Hospitalisation forcée, HDT, rôle des parents

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cilloux
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Hospitalisation forcée, HDT, rôle des parents

Message par cilloux »

Je me demande encore et toujours comment les parents qui ont envoyé leurs enfants en HDT osent, après un geste pareil, se regarder dans la glace sans se cracher après.

C'est violent ce que je dis ? Bof. Pas plus violent qu'une HDT.
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lasco
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Message par lasco »

Il vaut mieux ne pas généraliser...
des abus, àoui il y en a. G vu des filles se retrouer à 16 ans à ste-anne en HDt à cause de leurs parents, en resortir traumatisées, enchainer avec villejuif...etc...
Mais parfois, le risque suicidaire, ou l'état de santé de l'enfant qui efuse de se faire hospitaliser ne laisse pas beaucoup d'options aux parents...qui ne pourraient vraiment plus se regarder dans une glace une fois que leur gosse est mort...ou a fait une énorme TS...

La solution, bien sûr, ce n'est pas l'hôpital, mais parfois on se trouve dans une impasse et on n'a pas le choix.

Enfin, moi je suis contre le système actuel des HDT qui fait hospitaliser des jeunes ( ou non) souffrant de simples dépressions dans des services fermés, lourds, et fréquentés par d'autres patients atteints de troubles psychotiques difficiles à gérer.
Mes parents sont anti-hopital, ils m'ont longuement parlé des dangers de la psychaitrie, des hospitalisations affreuses et imposées, des traumatismes, et du cercle visieux du " psychiatrisant", où une fois rentré en "H.P" (beurk...ce mot...), on ne parvient plus à retourner dans la vraie vie...Je sais qu'ils chercheraient toutes les solutions possibles si vraiment ça n'allait pas. mais si ma vie est en danger, en particulier au plan somatique, pas d'hésitation...
cilloux
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Message par cilloux »

Trop dangereux comme raisonnement.

Je suis persuadée qu'il y a plus de suicide après une HDT qu'avant.

Mais pas si bêtes les médecins vont pas venir vous le dire la queue entre les jambes. Non. C'est si on refuse l'hopital qu'on est en grand danger selon eux.

Enfin moi ce que j'en dis, hein... j'ai rien à prouver, pas d'argent à gagner. Je dis ça pour si y'a des parents qui se posent la question c'est tout. Après si ils veulent entretenir le côté suicidaire de leur enfant avec des discours du style "c'est pour ton bien", si ils ne raisonnent pas plus loin que ça, ben franchement je m'en fous c'est pas ma vie.

Le suicide faut un peu y réfléchir. Les idées suicidaires, on sait très bien comment c'est nourri et entretenu.

Mais franchement je ne suis pas là pour éviter les injustices dans les familles des autres. Si y'a des parents qui veulent bousiller leurs gosses ben je ne peux rien faire contre ça. Puis si y'a des imbéciles sur terre j'en suis navrée pas c'est pas moi qui les ai mis au monde. Vous pensez bien ce que vous voulez. Je dis ce que je pense devoir dire. C'est tout.
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elween
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Message par elween »

quand ta gamine fait 25 kilos et qu'elle est sur le point de mourir faut bien faire quelque chose? non?
cilloux
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Message par cilloux »

Vous pouvez vous amuser longtemps à me coincer : moi je m'en fous je ne dépend pas de mes parents. Je dis ce que je dois dire et c'est tout.
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lasco
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Message par lasco »

c'est stérile là...
Tu lances un débat, cilloux, on répond et on cherche pas à te coincer mais à donner notre avis.
je maintiens : oui, il y a des abus, mais quand un enfant est en réel danger ( en pleine bouffée délirante...autre exemple), il n'y a pas 36 solutions.
cilloux
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Message par cilloux »

Je sais Lasco

On me trouvera mille raisons qui finissent d'enfoncer le clou.

Pourquoi faire croire aux parents ou aux enfants que l'hopital peut les aider ?

Je voudrais hurler.

Mais prenez vous en charge bon sang de bon soir, parents comme enfants.
Croyez vous que la mort d'une jeune fille empêchera la terre de tourner ?
quand ta gamine fait 25 kilos et qu'elle est sur le point de mourir faut bien faire quelque chose? non?
Mais c'est pas possible que des parents attendent que leur gosse fasse 25 kilos avant de réagir ! Mais ils sont empotés ou quoi ?

"faire quelque chose" oui, mais pas l'hosto . A vous entendre on dirait que l'hopital est la seule solution. L'hopital, le lieu miracle, le garage des corps et des âmes : on rentre tout cabossé, on ressort tout neuf. Faudrait voir à retomber sur terre : à l'hopital, on rafistole tout au plus, on ne guérit pas.

On ne sait plus élever ses enfants sans psy et sans hosto.

Les gamines de 25 kilos, je veux leur dire qu'elles se mettent en danger, et que si elles en meurent, ça fera de leurs parents des zombies pour le reste de leur vie. Les voisins, les copains, la famille éloignée... ils étaleront ça pour se faire mousser "je connais quelqu'un qui..."

Pourquoi entretenir le mensonge ? Personne n'en a rien à faire, ce n'est pas parce que vous êtes "jeunes et jolies" que ça oblige le citoyen lambda à s'occuper de vous.

Qui cherche à faire croire que les hommes s'entraident ? Qui cherche à faire croire que la solidarité existe ?

J'ai été cognée pendant deux ans par un type complètement fou. J'avais 20 ans. Lui, approchait de la trentaine. Pas de parents pour s'occuper de moi, pas de famille. J'ai passé des soirées à attendre dehors, de peur de rentrer chez moi.

Je ne dois ma vie qu'à l'instinct animal qui m'a permi de serrer les dents, de m'accrocher. Je crois que ma solitude m'a sauvée ! si de bonnes âmes s'étaient mêlées de me sortir de là, elles m'y auraient enfoncée. Je ne sais pas expliquer ça très bien. Mais il faut débusquer le mensonge qui fait croire à l'anorexique qu'elle va être soignée par les autres.

Les autres... ? Ils se protègent de sa souffrance. Ils colmatent ce qui se voit. Ils vont faire engraisser leur petite anorexique, la shooter, et modeler l'espèce de créature ainsi obtenue de façon à ce qu'on ne la distingue plus trop.

Pourquoi mentir et nier l'évidence encore et toujours ?
cilloux
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Message par cilloux »

quand un enfant est en réel danger ( en pleine bouffée délirante...autre exemple), il n'y a pas 36 solutions.
36 peut-être pas mais il y en a plusieurs ! c'est ce que je me tues à dire.

C'est quoi, la solution "hopital" ? C'est une solution, ça ? Y'a l'eutanazie dans le même genre d'idée...

Alors les grandes personnes ne savent plus prendre le taureau par les cornes ? Les parents ont si peur de leurs enfants, qu'ils les refilent aux psy commes des patates brulantes ?

Bien sûr qu'il y a d'autres solutions que l'hopital.

Et pourquoi, chez les ano, l'hopital est devenu une espèce de médaille. On a fait "tant de semaines" d'hopital, et on s'en vante, comme d'autres ont fait tant de kilomètres de vélo.

Et on s'indigne qu'il n'y a pas de place dans les hopitaux. Et on se lamente de ne pas avoir droit à sa petite hospitalisation. On en vient à regretter d'être en trop bonne santé, et on plonge, pour être encore plus maigre, faire encore plus pitié, faire encore plus peur, pour beaucoup inquiéter son médecin...

Ayez le courage de regarder ce qu'il y a de nul là-dedans. Oui c'est nul, c'est débile, c'est honteux.

J'ose le dire, c'est honteux.
Bali
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Message par Bali »

Je crois que Lasco a raison de dire qu'il ne faut pas généraliser.

Je connais le cercle vicieux de l'HP, le "qui mieux mieux", le qui y aura passé le + de temps, parfois juste pour attirer la pitié sur soi et se servir de l'hopital comme d'une preuve vis à vis des autres que son état est grave...

Je connais aussi le traumatisme d'une HDT injustifiée, comme j'ai pu en témoigner sur l'autre forum.

Mais il y a des cas, peut-etre rares mais tout de meme, ou c'est justifié. Je me suis retrouvée (une autre fois) en HDT après une TS. Sans la HDT je me serais jetée sous un train direct à ma sortie du service de réa... meme si sur le coup je jurais contre les médecins qui me prenaient ma liberté, mon choix de mourir, je sais maintenant que ce n'était pas un choix et je remercie ma mère d'avoir alors signé.

Simplement, je pense que la HDT n'est justifiée que dans des cas extrèmes, que c'est un outil TRES délicat à utiliser, et que son utilisation devrait etre beaucoup plus limitée et controlée. Un ou deux psys, ca suffit pas pour juger du risque suicidaire ou du danger vital qu'encourt le patient.

Et pour ce qui est des psys qui dans leur propre service transforment une HL en HDT parce que le patient ne progresse pas ou régresse, ils devraient peut-etre d'abord se remettre en cause et admettre que la thérapie qu'ils mettent en place n'est pas adaptée et qu'il faut réfléchir à autre chose, un transfert ou une sortie.

V'là ce que j'en pense modestement.

Emilie
fred
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hospitalisation ou pas?

Message par fred »

j'ai souvent eu envie d'écrire sur ce forum, et aujourd'hui je me lance en venant de lire ce que certains pensent de l'hospitalisation pour les anos.
Comme j'ai pu le lire, quand on tient à peine debout et qu'on est tt transparent, l n'y a pas 36 solutions..ou alors c'est le néant!
Pourquoi à ce point décrier l'hospitalisation? Je ne comprends pas!!
Il y a 6 -7 ans j'y ai passé qq mois, pour tenter de sauver ma peau. Je me suis sortie de l'ano voilà 4 ans maintenant, donc c'est effectivement pas juste après mes hospit'. Mais je suis persuadée qu'elles m'ont aidée à y voir plus clair et qu'elles m'ont fourni les outils qui 2 ans plus tard m'ont permis de recommencer à profiter de la vie. Cette période de ma vie passée à la clinique st Vincent de Paul de LYON reste forte dans mon esprit. L'hospit n'est peut être pas le solution pr tt le monde, mais il arrive à un moment ou il faut être assez intelligent et ouvert d'esprit pr tenter ttes les solutions. Après, ca marche ou pas, mais il faut eessayer avant d'affirmer des choses. Une dernière chose par rapport aux "HP" : un séjour y est certe marquant mais je ne pense pas traumatisant. J'avais 20 ans qd j'ai intégré St Vincent DE Paul (mais 15 dans ma tête!), j'en garde encore aujourd'hui des images très fortes et dures il est vrai, mais je ne suis pas traumatisée! Il y avait en mm temps que moi des "jeunes filles" de 13-14 à peine qui n'avaient pas plus l'air traumatisé.Voilà tt ce que je viens de raconter peux sembler brouillon mais pour résumer : ne décriez pas l'hospit et sauvez ceux q vous aimez, essayez ttes les solutions![/u][/b]
gibus
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l'hospitalisation forcée

