Synthèse "Le bonheur, pour quoi faire ?"

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Antoine
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Synthèse "Le bonheur, pour quoi faire ?"

Message par Antoine »

Alors qu'en ce moment même le groupe de parole de Marseille est plongé au coeur du débat, voici le compte-rendu de la réunion du 12 octobre 2005 du groupe de Courbevoie. "Le bonheur, pour quoi faire ?" était le thème proposé par l'association Partage et Ecoute.

Très bonne lecture et merci à Katell pour cette synthèse,

Antoine

[center]Groupe de Parole « Partage & Ecoute » du 12 octobre 2005[/center]
[center]Thème : « Le bonheur, pour quoi faire ? »[/center]  

Un grand merci à Frédéric qui a eu la gentillesse de modérer cette réunion, autour du thème: « Le bonheur pour quoi faire ? » Un vaste sujet qui peut faire peur, et qui fait tant rêver, l’eldorado de tous les possible, mais qui nous paraît inaccessible…Dur à attraper et pourtant toujours près de nous…Qui ne demande finalement qu’à s’exprimer si on veut bien l’apprivoiser…

Le bonheur tout le monde en parle, tout le monde le cherche, chacun à sa vision propre et personnelle du bonheur, mot cherché, nous voilà tous à la quête de ce bonheur qui se cache qui semble nous échapper, qui veut tout dire, mais en même temps qui veut nous dire quoi ?

Le bonheur ne peut jamais être éternel, mais il peut se cultiver, s’apprendre, l’ombre comme la lumière ne dure jamais, il y a une alternance entre les deux, comme le jour et la nuit. C’est une sensation que l’on peut ressentir, lorsque tout à coup, nous nous sentons en état d’osmose d’harmonie, une sorte de plénitude. Une état de plein, on est comblé, on se sent bien, tout va bien, pas de souffrances, pas se soucis, tous nos besoins sont satisfait, on se retrouve dans un état de grâce que l’on aimerait pouvoir prolonger….Souvent on peut penser que si on l’on obtient telle ou telle chose alors nous parviendrons au bonheur: plus beau, plus riche, plus intelligent ? Et pourtant souvent même ceux qui en apparence semblent tout avoir se révèlent souvent être les plus malheureux. Et non l’herbe n’est pas plus verte ailleurs, mais on peut la rendre plus verte si de soi même on le veut vraiment. Le bonheur est comme l’amour il ne s’attrape pas, il ne s’achète pas, il se découvre de-ci de-là au détour d’un chemin, et même parfois et souvent quand on s’y attend le moins. Bonjour bonheur sensation propre imperceptible pour les autres. Le bonheur est dans le pré, mais se trouve aussi partout où chacun cherche à le voir.

Un état qui se vit avant tout à l’intérieur de soi, et dont chacun peut seul en mesurer toute l’intensité. Alors le bonheur à défaut de rester sagement là à côté de nous, il faut s’atteler à le chercher et à essayer de le faire venir, car le bonheur, comme l’amour se cherche, il est subtil, il faut oeuvrer tel un bon forgeron pour le trouver. Même dans les moments les plus sombre, les plus graves, on peut apercevoir sa couleur… Quand par exemple tout à coup, on passe d’un grand moment de désespoir et de peine intense, à un moment qu déjà plus nuancé, moment où il s’est passé quelque chose, où le noir se transforme en gris, et peut donne déjà l’espoir que peut-être un jour nous reverrons le blanc ?

Pour tous ceux et celles qui sont dans la maladie le bonheur ne veut déjà plus dire grand chose, c’est une notion qui est déjà loin et bien éloigné de ceux qui souffrent, mot qui déjà n’a plus tellement de sens, et ne veut plus dire grand chose. Que ce soient l’anorexie ou la boulimie, ces deux maladies enferment le malade dans un enfer que lui même vit au quotidien, la maladie est le seul moyen de survie que la personne à trouvé pour faire face à une vie qu’il n’est plus vivable, plus supportable à vivre, une vie dans laquelle il ne fait plus bon vivre, tout est source d’angoisses, et de souffrances, mal avec soi, mal avec les autres, on ne peut plus se retrouver, tous les repères ont volés en éclat, pour faire place à une vie de non sens, et où on se trouve plongé dans la quête d’un nouveau sens, mais toujours dans la douleur. Si déjà on pouvait comprendre pourquoi, d’où vient ce mal, pourquoi ne pas avoir droit au bonheur, à la vie ? Je suis vivant, c’est une réalité et c’est la seule, car autour tout n’est que mort, néant et non sens… Alors s’accrocher à cette petite lueur de vie, concrète, et chercher à comprendre pourquoi….si nous sommes là, il doit bien y avoir une raison, un sens ? Mais lequel ?

F dont sa fille souffre d’anorexie, a bien vue chez sa fille cette perte d’envie de vivre : le bonheur disparaît quand il y a des soucis profonds. Pour commencer à le voir, il faut déjà commencer par aller un peu mieux, à nuancer déjà des notes de teintes différentes du noir, on passe à un peu de gris…Comment y arriver quand on est complètement déconnecté de soi même, qu’on est dans l’abnégation de sa propre vie ?

