donner sa date de naissance, son lieux d’habitat, son
nom, son prénom, et comme si cela allait de soi comme partout dans ce pays être un garçon
mon prénom écorché du bout des lèvres fit grincer bien des dents et jaillir des sourires ironiques, moqueurs ; méprisants.
Cependant face a notre entêtement, notre insistance ; notre détermination farouche la digue céda, nous fîmes partie
Des lionceaux

Il fallait passer par le stade de l’entrainement physique, apprendre des reflexes élémentaires comme sauter d’un camion élevé
Avec un fusil chargé et grâce a une roulade qu’ils appelaient le ( rouli bouli) se relever et atteindre un endroit sauf.
Il fallait soumettre l’endurance à l’épreuve, développer la capacité a supporté la faim, la soif, la fatigue.
Tout ceci n’étant que le prélude et devra être porté à son paroxysme sur le champ de bataille.

Ce qui me marqua le plus se firent les humiliations gratuites et constantes.
Les coups de ceinture copieusement distribués.
Le fait de devoir ramper durant des heures sur les monticules de cailloux et de verres qui nous écorchaient les coudes
Et les genoux, ou encore maintenir dans la bouche durant une période illimitées du sable et des pierres.
Tout ceci était justifié pour la milice. C’était pour se préparer aux affres des combats à venir c’était pour lutter
Contre la faiblesse, c’était pour ne pas fléchir, c’était pour mieux tolérer les privations, la douleur et des émotions incompatibles
Avec un bon milicien. Elles pourraient perturber l’efficacité de ses capacités une foi en exercice.
Ma position était délicate du fait de mon identité sexuelle
Quand la pression de la force physique échouait a faire fléchir les plus téméraires des jeunes lionceaux devant des exercices
Périlleux tout de suite la réplique fusait ironique et provocatrice
Maya montre leur, à toi. Et puis s’en suivait ; ceux q ‘une fille peut accomplir vous n’en êtes même pas capable.
Évidement je m’exécutais mais j’étouffais la peur et taisait la souffrance qui en découlait naturellement.
Pourtant j’étais fière d’appartenir à la milice. Je me taillais enfin une place dans cet univers machiste ou je pouvais
Enfin supplanter mon frère alors que dans notre village d’origine il pouvait se targuer d’être partout prioritaire.

Et puis j’attendais chaque semaine le samedi avec impatiente.
Tous les lionceaux des différentes permanences se réunissaient. Sur fond de chansons et d’hymne patriotiques des
Hommes en armes prenaient la parole. Des bribes, des phrases, des mots qui me grisaient me reviennent encore.
( la victoire ou la mort) (vous êtes les fleurs de l’avenir) (les martyrs ne craignent pas la mort)
(mieux vaut mourir debout que de vivre à genoux)

A douze ans défendre une cause c’était changer le monde avoir une arme c’était le posséder
A mon âge la haine éprouvée envers l’ennemi et attisée par la milice était vague, abstraite, confuse.
Ce n’était pas à proprement dire de la haine mais une sorte de révolte impuissante désespérée qui m’envahissait quand
Le déluge des obus de l’adversaire s’abattait sur nous

Mais la milice n’avait pas réussit à détruire un sentiment ancien et profond en moi, l’amour des animaux.
Une affection partagée avec mon amie.
Souvent des chatons terrorisés soutirés à la cruauté déjà aiguisée des jeunes lionceaux aboutissaient entre nos mains.
Notre bonheur n’avait plus de bornes. Serrés entre nos bras, blottis dans nos teeshirts nous les écoutions émerveillées ronronner.
Le temps d’une caresse et l’échelle des valeurs basculait.
Un monde nouveau s’ouvrait à nous. Un monde régit par l’amour inconditionnel envers les plus fragiles, les plus vulnérables des
Créatures ‘étais submergée par un sentiment de responsabilité, de force de protection inégalable.

L’entrainement portait progressivement ses fruits, il m’aidait à lutter contre mes sensations. La faim, la peur, la douleur,
Je les avais tous domptés. La mort je ne la craignais plus.
Quand les obus s’abattaient je sillonnais les ruelles désertées ivre à l’appel du danger.
J’avais étouffes mes larmes, réprimés mes sourires et acquis cette maturité précoce qu’engendre la souffrance.
Quand à mon identité sexuelle je l’avais rejetée piétinée, camouflée par des vêtements masculins que je ne quittais plus

Mais on ne se joue pas de la mort impunément. On n’étouffe pas ses faiblesses, ses peur, ses faiblesses sans conséquences
On ne réprime pas son instinct vital sans répercussion.
A quatorze ans mon parcours allait s’achever des milliers de kilomètres de Beyrouth dans un pays que je ne connaissais pas
La derrière la porte d’une chambre d’hôpital, dans un état grave des médecins français s’acharnaient à éveillé en moi le
Désire de vivre qui s’était estompé.

Dans un sens la guerre avait gagné
mayaabudib En un sens elle avait gagné la gue
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