Mon récit sur l'hyperphagie

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cha2105
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Mon récit sur l'hyperphagie

Message par cha2105 »

Bonjour à tous. Je m'appelle Cha, j'ai 17 ans, et je suis hyperphage. Je n'aime pas manger. Je n'aime pas non plus ne plus savoir me contrôler, tout comme je n'aime pas plus être sujette à des crises à répétition.

Tout comme beaucoup de gens comme moi, j'ai toujours cru que j'étais un peu plus gourmande que les autres, qu'il était normal de se resservir plusieurs fois ou qu'il n'y avait rien de mal à s'enfiler un paquet de biscuit entier (ou même plusieurs) à 1h du matin. 
Il y a quelques mois, alors que j'étais en pleine crise, je me suis soudainement arrêtée de manger. J'avais la nausée. J'avais trop mangé. J'étais en train de regarder la série Insatiable, qui parle d'une jeune fille hyperphage. La description qu'ils faisaient d'elle et de sa maladie correspondaient à ma situation. J'étais en pleine crise et voir que ce comportement, que la façon de manger qui était la mienne n'était pas normale, ça m'a frappé de plein fouet. Je me suis pris une claque en pleine face et j'étais désormais face à la réalité qui suit: j'étais hyperphage. J'ai alors retracé les mois et les années qui précédaient et je me suis rendue compte que non seulement j'avais un problème avec la nourriture, mais qu'en plus ce problème était là depuis beaucoup plus longtemps que ce que je croyais. Pendant toutes ces années, j'ai habitué mon corps à manger plus vite et en plus grande quantité que prévu. Je l'ai habitué au sucre et aux craquages intempestifs.

J'ai toujours vu mon hyperphagie comme le mal, comme quelque chose qui ne pouvait me rendre que plus faible de jour en jour, et c'est le cas. J'envie les gens qui savent passer outre leurs pulsions.J'imagine une vie. J'imagine une vie dans laquelle prendre une part de gâteau ne se transformerait pas en un craquage. J'imagine une vie dans laquelle je ne serais pas obligée de me cacher pour manger, où je ne serais pas obligée de m'en faire lors de sortie avec des amis, et où je serais capable de contrôler mes pulsions.
Car malgré ce qu'on dit, le mental ne fait pas tout. J'ai beau vouloir de tout cœur arrêter mes crises, les pulsions finissent toujours par me rattraper.
Que ce soit dans mon lit, en rentrant à la maison, avec des amis, ou même en cours de math, mes envies finissent toujours par prendre le dessus sur le reste.

Ces pulsions arrivent toujours sans prévenir, je suis bien et je passe un bon moment quand tout à coup, j'ai envie d'un muffin. Puis d'une tartine au chocolat. Puis d'une portion de pâtes. Puis un morceau de fromage, mais juste un petit. "Oh mais c'est vrai il me reste un peu de yaourt à la vanille. Merde. J'ai envie de vomir. J'ai trop mangé."Et ainsi de suite, ce genre de scénario peut se reproduire plusieurs fois par jour lors de mes déprimes quotidiennes. Avec le confinement, j'ai de plus en plus de mal à me contrôler et à chaque fois que j'ai l'impression que je vais réussir, je craque.

J'ai tellement peur de prendre du poids, que ma maladie se voie et que les gens pensent ce que je pense de moi: que je devrais manger moins. Mais ça, ce n'est que la face émergée de l'iceberg. Mon physique ne reflète pas ma santé mentale car si c'était le cas, je serais obèse et en très mauvaise santé. J'ai de la chance (pas tellement en fait car ça m’incite à manger encore plus) de ne pas grossir quand je mange mais je me sens grosse, laide et repoussante.

Si je ne me fais pas vomir, c'est uniquement parce que je hais ça. Je déteste le fait que ce que geste me rappelle que je ne suis qu'une moins que rien, que je ne mérite pas le bonheur que tant de personnes ont à m'offrir.
Ce message est pour toi ma petite hyperphagie chérie:A cause de toi, je me suis renfermée sur moi-même, laissant tout de côté y compris les personnes les plus importantes de ma vie. Tu me fais fuir tout ce que je suis censée affronter et pour ça, je te déteste. Je te déteste à un point où j'en ressens de la haine pour ma propre personne et pour mes actes. Tout tourne autour de toi, autour de tes caprices égoïstes et de tes règles stupides.

Je fuis. Je fuis constamment les séances de sport qui m'attendent. Je fuis le garçon qui veut m'aimer et je fuis ma meilleure amie qui veut m'aider. Je fuis mes responsabilités scolaires, familiales et sociales qui me reviennent en pleine face.
Je me fuis moi-même.
clairette95
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Re: Mon récit sur l'hyperphagie

Message par clairette95 »

bonjour cha,

ton récit, même si le fond est triste et malheureux, est agréable à lire. tu as une superbe façon d'écrire.

j'ai presque ton âge et j'avais presque ton âge quand mon hyperphagie a commencé. contrairement à toi, je m'en suis rendue compte assez vite car j'avais fait de l'anorexie quelques mois avant.

je me reconnais totalement dans ce que tu dis : l'angoisse des repas de famille, de sorties avec ses amis... sans cesse refuser puis craquer seule dans son coin une fois rentrée à la maison. je comprends cet enfer que tu traverses (et que je continue de traverser).

tu as dû te renseigner, il n'y a pas de solution miracle... personnellement je suis un régime depuis 2 semaines et je n'ai fait aucune crise (un exploit). ce n'est pas un régime magique, il est assez drastique car j'ai aussi une peur monstre de grossir. j'ai réussi à trouver la motivation de me remettre au sport et ça va beaucoup mieux. j'espère que ça va continuer...

ne mets pas ton entourage de côté : même s'ils ne comprennent pas, ils sont là pour toi, et si tu leur expliques avec des mots simples, ils comprendront. on a toutes honte de ce trouble alimentaire, moi la première, mais garder tout pour soi n'est jamais la solution. les gens ne cesseront pas de t'aimer parce que tu es hyperphage.

je te souhaite du courage, sincèrement, car je sais mieux que personne ce que tu traverses et c'est quelque chose d'extrêmement difficile...

bisous à toi
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