04:33

[Ephemere]

Nuit blanche. Je suis tombé sur ce forum en lisant un bouquin sur l'anorexie, l'auteure, racontant son parcours, l'évoquait en disant que ça l'avait aidé. Pourquoi pas après tout.

Je ne crois pas avoir pu me définir comme anorexique, ni victime de TCAs à juste titre : il m'est arrivé de me faire vomir mais c'était surtout dans un besoin de vide et à part pendant l'enfance, je n'ai juste pas souvenir d'avoir un jour pris réellement plaisir à me nourrir. J'ignore donc si ce message est en soit légitime ; dans le cas contraire je suppose qu'il pourra être supprimé.

Je dois me forcer pour manger mon repas quotidien. Je m'assois devant l'assiette fumante, la contemple pendant de longues minutes en imaginant déjà les mouvements de mâchoire à fournir, les déglutitions lentes et désagréables, la sensation pesante de satiété qui arrivera ensuite. Ça me gave. Ça doit faire des années que je n'ai pas, ou plus ressenti la faim. Je mange pour m'alimenter, pour faciliter la récupération après le sport, pour ne pas m'écrouler en me tenant debout, pour avoir une vision sans points noirs qui apparaissent mais si je pouvais m'en passer, je balancerais volontiers mon frigo par la fenêtre.

J'ai beaucoup lu là-dessus. Pas mal de témoignages, autant de personnes le vivant directement que de proches, témoins de ce qu'ils ne comprennent pas. Besoin de contrôle, recherche d'attention, tentative de cacher un mal-être plus profond. Les raisons sont vastes, et puis on s'en branle un peu non ? Qu'est-ce que ça change au fond, de comprendre fondamentalement ce qui pousse untel à se faire gerber au fond de la cuvette.

Des dizaines et dizaines de pages d'appels à l'aide s'étalant sur des années. On peut littéralement remonter dans le temps et tomber sur des messages de détresse datant de la décennie passée. Que sont-ils devenus ? Combien sont encore là, combien ont guéris, combien sont encore vivants ? Combien se sont jetés sous un train parce que c'était juste trop la merde pour eux ?

Je suis un peu pessimiste, je l'avoue. L'heure tardive ne doit pas aider mais ces derniers temps j'ai du mal à trouver le sommeil. Se vider à l'écrit aide.

Est-ce qu'il y a un but à tout cela ? Une véritable saveur, sinon celles, fades, dans lesquelles on se camoufle ? J'ai chialé pathétiquement aujourd'hui. Je rentrais chez moi, il faisait nuit, les quais étaient jolis donc je m'y suis approché pour regarder quelques secondes l'eau, je me suis assis sur un rebord et j'ai pleuré comme une merde, sans la moindre foutue raison.
C'était juste incompréhensible parce que j'avais passé une plutôt bonne journée vous voyez ? Rien de négatif n'avait eu lieu, j'avais tout fait de la bonne manière et pourtant, j'étais en train de trembler en sanglotant sous mon masque.

J'étais en dépression avant, maintenant c'est différent je crois. Maintenant, c'est juste du vide. Avoir une crise de larmes de temps à autres et être parfois mélancolique n'est pas fatal, mais c'est éreintant à la longue. Comme si tout était dénaturé.

Ce message n'a pas spécialement d'intérêt. À la limite, si des personnes se reconnaissent dans ce que j'évoque : avez-vous trouvé une quelconque solution miraculeuse pour améliorer la situation ?

[Alnesior]

Bonsoir,
Ta détresse transparait rien qu'à la lecture de ton post.
Je ne sais pas trop quoi te dire si ce n'est que tu sembles bien seule, tu vis à Paris ? Peut-on faire quelque chose pour toi ?
Littéralement, "l'anorexie" c'est la perte d'appétit, qu'elle soit "mentale" ou autre càd secondaire à une autre cause (dépression mais aussi maladie somatique comme le cancer, maladie inflammatoire), donc, comme tu le décris si bien, tu souffres d'anorexie (quand à savoir si elle est mentale ou non c'est autre chose , il faudrait bien sûr consulter mais là n'est, j'imagine, pas l'objet de ton post car si c'était aussi simple ça se saurait). Cela dit il n'est pas impossible qu'elle soit secondaire ou associée à une dépression, tu sembles si triste .
Peut-être que davantage de lien social te ferait du bien, qu'en penses-tu ? Après on peut pleurer même après une bonne journée, l'esprit a son jardin secret et la raison n'en possède pas les clés, ton mal être est bien plus profond que les seuls évènements de la journée. Le simple fait d'être fatiguée peut t'amener à pleurer. Mais c'est surtout ton ressenti qui est important et non les larmes qui coulent de tes joues.

Je ne sais pas si cela peut t'aider mais en général quand tu descends sous un certain poids, tu perds la sensation de faim (à cause de la dénutrition) et moins tu manges, moins tu as faim, plus tu te sens fatiguée, plus le moral devient bas à son tour (tu ne secrètes plus d'endorphines et de petits neurotransmetteurs du bonheur). Un petit conseil qui peut marcher : fait un sport que tu aimes (et donne toi un minimum), parce que 1 tu te sentiras plus heureuse au moins sur le moment et puis 2 ça ouvre au moins un peu l'appétit ;), c'est ce que je fais quand j'ai un coup de mou et ça marche bien même si ça ne résout pas tout ;). Eventuellement avec ta playlist préférée si tu es seule.
En te souhaitant de meilleurs jours,

[Ephemere]

Merci pour ta réponse, et non je ne vis pas à Paris.

