Synthèse "la Nostalgie"

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Antoine
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Synthèse "la Nostalgie"

Message par Antoine »

Bien le bonsoir à toutes et à tous, vous trouverez ci-dessous le compte-rendu du groupe de parole organisé par l'association Partage et Ecoute le mercredi 18 mai 2005 et dont le thème était "la Nostalgie".
Je remercie vivement Katell qui a rédigé cette synthèse sous le soleil breton.


Le sujet de cette semaine s’est porté sur la « Nostalgie » : un grand merci à « Aurélie » qui a si bien conduit cette modération, un sujet qui nous a emmené loin dans nos réflexions respectives.

D’un point de vue étymologique, Nostalgie vient du grec, « nostos », qui signifie revenir et « aligie » la douleur. Ce serait la souffrance liée au souvenir d’un état antérieur, où tout était encore possible, et qui s’apparente aussi à la difficulté de pouvoir s’investir dans de nouveaux objets.

On dit aussi par « Nostalgie » : toute espèce de regret, non seulement d’un pays, comme « avoir le mal du pays », mais aussi d’un milieu auquel on a cessé d’appartenir ou d’un genre de vie que l’on a cessé de mener.

Pour beaucoup, la nostalgie se réfère souvent à l’enfance. A ce qui a été et qui n’est plus.
Une époque douce et heureuse, protégée, loin des tracasseries, et soucis, pour beaucoup, période où l’on ne connaissait pas encore les dures réalités de la vie d’adulte.

Pour V, c’est le souvenir de bons moments qu’elle a eu dans sa vie, petite, avec sa mère, et en même temps, elle essaye de chercher au fond d’elle même, elle a survécut à des choses éprouvantes dans son enfance, des problèmes de peau, tout bébé, l’éloignement de ses parents, puis tout à coup, tard, une autre maladie, la boulimie qui a prit toute la place, pourquoi si tard ?
Le rétablissement ne se fait jamais d’un seul coup, la guérison, c’est un pas en avant, et deux pas en arrière, ça se fait par pallier, pour pouvoir se relever il faut accepter de tomber.

M-C, nous évoque le temps où elle vivait heureuse avec son mari et sa fille en symbiose, elle n’avait pas encore de problèmes relationnels :avec sa fille…Dans l’enfance tout paraît plus simple, accessible, aujourd’hui sa fille jeune adulte, est tombée dans la maladie, l’auto-destruction, comme si la vie réelle justement fermait définitivement ses portes aux chemins du possible, elle n’arrive pas à s’en sortir, M-C ne comprend pas, tout à coup la vie est devenue un enfer, alors oui, on a la nostalgie de ce temps où tout allait bien, on a pas encore l’espoir que demain sera mieux qu’aujourd’hui.

C’est une période qui symbolise un idéal, une période de vie qui a été heureuse, ou vécue comme telle, par rapport à un présent qui aurait perdu de ses couleurs d’antan. C’est ce moment de vie que l’on aimerait bien retrouver tout en sachant que ce que l’on vivra sera forcément autre. La Nostalgie est un référent une sorte d’aide-mémoire, un repère dans le temps qui serait là pour nous dire, qu’il faut agir pour changer son quotidien, ce qui a été n’est plus, mais on peut réinventer, reconstruire, renaître, et repartir sur d’autres bases…

La difficulté majeur de ce sentiment c’est que justement la nostalgie peut nous plonger et nous enfermer dans le passé, dans la mémoire de ce qui a été et qui de plus a été déformé par notre propre vision : on se souvient nettement plus des périodes douloureuses, que des périodes heureuses, et c’est pourquoi, la nostalgie peut nous envahir d’autant plus que l’on ressent avec encore plus de violence ces états de vie dans lesquels on se sentait bien. Les émotions fortes laissent des traces parfois indélibiles …dans le bon comme dans le mauvais, ce qui peut alors rendre nos vies durement supportables à vivre.

Il y a des nostalgies qui reposent sur des souffrances antérieures. Ainsi tigresse « je pensais que le fait de dévoiler les abus sexuels subis allait me permettre d’éliminer en une fois la boulimie. J’ai commis une erreur. La boulimie a fait partie de ma Vie, elle a été mon refuge pour ne pas ressentir ou regarder les évènements extérieurs. On finit par devenir nostalgique de cet inconscient ».

