Synthèse sur "La Honte"

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Antoine
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Synthèse sur "La Honte"

Message par Antoine »

Voici le compte-rendu du groupe de parole Partage et Ecoute  de Marseille qui s'est réunit autour du thème de "la honte". Comme ils n’ont pas pu s’empêcher de faire la fête, le thème a été un peu moins travaillé ; enfin c’est ce qu’ils disent ! D’un autre côté ils ont institué le système des bonnes résolutions. Il y a des idées à voler.


[center]Groupe de Parole « Partage & Ecoute » du 6 janvier 2006[/center]
[center]Thème : « La Honte »[/center]  

Voici le compte rendu des marseillais pour le thème de la honte (le 6.01.2006)
Comme ils n’ont pas pu s’empêcher de faire la fête, le thème a été un peu moins travaillé ; enfin c’est ce qu’ils disent ! D’un autre côté ils ont institué le système des bonnes résolutions. Il y a des idées à voler.

• Cl : j’ai honte quand je n’assume pas ce que je fais, quand je me sens obligée de mentir pour cacher ma maladie
• M : la honte peut être positive parce qu’elle permet d’avoir de la retenue. Si j’ai honte, la prochaine fois, j’évite de répéter le même scénario
• Y : je suis boulimique et à cause de ma prise de poids, j’ai honte de me mettre nue devant mon mari, je n’aime pas mon corps
• Quand je mange trop, je culpabilise mais  je ne ressens aucune honte
• C : les sentiments de honte et de culpabilité sont très proches
• J : j’ai honte d’être boulimique, honte de ne pas avoir de boulot, honte d’être seule
• Cl : j’ai honte de ce que je vais dire, quand je rencontre des amis d’enfance qui ont « tout réussi », surtout leur vie de couple, je suis contente de constater qu’ils ont pris du poids. Ca me fait plaisir.

Voici les objectifs que chacun s’est fixé.

C. : je recommence le sport
J. : je m’inscris à l’ASSEDIC et je cherche du travail
MC : je me tais quand ma fille parle
M. : je vais manger à des heures régulières
C. : je vais venir à toutes les réunions
S. : je vais m’occuper de moi, massages, coiffeur etc..
E. : je vais voir la diététicienne
Y. : j’arrête mes grignotages à 16h tous les jours.
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Antoine
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Message par Antoine »

Bonjour à tous et tous nos voeux pour que vous acceptiez le soleil qui est en vous.
Ce compte rendu a été rédigé par Marie Adrienne et nous pouvons la remercier car ça été très difficile pour elle.  
Bonne lecture.


[center]Groupe de Parole « Partage & Ecoute » de Courbevoie du 6 janvier 2006[/center]
[center]Thème : « La honte[/center]  

Contrairement à ce qu’on aurait pu penser, “la honte” a délié les langues : 7 messages sur enfine et
6 personnes sont présentes à cette 1ère réunion de l’année 2006, malgré la difficulté que représente cette période pour nous tous.
Nous avons retrouvé les mêmes émotions que celles exprimées dans les messages d’enfine sur ce thème.
           - honte face à nos comportements alimentaires alors que d’autres meurent de faim,
           - honte de boire trop d’alcool dit encore une autre,
           - honte de tricher, mentir,
           - honte de faire souffrir notre entourage,
           - honte de notre corps, de ses formes, de sa féminité et de sa sexualité, inutile de souligner l’angoisse que nous avons à faire les magasins de vêtements, choisir une robe, .bizarrement ou pas, c’est toujours pire que ce qu’on imagine quand on se regarde dans la glace, alors on remet tout en place et on se dit qu’on reviendra quand on aura perdu quelques kilos….
           - honte de ne pas être à la hauteur de nos espérances,
           - honte de reconnaître sa fatigue, son incapacité à pouvoir s’en sortir seule, d’avoir besoin d’aide
           - et même honte d’exister !!

La honte - les autres - la transmission transgénérationnelle

           L’éducation
           M : « Est-ce que ça sert dans une société à l’éducation judéo-chrétienne, système éducatif et/ou environnement parental enseignant la honte de soi et où personne n’a de conscience  ? » M a été éduquée par des « bonnes sœurs » sadiques, soi disant pour son bien….
           K pense avoir été embauchée pour son sourire plutôt que pour son CV. Cela n’est peut-être pas sans rapport avec l’école. Au début, on leur disait qu’ils faisaient partie d’une classe de privilégiés, les « génies », puis en fin d’année qu’ils ne valaient rien. Comment ne pas avoir l’apprentissage en horreur quand le doute sur ses capacités est omniprésent ? Comment ne pas se sentir imposteur quand parfois on réussit ? Il est très difficile de vivre avec ce sentiment car quelques soient les réussites ultérieures, rien ne viendra effacer ce doute une fois perçu.
           M : « On a honte de ne pas être ce que les parents attendent de nous » ? Jalousie par rapport à la mère ?
           J : « La mère reporte ses propres sentiments de honte sur son enfant ? »  
           A, nous parle de l’image renvoyée par les autres à l’école. Elle nous raconte avec beaucoup d’émotion, et peut-être aussi de colère, combien elle avait honte de son apparence vestimentaire, «j’étais mal fagotée » nous dit-elle, ce qui la différenciait des autres qui du coup la rejetaient. Comme K , elle se sentait  « mieux acceptée par les enfants atypiques ».
           A, prend douloureusement conscience maintenant de sa honte par rapport à la sexualité, honte transmise probablement par sa mère qui l’a « verrouillée » nous dit-elle, en lui transmettant ses propres angoisses et sa crainte des hommes. Aujourd’hui, A, a « gagné contre sa mère avec l’aide de son copain » car elle a dépassé ces peurs qui n’étaient pas les siennes, mais regrette d’avoir perdu tant d’années, empêchée de vivre, tant elle avait honte. Quelle belle libération pour une femme !