Pour les liens sociaux.. Sans doute. Je ne suis pas vraiment la personne la plus à l'aise du monde avec les gens. Pourtant j'y arrive bien, je peux être sociable si j'en ai besoin, c'est ça reste inconfortable. L'isolement a un silence apaisant qu'on trouve rarement ailleurs je trouve.

J'ai déjà consulté ahah. J'ai vu beaucoup de psychologues, quelques psychiatres, j'ai suivi des thérapies et des groupes de paroles. Je fais aussi du sport, je tâche de m'alimenter assez pour mes besoins, de dormir suffisamment... J'ai l'impression d'essayer de suivre scrupuleusement une liste établie sans jamais réussir à arriver au résultat attendu.

Sorry si je parais triste, ou égocentrique.

Je ne pense pas que vous puissiez faire quelque chose pour moi, cette réponse est agréable et je ne peux pas demander plus ; écrire un peu la nuit m'aide à penser à autre chose, c'est toujours ça de pris.

[Ephemere]

D'ailleurs je suis un garçon. J'ignore si c'est nécessaire de le préciser mais bon.

[Salomé66]

Bonjour, je viens de lire ton message, et si tu me le permets, j'aimerais te poser quelques questions. Notamment pourquoi tu n'apporte pas d'importance à l'origine de cette situation ?
Ton rapport à la nourriture est peut être en lien avec quelques choses de plus profond, et en conséquent le mettre de côté peut amener une souffrance, ou plutôt un manque de goût, de saveur...

Nié l'importance de ta personne, c'est te mettre de côté donc c'est du coup te frustrer car tu n'existe pas dans l'équation.
Je me permets de te signifier que tu es une personne importante, et que tu ne dois pas le négliger.

Je comprends totalement ce que tu ressens en mettant tout en place , sport , sommeil, hygiène de vie ... Toutes les recommandations qu'on peux te donner ou peut être qu'on t'a déjà donné. Pour moi ça ne marche pas ... Ce qui d'ailleurs amplifie mon sentiment de culpabilité, et mon dégoût de moi même.

Je t'envois mon soutient, et sache que je comprends tes lignes, je m'excuse de ne t'apporter aucune solution car je ne l'ai connais pas et je reste persuadé qu'on doit chacun trouver nos propres réponses.

Si tu as besoin de dialoguer la dessus, je serais la.
En te souhaitant une bonne journée.

[Agatha]

Salut à toi... Comme je te comprends... Moi aussi je mange pour pas m'écrouler mais si on pouvait avaler une pilule à la place de manger un repas, ce serait super pour moi.... Et je n'aime pas trop manger avec des gens autour ça me stresse...
Je pense qu'on peut vivre comme ça... On se donne bonne figure face aux autres mais au fond de nous c'est un sentiment de tristesse... Une mélancolie qui perdure...

[Gnclvs_Lily238]

C’est exactement ça...

[Ephemere]

Bonjour, je viens de lire ton message, et si tu me le permets, j'aimerais te poser quelques questions. Notamment pourquoi tu n'apporte pas d'importance à l'origine de cette situation ?
Ton rapport à la nourriture est peut être en lien avec quelques choses de plus profond, et en conséquent le mettre de côté peut amener une souffrance, ou plutôt un manque de goût, de saveur...

Nié l'importance de ta personne, c'est te mettre de côté donc c'est du coup te frustrer car tu n'existe pas dans l'équation.
Je me permets de te signifier que tu es une personne importante, et que tu ne dois pas le négliger.

Je comprends totalement ce que tu ressens en mettant tout en place , sport , sommeil, hygiène de vie ... Toutes les recommandations qu'on peux te donner ou peut être qu'on t'a déjà donné. Pour moi ça ne marche pas ... Ce qui d'ailleurs amplifie mon sentiment de culpabilité, et mon dégoût de moi même.

Je t'envois mon soutient, et sache que je comprends tes lignes, je m'excuse de ne t'apporter aucune solution car je ne l'ai connais pas et je reste persuadé qu'on doit chacun trouver nos propres réponses.

Si tu as besoin de dialoguer la dessus, je serais la.
En te souhaitant une bonne journée.

Probablement car moi-même, je ne distingue pas réellement d'origine précise à cette situation. Il n'y a pas eu de traumas particuliers, je n'ai pas subi de viols, je n'ai pas été harcelé, il n'y a rien eu de "valable" pour justifier cela à mes yeux.

Peut-être qu'en effet il y a quelque chose de plus profond, que je me mens à moi-même, je n'en sais rien. C'est juste devenu un fait avec le temps, en soit ce n'est pas un problème dramatique en soi : j'arrive un garder un poids constant, mon IMC est impeccable, je n'ai juste aucune envie devant l'assiette. J'imagine que c'est devenu plus simple de faire avec plutôt que de m'évertuer à essayer de trouver des solutions ou des réponses en voyant que chacune finalement échoue.

Tu n'as pas à t'excuser, ta réponse est parfaitement suffisante et bien que j'aimerais avidement un remède miraculeux où d'un claquement de doigt tout irait mieux, je ne suis pas si naïf.

[Ephemere]

Salut à toi... Comme je te comprends... Moi aussi je mange pour pas m'écrouler mais si on pouvait avaler une pilule à la place de manger un repas, ce serait super pour moi.... Et je n'aime pas trop manger avec des gens autour ça me stresse...
Je pense qu'on peut vivre comme ça... On se donne bonne figure face aux autres mais au fond de nous c'est un sentiment de tristesse... Une mélancolie qui perdure...

Je te rejoins, je rêverais aussi d'une pilule à déglutir et d'avoir ça derrière moi pour le reste de la journée.