Message par gibus »

Je réponds tardivement mais le sujet me tient à coeur.Nous les parents , on n'attend pas des miracles de l'hosto.,on demande juste que nos enfants soient aider et qu'ils ne meurent pas de faim .Et parfois l'hosto., c'est la dernière solution avant la mort.Il y a 2 ans ma fille de 11 ans 1/2 a perdu presque la moitié de son poids en 4 mois , rien ni personne n'a pu stopper sa descente aux enfers.J'ai supplié pendant des semaines pour qu'on daigne la prendre dans un service spécialisé( pas de place) et le jour ou elle a été hospitalisée, j'ai remercier le psy. de la prendre .Je n'ai jamais regretté ce choix, après coup , elle non plus.Il faut se battre pour qu'il y ait plus de place dans des centres de soins spécialisés avec des professionnels compétents et formés aux TCA.Une maman
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kilou
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Message par kilou »

cilloux,

juste une chose, mets toi à la place d'un parent, essaies de t'imaginer ce qu'il peut entendre sur sa manière d'éduquer son enfant, de la laisser mourir...

c'est un choix très douloureux d'après ce que j'ai pu en entendre par la suite, parfois les parents ne prennent pas cette solution et s'en mordent les doigts très lgtps...

ma soeur a ft ce choix pr l'éviter à ma mère...je l'ai haï ms je suis vivante...

c'est juste qu'ils t'ont donné la vie et qu'ils se refusent à te l'enlever!
sans ça bon nombre de personnes ne parleraient plus...moi non plus!
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arkanciel
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Message par arkanciel »

franchement cilloux, ce que tu dis me fait hurler. les hospitalisations sont une chance qd les médecins sont des gens bien et essaient de t'aider. j'ai été hospitalisée pdt deux mois pr anorexie et je peux te dire que toutes les filles que j'y ai rencontrées ne demandaient finalement qu'une seule chose: qu'on les écoute et qu'on s'occupe d'elles, qu'on les éloigne un peu de leurs parents qui les éttouffaient. Bien sur qu'il y a des endroits sordides ou les manieres sont hodieuses et peuvent fr plus de mal qu'autre chose... mais il y a aussi des endroits ou il y a des gens tres bien, ou tu prend enfin conscience de certaines choses, personne n'a dit que l'hopital était la recette miracle mais ça peut aider des personnes qui n'ont pas forcément ta force de caractere. Autre chose: tu fais quoi toi si ta fille refuse de s'alimenter? tu la gave de force? ben non t la comme ts les parents, t'attend , tu supplies, t'espere, tu lui parles, tu lui fais voir le monde... mais rien ne change, et un jour elle fait 25 kg et toi t la comme un c... alors il faut bien fr confiance en quelqu'un c trop insoutenable de voir son enfant se laisser mourir. Et en general l'eloignement est la meilleure des choses aussi bien pr l'enfant que pour les parents...
Oiseau-de-Pluie
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Re: Hospitalisation forcée, HDT, rôle des parents

Message par Oiseau-de-Pluie »

Bonjour,

Ce sujet date de 2004... Nous sommes en 2013, je réponds donc neuf ans plus tard, alors je crains que les personnes présentes sur ce forum à l'époque ne le soient plus.
Mais tant pis, j'ai envie de poster mon témoignage quand même.
J'ai 18 ans... et j'ai vécu un pur enfer en hôpital psychiatrique. Vous voulez mon témoignage ? Le voici :

Vendredi 21 décembre 2012 :

La personne que j’aime m’a rejetée. C’est une douleur insupportable. Dommage que les Mayas aient aient eu tort, j'aurais tellement aimé que la fin du monde se produise aujourd'hui. J’avale vingt-neuf comprimés de x****. Je veux oublier. Ne plus souffrir. Dormir et ne jamais me réveiller. Trouver la paix.
Je suis à moitié dans les vapes. Je ne me souviens de rien.

Plus tard, j’apprends que j’ai été conduite à l’hôpital. Qu’on a voulu me garder, mais que mon père a pu signer une décharge. Mais moi, je vais toujours très mal.

Lundi 24 décembre 2012 :

Je veux mourir. J’ai mal. Je poste mon mal-être sur des forums. Je cherche le moyen le plus sûr de me suicider. Suis-je bête, je n’aurais jamais dû faire une chose pareille.

Je vais me coucher. Il est 15h et je suis en pyjama dans mon lit, le cœur brisé par la souffrance. Soudain, l’interphone sonne. Ma mère décroche. C’est sa période de vacances, elle ne travaille pas. De loin, je l’entends dire « c’est les pompiers » !
Les pompiers ? Pourquoi ? Mon cœur commence à battre à une vitesse inimaginable. C’est un internaute qui a dû les prévenir. Ils ont détecté mon adresse IP. J’ai peur. Tellement peur. Vont-ils m’enfermer ? C’est sûr, ils vont m’embarquer. Au secours !
Je ne peux même pas me sauver, je suis en pyjama. Et puis, même si je n’avais pas été là, n’auraient-ils pas attendu mon retour pour m’enfermer comme une criminelle ?
Ils montent. Il n’y a pas que les pompiers, mais aussi la police. Ils sont au moins dix ! Ils entrent dans ma chambre. Je suis terrifiée. Dans une de mes périodes de crise, alors que j’étais dans un état second, j’ai écrit le mot « suicide » sur le papier peint qui recouvre le mur de mon bureau. Ils l’ont vu. Je ne peux donc même plus nier, je n’ai plus aucune échappatoire. Ils me demandent si je suis l’auteure ! Que répondre ? Je leur dis que j’ai écrit ce mot il y a longtemps. C’est mon seul espoir. Mais ça ne marche pas. Je tremble. Ils me disent qu’ils vont me conduire à l’hôpital. Ils me demandent si je préfère rester en pyjama ou m’habiller. Ils seraient tout à fait capables de m’y emmener en pyjama ! Je dis que je préfère m’habiller. Ils ne veulent même pas me laisser seule, ils ont peur que j’attente à mes jours. Je n’ai plus le droit à aucune intimité. Ma mère doit s’enfermer avec moi dans les toilettes pour que j’enfile mes habits. Heureusement que le fait de m’exposer nue face à elle ne me pose pas de problèmes. Et puis, ils m’embarquent. Je monte dans le camion de pompiers. Mon père nous suit, en voiture. Je tremble de peur. Ils vont m’enfermer, je le sais. Je ne veux pas. Au secours ! Je crie intérieurement. Suis-je bête, pourquoi ai-je parlé de mes foutues envies suicidaires sur un forum. Je n’aurais jamais dû faire une chose pareille. Maintenant, je suis condamnée à souffrir. Je vais être punie, comme si j’avais commis un crime. Je prie le ciel pour qu’un miracle se produire. Pour retourner dans le passé. Effacer ces messages. Mais mon désespoir, aussi intense soit-il, n’a malheureusement pas le pouvoir de modifier les évènements.
Le camion roule. Je demande aux pompiers ce qu’ils vont me faire. Ils répondent qu’ils ne savent pas. Que leur seul travail est celui de me conduire à l’hôpital. Je tremble de peur.
Nous arrivons aux urgences. J’attends environ un quart d’heure avant de voir une infirmière. Elle me pique le doigt. Elle veut voir mon taux de sucre dans le sang. Je ne vois pas à quoi cela sert. Je m’en fiche. Elle me dit de retourner m’asseoir dans la salle d’attente des urgences. M’affirme qu’une psychiatre va venir me chercher. Une psychiatre ? Ce seul et unique mot a le pouvoir de me pétrifier. Pendant trois longues heures, j’attends dans une angoisse épouvantable.
La psychiatre arrive. Je vais dans son bureau. J’ai peur. Elle ne dit rien. Elle est au téléphone, et annonce : « C’est ma deuxième HDT de la journée ».
HDT ?! Qu’est-ce qu’elle raconte ? Hospitalisation à la demande d’un tiers ?! J’en étais sûre, je le savais, elle va m’interner de force. Je ne veux pas. Au secours ! Aidez-moi ! Sortez-moi de là ! Mon père assiste, impuissant, à cette horrible scène. Je crie que je ne veux pas être hospitalisée. Je pleure. La psychiatre, aussi sadique soit-elle, hausse le ton : « On ne vous laisse pas le choix Mademoiselle ! Sinon j’appelle la Préfecture de Police et le Maire ! »

Je pleure de plus belle. Au secours, sortez-moi de ce cauchemar ! Comment peut-elle être aussi cruelle ? Et puis, maintenant que j’ai dix-huit ans, où vont-ils m’enfermer ?
Il y a quelque temps, j’avais regardé un reportage sur le service de psychiatrie adulte de ma ville. Un reportage qui retourne le cœur. J’ai dix-huit ans révolus, alors c’est dans cet asile de fous qu’ils vont m’emmener ? Non ! Plutôt mourir ! Au secours !
Je tente de me sauver. Je passe à travers les lits des malades, dont certains sont branchés de partout avec des tuyaux. Cette simple vue me donne des nausées. Je cours. Il faut que je trouve un chemin. Que je m’enfuis de cet hôpital de malheur. Il y a une gare pas loin. Je vais me jeter sous le métro, et ils ne me retrouveront plus jamais. Ils ne pourront jamais plus m’enfermer. J’entends la psychiatre crier : « On va la contentionner ! On va la contentionner ! »
Me contentionner ?! Je sais ce que ce terrible verbe signifie. Ils veulent m’attacher. Ils sont fous ! Cette sadique de psychiatre appelle des infirmières pour qu’elles me rattrapent. Il est impossible de se frayer un chemin dans cet horrible hôpital. L’une d’entre elles me rattrape et m’allonge sur un lit. Elle me retire le haut de mes vêtements. Mon soutif y compris, elle voit mes seins. Elle me met une espèce de blouse à la place. Et elle m’attache le bras. C’est l’enfer. Je ne peux plus bouger, je ne peux plus m’enfuir, ils m’ont attaché. La psychiatre vient me donner un cachet bleu. Un neuroleptique terrible. Je sais que ces cachets sont affreux, mais je n’ai pas le choix. Si je ne le prends pas, elle me l’injectera de force dans les fesses. Les psychiatres sont sadiques. Certains diraient qu’ils sont « inhumains ». Malheureusement, je ne suis pas sûre que ce soit le terme approprié. Toutes ces horreurs sont justement humaines ! Les animaux, les végétaux, etc. ne feraient jamais ça. J’aime les animaux, je défends leur cause.
Mais là, je ne pense qu’à une seule chose : mourir. Il ne me reste plus qu’une seule chose : mon portable. J’envoie des messages de détresse à tout le monde. Mais ils ne peuvent rien faire. Je suis seule. Terriblement seule. J’éprouve une angoisse épouvantable.
Je pense à Solenn, la fille de Patrick Poivre d’Arvor (plus tôt, j’avais déjà été hospitalisée à la Maison de Solenn). À cet instant, je ressens un sentiment d’immense admiration envers elle. Cette jeune fille a vécu l’isolement : deux mois sans avoir le droit à aucun contact écrit ou téléphonique avec sa famille. Deux mois. Je viens à peine d’entrer à l’hôpital, et je n’en peux déjà plus. Comment as-tu fait, Solenn, pour tenir deux mois ? Tu as eu un admirable courage. Je comprends que tu te sois jetée sous le métro. On va mal, on a besoin d’aide, et au lieu de nous soutenir et de nous apporter ce dont on a besoin, on nous attache, on nous enferme et on nous drogue. Je veux me jeter sous le métro, moi aussi. Tu as de la chance, ils ne peuvent plus t’enfermer. Je pleure. Mes larmes ne peuvent plus s’arrêter de couler. Je n’en peux plus.
Environ vingt minutes plus tard, un monsieur vient me chercher. Il me détache. J’ai de la chance, il a l’air très gentil. Pour une fois. Il me dit qu’il est ambulancier. Je monte dans sa voiture. Il me conduit en enfer, mais il est gentil…comment expliquer ce paradoxe ?
Durant tout le trajet, je lui pose des questions. Je lui demande combien de temps je vais rester, quand est-ce que je vais sortir. Il me rassure.
« Mais non, vous n’allez pas rester des mois. Une semaine tout au plus. Mais il vaut mieux rester, le temps que vous alliez un peu mieux. »

