Synthèse "Je suis responsable de ma vie"

Cette tribune permet à l'association Partage et Ecoute, partenaire d'Enfine, de donner des informations sur ses activités et ses thèmes de réflexion.

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Antoine
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Synthèse "Je suis responsable de ma vie"

Message par Antoine »

Bonjour à toutes et à tous,
Devant le succès de son groupe de parole, l'association Partage et Ecoute a dû créer un deuxième groupe. Il y a donc une réunion chaque mercredi. Il y aura dorénavant 2 comptes rendus à la suite....jusqu'à l'ouverture de nouveaux groupes (Marseille en octobre, Amiens un peu plus tard). Vous trouverez donc ci-dessous le 1er compte-rendu du groupe de parole du mercredi 1er juin 2005 et dont le thème était "Je suis responsable de ma vie".
Merci à Bertrand pour ce joli compte rendu et à Céline pour son authentique modération.
Antoine



[center]Groupe de Parole « Partage & Ecoute » du 1er juin 2005[/center]
[center]Thème : « Je suis responsable de ma vie »[/center]

Plusieurs questions ont été abordées lors de cette soirée :
- la notion de choix
- l’éducation « responsable » ou non reçue des parents
- la notion d’adulte responsable
- la responsabilité envers les autres, et principalement ses parents
- la culpabilité liée aux choix
- la question du « moi » profond

Une Enfinienne déclare sur le Forum : « On est responsable de ses choix, mais pas de sa maladie ».
C. explique que pour elle, être responsable de sa vie, c’est être responsable de ses choix.

Mais être responsable de ses choix est une notion d’adulte indépendant. Pour atteindre ce « statut » d’adulte, l’éducation reçue au cours de l’enfance est un facteur fondamental.

D’un côté, les parents ne donnent pas toujours un exemple flagrant d’adulte responsable :
- A. nous explique que grâce au groupe de parole qu’elle suit depuis plusieurs mois, elle s’est rendue compte que sa mère n’a pas toujours eu un comportement responsable envers elle dans son enfance.
- C., quant à elle, a été témoin pendant toute sa jeunesse de la « dictature » morale de son père envers sa mère.
- M.A. décrit enfin comment sa mère, bien que s’occupant de tout dans la maison, était incapable de prendre la moindre décision, laissant à son père le soin de faire les choix.

D’un autre côté, certains parents, explique J., ont tellement cherché à donner une image de personne responsable et autonome (notamment à travers une activité professionnelle excessive, visant à la réussite sociale avant tout) qu’ils ont pu « dégoûter » leurs enfants de ce style de vie « adulte », leur rendant insupportable l’idée de devenir autonome.

Le côté pervers est évident pour tous : en voyant leurs parents être malheureux, de quelque manière que ce soit, les enfants ont tendance à se sentir coupable du mal être de leur famille.

C. avoue ainsi « Je ne pense pas à moi, mais je me sens responsable de ce qui ne va pas dans ma famille ! ».
A. enchaîne en expliquant que « Enfant, on se sent responsable des problèmes de ses parents ».
Certains parents, même, rendent les enfants explicitement responsables de leurs troubles, à travers des discours pervers comme : « On s’est sacrifié financièrement pour que tu fasses des études » ou « Même si on ne s’aimait plus, on est resté ensemble pour toi », etc…

L’enfant/adolescent connaît alors un sentiment de culpabilité profond.

Cette culpabilité a pour conséquence une dépendance affective envers ses parents, envers qui il continue de se sentir responsable.
A., M.A., ou C. expliquent comment elles se sentent obligées de voir ou d’appeler régulièrement leurs parents, ou de chercher à les aider quand ils ont l’air malheureux (les rôles d’enfants et de parents s’inversent alors).
Cette « mission » les accapare tant qu’elles se sentent incapable ensuite de penser à elles, de faire des choix uniquement pour elles, car cela générerait trop de culpabilité…

Alors on s’occupe des autres, on répercute sur son entourage ce qu’on a connu plus jeune, et, comme dit J., « On porte sur son dos la culpabilité du monde. ».

