Besoin d'aide

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emayap
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Besoin d'aide

Message par emayap »

Bonjour,
j'ai 20 ans. Cela fait 4 ans que j'ai des problèmes avec mon poids. J'ai un problème de dysmorphie, les personnes autour de moi me disent que je suis mince et que je devrais prendre du poids mais je n'arrive pas à m'enlever de la tête que je dois perdre du poids et me sens encore trop "grosse". Il m'arrive d'avoir des sortes de crises de quelques semaines où je mange très peu car je trouve que j'ai trop mangé les jours précédents. Lorsque des proches me parlent de mon poids je m'énerve très rapidement. Je ne me sens pas bien quand je prends du poids et y penses constamment, je vérifie mon poids et également mon imc. Je sais que j'ai besoin d'aide afin de sortir de cela mais le problème est que je ne peux pas en parler à mes parents et je sais que les consultations ne sont pas remboursées.
Merci d'avance de votre aide.
Marie1921
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Re: Besoin d'aide

Message par Marie1921 »

Bonjour à toi,

Je suis passée par une situation similaire à la tienne il y a quelques années et on m'avait diagnostiqué anorexie nerveuse. Je ne sais pas quelle est ta situation plus précise, mais ta détresse et ton état témoignent que tu ne te sens pas bien et que tu as besoin d'une aide extérieure. Dans mon cas, mes parents n'étaient pas les premières personnes à qui j'en ai parlé. En fait, je crois que la présence de nos proches est importante, mais que c'est vraiment une aide professionnelle que ça prend. Je ne connais pas comment fonctionne l'accès aux services là où tu te trouves, mais sache qu'il y a sans doute une façon d'avoir de l'aide sans débourser. Par exemple, moi j'ai consulté dans une clinique un médecin généraliste qui m'a ensuite fait une référence pour un suivi. Je n'ai jamais eu de frais.

Un autre conseil que je puisse te donner, c'est de t'ouvrir aux professionnels que tu rencontreras. À ton rythme, si tu es ouverte sur les mécanismes de ton trouble alimentaire, tu as plus de chance de t'en sortir. Ce fut le cas pour moi. Je suis en rémission presque complète. J'ai pensé que cette maladie aurait raison de moi, mais elle n'a pas gagné. Je suis convaincue que ce sera la même chose pour toi. Il faut progressivement que tu dépersonnalise le trouble, pour voir que tu n'es pas la maladie. Plus tu prendras confiance en toi, moins le trouble gagnera sur toi. Par rapport à la perception erronée de ta silhouette, elle fait partie du trouble et c'est une partie très difficile à surmonter. Je ne te cacherai pas qu'elle reste longtemps même quand la guérison avance. Dans mon cas, j'en suis simplement venue à accepter que mon regard sur moi ne sera jamais tout à fait objectif et que je ne dois donc pas écouter ma propre interprétation face à mon corps, mais plutôt m'en remettre aux professionnels.

J'ai aussi envie de te dire que la susceptibilité face aux critiques extérieures est aussi étroitement liée à la maladie. Quand on souffre d'un TCA, le corps tombe en mode survie. Les effets de la privation peuvent créer une frustration, une irritabilité et une susceptibilité. Trois états d'âmes que je suis bien contente de ne plus côtoyer depuis que je suis guérie.

Finalement, je te dirais qu'il vaut la peine d'attendre pour voir tous les points positifs à regagner un poids santé. Je pense souvent au fait que si j'avais su à quel point je me sentirais mieux aujourd'hui, j'aurais été cherché les services pour guérir bien avant.

Je te souhaite la meilleure des continuités et de faire le petit pas qui te sépare de la prochaine démarche pour prendre soin de toi.

Marie-Anne
On.s’en.sort
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Re: Besoin d'aide

Message par On.s’en.sort »

