Synthèse "l'impuissance"

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Antoine
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Synthèse "l'impuissance"

Message par Antoine »

Voici le compte-rendu du groupe de parole de "Partage et Ecoute" qui a eu lieu le mercredi 3 novembre 2004 et dont le thème était "l'impuissance". Ce dernier a été rédigé par Katell.

Aurélie a été la modératrice de la réunion, merci à toi et ton courage.

L’impuissance est un sujet un peu difficile à aborder. Il fait appel en premier lieu à notre obligation de lâcher prise, et nous renvoie à notre incapacité d’agir. Même si c’est douloureux d’être confronté à l’acceptation de ce qui est parfois inacceptable, il est nécessaire, voire vital d’accepter, de s’accepter, pour retrouver un sens à la vie, à sa vie, et le fait que parfois on ne peut rien faire, et que l’on ne peut agir malgré soi, ou malgré autrui.

Il faut alors s’en remettre à la vie et à son processus d’évolution et de guérison pour nous aider à découvrir le chemin vers lequel nous devons aller.

Cette séance a été éprouvante pour nombre d’entre nous. Accepter d’être impuissant n’est pas facile, surtout quand on est parent.
F « On peut éprouver de l’orgueil, de la colère à ne pas pouvoir aider et protéger celui que l’on aime »

Comme nous l’a souligné Christine, lors de dette réunion, « la puissance renvoie à l’impuissance ».

Définition de l’impuissance :

Besoins = on est nourri, on accumule des forces, on forge sa propre identité, on développe sa capacité d’agir =puissance

I’impuissance = Quand quelque chose dans ce processus de structuration et de métabolisation ne peut aller au bout de l’élan.


L’impuissance : « l’anorexie, un moyen terriblement efficace et pervers pour passer de l’impuissance à la toute puissance »

L’anorexie nous dévoile ce paradoxe à double tranchant : une incapacité à vivre, à accepter la vie dans laquelle nous sommes, et où rien ne nous parle, on se sent étrangère à soi, aux autres, au monde qui nous entoure, alors la solution à courte échéance c’est de ne plus sentir, d’essayer d’échapper à tout prix à ce vide, à cette angoisse, au néant qui nous envahit: Pourquoi suis-là, à quoi je sers, à quoi ça sert de vivre ? D’où la fuite et la recherche de l’absence de soi, pour ne plus rien sentir et ressentir, être anesthésiées de soi, de ses émotions et des autres. Ne se concentrer que sur le « faire » de façon « mécanique ». On se fixe des objectifs, le mental nous suit, et on agit en bon petit soldat, sans le savoir d’un coup presque s’en rendre compte, et c’est là le danger, on passe de l’impuissance à la toute puissance : maigrir devient une occupation à plein temps, on devient avide de connaissance, de savoir , on veut aller plus loin et toujours plus, on est dans la recherche de ses limites, on pense qu’il n’y en pas, car comme par miracle on ne ressent plus rien, les autres ne nous touchent plus, et là on se dit enfin que l’on a le droit à la parole, on a le droit d’agir.

On a soudainement l’étrange sensation de maîtriser « sa vie », les bons résultats, jouer un rôle parfait, être toujours là présent, au service d’autrui, s’épuiser encore plus aux tâches que nous nous donnons, l’entourage s’inquiète, on a enfin une prise « apparente », sur eux, on espère que l’on va nous comprendre, mieux nous aimer, nous accepter tel que nous sommes.


C « L’impuissance c’est aussi l’envie d’aider celui qui est en difficulté et avoir l’impression de ne rien pouvoir faire pour, lui, pour elle…La peur d’intervenir, et de rendre les choses encore plus compliquées, d’aboutir à un échec…

J « J’ai appris aux alcooliques anonymes, que la première chose à faire est d’accepter que l’on est impuissant. Lâcher prise pour laisser l’autre faire, c’est à chacun de prendre sa vie en main et de lui en donner le chemin qu’il souhaite ».

[center]«Accepter son Impuissance : On ne peut pas se mettre à la place de l’autre et faire le travail pour lui, on peut juste l’aider, et l’accompagner ».[/center]

Comme nous l’a dit Christine, une des phrases les plus libératrices qu’elle a reçue en thérapie a été : tu peux mourir si tu veux, tu es libre de le faire…C’est comme une reconnaissance tellement attendue de cet espace personnel, de la vie qui est mienne ».


F « L’impuissance c’est difficile, face à quelque chose qui nous fait mal, on n’arrive pas à se résigner, il ne faut pas avoir peur de parler ».

Accepter l’impuissance, c’est accepter la vie, avec ses imperfections, et les reconnaître. On parle plus de la puissance que de l’impuissance, comme si c’était mal que ne pouvoir rien faire, et pourtant c’est dans l’ordre des choses. C’est inéluctable, parfois on ne peut pas agir, on peut juste changer sa façon de voir, et aller vers un inconnu que nous ne connaissons pas, mais qui nous fera grandir et évoluer. Derrière l’ombre, se cache la lumière. L’un ne va pas sans l’autre, les deux sont indispensables pour arriver à se connaître, se construire, à bâtir la vie qu’il nous faut, à trouver sa voie.

F « Reconnaître l’impuissance c’est aussi ouvrir la voie à ses enfants. Montrer que l’on est aussi parfois impuissant. Que l’on se bat avec ses propres fantômes. Toutes les peurs que l’on a de ne pas être à la hauteur. Un chemin d’initiation : Accepter d’entendre ce qui se dit. »



K « Ma mère m’a offert à 17 ans, une époque où j’étais au plus bas de moi-même, un tee-shirt alors que nous avions beaucoup de mal à communiquer, et il y avait une citation de Marcel Proust inscrite et qui m’accompagne encore aujourd’hui, cela m’a éclairé et me rassure toujours un peu « il est peu et de réussites faciles et d’échecs définitifs ».

[center]L’impuissance nous rappelle aussi les problèmes que nous pouvons rencontrer avec l’autre dans l’acte sexuel[/center]

Dans l’acte d’amour, nous pouvons avoir des blocages, aimer l’autre et avoir des difficultés à aimer à recevoir à se laisser aller. On se trouve confronté avec nos propres peurs, celles de se dévoiler et de se montrer tel que nous sommes, peur de se faire juger et ou rejeté, peur de ne pas être à la hauteur, peur de ne pas répondre aux désirs de l’autre, de ne pas avoir les mêmes attentes, de décevoir et encore, peur de ses propres désirs. La sexualité renvoie aussi à notre propre éducation, est-ce bien, est-ce mal, que va penser l’autre, est-ce que ce que l’on désire est permis, va t-on se faire juger pour cela ? S’il y a amour entre les deux êtres, il est fondamental de se parler, de pouvoir se dire en toute liberté et sans jugement, pour pouvoir entrer en communication l’un avec l’autre et se comprendre.
Ensuite pas à pas, on peut chacun de son côté faire un pas vers l’autre pour arriver à dépasser ses craintes. C’est la seule façon d’arriver à « être », et entrer ensemble dans une relation libre, ouverte et constructive.


Pour finir nous pourrions nous demander comment s’emparer de sa puissance de façon adéquate, sans se renier, sans se détruire et sans détruire l’autre.

C « L’anorexie est un « non » extrême, qui porte un « oui » en germe. « Oui » ne peut s’épanouir que par un choix conscient, une réappropriation de son libre arbitre et de sa capacité de choisir et de ses limites »


L’impuissance nous pousse à chercher en soi ses ressources, ses propres limites, et à découvrir où se cache notre véritable liberté
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