Difficile dans de telles conditions de développer suffisamment d’estime envers soi-même.
La culpabilité, la dépendance affective envers les parents, rendent la question du « moi » éloignée, presque inaccessible.
M.A. avoue que quand elle se pose des questions sur elle, sur sa vie, elle se sent « ridicule », mais que sans la maladie, elle n’aurait jamais fait de recherche sur elle-même.
J. quant à elle explique qu’on ne peut se débarrasser de sa culpabilité qu’en se demandant ce qu’on veut faire de sa vie, et en cherchant ce que l’on est vraiment, « à l’intérieur ».

B. ajoute que devenir un adulte responsable de sa vie passe nécessairement par l’action de couper le cordon avec ses parents (un « deuil » symbolique). C. précise aussi qu’à travers ses lectures sur la maladie, elle s’est rendue compte qu’il était fréquent que des personnes commencent leur chemin vers la guérison après la disparition d’un ou des parents, comme si leur présence rendait impossible d’assumer le statut d’adulte (le « deuil » est alors bien concret).


Au terme de cette discussion, la maladie apparaît donc, entre autres aspects, comme une manière d’exprimer une culpabilité face à un environnement familial ayant aliéné au malade son identité d’adulte indépendant et responsable.
Il est alors important de comparer les expériences vécues pour se forger un point du vue différent sur sa vie, et se poser enfin la question du « moi ».
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Antoine
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Message par Antoine »

Comme annoncé, voici la synthèse de la 2ième réunion Partage et Ecoute qui a eu lieu mercredi dernier, le 8 juin 2005.
Un grand merci à Katell qui a modéré ce groupe de parole.


[center]Groupe de Parole « Partage & Ecoute » du 8 juin 2005

Thème : « Je suis responsable de ma vie »[/center]

Difficile comme thème car nous crevons tous de la mise sous responsabilité permanente. La responsabilité passive, toujours sous entendue accroît la souffrance.

La responsabilité a été abordée sous 3 angles :
- la responsabilité par rapport à soi,
- la responsabilité des parents,
- la responsabilité par rapport au autres,
pour aboutir à la conclusion qu’on se sent mieux quand on s’en libère et qu’on ne mélange pas tout.

1 – la responsabilité par rapport à soi
- être responsable ne veut pas dire se punir
Non, ça veut dire se donner le droit de se pardonner ; grandir avec ses échecs ; rechercher la cohérence avec ses choix profonds.
Facile à dire, pas à faire car on se laisse traiter sur le mode « modelable » depuis la petite enfance ; on essaie toujours d’être en accord avec son environnement. Un caméléon sur une couverture écossaise devient fou. Nous aussi.
- on est responsable de soi
Ca se travaille ; chemin douloureux mais c’est le seul vers la liberté.
- être responsable veut dire fonctionner sans regret
Il faut prendre ses décisions en conscience, suivre ses propres lois du cœur
Vive la résiliance mais tout le monde n’est pas assez fort pour y arriver.


2 - la responsabilité des parents
- Ce doit être difficile pour des parents quand l’enfant est totalement
différent de soi
- A. « ma mère était mal dans son couple. J’ai développé un sens
démesuré de la responsabilité »
- A. va mieux depuis qu’elle a compris que ses parents étaient des adultes
responsables et qu’elle n’a pas peur de les renvoyer à leur propre
responsabilité.
- la famille nous connaît par cœur et sait nous destabiliser. Ca reste un
point difficile.

3 – la responsabilité vis-à-vis des autres
- je laisse vivre les autres ; je leur renvoie leurs choix et je vais mieux dit l’une. Je ne suis plus dans l’attente des autres. J’exprime mes choix et ça me rend la vie plus belle même si j’ai peur. Je ne suis plus frustrée.
- K. j’ai peur de vivre ma vie. Dans la société c’est chacun pour soi. Je me
sens moins coupable depuis que je ressens pour vrai que le jour où je serais seule personne ne me tendra la main.
- « j’ai du mal à prendre des décisions en renonçant aux désirs des autres. Petit à petit j’y arrive »
- être indépendant financièrement est un élément important du chemin de la responsabilisation
- je ne suis plus dans l’attente des autres et je vais bien dit A.
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