S/ Le bonheur c’est de pouvoir ressentir à nouveau du plaisir car la notion du plaisir est totalement absente quand on est dans la maladie. Essayer de retrouver des sensations de non souffrances, essayer de s’attacher à des petits plaisirs tout simples, retrouver les sensations du corps, un bon bain, une boisson chaude,…

F/ il ne faut pas avoir peur du bonheur, la maladie c’est le refus de celui-ci, on veut rester dans le mauvais car déjà on sec croit mauvais, on pense qu’il n’y a pas de place pour nous, alors pourquoi oser penser pouvoir aller dans l’autre versant ?

A/ Ma fille qui est dans la maladie se trouve rarement bien, elle est dans le conflit permanent avec elle même, elle a peur de se laisser aller, de perdre le contrôle

V/ Je sais que je me fais du mal, mais c’est plus fort que moi? J’aimerai croire au bonheur, mais j’ai l’impression de ne pas le mériter de ne pas y avoir droit.

K/ Le bonheur c’est difficile d’y penser quand on est dans la maladie, car déjà la maladie est la preuve vivante de quelque chose qui ne va pas, ne fonctionne pas, on est dans l’absence de soi et des autre, le bonheur n’existe plus, on veut disparaître car on sent qu’on pas le droit d’être là et de vivre, que toute source de plaisir  ou de bien être nous est interdit, on le ressent au plus profond de soi dans sa chair, c’est aussi pour ne pas sentir ce rien, que l’on cherche de par la maladie à trouver un bouclier contre cette agression du monde extérieur que l’on vit en permanence.

S/ Lorsque j’étais petite, je voulais que mes parentes me prennent dans les bras, parfois ils ne pouvaient pas, et moi je l’ai vécu comme une abnégation de mon être, un rejet profond de leur part, je pensais ne pas être assez bien pour exister. Mon seul moyen d’existence face à eux, c’était de leur donner ce qu’ils attendaient de moi, et non pas leur donner ce que j’étais.

F/ Aujourd’hui la vie est plus dure, on demande toujours, et toujours plus à l’être humain, ce n’est jamais assez bien, difficile face à cette pression de laisser le bonheur venir quand il n’y a pas de place, comment pouvoir le laisser se manifester ? Mon bonheur c’est de voir ma fille aller mieux, et de l’avoir vu reprendre un peu de goût à la vie: elle a cherché un boulo et l’a eu, c’est une prise directe avec la réalité, un encrage, qui celui là, pourra la nourrir de l’intérieur et donc lui apporter une source de bonheur : pouvoir travailler et avoir sa place dans la société.

MA/ Enfant, j’essayais de rentre en contact avec ma famille, ils souffraient, et je voyaient que je ne pouvait rien y faire, je me sentais rejetée, comment vivre quand on sent que l’on est pas le bienvenu ? Quand on dérange ?

A/ J’ai compris que la réponse viendrait de l’intérieur de moi même, je me suis prise en charge et je suis allée voir un médecin, on a parlé il m’a aidé à comprendre, déjà pouvoir mettre des mots à mes maux, m’a soulagé, le fait de pouvoir trouver cette lumière à l’intérieur de moi sans dépendre des autres, m’a apporté une sorte de réconfort, de mieux être, ce n’est encore ce qu’on appelle le bonheur, mais une touche.

S/ Quand on souffre, même pour les petits bonheurs, on pense ne pas y avoir droit. J’ai eu mon bac, je ne pensais pas y arriver, mais mes parents n’ont pas exprimé de joie face à cette réussite, comme si le bonheur et le fait d’exprimer sa joie étaient une chose male et mauvaise ?

V/ On arrive alors a se poser des questions comme qui suis-je ? Pourquoi je suis là, à quoi ça sert ?

A/ Pour arriver au bonheur il faut accepter de devoir renoncer à plusieurs choses. L’importer est d’arriver ce qu’est l’essentiel pour chacun d’entre nous.

« Fuir le bonheur de peur qu’il ne sauve… »…

Le bonheur peut se trouver au détour d’une rue, à l’improviste même s’il est provoqué par des évènements extérieurs, c’est surtout à l’intérieur de soi qu’il faut le cultiver, arriver à trouver sa propre lumière, ce petit cocon en soi, où il fait bon vivre, où l’on peut se réfugier quand dehors tout va mal. La connaissance de soi, et l’amour de soi nous aident à découvrir ce bonheur invisible pour les autres, mais pas pour son cœur : une musique, du silence, c’est être avec soi dans le moment présent bien avec ce que l’on est et avec ce que l’on fait, à force de chercher on arrive à trouver des petites sources de bonheur un peu partout, et un bonheur en emmène un autre…C’est en essayant de se lier avec les autres et en se reliant au monde que l’on peut aussi trouver ce bonheur aussi, comprendre le monde dans lequel on vit, même le pire, et l’accepter sans jugement, nous permet alors d’entrevoir autre chose, une petite lumière qui nous entraîne et nous guide ailleurs, pour laisser le noir de côté et s’en aller vers la lumière, sans faire de bruit…..
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Message par Antoine »

Les marseillais se sont réunis le 21 octobre et nous proposent ce compte rendu.
Merci à eux. Marie-Christine était modératrice et Cécile a rédigé cette synthèse. Marseillais et parisiens ensemble pour apporter lumière, espoir et solidarité, ça marche ?!