Mais ça ne marche pas. Comment pourrais-je aller mieux s’ils m’enferment avec des fous ? Car je le sais, c’est là qu’ils m’emmènent. Chez les adultes. Même si je n’en suis pas une. Mais ce ne sont pas seulement des adultes : ce sont des fous. Dans le reportage, je sais qu’il y a eu un meurtre dans un service. Ils vont m’enfermer avec des criminels, des violeurs peut-être ?
J’arrive. Nous sortons de la voiture. Et nous entrons dans le bâtiment : « Psychiatrie A ».
C’est bien ce que je pensais. Les lieux sont sinistres. Lugubres. Sales. Aucun entretien. La simple vue d’un tel endroit me donne le cafard et me donne de terribles angoisses. Et ils me mettent là-dedans pour me guérir de mon mal-être ?!
Non, bien sûr que non. Ils s’en fichent bien que j’aille mal. Tout ce qu’ils veulent faire, c’est m’empêcher de me suicider, c’est pour ça qu’ils m’enferment. Mais il est évident que plus je resterai dans un endroit aussi atroce, plus mes envies suicidaires augmenteront. Je viens d’entrer, et je ne supporte déjà plus l’atmosphère. Je veux sortir !
J’entre dans le bureau des infirmières. Je m’assois. Elles doivent faire un inventaire. Ce n’est même pas la peine, je n’ai pas de vêtements. On parle quelques minutes, mais je ne me souviens de rien. Je demande, encore et encore, quand vais-je sortir. Elles me répondent qu’elles ne savent pas. Qu’on doit attendre l’avis des médecins. Ils ne reviennent que mercredi et nous sommes lundi. C’est horrible ! Vous autres, vous allez pensez que deux jours, ce n’est rien. Mais, passez, ne serait-ce qu’une heure dans cet asile de fous, et vous n’en pourrez plus.
Je commence à me sentir mal. Fatiguée. Amorphe. Je reconnais de suite ces symptômes : ce sont ceux du cachet que l’affreuse psychiatre m’a administrés une heure plus tôt.
Les infirmières veulent me conduire à ma chambre. Je me lève. Sensation atroce : je vois floue. J’ai des vertiges. Mes jambes ne tiennent plus debout. Ma vision se trouble. Je me sens mal. Très mal. J’ai du mal à respirer. J’étouffe. Au secours ! Je dis que je me sens mal, que j’ai des vertiges. Elles m’emmènent à ma chambre. Je n’ai pas la force de rester debout pour parvenir jusqu’à celle-ci. Je n’en peux plus, je ne vois plus rien, je ne peux plus tenir debout. Je m’écroule dans les couloirs, je m’évanouis. Les infirmières me retiennent. Me prennent par le bras. Je suis inconsciente, je m’écroule à plusieurs reprises.
Elles parviennent avec difficulté jusqu’à la chambre et me posent sur le lit. Je reste ainsi inconsciente durant plus de deux heures. Je ne me sens mieux (entendez mieux que pour « physiquement ») uniquement lorsque je suis allongée. Si j’essaie de me lever, ne serait-ce que pour aller aux toilettes, mes vertiges reprennent. J’ai essayé, mais je n’ai pas tenu, je me suis écroulée au pied du lit. Pourquoi m’ont-ils drogué ainsi, ces enfoirés. Comment sortir de cet enfer ? Je ne peux même plus penser, je n’ai plus aucune liberté, ils m’ont enfermée, droguée, comme un cobaye de laboratoire.
Je ne peux pas marcher, je ne peux donc pas aller prendre mon repas avec les autres. L’infirmière m’apporte mon plateau sur le lit. Mais je ne peux pas manger. Même si je lève la tête pour en attraper ne serait-ce qu’une bouchée, ma tête tourne et les vertiges reprennent.
Il me faudra attendre plus de trois heures pour que ces horribles effets s’évaporent. Ayant repris mes esprits, je constate que je ne suis pas seule dans ma chambre. Sur le lit d’en face, il y a une fille. Elle est noire, elle parait avoir trente ans. Elle ne parle pas français. Elle est bizarre. Elle me dit de manger. Je n’ai pas faim. Je n’ai plus le goût. Comment pourrait-on avoir goût à quelque chose, quand on se retrouve enfermée ainsi ? Mais si je ne mange pas, ils ne me laisseront pas sortir. Pourtant, je ne suis pas ici pour anorexie, mon poids est dans la norme. Mais ils s’en fichent. Alors, je mange. Par chance, le riz est assez bon. La pomme aussi. Mais avaler ces aliments m’est d’une extrême difficulté. Dans ce genre de situations, on peut même parvenir à haïr ce que l’on adorait, tant l’on est révoltée. J’appelle une amie. Elle aussi a été internée il y a quelques semaines. Je pense à elle. Je vis le même cauchemar qu’elle. Elle est restée trois semaines à l’hôpital et trois jours attachée sur un lit par des sangles. Elle devait faire ses besoins dans un seau. Comment a-t-elle pu supporter une telle torture ? Elle aussi, je la trouve infiniment courageuse. Mais moi, je n’ai pas son courage, ni celui de Solenn. Je ne tiendrai pas, je ne peux pas. Je n’en peux plus.
Elle me dit qu’elle est en Corse avec sa famille. Quelle chance inouïe. Quand on se retrouve enfermée comme je le suis, on se rend compte que le fait de pouvoir être dehors, avec sa famille, est un bonheur extrême. Je voudrais être à sa place.
Mais non. Ma famille est loin. Il n’y a personne. Personne, je suis seule. Elle m’affirme qu’il faut que je me plie à leurs règles si je veux sortir de là. Que c’est ma seule chance. Malheureusement, je le sais. Plus on se révolte, plus ils nous droguent et plus ils nous gardent de force. Je pleure au téléphone. Mais elle ne peut rien faire. C’est terrible.
Je supplie le ciel pour qu’on me sorte de là. Je demande même de l’aide à des personnes décédées. Qui sait, elles auront peut-être plus de pouvoir pour me sortir de là que les personnes vivantes ! (je crois en une vie après la mort).
Mais c’est vraiment ridicule. La nuit est longue, très longue. Je n’ai même pas retiré mes vêtements pour dormir : ce simple geste m’angoissait. Être en pyjama dans un lit d’hôpital, quelle horreur. Ici, au moins, ils ne nous forcent pas au port du pyjama bleu, comme c’est le cas à l’hôpital St Anne. Mais ça ne change rien au calvaire que je vis, ça n’enlève pas le fait que cet endroit est terrifiant.

Mardi 25 décembre 2012 :

C’est Noël. Le pire de toute ma vie. À 8h, j’entends une voix de vieille femme crier : « Les petits-déjeuners ! »
Au secours, sortez-moi de là. Je veux être chez moi. Avec ma famille. Je ne veux pas prendre leurs sales petits-déjeuners pourris, je veux prendre le mien, le vrai. Je me lève. Je vais dans la salle où les repas sont servis. Ils me servent du chocolat chaud dans un bol. Il est dégoûtant, mais je dois le boire. Je dois aussi manger leurs tartines de beurre dégueulasses, s’ils veulent que je sorte. J’ai envie de vomir, mais c’est le seul moyen de sortir de leur cage.
Ce matin-là, je me rends compte que les autres patients sont tous trois fois plus âgés que moi. Ils ont entre vingt-cinq et quatre-vingt-dix ans. Moi, je ne suis qu’une petite fille par rapport à eux.
Mettre l’âge adulte à dix-huit ans, c’est du grand n’importe quoi. J’entends un patient dire : « Elle est trop jeune pour être ici, la pauvre. »
Un des rares patients lucides. J’ai remarqué que tous les autres ont l’air d’avoir des pathologies bien plus lourdes que la mienne. Au-dehors, il y a un handicapé en fauteuil roulant. Il bave. Il tourne des yeux. Il pousse des gémissements. C’est horrible, je ne peux même pas le voir, ils m’ont mis chez les fous…
L’infirmière rétorque au patient : « Jeune ou pas jeune, on ne choisit pas d’être malade ».
J’ai envie de la frapper. Je ne suis pas malade. Je suis juste malheureuse. Je souffre de dépendance affective. Une pathologie qui vient d’une carence affective durant l’enfance. J’ai besoin d’amour et d’affection. Mais dans un hôpital psychiatrique, il n’y en a pas. Il n’y a que le contraire.
Peut-être que la chose la plus atroce est celle d’être impuissante face à toutes ces horreurs. Nous sommes enfermées, mais nous ne pouvons rien faire. Les psychiatres ont le pouvoir, ils peuvent faire de nous ce que bon leur semble. Nous attacher, nous droguer, nous enfermer dans des chambres d’isolements, et j’en passe.

Dans le service, il n’y a qu’une seule jeune fille qui a mon âge. Elle a dix-sept ans. Mais elle va être transférée dans le service des adolescents dès demain. Moi, j’ai dix-huit ans, je reste ici. Remarque, je n’ai pas non plus envie de retourner dans le service des adolescents : j’y ai été hospitalisée il y a quatre ans, et je n’en garde pas de bons souvenirs.
Mais… mais, n’y a-t-il rien de pire qu’ici ?
Cette jeune fille pleure. Elle s’effondre, à table. Elle dit que si elle reste ici, elle va devenir folle. Je la comprends tellement. Elle insulte l’infirmière. Plus tard, celle-ci dira à l’une de ses collègues : « Ces deux filles-là, elles ont quasiment le même âge. Elle, elle m’insulte, elle me dit « ta gueule », alors qu’elle, elle est très polie ».

