difficile

Espace d'échanges et d'entraide destiné à la famille, aux amis et aux proches de personnes souffrant de Troubles du Comportement Alimentaire (anorexie, boulimie).

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pg59180
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difficile

Message par pg59180 »

Bonjour à toutes et tous,

Nous sommes une famille de 4 personnes.
Notre fille aînée de 14 ans est hospitalisée depuis plus de 3 semaines.
Nous avons une autre fille de 12 ans.

Notre aînée a été hospitalisée car elle était gravement déprimée, nous avions remarqué qu'elle avait perdu du poids mais nous ne nous étions pas rendus compte qu'elle en avait perdu autant (en fait elle a perdu [...] kg au total, dont la majorité en 2 mois).
Elle est très déprimée, et très très triste, et ne trouve plus aucun intérêt à rien, n'a plus du tout le goût de vivre et ne voit pas de raison de vivre si c'est pour souffrir autant et tout le temps. Nous pensons (mais peut être nous trompons nous) que son anorexie est une conséquence de sa dépression car elle continuait à s'alimenter à la maison, nous a toujours confirmé même ces derniers temps qu'elle mangeait à la cantine, nous prenions nos petits déjeuners et repas du soir ensemble et même si nous avions remarqué qu'elle mangeait un peu moins, nous mettions cela sur le compte de ses moins grands besoins sa croissance majeure ayant déjà eu lieu. Elle ne s'est jamais montré "obsédée" par son poids ou son apparence physique, elle discutait avec nous du comportement de filles qu'elles connaissaient qui frisaient l'anorexie, mangeait le moins possible, faisaient un concours pour celle qui mangerait le moins et elle considérait ces comportements comme absurdes et dangereux. Elle n'a pas d'amis (elle en avait l'année précédente), elle est dans une classe ou elle est seule en permanence.

Nous sommes vraiment désemparés, nous faisons confiance à l'équipe de l'hôpital dans lequel elle est hospitalisée mais nous avons très peur. Elle nous confirme qu'elle veut faire des efforts (et les médecins le confirme) pour reprendre du poids, mais par contre elle ne voit aucune issue à sa très grande souffrance, à sa très grande tristesse. Elle nous dit ne plus vouloir se suicider mais confirme que ce serait quand même une façon de ne plus souffrir. Elle dit ne pas voir l'intérêt de vivre en souffrant autant.

Personnellement je vis cela avec beaucoup de souffrance également, j'ai le sentiment d'être "amputé", elle me manque vraiment (nous ne pouvons la visiter que 2 fois par semaine, sa sœur à pu la voire une fois, et la reverra prochainement). J'ai l'impression d'être "arrêté" et de ne faire qu'attendre, attendre la prochaine visite, attendre les prochaines nouvelles.
Mon épouse souffre également beaucoup de cette situation et a les mêmes sentiments de manque et d'absence. Elle pleure beaucoup et se questionne sans cesse. Je fais de mon mieux pour la soutenir mais j'ai bien conscience que face à ce drame mon soutien ne lui est pas très secourable.

Avez-vous vécu, vivez vous actuellement une situation similaire ?
Comment l'avez-vous vécu, comment la vivez vous ?
Qu'est-ce qui vous aide à tenir le coup ?
Comment parvenez vous à maintenir une vie familiale ?

Merci pour votre aide.
Pierre.
Modifié en dernier par Dragid'amour le 14 mars 2014, 16:21, modifié 1 fois.
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rosie
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Re: difficile

Message par rosie »

Bonjour Pierre,
Je suis très touchée de votre message d'autant plus que généralement ce sont plutôt les mamans qui viennent sur le forum!
J'ai connu la séparation avec ma fille qui a été isolée pendant 40jours, elle avait 21ans. Cette période a été très douloureuse surtout que jusque là elle me "harcelait" dès qu'elle n'était plus à la maison par des sms ou des mails, et du jour au lendemain plus rien, c'est terrible.
Je pense que vous devriez voir un psychologue qui pourrait vous aidez, car certes votre fille a besoin de soin mais vous aussi. Peut-être une thérapie familiale. Il est peut-être encore tot pour l'envisager, mais pourquoi pas. Votre femme se pose beaucoup de questions, c'est normal, on accuse beaucoup les mamans dans cette pathologie. Qu'elle se rassure, il y a souvent beaucoup de paramètres qui entrent en ligne de compte et souvent un terrain propice, une fille sage, sans problème, qui travaille bien et tout à coup....elle est en grande souffrance, et on ne sait pas pourquoi, et peut-être ne le sait-elle pas non plus. Elle est mineure donc vous allez trouver un encadrement surement très bien adapté pour elle. C'est une maladie très longue et très douloureuse pour tout le monde et qui met à mal la famille.
Je vous souhaite beaucoup de courage, et n'hésitez pas à venir sur le forum, ça fait du bien de vider son sac de temps en temps!
pg59180
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Re: difficile

Message par pg59180 »

Bonjour,

Merci pour cette réponse.

