Synthèse "la Culpabilité"

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Antoine
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Synthèse "la Culpabilité"

Message par Antoine »

Bonjour, rédigé par Aurélie, voici le compte-rendu du groupe de parole organisé par Partage et Ecoute le mercredi 2 février 2005 (jour de la Chandeleur), dont le thème était "la Culpabilité" et où Céline était modératrice.

Tout d'abord un grand merci à notre très chère modératrice Céline, qui a très bien su présenter ce thème que l'on peut dire assez lourd pour tous à savoir la culpabilité.

Pour avoir une idée globale on peut définir la culpabilité par le décalage entre ce que l'on a fait et ce qu'on pense que l'on aurait du faire (surtout par rapport aux autres: proches, amis, collègues…).

Par conséquent on a un sentiment plus ou moins fort de commettre une faute. Ce sentiment va donc se manifester par de l'angoisse, une forte accusation (de soi) de la peur et du remord.

Nous cherchons donc un moyen de nous "punir" de nos "crimes imaginaires". Cependant à nos yeux la sentence n'est jamais à la hauteur de notre crime et nous nous punissons sans fin, voilà le cercle vicieux est lancé.

Origine historique, place dans la société, rapport à la religion.

A la base la culpabilité serait un sentiment apparu très tôt chez l'homme avant même la tristesse, car il était instinctif avant d'être pensé.

Par rapport à la société il peut avoir une certaine utilité, car il sert de garde fou, l'éprouver permet d'éviter la violence envers autrui, car on a conscience que l'on peut faire du mal à quelqu'un.

Aussi la religion en général et en particulier la religion catholique, nous inculque une certaine notion de culpabilité, mais qui va trop loin quand elle nous pousse même à ressentir de la culpabilité par rapport au plaisir.

Après cela nous avons pu discuter de quelle culpabilité nous souffrons:

La culpabilité par rapport à soi.

Des Enfiniens, témoignent de leur culpabilité de se détruire, mais également de se nourrir, de ne pas s'accepter, de se cacher pendant les crises, d'exister…
C'est un sentiment qui va nourrir la maladie, car elle est au centre de cela, elle devient le carburant de cette machine infernale, elle finit par affecter tout les domaines et tout sentiment. C'est ce que nous dit si bien F." la culpabilité est là du lever au coucher".

Mais ce qui est le plus destructeur c'est:

La culpabilité par rapport à l'autre.

E. se sent coupable par rapport à ses enfants, C. se culpabilise de faire du mal à sa famille, à son compagnon.
J. depuis le départ de sa fille, "c'est une culpabilité de chaque seconde". Et ce qui est très dur pour elle c'est de "découvrir des pans entier de ce qu'elle n'avait pas vu quand sa fille était encore là".
Pour V. elle fait une distinction entre le mot culpabilité qui est à ses yeux quelque chose de plus général que d'être coupable de…, qui d'après Martine tombe brutalement comme la sentence au tribunal "vous êtes coupable".
V. " je ne me sens pas coupable d'être malade, c'est arrivé, je n'y peux rien, mais je ressens de la culpabilité par rapport à mes proches ».
Il y a aussi d'après MC. une peur derrière cela de ce que pense l'autre de nous, de ne pas oser aller vers lui.

Jacques Salomé nous dit que la maladie est un "mal à dire", donc est ce le manque de communication qui nous renforce dans la culpabilité? Oui il continue d'alimenter la "machine", aller vers le dialogue est un pas vers l'espoir.

Martine nous ouvre la voie "mais à quoi ça sert la culpabilité? Ça ne sert à rien!" A part nous faire du mal, en faire aux autres qui s'en font pour nous, le cercle vicieux est sans fin…


La culpabilité des parents.

Doit être relativisée pour aider les enfants et ne pas servir de "nourriture" pour alimenter la maladie.
Les parents font au mieux de leurs connaissances et de leur moyens à ce moment là, même s'ils comprennent bien plus tard.
Car c'est souvent avec du recul que l'on voit plus clair, quand c'est trop près de nos yeux on ne voit rien. En tenir compte aide.

• Le bénéfice de relativiser la culpabilité pour les personnes souffrant de TCA.

Pourquoi on se sent si coupable? Car dès que l'on agit on fait forcément des erreurs, cependant on fait aussi des bonnes actions, le tout et de savoir en faire la différence et de relativiser quand on a mal agi.

Il faut se donner le DROIT de…

De faire une crise (de boulimie)
  • • De se disputer
    • D'être en colère
    • De ne pas faire ce que l'autre attend de nous
    • De se tromper, de faire des erreurs
    • De perdre le contrôle

Martine "j'ai fait une crise, et alors? Je ne suis pas une mauvaise personne pour autant, j'ai pas pu faire autrement, j'ai fait au mieux à ce moment là et c'est tout!"

La culpabilité ça se dompte

• Il faut mettre en place des trucs, des outils pour dompter la culpabilité.

Afficher des mots positifs sur soi, un peu partout dans la maison "j'en vaux la peine" "je suis beau/ belle", "je mérite d'être aimé(e)", les lire et les répéter toute la journée, et se donner le droit d'y croire.

Demander à plusieurs de ses proches quelles sont les qualités que nous possédons (uniquement et pas les défauts) pour avoir un avis positif de l'extérieur, que l'on arrivera plus facilement à accepter venant des autres. Leur poser la question aussi souvent que nécessaire jusqu'à commencer à prendre réellement conscience que c'est vrai.

J. avait rencontré une personne qui pour se rappeler à l'ordre ses exercices mis en place, et pour maintenir ses efforts, avait un truc:

Elle avait une petite boîte à outils dans son sac, comme les jouets des enfants, (Lego) et quand elle avait un moment de doute ou de dégonflement se rappelait sa "boîte à outils" tout près d'elle, pour maintenir ses efforts. Libre à vous de trouver votre "truc" pour mémoriser vos exercices.

• Il y a aussi des lectures bénéfiques qui apportent beaucoup dans la compréhension et donc l'apprentissage du "domptage" de la culpabilité.

Le petit livre rose de Lise Bourbeau "écoute ton corps" tout simple et tellement bénéfique, qui a beaucoup aidé Martine. Il permet d'amorcer un début de dialogue avec son corps.

Boris Cyrulnik a apporté une grande aide à la plupart d'entre nous, notamment avec "Un merveilleux malheur". La résilience est la clé pour dépasser la souffrance et en faire même quelque chose de positif et créateur. Mais elle a un "coût" : le travail, elle se tricote petit à petit, chaque jour avec l'aide des autres aussi et toujours penser aux mailles déjà tricotées pour s'encourager et non à celles qui restent à faire.

Merci à tous pour vos témoignages, cette synthèse est plus longue que les autres, mais ce thème est très important à développer et à comprendre pour trouver une lueur d'espoir.

Bonne quinzaine à tous et à toutes.
Prochain thème : La dépendance affective
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