Parce que tu crois vraiment que tes méthodes me plaisent, conasse ? Tu crois que ça me plait d’être enfermée ici ? J’ai beau ne pas t’insulter de vive voix, je n’en pense pas moins. Je suis exactement comme cette jeune fille qui t’insulte, sauf que je ne dévoile pas mes pensées. J’ai énormément de force pour ne pas me révolter et hurler. Moi-même, je ne sais pas comment je fais. Mais je sais que c’est la seule solution. Si je dis quoi que ce soit, ce sera peut-être l’injection de force ou la chambre d’isolement. Il vaut mieux se taire, et penser en silence. La pensée est dorénavant la seule chose où je peux être libre. Je peux traiter ces enfoirés de tous les noms dans ma tête, ils ne pourront pas m’enfermer ou me droguer pour ça.
Ils me donnent encore un verre de médicaments. Je demande à l’infirmière ce que c’est. Elle me répond: « c’est du t******, ça va vous apaiser ».
Oh non ! La même chose qu’hier ! Tout va recommencer, les vertiges, les malaises, etc. Au secours !
Mais je n’ai pas le choix. Il faut que j’avale ces drogues psychiatriques légales. Ces drogues qui détruisent, qui assomment, qui provoquent des malaises. De toute façon, si je ne les avale pas, ils me l’injecteront de force. Dans les fesses. Je l’avale d’une traite. Aussi affreux que cela puisse être, je dois me plier aux règles. Oui, ils appellent mes horribles malaises de l’apaisement…

Je passe la matinée à ne rien faire. Je suis enfermée entre des murs. Comme dans une prison. Quel crime ai-je donc commis ?
Les effets des cachets se font vite ressentir. C’est l’heure d’aller manger, mais ça recommence, je ne tiens plus debout. J’ai d’horribles vertiges.
Au self, je manque de peu de m’écrouler dans les aliments dégueulasses. On doit me ramener à ma chambre. Même cauchemar qu’hier : les infirmières me tiennent par la main, j’ai des vertiges insoutenables, je dois rester sur mon lit.
Je n’en peux plus. Au secours, sortez-moi de là !! J’ai tellement mal. Tellement peur. C’est la première fois de ma vie que je fais des malaises aussi terribles. Je les ai entendus, elles ont osé dire que ces pertes d’inconsciences étaient dues au fait que je ne mangeais pas assez. Elles le font exprès. J’ai déjà jeûné plus de deux jours, sans avoir le moindre malaise. Et aujourd’hui, en plus, j’ai mangé. J’ai entendu dire qu’ils m’avaient donné cinquante gouttes de ce poison… Cinquante, oui, je ne plaisante pas. Les fous, ce sont eux. Ils sont complètement cinglés.

Je dois encore attendre plus de trois heures, écroulée sur mon lit, pour que les vertiges qui m’empêchent de marcher cessent. J’attends la visite de ma famille. Mes parents, ma sœur. C’est la seule et unique chose qui me permet encore de tenir. Je n’ose imaginer ce que doivent endurer ceux à qui l’on interdit tout contact familial. S’ils se suicident une fois dehors, ce n’est pas étonnant. Il vaut mieux mourir plutôt que de subir un tel calvaire.
L’après-midi, mes parents et ma sœur viennent me rendre visite. Dans ma chambre. Je pleure dans les bras de ma sœur. Je dis que je veux sortir. Mais que peuvent-ils y faire ?
Non, je n’ai même pas été hospitalisée à la demande d’un tiers, ce qu’a prétendu la psychiatre est faux. J’ai été hospitalisée d’office. Personne n’a rien demandé à ma famille. Ils m’ont embarqué et m’ont enfermée sans ne rien demander à personne.
Mes parents sont très malheureux de me voir dans cet asile de fous. Mon père m’affirme que même dans les prisons, les détenus sont mieux traités, car ils ont une terrasse. Ils peuvent sortir. Ici, on ne peut pas.
Ma mère me dit que je n’ai rien à faire et que je dois m’ennuyer. Non, je n’ai pas le temps de m’ennuyer, je passe mon temps à souffrir. Je ne m’ennuie pas, je me demande juste sans arrêt quel est le meilleur moyen pour me suicider, puisque c’est la seule façon de m’enfuir. Je préfère mourir plutôt que de rester là. Depuis que je suis dans cet asile, je vais de plus en plus mal. Je n’ai rien à faire ici, je ne suis pas folle. J’ai déjà atrocement mal parce que la personne que j’aime m’a rejetée. Au lieu de m’aider, on me rajoute de la souffrance.
Je suis dépendante affective, je suis obsédée par elle. Je pense à elle nuit et jour. En m’enfermant vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sans aucune activité, mes pensées obsessionnelles ne peuvent que s’accroître. Ma pathologie ne peut que s’amplifier.
Pour m’aider, il faudrait au contraire que je me change les idées. Que je fasse des activités. Que je sois dans une atmosphère chaleureuse. Dans un lieu qui redonne goût à la vie.
Mais non, c’est le contraire. Plus on va mal, plus les psychiatres nous font mal.
Pour les jeunes filles anorexiques contraintes à l’isolement, c’est la même chose : elles qui sont déjà obsédées par leur poids, leur obsession ne cesse d’augmenter. Elles ne peuvent penser à rien d’autre. Une foie sorties, même si elles ont repris du poids, elles rechutent d’ailleurs toutes très rapidement, car l’anorexie est avant tout une maladie de l’âme.
Solenn en est un bel exemple. Elle s’est suicidée. Peut-être que si on l’avait aidée, elle serait toujours en vie, qui sait ?
Son suicide aura au moins permis d’ouvrir une maison des adolescents où l’isolement a été banni. Merci Solenn. Malheureusement, il existe encore énormément d’hôpitaux psychiatriques pratiquant des méthodes barbares.
On a besoin d’aide, d’affection, de soutien, d’amour et de réconfort. Mais on ne nous donne que le contraire : enfermement, contention, camisole chimique, isolement, etc. Électrochocs dans certains cas.
Et on ne peut rien faire. On subit.

Ma mère m’a apporté des magazines et des livres. Pour m’occuper. Mais je m’en fiche. Je n’ai pas la force de lire. Je ne veux pas lire, je veux juste sortir de là. Comment pourrais-je lire alors que je suis enfermée ? Ce n’est pas possible.
Il est 18 h, mes parents doivent partir. Je me retrouve à nouveau seule, je voudrais qu’ils restent avec moi. J’essaie d’aller regarder la télévision. Il n’y a que ça : une salle télé. Mais il n’y a rien. Et même s’il y avait quelque chose qui me plaisait, je n’aurais pas la force de regarder. Je veux sortir, juste sortir !
J’erre dans les sombres couloirs de l’hôpital psychiatrique. Je croise le regard des autres patients, du handicapé qui bave. J’ai envie de vomir. Une vieille femme arrive. Je ne comprends rien à ce qu’elle me raconte. La jeune fille, celle de dix-sept ans, me dit qu’elle veut que je lui enlève ses vêtements. Je suis vraiment dans un asile de tarés.
Cette fille, elle s’en va. Elle va dans le service des adolescents. Je reste un peu avec elle avant son départ. Elle est la seule jeune fille de mon âge. Même si nous ne sommes pas amies, je n’ai pas envie qu’elle s’en aille. Je vais véritablement me retrouver seule !
Mais je ne peux rien faire. Je veux mourir. J’ai envie de me tuer en laissant une lettre :

« J’ai un terrible mal de vivre et au lieu de m’aider, on m’enferme et on m’administre des drogues qui me donnent des malaises. Personne ne supporterait de vivre un tel calvaire. Le suicide est la seconde cause de mortalité chez les jeunes. Si vous aidiez réellement les personnes en mal de vivre au lieu de les traiter d’une façon aussi barbare, ce nombre pourrait grandement diminuer. Je refuse d’être la cible de vos tests, je me refuse à servir de cobaye de laboratoire. Je suis une personne, j’ai des sentiments. Mon corps m’appartient, vous ne pouvez pas choisir son destin. Je suis soulagée, car j’ai libéré mon âme et fuie tous les hôpitaux psychiatriques. Vous ne pouvez plus me torturer. »

Ce serait tellement bien s’ils découvraient cette lettre aux côtés de mon corps inerte. Mais il faudrait d’abord que je trouve un moyen de me suicider. Ma mère m’a apporté le chargeur de mon téléphone portable. Si je touche la prise pendant que je le branche, peut-être m’électrocuterais-je ? Mais cela doit faire très mal ! J’ai un peu peur. Je ne veux pas souffrir. Je veux arrêter de souffrir !

C’est le soir. Au menu, il y a des épinards à la crème et des nuggets. Je ne mange pas de viande, je suis végétarienne. J’essaie d’avaler les épinards à la crème. Ils sont absolument infects. Je vais vomir ! Que faire ?
L’infirmière ose me dire que si je ne mange pas, on ne me laissera pas sortir. Je ne suis pourtant pas anorexique. Les nuggets, j’adorais ça au goût. Actuellement, ils me donnent encore envie. Mais j’ai renoncé à manger des animaux après avoir regardé un documentaire totalement bouleversant, intitulé « Earthlings ».
Malheureusement, si je veux sortir de cet enfer, il va falloir que je me contraigne à avaler cet animal mort, sûrement tué dans d’atroces souffrances. Je mange. Et je culpabilise.
Je vais de plus en plus mal.
La nuit est encore extrêmement longue. J’arrive à peine à dormir. Je me tortille dans tous les sens. Je suis terrifiée. L’angoisse m’envahit. Je veux sortir ! Au secours !
Que quelqu’un vienne me tuer, ça vaudra mieux ainsi.