Nous avons déjà eu une thérapie familiale il y à 3 ans (lors d'un épisode dépressif précédent). Cela nous avait aidé et cela avait aidé notre fille mais notre histoire est "la même" depuis.
ce que je veux dire c'est que tout ce qui pouvait être dit alors concernant notre histoire familiale, nos vécus respectifs, nos enfances, nos épreuves etc a été évoqué.
Aujourd'hui nous "comprenons" les choses, mais cela ne nous aide pas à vivre "sereinement" la période.
J'imagine bien que c'est impossible mais je voudrais avoir des exemples de ce qui a pu aider les uns (unes) et les autres durant des périodes similaires où leur enfant leur disait que la vie n'avait aucun intérêt, que la mort était une issue qui ferait disparaître la souffrance... recevoir toute cette peine et approcher sa douleur nous fait beaucoup de mal.

Merci à toutes et tous, Pierre.
naurile
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Re: difficile

Message par naurile »

Bonjour,

Je ne suis pas parent mais j'ai été malade et j'imagine à quel point la famille peut souffrir de la séparation autant que du sentiment d'impuissance. Votre fille est actuellement hospitalisée. Même si son absence vous est difficile, il faut en profiter de votre côté pour "souffler" un peu si je puis dire. Il ne faut pas vous sentir coupable de l'état de votre fille. D'une part, car ce n'est sans doute absolument pas le cas, d'autre part parce qu'elle a besoin de sentir ses parents unis et forts, elle qui semble si perdue.
A l'hôpital, elle va sans doute ré-entamer un suivi psychologique. Parler et tenter de comprendre les causes de son mal-être pourront sûrement l'aider. Mais je ne vous cache pas que ce genre de travail sur soi peut prendre énormément de temps, d'autant que la dépression semble déjà installée depuis quelques années.
Ce qui aidera sans aucun doute votre fille, c'est de lui dire et lui faire sentir que vous l'aimer, que vous êtes disposés à l'écouter, à parler avec elle sans la juger.

Je n'aurai sans doute pas été d'une grande d'aide...

Bon courage en tous cas !
pg59180
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Re: difficile

Message par pg59180 »

Merci Naurile et Laurence pour vos réponses,

Vos messages expriment notre désarrois nous ne sommes pas les seuls à souffrir et nous en avons conscience. Nous pensons à toutes celles et tous ceux qui souffrent, en premier lieux aux enfants qui souffrent le plus mais aussi à leur famille et à leurs amis.
Cela fait un mois maintenant que notre fille est hospitalisée et, le psychiatre confirme ce que nous avions remarqué, elle semblait aller très très légèrement mieux puis vient de "retomber" aussi bas que lorsqu'elle est arrivée. Nous avons vraiment très très peur car bien qu'à l'hôpital, et sans aucun doute auprès d'une équipe dévouée, nous avons peur de la perdre, qu'elle commette l'irréparable.
Laurence vous exprimiez le fait que votre amie ne voyait devant elle aucune vie possible si ce n'est dans la maladie, notre fille est un peu dans le même état d'esprit. Elle fait les efforts (manger, aller aux ateliers, se laver, s'habiller, se parfumer, se coiffer...) mais elle ne semble pas le faire pour elle-même, un peu comme un automate. Je suppose que cela fait partie du processus mais ça n'en est pas moins effrayant.
Un espoir "léger", l'équipe médicale vient de décider de modifier son traitement, elle recevra désormais un antidépresseur en plus d'un neuroleptique... il y a des risques de passage à l'acte avec l'antidépresseur, nous en avons été informé, et ils envisage de loger notre fille dans une chambre individuelle qui donne directement sur le bureau des infirmières. L'équipe médicale compte sur l'effet sédatif du neuroleptique (qui devrait la faire dormir beaucoup plus) afin d'atténuer les effets négatifs (éventuels) de l'antidépresseur. On croise les doigts en espérant que cela permettra à notre fille de voir ses souffrances et ses douleurs diminuer.
Nous avons hâte de la revoir à la maison, et en même temps nous savons que cela sera long quoi qu'il en soit, même après son retour.
Si vous avez des témoignages "positifs" à partager ils seront les bienvenus.