Il y a aussi des nostalgies qu’on s’est construit comme alternative à ses peurs et à la non construction de son moi. T. « je garde un idéalisme dans ma tête pour que tout soit harmonieux et parfait. J'ai la nostalgie de cette harmonie »
D « un désir de perfection, de complétude, un désir de rien ? »

Le coté positif malgré tout, c’est que cela nous permet aussi de se forger des repères de « vie », sur les moments heureux, plus facile de connaître le bonheur si l’on en connaît déjà le goût.

Il est nécessaire d’apprendre à mettre en parenthèse les souvenirs pour se plonger dans le présent, et se laisser porter par de nouvelles sensations, de nouvelles expériences, il faut pour cela, être capable de faire le vide en soi, lâcher prise, pour repartir sur des choses nouvelles, accepter de se laisser porter et surprendre par de nouveaux courants.

La Nostalgie s’apparente aussi à la difficulté de faire le deuil sur une situation passée. On reste bloqué sur une époque, quelque chose, une personne, une relation, et on se ferme au monde nouveau, on refuse de quitter son monde, et ses croyances. La peur de l’inconnu sur le connu. Souffrir semble curieusement moins effrayant, au premier abord, car là au moins, on connaît le scénario et sa mise en scène avec ses tenants et ses aboutissants.
Prendre le risque de s’avancer vers ce que l’on ne connaît pas, est beaucoup plus téméraire, ce sera mieux ou pire ? On sait toujours ce qu’on perd, et jamais ce qu’on gagne….Et tant que l’on n’essaye pas on ne peut pas savoir, il faut accepter de s’engager dans des chemins que l’on ne connaît pas forcément et aussi accepter que peut-être on va se tromper, que l’on ne trouvera pas tt de suite ce que l’on cherche, mais les choses importantes et rares, n’arrivent jamais comme ça toutes seules, il faut s’aventurer pour trouver la lumière, au risque de se confronter aussi avec les parties d’ombres … L’un ne vas pas sans l’autre…

Pour J, La Nostalgie est aussi une occasion finalement pour aller rechercher au fond de soi, ses propres ressources, chercher cette flamme, cette force vitale qui est en soi. Quelque part, nous savons déjà inconsciemment ce vers quoi nous allons aller dans nos vies, la Nostalgie est là pour nous faire prendre conscience de ces changements , de ces désirs qui nous habitent, elle nous invite à nous pencher un instant pour réfléchir à ce qui se passe véritablement à l’intérieur de nous, qui suis-je vraiment ? Dans quelle direction, je souhaite aller, quels sont mes véritables besoins et aspirations ?

La Nostalgie emmène aussi certains à vouloir transmettre à travers d’autres générations familiales par la transmission d’un prénom, en souvenir d’un parent, d’un être aimé, comme si on voulait faire perdurer le lien perdu, poursuivre une histoire d’amour déjà commencé et que l’on ne veut pas voir s’éteindre.

Nous avons été plusieurs à constater que nous avions hérité du prénom, d’une grand-mère, d’un être cher décédé…Pour M-A, elle a l’impression d’être la continuité de sa mère. Elle se sent responsable d’elle. Il y a toute une charge émotionnelle, contenue dans le don d’un prénom, qui n’est souvent pas dite, mais qui est néanmoins belle et bien ressentie par celui ou celle qui en hérite.
MC « j’en suis encore à me demander si en faisant cet hommage à ma mère qui m’a tant manqué et que j’ai tant aimé, je n’avais pas risqué l’avenir de ma fille qui est malade aujourd’hui ».
A, a le sentiment aussi de devoir être toujours là pour sa mère ; son rôle, qui semble avoir été prédéfini, est de devoir la protéger, et la rassurer sans cesse.

On peut donc dire que l’un des principaux danger de la Nostalgie réside dans le fait pour certain de ne pas arriver à faire le deuil d’une situation, ou encore ou d’une relation vécue.

Pour finir, comme disait M-A, c’est aussi quelque part, une sorte de prison , où on s’enferme dans l’impossibilité de pouvoir réaliser des propres désirs, de ne pas pouvoir les vivre, on s’auto-punit, on ne veut pas se faire plaisir, on a peur de quitter ses vielles croyances, pour aller de l’avant.

Ank, un enfinien, « la nostalgie enferme le désir dans la prison du passé, aussi apprivoisez cet animal fougueux et libérez-le ! »
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Anianka
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Message par Anianka »

la guérison, c’est un pas en avant, et deux pas en arrière
T'es sure de ca??? Ce serait pas le contraire?

Ausi non, c'est plein de verite...

Merci pour ce super sujet...
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