Mercredi 26 décembre 2012 :

Journée semblable aux autres. Atroce douleur.
Le matin, ils ne peuvent même plus me servir de chocolat dans un bol. Mais dans un verre. Les bols sont tous sales. Déjà que leur chocolat est immonde, mais il faut en plus le boire dans un verre.
Dans l’après-midi, je peux voir mon médecin. Il m’annonce que c’est mon père qui a voulu m’hospitaliser. Pardon ?
Je lui demande quand vais-je pouvoir sortir. Il me répond qu’il ne sait pas. Que cela ne dépend que de moi. Je traduis : « vous ne sortirez que si vous vous pliez aux règles, si vous souriez, si vous allez bien ».
Pour sortir, il faut faire semblant d’aller bien. Plus on exprime ses souffrances, plus on risque de rester longtemps. Et de devenir réellement fou. Alors, je me cache pour pleurer. Parfois, je n’arrive même plus à verser de larmes. Mon visage est sec. Mais mon corps et mon âme ne sont que souffrances. Avant d’être enfermée dans cet asile, je m’étais mutilée sur les bras. Et sur le visage. Ils l’ont vu. Quelle conne je suis. S’ils voient ça, ils ne vont pas me laisser sortir.
Seule chose positive : il me retire le poison m’ayant donné des malaises et m’affirme que le but n’est pas de me droguer. À la place, il me prescrit un antidépresseur et un anxiolytique.
Le jour de l’an approche. Je lui demande si je pourrais le passer chez moi. Il me répond que cela risque d’être difficile. Et j’ai envie de m’effondrer. Je n’en peux plus d’être enfermée. Trois jours, et je n’en peux plus. Comment font ceux qui tiennent plusieurs mois ? J’admire leur courage.
Il voit mon portable. Malheur ! Il me retire la seule et unique chose qui pouvait encore me procurer ne serait-ce qu’un tout petit peu de joie.
« Elle est hospitalisée sous contraintes, elle n’a pas le droit ».
Je n’en peux plus. Cet après-midi-là, mes parents reviennent me voir. Mon cousin aussi. Quand j’annonce à mon père que le médecin m’a dit que c’est lui qui a voulu me faire hospitaliser, mon père reste outré. Tout le monde m’affirme le contraire : personne n’a jamais voulu m’enfermer dans cet asile. Ils veulent tout faire pour que j’en sorte, oui. Ils savent que si j’y reste, je risque de devenir réellement folle. Il parait que mes parents sont très mal. Ma mère me dit que mon père pleure tous les soirs et qu’il ne supporte pas de me voir enfermée dans un endroit aussi barbare. Il va s’entretenir avec le médecin.
Et moi, j’attends. Je souffre.
Il faut que j’aille prendre ma douche. Mes cheveux sont gras. Dans la salle de bains, il n’y a même pas de cabine de douche. L’eau coule comme ça, sans cabine. C’est horrifiant. La seule chose qui me fait du bien, c’est l’eau chaude. Je pourrais y rester des heures. Ma souffrance est si grande que j’arrive à peine à me laver. Le fait d’être enfermée est une douleur abominable dont personne ne peut avoir idée. Seuls ceux qui l’ont vécu peuvent comprendre. Une douleur si intense que le moindre geste est une angoisse. Mettre du shampooing sur ma tête, un geste pourtant très courant est très simple, est devenu une angoisse.
Je ne peux même plus décrire ce que je ressens. Tout est toujours pareil. Dans cet asile de fous, ma souffrance a atteint son paroxysme.




Jeudi 27 décembre 2012 :

Comme chaque jour, ma souffrance est terrible. Je ne supporte plus cet enfermement. Je ne pense plus qu’au suicide.
Mes parents reviennent. Mon père m’annonce qu’il a pu s’entretenir avec le médecin. Il est parvenu à le convaincre de me laisser sortir vendredi matin. Il parait que ce médecin a reconnu qu’ici, ce n’était pas un endroit pour moi. Mon père me met néanmoins en garde. Il me fait peur. Il m’annonce qu’il a réussi à pouvoir me faire sortir, mais que la prochaine fois, il ne pourrait pas. Je suis majeure, alors il n’a plus aucun pouvoir. S’il y a récidive, ce sera au juge d’en décider. Mon père me parle d’internement à vie. Est-ce qu’il me dit ça pour me faire peur ? Parce que si c’est le cas, ça marche. J’ai peur. Très peur.
Je vais mal. Au lieu de m’aider, on me terrorise et on m’enfonce dans ce terrible mal de vivre.


Vendredi 28 décembre 2012 :

L’infirmière vient me voir et me propose d’aller regarder un film dans un autre service de l'hôpital. Est-ce vrai ? C’est la première fois que je vais pouvoir sortir depuis deux jours. J’accepte. Je peux enfin respirer l’air frais, cela fait un bien fou. Mais je me sens encore tellement mal. Un mal indescriptible.
Le film est triste. Je ne me souviens plus du titre, cela parle d’une jeune danseuse qui a perdu sa mère. J’ai la phobie du deuil, j’ai sans cesse peur de perdre des êtres chers. Regarder un film pareil n’arrange rien.

Lorsque les lumières se rallument, un jeune homme noir me regarde. Il me fixe. Je me demande : « que me veut-il ? » !
Il me dit : « T’es grave belle. T’es super mignonne ! »
Je suis sous le choc. Personne ne m’avait encore fait de tels compliments. Au contraire : petite, j’étais une souffre-douleur.
« Dommage que je t’ai rencontré à l’hôpital, sinon je t’aurais dragué ! T’as quel âge ? »
« Dix-huit ans ».
Il semble choqué. Il me croyait plus âgé. Logique, je suis dans le service des adultes. Les adultes n’ont généralement pas dix-huit ans… Moi, je suis une adolescente.
C’est bizarre qu’il m’ait cru plus âgée. D’habitude, les gens me donnent trois ans de moins que mon âge. Bref, je m’en fiche.
Maintenant, il faut retourner dans l’asile de fous !
Heureusement, c’est mon jour de sortie. Je vais quitter ces horribles murs. Mais le médecin m’a laissé sortir sous contraintes. Je dois aller voir une psychiatre, et prendre mon traitement. Il m’annonce : « j’espère que ce séjour vous a servi de leçon ».
C’est bien ce que je pensais. Aller mal est un crime ! D’habitude, on dit ce genre de phrases à un môme qui fait une connerie. Il m’affirme que si je récidive, je passerai plus d’un mois dans cet asile de fous. Merci du soutien ! "




Vous voyez : cela fait désormais huit mois, et j'en pleure encore. Oui, il s'agit du pire traumatisme de ma vie...

lasco écrit : "Je sais qu'ils chercheraient toutes les solutions possibles si vraiment ça n'allait pas. mais si ma vie est en danger, en particulier au plan somatique, pas d'hésitation..." ---> Sauf que plus tu es traitée ainsi, plus tes envies suicidaires augmentent et plus ta vie est en danger.

Je vais te dire : moi, mes parents, ils étaient surtout persuadée que je serai devenue folle si j'étais restée là-bas. Même eux (qui vont pourtant très bien) ne pouvaient supporter ne serait-ce que la vue d'un tel endroit... Mon cousin m'a dit qu'il ne supporterait même pas d'y travailler (il va très bien)...

J'ai une amie qui a fait une TS. Elle a été sanglée pendant trois jours sur un lit et elle devait faire ses besoins dans un seau. Sa mère a signée une HDT, ils l'ont gravement shootée, 90 gouttes de l*******. Comme moi, elle s'est écroulée par terre et a même renversée du café chaud bouillant sur son ventre sans même s'en rendre compte.
Comme moi, elle est atrocement traumatisée.
Je vais être franche, je pense sincèrement que sa mère ne l'aime pas.

Et je suis tout à fait d'accord avec cilloux. Je parle en connaissance de cause, parce que j'ai vécu l'enfer en hôpital psychiatrique, et cela n'a fait qu'aggraver mon état.
Alors, arkanciel, ce qu'il dit te faire peut-être hurler, mais c'est malheureusement la réalité : moi, à l'HP, ils m'ont détruite, et je sais de quoi je parle.
Si tu es tombée sur un meilleur service où ils t'écoutent, alors c'est super, mais il y a malheureusement des HP où on torture les gens.

"Et en général l'éloignement est la meilleure des choses à faire pour l'enfant et pour les parents" ---> Ne généralise pas. Dans certains cas, cela fait beaucoup plus de mal que de bien. Tiens, je pense à Solenn, la fille de Patrick Poivre d'Arvor, qui a été isolée sans avoir droit à aucun contact téléphonique avec sa famille. Tu penses que ça lui a été bénéfique ? Je ne pense pas, moi. La pauvre jeune fille s'est jetée sous une rame de métro.
Qui dit qu'elle ne serait pas toujours vivante, si on l'avait aidée et soutenue au lieu de lui faire subir ça ?
La Maison de Solenn a été crée en son hommage. Là-bas, il n'y a aucune séparation obligatoire avec les parents (sauf sur demande bien sûr) et tout se passe très bien.
J'y ai été hospitalisé et je m'y suis sentie beaucoup mieux que dans un HP.

http://www.youtube.com/watch?v=F-1s6QnoKrU
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emmanuelle
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Re: Hospitalisation forcée, HDT, rôle des parents

Message par emmanuelle »

bonjour,

je ne sais comment je vais commencer.je ne vais peut -être pas être tres diplomate.

Tout d'abord,je vais préciser une chose,pour un parent proteger son enfant est sa premiere preoccupation et c'est même un devoir.

et ça peut-être proteger d'un element exterieur ou si l'enfant se met en danger seul.

Je trouve ça assez tyrannique de penser que les enfants sont les seuls à souffrir.l'entourage souffre énormément ,à un moment il peut se sentir complement dépasser et abattu.

beaucoup de troubles alimentaires sont dans le DENIE. et perso si je ne m'en etait pas rendu compte moi -même ,j'aurais aimé que quelqu'un le fasse à ma place.

Je pense que c'est le lieu où vous avez été qui ne vous a pas convenu.après les medecins sont là surtout pour voir le plan psy et physiologique.en sous poids le coeur se fatigue énormément et beuacoup d'organe aussi et il pense aux séquelles.

oui,il y a des centres où c'est plus archaique qu'ailleurs encore faut il se sentir prête pour trouver un centre où une clinique qui puisse convenir.après il faut aussi regarder les mutuelles,tout le monde malheureusement ne peut pas s'offrir un sejour en clinique.

j'ai moi meme fait plusieurs séjour et à ce jour,je prefere dire merci que de cracher dans la soupe.
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Re: Hospitalisation forcée, HDT, rôle des parents

Message par Oiseau-de-Pluie »

Bonjour,

Je ne sais pas si c'est à moi que tu t'adresses, mais si c'est le cas, sache déjà que je ne suis pas anorexique, si tu as bien lu mon message...

Tu dis "je préfère dire merci plutôt que de cracher dans leur soupe" ---> Si ça t'as aidé, certes.
Mais moi, vais-je remercier des gens qui m'ont détruite et qui m'ont fait vivre le pire traumatisme de ma vie, qui me laissera des séquelles à vie ? (oui, ça fait huit mois et les séquelles sont toujours là...)
C'est un peu comme si tu disais à une fille qui s'est faite abusée sexuellement de remercier son violeur ! (non, la comparaison n'est pas abusive car j'ai vécu un véritable enfer au sein de cet HP).