Merci à toutes et tous.
Pierre
pg59180
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Re: difficile

Message par pg59180 »

Bonjour,

Merci beaucoup pour votre témoignage.
Notre fille en est au stade ou les médecins viennent de décider d'associer un antidépresseur et un anxiolytique. Elle commence tout juste le traitement et nous espérons que ce traitement lui sera bien adapté. Les médecins sont encourageants et nous donnent toutes les explications qu'ils peuvent nous donner. Ils nous ont précisé les risques de ce traitement et c'est ce qui nous fait un peu peur car il risque de renforcer dans un premier temps sa souffrance et sa détresse. Et, comme nous savons à quel point elle est à bout, nous craignons vraiment qu'elle commette l'irréparable. L'équipe sera bien entendu très vigilante et notre fille devrait être suivi de très très près durant les premiers temps du traitement. On ne peut qu'espérer que tout aille bien. Nous essayons de lui apporter tout notre soutien mais nous ne savons pas ce qui peut l'aider au mieux.
En ce qui nous concerne l'idée d'un groupe de parole nous questionne car c'est déjà très douloureux d'avoir cela en tête à chaque instant, d'en discuter ensemble très souvent, et s'il s'agit de le faire encore davantage dans un groupe de parole, j'avoue que je crains de ne pas pouvoir le supporter.
En tout cas, un grand merci pour vos paroles et vos recommandations.

Bon dimanche,
Pierre
Méduse
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Re: difficile

Message par Méduse »

J’aimerais vous apporter mon témoignage également même si je n’ai pas réussi à retenir ma fille ainée qui a mis fin à ses jours à 25 ans. Aujourd’hui, peut-être j’y arriverais ?!
Ma fille aussi me disait qu’elle ne vivait que pour nous et nous parlait souvent de ses pensées suicidaires. Je me sentais même coupable de la retenir et de la faire ainsi souffrir. Comme dans pratiquement tous les livres sur l’anorexie, il était question du lien fusionnel entre mère et fille malade, je lui disais qu’elle devait vivre pour elle et prendre les décisions pour elle et j’essayais de lui faciliter cela. Il est vrai qu’elle avait déjà 22 ans quand son anorexie a commencé suite à un syndrome borderline non détecté. (Sa dernière psychothérapeute nous disait que l’anorexie était une mauvaise réponse à une vraie question.)
Elle était déjà mal dans sa peau avant d’être anorexique, mais elle m’était d’un véritable soutien quand j’ai dû me mettre à mon compte. Elle avait besoin d’aider les autres et était alors très efficace, mais elle ne parvenait pas à se prendre en charge elle-même. Au moment, où ma situation s’éclaircissait, elle sombrait dans l’anorexie. Je lui disais régulièrement que je l’aimais. Aujourd’hui, je pense que j’aurais dû aussi lui dire que j’avais besoin d’elle pour vivre ce qui est un fait. Lui montrer qu’elle pouvait mener sa vie sans devoir se faire des soucis pour moi, était une erreur. Dites à votre fille à quel point vous avez besoin d’elle et à quel point le suicide est terrible pour les proches (il y a des forums pour endeuillés où elle pourrait lire leur peine immense).
Je ne vois plus la mort de la même façon qu’avant celle de ma fille. Comme de nombreux parents désenfantés, j’ai eu des signes d’elle. Jamais je n’avais pensé que cela m’arriverait. J’ai alors commencé à faire des recherches et lu des témoignages de personnes réanimées réunis par de nombreux médecins (http://www.youtube.com/watch?v=o6MYSFS0alY). Je suis arrivée à la certitude que la mort n’est pas une fin, mais un passage, ce qui change tout. Cela signifie qu’on ne peut pas se tuer et qu’on a une tâche à accomplir ici. Je me suis faite même des soucis pour son devenir après.
Parfois, je n’osais pas parler de ses pensées suicidaires. J’avais l’impression que cela allait la conduire vers le suicide. J’aurais dû en parler clairement régulièrement. C’est un des conseils qu’on peut trouver en cas de pensées suicidaires d’un proche.
Dans le deuil, on conseille d’ « user » son deuil et d’en parler jusqu’à ce que cela fasse moins mal. Je pense que pour d’autres problèmes, cela doit être la même chose. Il ne suffit sans doute pas d’avoir cerné le problème. Il faut en parler et reparler comme de votre situation actuelle. Je crois que cela libère de la pression.
Je n’ai pas trouvé à temps ni ce site, ni un groupe de travail et me sentais complètement seule. Grâce à un groupe de parole et à ce site, vous pourrez trouver des informations plus rapidement et du soutien.
Je pense aussi de ne pas avoir été suffisamment patiente que ma fille ait le déclic. J’étais trop empressée, alors qu’il faut se munir de beaucoup de patience.
Prenez soin de vous
pg59180
Petit enfinien
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Re: difficile

Message par pg59180 »

Bonjour,

Votre message me touche très profondément. Nous tiendrons compte de votre conseil, et ajouterons à notre message qui est pour le moment "Il ne faut pas, nous t'aimons".
Je suis navré de ne pas trouver les mots qui auraient pu vous aider vous aussi.
Merci.

Pierre
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