[center]Groupe de Parole « Partage & Ecoute » du 21 octobre 2005[/center]
[center]Thème : « Le bonheur, pour quoi faire ? »[/center]  

S. nous donne une bonne introduction : « Il faudrait pouvoir trouver du bon dans toute situation. C'est frustrant, culpabilisant quand on n'y arrive pas. On a tout et il nous manque quoi ? Je m'en veux de n'avoir jamais été heureuse »

je ne sais pas faire, on ne m’a pas appris à être, juste à reproduire

S. Il faudrait pouvoir trouver du bon dans toute situation. C'est frustrant, culpabilisant quand on n'y arrive pas. On a tout et il nous manque quoi ? Je m'en veux de n'avoir jamais été heureuse. Je cherche toujours un truc où on va me donner la solution. Je lis des livres qui donnent la recette du bonheur...

S. J'ai besoin de quelqu'un qui me protège, qui me donne ce qui me manque. Toujours en manque parce que mon mari n'est pas quelqu'un de protecteur. C'est moi qui porte la famille.

Ju. L'autre prend trop de choses en main. On se sent plus utile. On se dévalorise.


un tiraillement interne fait de sentiments contradictoires et négatifs

Jo. Apprendre à apprécier ce que l'on fait. Cela touche la question du désir...

S. Et de la frustration aussi. J'ai tout pour être heureuse. J'ai jamais ressenti ce moment de plénitude, j'ai jamais été heureuse alors que j'ai toujours tout eu. Cela me culpabilise. Cela doit dépendre du caractère...

Ju. J'ai toujours tout eu, toujours eu beaucoup de chance. Et malgré ça, je ne suis pas heureuse. Des gens qui m'aiment. Je supporte plus ces gens-là justement parce qu'ils m'aiment. Il faut que je trouve le moyen de tout gâcher. J'ai peur des gens. J'ai honte. Je regrette. Je me déteste... Le bonheur, c'est pas pour moi. Comment je peux être heureuse ?

S. Comment mon mari peut m'aimer ? Quand on s'aime pas, on peut pas aimer.

M. Je m'accepte pas. Je suis très critique envers moi. Le bonheur ? Le patinage m'a beaucoup apporté. Cela me permettait d'oublier les choses. Je ne m'acceptais pas. Est-ce que j'ai droit au bonheur ? Est-ce que j'y arriverais ? L'amour d'un homme ? Si c'est d'être rabaissée, des reproches en permanence... Je recherche l'amour d'un homme, d'un père et c'est ça qui m'a manqué. Je suis avec quelqu'un mais je peux pas dire que je suis sereine. Trois enfants mais toujours ce sentiment de vide. Moment de répit en famille... et puis c'est le coup de bambou...


Le malheur : un sentiment qu’on cultive pour trouver le bonheur ?

R. Je ne peux pas prendre le bonheur sans comprendre le malheur. Se mettre dans des situations de malheur... pour prendre le bonheur. L'un avec l'autre. Impossible de dissocier. Obligé d'avoir le malheur. Apprendre le malheur. Comment accepter le malheur ?

Ju. Le malheur c'est une chose difficile qui permet d'avancer. Plutôt une épreuve que du malheur.

C : je ressens un manque. Le bonheur est la quête de l’absolu. Je ressens de la culpabilité, un grand vide que je comble par la nourriture. Je ne veux pas renoncer à cet absolu. Je cherche le bonheur , peut être qu’un jour je vais le trouver.


La religion, la spiritualité, le travail personnel pour trouver son chemin ?

R. on trouve l'explication du malheur dans les religions. La religion judéo-chrétienne, catholique, entretient la souffrance. J'ai cherché ailleurs.

M. Je fais un travail sur moi et je suis moins dans cette recherche de l'homme protecteur. Il faut savoir se débrouiller seul... d'abord ma mère, puis mon mari... C'est pas les autres qui peuvent nous apporter le bonheur. Il faut se construire soi-même. J'attends plus après quelqu'un pour le bonheur. Attendre après quelqu'un c'est être dépendant...

Ju. Je me rends compte que j'ai perdu... l'alcool me permettait de me lâcher. Je me vois de façon plus claire. C'est moins flou. Je réalise qui je suis vraiment. Il faut jamais ouvrir les yeux...

C : j’ai trouvé le bonheur dans un atelier d’écriture après avoir beaucoup galéré.


et une conclusion pleine d’espoir qui dit aussi que tout le monde se trimballe des obstacles à vivre. Notre vie n’est elle pas de les transformer en vie ?

Le bonheur pour moi, c'est de savourer le moment présent. C'est le chant d'un oiseau, le ciel de Provence... J'ai eu une jeunesse difficile. J'ai beaucoup travaillé. J'ai un mari, des filles. Et une carapace qui cache ce que je suis au fond, névrosée, angoissée, peu sûre de moi malgré une apparente confiance...
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