Salut,
J’ai le même âge que toi. C’est la première fois que je prends la parole sur un forum, car je pense qu’il est grand temps d’aider les autres comme on m’a aidée. Je suis devenue anorexique à 17 ans, dernière année de lycée, problèmes familiaux, fatigue mentale, peur de l’avenir. Besoin d’être cajolée, d’être prise dans les bras, de retrouver mon enfance je crois.
J’ai commencé par du sport intensif l’été, la visite de forums style « comment perdre du poids », j’ai appris sans m’en rendre compte par cœur les tableaux caloriques de tous les aliments, ma tête était devenue une calculatrice à chacun de mes repas. En dehors des repas, je me répétais mon niveau de calories du jour pour me rassurer. Je suis passée en 5 mois de [...] à [...] kilos, dans un premier temps sans disposer de balance, dans un deuxième avec une balance, et donc une pesée matin et soir. A mesure que je perdais du poids, je m’effaçais (auprès de ma famille, de mes amis), je passais des heures à fixer le plafond, je ne répondais à ma mère que par des grognements. Je me complaisais à la voir souffrir, je crois que je faisais exprès de la blesser, je voulais la faire réagir. A quoi ? A notre vie que je détestais. Avec du recul, ce fut la pire période de ma vie. J’avais sans cesse froid, je me collais aux radiateurs le plus souvent possible, je souffrais dès que j’étais assise car mes os me « coupaient » la peau, je me réveillais la nuit des dizaines de fois en tremblant. Je n’arrivais plus à pousser certaines lourdes portes de mon lycée. Je refusais complètement certaines catégories d’aliments : la viande, les produits frits, le pain, les glaces, le chocolat... Je voyais l’incompréhension dans les yeux de certains et la pitié chez d’autres. et le pire c’est que j’en étais heureuse. Je stressais énormément pendant les jours précédents un repas entre amis. Je me rappelle avoir été des soirées entières sur les sites de pizza pour compter le nombre de calories que j’allais devoir ingurgiter. J’avais constamment faim, un bruit de sachet (de gâteau, de mouchoir...) me faisait me retourner, alléchée. Mais ce sentiment de faim a fini par me combler. Je passais beaucoup de temps à me toucher les os, surtout ceux des hanches. Je trouvais ça génial. Je trouve ça morbide. Je n’avais plus goût à rien, mes pensées étaient sans cesse focalisées sur le prochain repas, sur le poids de la balance, sur la sensation de ma main sur mon ventre décharné. Je n’avais aucune libido, aucun désir, aucun projet. Je ne m’intéressais plus aux autres. Je n’avais plus peur de la mort, les médecins qui me disaient que je pouvais faire un arrêt cardiaque à tout moment me faisaient rire. Je les méprisais. Je me sentais plus forte que quiconque, moi qui pouvait me contrôler, qui ne cédait pas aux appels de la nourriture. Je me trompais. Ce n’est pas être fort que de renoncer à vivre. C’est lâche, c’est orgueilleux, c’est égoïste. C’est un besoin irrépressible d’être vu, d’être reconnu, d’être choyé, d’être protégé. Oui. Mais ce n’est pas du courage. Personne ne va t’admirent pour ça. Je ne vais pas faire l’inventaire complet de cette période, mais j’ai dressé un très vaste résumé : j’espère qu’il donne un aperçu de l’horreur dans laquelle tu t’apprêtes a plonger. Je t’en supplie. Tu as 20 ans, tu peux t’en sortir -seule ou avec les médecins-, tu n’as pas besoin que tes parents soient au courant. Je connais ce sentiment de honte, la peur d’être incompris, d’être désigné comme « la malade », la pudeur, le désir légitime d’avoir ta vie à toi.
Cette maladie m’a fait perdre trop de temps. J’ai eu un déclic : lors d’un voyage scolaire, j’ai ri sincèrement pour la première fois depuis des mois. Je me suis échappée pour quelques jours de mon environnement et j’ai découvert ce que c’était que la vraie vie : de l’insouciance, des joies, quelques peines, des surprises, des choses simples. J’ai décidé, plus ou moins consciemment (j’avais vu quelques semaines plus tôt ma médecin qui m’avait fait comprendre que quelque chose clochait), que ma vie ne faisait que commencer. Qu’il n’était pas trop tard pour faire ce que je voulais, pour être moi, pour m’aimer. Je résume en quelques mots un processus qui dura en réalité de quelques semaines, mais l’essentiel est la, et même si tout le monde le dit et que ça parait bête a dire, la vie ce n’est pas un état de pression permanent, des calculs, du mensonge, ce n’est pas être trop focalisé sur ta maladie pour ne plus voir ce qui t’entoure.
Je ne crois pas qu’il faille tomber complètement dans la maladie pour devoir s’en sortir. On croit toujours pouvoir tout maîtriser, tout pouvoir arrêter une fois que ton poids sera selon toi « idéal », mais ce n’est pas vrai. Une fois l’engrenage mis en place, tu ne te vois pas maigrir, et ce n’est que quand tu mets des jeans taille 10 ans que tu te rends compte que tu es pris au piège. Sors t’en tant qu’il est encore temps.
Essaie de faire le chemin inverse tranquillement, et surtout de lâcher prise. La guérison est vraiment une question de lâcher prise. Je m’en suis sortie et je suis heureuse (et ce n’est pas rien de le dire), j’ai trouvé l’amour, j’ai réussi le concours que je voulais obtenir, je le suis réconciliée avec ma famille, j’ai retrouvé ma joie de vivre en somme. Je suis certaine qu’on en est tous et toutes capables. Arme toi de courage, le plus gros pas c’est celui de taper « anorexie » sur internet, c’est de se rendre compte que tu vas ou as basculé(r), c’est de prendre la décision de t’en sortir.
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