Ensuite (si c'est à moi que tu t'adressais), je n'ai jamais dit que l'enfant étaient les seuls à souffrir. Bien sûr que l'entourage souffre aussi et que les parents font tout pour protéger leur enfant. D'ailleurs, c'est mon père qui a tout fait pour me faire sortir de cet asile de tarés, car il savait très bien que si j'y étais restée, je serai devenue folle (tout ma famille le savait... Elle va très bien, et elle ne supportait pourtant même pas ne serait-ce que la vue d'un tel endroit, pour rappel...)
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Re: Hospitalisation forcée, HDT, rôle des parents

Message par nooblol »

J'ai moi même été enfermé en hopital psy (oui je sais je suis en retard de 3 ans, mais qui sait ce sera peut être utile pour les gens qui liront, bref)

Je suis d'accord que l'hopital ne fait que rendre fou et empirer le problème, au pire changer complètement la personne et lui faire perdre ses valeurs/sa personnalité/le sens de sa vie/ses luttes etc

en bref l'hospitalisation est une épreuve extrêmement difficile qui assène des coups fatals au moral, au mental.
exemple, un de vos proches va mal, traverse une "crise", un moment ou son cerveau, sa psycho, sa psyché, évolue et a besoin d'un soutien positif, pour peut être progresser vers un meilleur "être". cela correspondrait a une phase d'initiation, comme l'initiation à l'age adulte, ou autre chose, bref quelque chose de naturel dans une vie et qui serait beaucoup mieux pris en compte je pense par des sociétés plus "tribales" ou "barbares", mais au final plus équilibrées et peut être plus évolué que notre société soit disant moderne mais toujours moyennageuse et obscure, ou l'humain n'est qu'un objet soumis au chaos, au désintéressement et à la solitude (oui nous vivons une époque bien obscure, ou nous sommes tous réduits à des êtres stupides et à l'existence vaine, LOL)

bref bref bref, ou j'en étais, ah oui
l'hospitalisation en hp n'arrange rien, envoyez y une personne qui a de simples problèmes psychologiques et vous récupérerez quelqu'un d'encore plus traumatisé, quelqu'un qui a subi la soumission et l'esclavage mental, quelqu'un dont le mental et le cerveau sont "lavés"

mieux vaut se débrouiller tout seul, ou, avec sa famille (j'ai passé 2 ans en étant taré, et bien mieux vaut être taré que enfermé)

c'est vrai que quand on ressort on est plus la même personne
c'est vrai que c'est un système sadique et pervers, un véritable enfer, l'enfer de dante "l'enfer c'est les autres"
c'est vrai que les médicaments sont une vraie merde, faites des recherches sur internet, vous verrez, et si vous soutenez que c'est bon, et bien vous n'avez qu'a VOUS LES FOURRER DANS LE CUL lol pardon, nan pourquoi vous n'essayeriez pas, pourquoi vous n'en prendriez pas vous même si c'est si bon que ça ?

hein, honnetement, bande de batards de barbares DE MERDE

vous m'avez rendu fou et m'avez enfermé, mais la je peux déjà un peu me venger.

nan sérieusement, je ne souhaite a personne d'être enfermé, je veux vous informer que ça ne sert a rien, qu'a vous rassurer ? mais la reflexion indique qu'il veut mieux supporter une petite insécurité (dans le choix petite insécurité/enfermement, avec tous les déboires traumatismes et pour le coup insécurités peut être qui vont avec)
euh bonne chance à tous ceux qui sont enfermés, évitez les médicaments ! (planquez les dans un coin de votre bouche, plus vous prenez de ces merdes moins vous aurez votre force et donc de reflexe de survi de les éviter)7
tenez bon, ne laissez pas ces connards vous tourmenter impunément, ne vous laissez pas marcher sur les pieds (ni par les patients, certains sont de vraies ordures, faites les payer, désolé pour vous moi j'ai pas eu le courage de le faire, je le reconnais je suis qu'un c******)
gardez votre indépendance d'esprit, défendez vous, ne vous laissez pas dire que vous avez tort, refusez la propagande et le lavage du cerveau qui veut vous dire et vous faire croire que le problème c'est vous ou que vous avez un problème, c'est faux, vous avez eu une prise de conscience et on veut vous l'enlever parce que vous êtes génant et que vous n'êtes pas un mouton comme les autres, mieux vaut l'autoguérison et le controle de soi même que l'abêtissement et le vide dans le cerveau qu'ils vont vous faire subir.


Ok dsl j'ai été illisible et très confus et j'dis n'importe quoi.

BYYYYYYYE
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Re: Hospitalisation forcée, HDT, rôle des parents

Message par EmilyS »

Bonjour à tous et à toutes.

En novembre dernier, j'ai fait une tentative de suicide suite à une rupture avec mon copain, qui a été très difficile pour moi : j'ai commencé à avoir des maux de ventre terribles qui m'ont empêché de manger, je ne dormais plus, bref, c'était la catastrophe. Une seule envie : mettre fin à la souffrance. Ma famille décide de m'hospitaliser dans une clinique privée pour que je me repose, malheureusement, leurs seules solutions sont les médicaments. J'ai toujours été contre ces molécules et je vis très mal le contact froid des médecins. Je demande à ma mère de m'emmener, je signe une décharge pour sortir de la clinique en pensant mourir et me jeter sur la route en rentrant chez nous. Je n'en ai pas eu le courage. Nuit affreuse encore une fois, dans un état d'épuisement total, je me dispute avec ma mère le matin, et je finis par sauter de la fenêtre de notre maison : 4 mètres environ. Je me souviens du contact terrible avec la dalle en béton en dessous -je suis en pyjama, pieds nus- du froid matinal, de ma mère qui hurle "Pourquoi tu as fait ça ?!" en pleurs, des pompiers qui arrivent, qui me mettent sur une civière avec une minerve puis dans le camion.
Je suis transportée aux urgences, ma grand-mère, ma mère et mon parrain arrivent. Ils disent qu'ils vont m'opérer car mes pieds sont dans un triste état : multiples fractures des deux côtés. Je suis sûre que je vais mourir pendant l'opération.
J'ai un réveil terrible après l'opération, et je me vois avec deux plâtres jusqu'aux genoux. L'horreur absolue. Je suis paralysée.

J'ai passé quelques jours dans le service de chirurgie, pour être ensuite transférée dans le service de psychiatrie de mon hôpital. J'y ai vécu un enfer, et je vous garantis que je suis heureuse aujourd'hui de pouvoir manger ce que je veux, sortir quand je veux, vivre comme je veux, bref, respirer, et je pense à toutes les personnes victimes de ce système hitlérien qui n'ont pas cette chance !
Aujourd'hui, je suis sérieusement traumatisée par ce séjour, j'y repense, et je fais parfois des cauchemars. J'ai été gavée de médicaments, aujourd'hui j'ai pu arrêter progressivement tout ce que je prenais, et je ne prends plus qu'un antidépresseur une fois tous les 3 jours, que je compte arrêter le plus rapidement possible.

En psychiatrie : violence, autorité, repas abjects, angoisse épouvantable, peur, vide, mort. Je n'en retire qu'une expérience négative. J'ai essayé de fuir plusieurs fois malgré mes plâtres, mais c'était impossible. C'est un endroit horrible, et j'en veux toujours à ma famille de n'avoir rien fait pour me soutenir davantage. Ils n'imaginent pas comme j'ai pu souffrir, cet endroit restera gravé dans ma mémoire à tout jamais.

Personne ne devrait vivre ceci. PERSONNE. Le monde de la psychiatrie est un enfer sur Terre que personne ne devrait connaître !
EmilyS
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Re: Hospitalisation forcée, HDT, rôle des parents

Message par EmilyS »

EmilyS a écrit :Bonjour à tous et à toutes.

J'ai 19 ans et je pense avoir vécu la pire chose qui aurait pu m'arriver.

En novembre dernier, j'ai fait une tentative de suicide suite à une rupture avec mon copain, qui a été très difficile pour moi : j'ai commencé à avoir des maux de ventre terribles qui m'ont empêché de manger, je ne dormais plus, bref, c'était la catastrophe. Une seule envie : mettre fin à la souffrance. Ma famille décide de m'hospitaliser dans une clinique privée pour que je me repose, malheureusement, leurs seules solutions sont les médicaments. J'ai toujours été contre ces molécules et je vis très mal le contact froid des médecins. Je demande à ma mère de m'emmener, je signe une décharge pour sortir de la clinique en pensant mourir et me jeter sur la route en rentrant chez nous. Je n'en ai pas eu le courage. Nuit affreuse encore une fois, dans un état d'épuisement total, je me dispute avec ma mère le matin, et je finis par sauter de la fenêtre de notre maison : 4 mètres environ. Je me souviens du contact terrible avec la dalle en béton en dessous -je suis en pyjama, pieds nus- du froid matinal, de ma mère qui hurle "Pourquoi tu as fait ça ?!" en pleurs, des pompiers qui arrivent, qui me mettent sur une civière avec une minerve puis dans le camion.
Je suis transportée aux urgences, ma grand-mère, ma mère et mon parrain arrivent. Ils disent qu'ils vont m'opérer car mes pieds sont dans un triste état : multiples fractures des deux côtés. Je suis sûre que je vais mourir pendant l'opération.
J'ai un réveil terrible après l'opération, et je me vois avec deux plâtres jusqu'aux genoux. L'horreur absolue. Je suis paralysée.

J'ai passé quelques jours dans le service de chirurgie, pour être ensuite transférée dans le service de psychiatrie de mon hôpital. J'y ai vécu un enfer, et je vous garantis que je suis heureuse aujourd'hui de pouvoir manger ce que je veux, sortir quand je veux, vivre comme je veux, bref, respirer, et je pense à toutes les personnes victimes de ce système hitlérien qui n'ont pas cette chance !
Aujourd'hui, je suis sérieusement traumatisée par ce séjour, j'y repense, et je fais parfois des cauchemars. J'ai été gavée de médicaments, aujourd'hui j'ai pu arrêter progressivement tout ce que je prenais, et je ne prends plus qu'un antidépresseur une fois tous les 3 jours, que je compte arrêter le plus rapidement possible.

En psychiatrie : violence, autorité, repas abjects, angoisse épouvantable, peur, vide, mort. Je n'en retire qu'une expérience négative. J'ai essayé de fuir plusieurs fois malgré mes plâtres, mais c'était impossible. C'est un endroit horrible, et j'en veux toujours à ma famille de n'avoir rien fait pour me soutenir davantage. Ils n'imaginent pas comme j'ai pu souffrir, cet endroit restera gravé dans ma mémoire à tout jamais.

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Re: Hospitalisation forcée, HDT, rôle des parents

Message par TEMOIGNAGE »

Bonjour, il fallait que je poste mon témoignage sur l'HDT quelque part. Je sais qu'il ne concerne pas les mineurs pris en charge à la demande de parents (excusez-moiii :respect: ) mais ce site est l'un des premiers sur lequel l'on tombe lorsque l'on saisit "HDT forum" et je tiens à ce que mon témoignage puisse servir au plus de monde possible. Je préviens tout de suite: il est tout sauf positif. Je ne cherche pas à démontrer l'inutilité de l'HDT (peut-être a-t-elle une utilité probante dans des cas lourds) mais à poser la stricte vérité de ce que ma famille et moi avons vécu, à travers ce témoignage (et je sais ne pas être la seule, loin de là!). Ceci s'applique à des personnes plus ou moins stables mentalement mais ayant pêté les plombs une fois.