           La société
           K dit qu’elle se sent plus libre et mieux acceptée auprès des étrangers à l’esprit plus communautaire, elle a beaucoup d’amis non français et elle adore les langues étrangères. Elle nous dit être mal à l’aise dans notre société car a peur d’être critiquée, a horreur de la compétition et des faux-semblants. K nous dit être mal à l’aise même avec sa mère qui peut-être maladroite parfois, les sujets de discussions sont souvent tabous. Comment être étonnée que ce soit ses amis « étrangers » qui viennent à son secours plutôt que sa famille.
           On essaye de comprendre pourquoi, en Espagne, le taux d’anorexie/boulimie est le plus important d’Europe ? K pense qu’il s’agit d’un décalage entre le fond et l’apparence que les jeunes filles veulent donner, c’est quelque chose d’insupportable à vivre, dit-elle. Quant à M, c’est le duo « provocation et spontanéité » qui ne fait pas bon ménage.



La honte qu’on cultive en soi
Beaucoup de femmes ont honte.  Elles apprennent à vivre avec ce sentiment qui les empêche d’être libres et légères et elles se détestent… ».
M : «On a moralement et physiologiquement honte, on n’est pas libre avec son corps »
M, imagine que la mère a voulu protéger sa fille en la mettant en garde ?
A, « Pourquoi a t-elle voulu avoir un enfant ?» si les hommes sont si dangereux et la vie si dure?
M, « Je navigue à vue ». M est artiste, fait de l’art en dilettante mais se sent usurpatrice
M, « désir de se prouver quelque chose ? », «être quelqu’un que ne suis pas ? »
K, a besoin de travailler avec son cœur, ce que sa formation et son travail ne lui ont pas apporté jusqu’à présent et se demande ce qu’elle fera de sa vie dans le futur si elle doit partir à l’étranger. « Qu’est-ce que je sais faire concrètement, femme de ménage ? », se demande t-elle.
K, nous dit qu’elle a au fond d’elle « une grande énergie peu maîtrisable », qui ressemble à de l’hyperactivité et qui l’empêche de se poser, de penser, de s’arrêter sur ses pensées noires. Son ami est très sensible, il travaille le bois, crée quelque chose de concret, c’est ce qu’elle aime chez lui.

La honte : c’est aussi un sentiment positif
La honte est une « mauvaise conscience » donc une conscience quand même, par conséquent un bel être humain. C’est une contradiction interne qui prouve qu’on a des sentiments. « Science sans conscience n’est-elle pas ruine de l’âme » (Rabelais).
Les « belles personnes » sont généralement des adultes sereins qui sont passés par l’acceptation de soi et par un travail sur les défauts et les différences et n’ont plus « c’est la honte parce c’est pas comme je veux »
M-A : « l’hypersensibilité peut être aussi une grande richesse ?»
La honte se couple avec la culpabilité, elle vient quand on est confronté à ses limites (après A) puis le doute s’installe.

Quelques pistes pour cadrer ce sentiment
K, dit qu’il faut des actes concrets pour avancer, par exemple, les démarches administratives qu’elle fait pour aider son copain, sinon, elle part dans l’hyperactivité.
Sont ressorties les pistes suivantes :
           - Coaching sur des réalisations concrètes
           - Prendre l’habitude de ralentir son rythme dans la journée, faire des coupures de synthèse perso
           - Se trouver des moyens d’expression
           - Chercher à aimer ce qu’on ait professionnellement
           - Art thérapie : « faut que ça sorte » (modelage, peinture…)
           - Les mots et maux avec un psy
           - Faire 1 liste tous les soirs pour ce qu’il y le lendemain et rayer ce qu’on a fait
           - Rencontrer des étrangers à son milieu

Il ressort aussi que chacun a un don artistique profond qui ne s’exprime pas
En conclusion, je citerai JP Sartre « L’important n’est pas ce qu’on a fait de l’homme, mais ce qu’il fait de ce qu’on a fait de lui ». Et basta, la honte !
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