J'ai vécu très récemment une HDT (hospitalisation à la demande d'un tiers). En réalité, c'est mon beau-père qui a été hospitalisé, moi j'ai seulement subi les conséquences «côté famille». Si j'ai décidé d'écrire mon expérience et de la poster sur un forum, c'est parce qu'au moment où l'on en a eu besoin, il a nous a été bien difficile, à ma mère et moi, de trouver des témoignages de personnes dans notre situation.
Ce qui ressortait des infos glanées sur le net, c'est que l'expérience HDT avait généralement fait plus de mal que de bien au patient. Cela a malheureusement été notre cas. Si vous projetez de placer quelqu'un en HDT, surtout réfléchissez bien! Il y a de grandes chances qu'il vous arrive la même chose qu'à beaucoup de gens: votre proche ne sera pas placé là où il faut et si vous ne faites rien, il peut y rester longtemps.
Et si comme nous, vous venez de placer un proche en HDT dans l'urgence, notamment pour violence sous l'emprise d'alcool (ou éventuellement tentative de suicide), retirez-le TOUT DE SUITE! Il faut y réfléchir AVANT (le temps est contre vous) car l'HDT n'AIDE PAS ceux qui ont «juste» besoin de parler et d'un suivi psychiatrique.


Le vécu «côté famille»


Mon beau-père a été mis en HDT pour «comportement violent sous l'emprise d'alcool». Concrètement, il était armé, nous barricadés, et il essayait d'entrer. Après l'arrivé de la police, deux choix se sont offerts à nous: le laisser décuver en garde-à-vue ou le placer en HDT. Pour nous, garde-à-vue = prison et cela nous a fait peur: mon beau-père n'est pas d'un naturel violent ni alcoolique mais le fait est que cette situation s'était déjà produite il y a dix-huit mois de cela et ça n'allait pas jouer en sa faveur. A l'époque, il était resté quelques jours à l'hôpital et c'était tout. L'HDT était une bonne alternative: là il aurait accès à des psychiatres pour parler de ses problèmes (il y a certainement quelque chose l'ayant poussé à bout) et ne plus recommencer. On pensait ne l'y laisser qu'une semaine ou deux; en tout cas, l'avoir avec nous pour Noël. Après, il aurait eu un suivi psychologique et reprit sa vie normale.

Malgré les doutes de ma mère, qui se sentait coupable, nous avons donc signé une HDT. J'étais persuadée que c'était le petit coup de pouce inespéré qui allait régler le problème pour lequel nous n'avions rien pu faire puisqu'il avait récidivé. Mais nous avons vite perdu nos illusions.


1) La désinformation:


De la famille

Mon beau-père a été placé trois jours d'office en cellule d'isolement. C'est la durée maximum demandée par leur protocole. Pendant ces trois jours, il nous a fallu aller à la pêche aux informations. Parmi le personnel qui répondait aux appels, il y avait des psychiatres très gentils et d'autres beaucoup moins qui se contentaient d'un dédaigneux «Je ne peux rien vous dire». A la limite, on avait un «il s'est levé», «il a mangé». Manque de tact prodigieux quand la famille est dans le flou complet pour le devenir de son proche.
Pour apporter quelques affaires, il a fallu que ma mère prenne l'initiative: personne ne lui a rien dit. De plus, on ne lui a absolument pas donné les documents obligatoires (livret d'accueil, charte des droits et libertés du patient) à son arrivée à l'hôpital.
Quand les médecins ont levé l'HDT, ils ne l'ont pas informé; c'est elle qui, ayant fait part de sa volonté de sortir mon beau-père de là, a tout appris par un psychiatre/médecin encore une fois fort dédaigneux. Ce n'était pas faute d'avoir appelé plusieurs fois auparavant dans la journée.
Dernière chose, les heures de visite. On lui a menti délibérément car on lui a donné une plage horaire bien différente de la réalité. Ma mère n'est pas dupe, elle travaille dans le milieu. Ça peut passer pour des gens qui n'y connaissent rien (à comprendre: puisqu'il ne savent pas qu'ils se font bananer) mais quand on sait qu'on se fait avoir, ça reste en travers de la gorge.

Du patient

Mon beau-père, de son côté, n'a pas été beaucoup mieux informé. J'y reviendrais dans le 3) Manipulation et dépendance, mais il a d'abord cru être hospitalisé d'office. Lorsqu'on lui a appris la levée de l'HDT (pour le coup il a été mieux informé que nous!), il a compris qu'il était libre de choisir. L'infirmière présente lui a demandé son projet et il a répondu qu'il comptait sortir et se faire suivre. Ce à quoi elle a répondu qu'il valait mieux qu'il aille en SSR addictologie, qui plus est loin de sa famille. Ne comprenant pas, mon beau-père a dit qu'il voulait passer Noël avec nous mais on lui a fait comprendre que ça ne serait pas possible. Je ne vois pas en quoi, légalement il était libre de ses choix.


2) Insécurité:


Côté famille


Ma mère est donc allée à l'hôpital pour apporte quelques affaires à mon beau-père (sans pouvoir le voir toutefois). Là, vision d'horreur. Une bâtisse et un parking mal entretenus, situés au fin fond d'on ne sait où. Des patients déambulaient sans but et aucun membre du personnel à l'horizon. Après avoir été accostée par une mère et son fils dont on ne sait pas lequel des deux était hospitalisé, elle est a pénétré le hall où là encore, personne à l'horizon. C'est à l'étage que se trouvait le bureau des infirmières.
Plus tard, en repartant, elle a été suivi par un patient fort désireux de faire un tour en voiture. Lorsqu'elle a reporté l'incident, on lui a répondu que «il n'y aucun risque, les cas les plus lourds sont consignés à l'étage». Il n'empêche que la sécurité laisse à désirer.

Côté patient


J'aurais bien plus de choses à dire dans le 4) Mauvaise prise en charge (et oui, très scolaire, mais ma prof de français me dit de pas mélanger les parties dans mes devoirs, on fait ce qu'on peut!). Cependant, mon beau-père m'a raconté une anecdote que je trouve bien placée ici. Je parlais des patients qui déambulent sans personnel pour les surveiller. A un moment, un psychiatre a essayé de le convaincre de sortir de sa cellule d'isolement afin d'aller avec les autres (je précise qu'il s'est montré rassurant avec mon beau-père, un point positif!). Je ne sais pas encore si son isolement était levé, il me semble qu'il y était toujours mais avait parfois le droit de sortir (ce qui pouvait sûrement aider les médecins à déterminer si on pouvait le mettre avec les autres). Cependant, le psychiatre s'est contenté de montrer le chemin du doigt sans l'accompagner. En plus du fait que mon beau-père était livré à l'inconnu, on comprend mieux pourquoi certains incidents peuvent potentiellement échapper aux médecins.


3) Manipulation et dépendance

Côté famille


Oui, oui, manipulation. Vous trouvez que ça commence à aller un peu loin? Et pourtant, ce n'est que la suite logique de la désinformation. Manipulation au niveau des procédures: lorsque ma mère a signifié son désir de faire sortir mon beau-père et donc de prendre rendez-vous (le samedi matin, à J+6), on lui a dit de repasser le lundi. A présent méfiante, ma mère a refusé et demandé la confirmation de son rendez-vous, les sorties pouvant être effectuées n'importe quel jour de la semaine. Et ce, malgré le nouvel argument de son interlocuteur: et les enfants qu'en pensent-ils? Belle tentative de psychanalyse détournée par le fait que la petite de sept se demandait justement où était passé son papa et pourquoi il devait «se reposer» aussi longtemps à l'hôpital.
Ma mère a donc attendu 1h30 et curieusement, alors qu'elle venait de faire comprendre qu'elle allait repartir illico avec mon beau-père, on la reçoit. Le psychiatre joue un moment à plier et déplier ses lunettes dans le but évident de se faire attendre, comportement compréhensible chez un gamin de huit ans mais difficilement concevable chez un professionnel dont le but est, entre autre, d’interagir avec des familles bouleversées. Après avoir parcouru le dossier, il a demandé pour quelle raison mon beau-père était hospitalisé, chose qui, normalement, figure dans le dit-dossier. Ma mère, sur les nerfs, a explicité son impatience en faisant comprendre qu'elle n'était pas là pour ça, ce qui, bien évidemment, a provoqué une réaction négative du psychiatre. Cela s'est fini sur une discussion ayant pour but de démontrer que l'interlocuteur était le plus malpoli des deux et ma mère a été littéralement chassée du bureau à grand renforts de gestes et de bruits de bouche. A se demander qui des deux est le professionnel et qui la personne ayant besoin d'un soutient.
C'est là que je vais vraiment parler de manipulation. Mon beau-père a pu signer des papiers et sortir. Mais que se serait-il passé si, suivant les conseils des professionnels, nous étions venu lundi? Mon beau-père aurait signé, se croyant obligé, un papier afin d'être transféré en SSR addictologie et nous n'aurions rien pu faire. Bizarrement, j'ai l'impression que l'on a tout fait pour nous empêcher de venir le samedi. Cela contrariait-il les plans de certains?

Côté patient


En plus de la manipulation, abordons le sujet de la dépendance. Tout est créé pour que le patient se sente dépendant des médecins.
La salle d'isolement déjà: un matelas dont la couverture n'est venue que deux jours après, sur demande, un seau pour faire les besoins et dont le papier toilette est jeté en boule par terre, là aussi sur demande, des docteurs qui surveillent chaque repas. Les cigarettes sont généreusement distribuées sur demande et il ne faut pas oublier de demander les chaussons fournis par la famille au début (et qui viennent au patient le matin du départ, cela s'entend). Pour téléphoner à ma mère (après l'isolement), il a du le demander à plusieurs reprises et l'a obtenu 24h après (le personnel étant fort occupé). Mon beau-père, qui ne lit pas vraiment, m'a dit qu'il avait voulu emprunter quelques livres à la bibliothèque, histoire de passer le temps. Là aussi, il faut demander car c'est fermé mais il n'a pas eu l'envie de réclamer encore.
S'ajoute à tout cela le traitement médicamenteux, très lourd. Il avait perdu la notion du temps et devait constamment se référer à la pendule accrochée devant sa porte (dehors) pour savoir si il faisait jour ou nuit (l'éclairage intérieur ne le permettant pas). Ainsi, ce n'est qu'après qu'il a pu dissocier les jours qu'il a passé là-bas.
Quand mon beau-père est revenu à la maison, ces réflexes étaient tellement diminués, il était tellement éteint, que ça en était douloureux. Il a mis un temps infini, le midi, à couper la viande de sa fille et avait l'air très concentré, comme si c'était la chose la plus difficile au monde. Et pourtant, mon beau-père est fort et passe son temps libre à faire des travaux.
On s'en doute bien, ce traitement médicamenteux, digne d'un criminel de guerre, a du altérer son jugement. Pourtant, on ne s'est pas gêné pour lui faire signer une flopée de papiers qu'il n'arrivait même plus à lire. En même temps, d'après une infirmière (qui, la pauvre, essayait de nous aider): «c'est pour les aider à supporter l'isolement, ça leur permet d'éviter d'avoir conscience de la situation. Cela serait trop dur pour eux sinon.»
Et que dire de cette façon de le pousser à aller en SSR addictologie? On nous a demandé si il buvait au bureau: dans la tête des médecins, il était alcoolique. Il fallait qu'ils le prouvent, ils l'avaient déjà décidé.



4) Mauvaise prise en charge


Côté patient

Je ne pense pas avoir besoin de revenir côté famille sur les mensonges, la manipulation et le manque de professionnalisme de certains membres du personnel. Passons donc directement à mon beau-père. On l'a mis en HDT pour l'aider, il en ressort avec une très mauvaise expérience. Cela ne lui a rien apporté, il a juste trouvé que «les médecins devraient être là pour aider les gens mais ils ne le font pas, on ne nous explique rien. Et puis c'est glauque.».
Nous n'avons pas eu le loisir de nous renseigner sur l'HDT avant d'y placer mon beau-père, nous étions vraiment dans l'urgence (les policiers étaient, de plus, appelés sur une autre affaire dans la même ville). Ainsi, nous n'avons pas pu déterminer quel endroit était le mieux pour lui mais ce n'était certainement pas là. Il a atterri au milieu de fous et de repris de justice. C'est peut-être la raison pour laquelle les médecins, peut-être pas habitués à ce genre de cas, l'ont très mal pris en charge. La preuve en est avec cette volonté de le caser là où il ne devrait pas être. Cependant, on aurait pu nous informer si le service n'était pas adapté à son cas.
Je finirai sur le ressenti de mon beau-père. Les médicaments n'aidant pas, il n'allait pas bien et avait du mal à se mouvoir. Il avait une peur diffuse de sortir d'isolement et effectivement, il a eu peur en voyant où il avait atterri. Il voyait les gens baver de partout, parler de cul tout le temps, demander des clopes à tout le monde. Il y a aussi cette notion de dépendance expliquée plus haut et de manipulation avec la sensation que tout lui échappait, qu'il ne comprenait rien et qu'il ne savait pas ce qui allait lui arriver. Il était fouillé, réellement fouillé (si vous voyez où je veux en venir) à chaque entrée et sortie de la cellule d'isolement.
Heureusement qu'il y avait ce psychiatrique (ou médecin?) sympathique pour le rassurer car c'est bien ce qui manque cruellement à ce service: l'aspect humain. Je sais bien que c'est le domaine du sanitaire mais ils ne réparent pas des robots, ils soignent des êtres vivants. Mon beau-père a clairement dit que la prison lui paraissait plus sympathique.


Peut-être, et je l'espère bien même si j'en doute, que nous sommes tombés sur le mauvais établissement. Vu les quelques témoignages que j'ai lu, cela a l'air d'être le cas un peu partout. Je n'ai pas de solution miracle à proposer, je n'ai que 16 ans et zéro expérience dans le domaine. Par contre, je sais quelle marche suivre si jamais un ami ou un membre de ma famille a besoin d'aide: jamais je ne le placerais en HDT. Cela détruit. Je n'ai vu AUCUN commentaire positif sur ce type d'hospitalisation (bien que n'ayant pas beaucoup cherché, je l'avoue) et au contraire, tout le monde en arrive à la même conclusion que moi. Je trouve ça affligeant de ne pas être capable de faire preuve d'un peu d'attention aux gens.
Donc rappelez-vous: même dans l'urgence, réfléchissez. Si vous mettez quelqu'un là-bas, vous n'aurez plus le contrôle. Nous on s'en est sorti grâce à la chance et à la volonté de ma mère, rien d'autre.
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Re: Hospitalisation forcée, HDT, rôle des parents

Message par irma »

Bonjour à tous et à toutes, j'ai fait hospitaliser ma fille en 2015. Elle souffrait d'anorexie. Les beaux discours de l'équipe médical m'ont, hélas, convaincue de choisir cette option.Un enfer pour elle et pour nous, je continue à m'en vouloir aujourd'hui. Elle est rentrée anorexique, elle est ressortie boulimique. Une boulimie vomitive qui pourrit sa vie aujourd'hui. A sa sortie, un vrai zombi, la prise régulière de valium à forte dose l'avait transformée. Je ne reconnaissais plus ma fille. Après une déscolarisation d'un an elle est retournée au lycée. Elle est moins violente on peut échanger mais la maladie est toujours là. Jamais je ne pourrai revoir ma fille enfermée, privée de tout contact avec l'extérieur, une vraie prison. Il serait temps que l'institution devienne plus humaine. Ce sont des individus que l'on se doit d'accompagner et non pas des machines. Aujourd'hui, je souffre pour elle et cherche à l'étranger un lieu à l'écoute des malades et de leur famille, en France, on se sent oublié, abandonné.
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Re: Hospitalisation forcée, HDT, rôle des parents

Message par Lala »

Bonjour, je viens chercher ici des conseils autres que ceux d'un médecin ou de ma famille ou belle famille car je suis un peu perdue.Mon chéri avec qui je suis depuis 14ans (j'ai 32 ans et lui 30 ans) est en hôpital psychiatrique sous contrainte depuis 2 mois. Les médecins n'ont pas encore de non précis sur ce qu'il a mais ça s'apparente a des bourses delirantes.
Cela a commencé par le fait qu'il aille beaucoup sur internet, ne travaillant pas régulièrement, il a cru que des gens célèbres lui avaient écrit des chansons, ensuite qu'il allait sauver le monde, ensuite il était persécuté sur internet, et il croyait qu'un chanteur lui avait envoyé une grosse somme d'argent, puis ensuite que je lui avait volé pour partir avec un autre homme...
Il ne dormait et mangeait presque plus, était obsédé par cela, il avait des projets qui auraient pu être dangereux pour lui....
Sa famille a décidé de le mettre a l'hôpital alors moi je disait qu'il ne le supporterait pas (il a déjà été incarcéré 4 mois et l'a mal vécu par l'enfermement). Mais je me suis dit que c'était une bonne décision car dieu sait ce qu'il aurait fait sinon.
Aujourd'hui nous ne voyons aucune amélioration il a toujours les même délires..
Il ne comprends toujours pas pourquoi il est la et le vit de plus en plus mal.
Il a droit a des permissions de deux jours par semaine, ou il peut rentrer chez nous, et repartir "la bas" le soir.
Il nous en veut a tous, en particulier a moi qui lui ai selon lui volé ses millions d'euros..
Aujourd'hui il souhaite sortir plus que tout et dit aux médecins qu'il n'a plus de délires....
Bien que les médecins lui aient refait un certificat médical de prolongation de un mois en écrivant que cela était nécessaire même si ils voyaient une légère amélioration, ils souhaitent me voir avec lui depuis hier car, selon son medecin, vu qu'il dit ne plus avoir de délires, il ne voit pas pourquoi il le garderait, qu'il est triste...
Déjà devoir voir chaque mois le médecin en présence de mon homme obligatoirement et devoir dire devant lui que ses délires sont toujours la, mon homme ne comprends pas, ça le fait souffrir et il me déteste d'autant plus ! Ce n'est pas eux qui sont avec lui quand il a une permission !
Mais en plus ils veulent le faire sortir pas guérit alors cela aura servit a quoi? A le faire souffrir et a le gaver de trois sortes de médicaments différents au fur et a mesure qu'un cachet ne fonctionne pas, on en change....
Je suis perdue sa maman aussi.
Ils veulent nous faire faire le sale boulot on dirait.
Je redoute les permissions alors mon homme qui ne sortirait pas guérit, c'est impossible pour moi, j'entremble.
Du coup je doute de tout, comment je dois être avec lui, ce que je dois lui dire, leur dire....
Lala
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Re: Hospitalisation forcée, HDT, rôle des parents

Message par Lala »

Je voulais dire bouffés délirantes bien sur, merci la tablette :-?
Aurelie83
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Re: Hospitalisation forcée, HDT, rôle des parents

Message par Aurelie83 »

Bonjour Lala
Je suis navrée de lire ce que tu vis en ce moment ..
Je me sens concernée car les bouffées délirantes de ton homme ressemblent beaucoup à celles que mon petit frere avaient ..
persuadé d être le mecis , convaincu d être en relation telephatiques avec des chanteurs ou acteurs connus et il jurais que Charles Aznavour allait lui avait envoyer des chèques par la poste ... ( et J en passe ..)
je parle de mon frere au passé malheureusement car il n est plus la .
Il s est donne la mort dans sa chambre d isolement il y a 2 mois (10 jours d isolement dont 6 sous contention..)
Je sais que c est choquant d entendre ça et je ne veux en aucun cas rajouter à ta peine ou tes peurs pour le futur de ton compagnon mais c est la triste réalité ..
le milieu psychiatrique à tué mon frere a petit feu ..
Les séjours en hôpital psychiatrique sont dangereux , en ce qui nous concernent moi et ma famille , on a été complètement pris au dépourvu il y a 14ans lorsque mon frere alors âgé de 16ans a été diagnostiqué comme bipolaire ..puis schizophrène ! le choc ! On a suivis comme des ânes et cru en la médecine , ce n est qu après quelques années , voyant que son état empirait ( les neuroleptiques sont du poison ) qu on a essayé d intervenir mais C était TROP tard ! Il était interné de force sous dédision préfectorale..
Bref ! Méfiez vous des psychiatres ! Les troubles mentaux sont tellement complexes ! L être humain est complexe ! Personne pas même les docteurs ne peut mettre un mot sur des maux quand il s'agit de l âme ..
Les hôpitaux psychiatriques en France et leurs méthodes sont honteuses et dignent d un autre temps !!!
Pour toi lala , ne choisi pas cette voix , ne fait pas la même erreur que ma famille à faite . Il a besoin d aide d amour et d écoute , même si ses propos sont délirants c est sa réalité et les médicaments ne feront qu aggraver le phénomène au point qu au bout tu ne le reconnnaitrera même plus . SI possible essaye de prendre du temps avec lui en famille , soyez proche de la nature et de ce qui compte vraiment . Je n ai bien évidemment pas les solutions mais je me dois de prévenir en mémoire pour mon frere qui S est débattu comme il a pu contre ce système qui a eu sa peau au final .
J espère ne pas t avoir plus plombé le moral .
Vu son âge, ce n est peut être qu un passage à vide éphémère qui va cesser tout seul ..
Courage à toi et à lui .
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