Synthèse sur l'"Apitoiement"

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Antoine
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Synthèse sur l'"Apitoiement"

Message par Antoine »

Vous trouverez ci-après le compte rendu du groupe de parole Partage et Ecoute des marseillais qui était sur le thème de l'apitoiement. Cela porte à réfléchir sur nos démons intérieurs.
Par ailleurs les marseillais, toujours eux, ont mis au point un système d'objectifs individuels. Dites nous si pour vous aussi un suivi en groupe de vos objectifs peut vous aider. Nous pouvons peut être essayer de construire quelque chose.
En attendant de vous lire, bonne lecture à vous.


[center]Groupe de Parole « Partage & Ecoute » de Marseille du 3 février 2006[/center]
[center]Thème : « L' Apitoiement»[/center]  
                                                             
Ce soir, de nouvelles personnes nous ont rejoints et nous écoutons leur désarroi :
           P.et F. nous parlent de leur fille qui ne veut pas reconnaître sa maladie et qui  n’accepte aucun traitement, aucun échange avec ses proches à ce sujet. Elle n’est pas au courant qu’ils sont là ce soir pour elle.
           R.et A. leur fille a conscience de sa maladie, et veut vraiment guérir. Mais ils sont confrontés aux portes closes des médecins et ne savent plus vers qui se tourner pour avoir de l’aide. Ils pensent faire interner leur fille (de son plein gré) afin qu’elle soit suivie sérieusement.  « Son thérapeute a dit que tout allait bien puisqu’elle ne faisait que deux ou trois  crises » !!!
S’en suit un mini débat sur l’hospitalisation :
J. L’internement en clinique n’est pas une bonne solution. Pour moi c’était affreux et ça ne m’a jamais aidée. »
MC.  Oui mais pour d’autres personnes qui étaient consentantes pour y aller et se soigner, ça a marché. »

Nous revenons ensuite aux objectifs fixés il y a 15 jours et chacun avance  qui suit son régime, qui a trouvé du travail….Bravo. Se fixer des objectifs en groupe semble nous aider.

                       Nous passons ensuite au thème de ce soir :  l’APITOIEMENT.


L’apitoiement sur soi-même. Positif ou négatif ?
S.  si je m’apitoie sur moi-même, c’est que j’ai envie d’être entendue.
C.  évidemment puisque c’est un appel au secours. Mais c’est aussi reconnaître qu’on est malade.
M.  je suis d’accord car après cet appel au secours on peut expliquer les choses.
E.   Je pense au contraire que c’est négatif car lorsqu’on s’apitoie sur son propre sort, on ne fait pas partager. Ca n’apporte rien ni à soi ni aux autres.
J.  s’apitoyer c’est se trouver des excuses.
ML. Oui, c’est refuser de réagir.
R.  c’est un processus qui bloque un avancement et qui nous fait nous enliser. Car s’apitoyer, c’est se plaindre à long terme, c’est se positionner en victime et faire preuve d’une « non volonté d’en sortir ».
J.  c’est se conforter dans ce qu’on est, en effet.  


Quand l’entourage s’apitoie.
J. pour moi, c’est comme de la pitié. Cela m’est insupportable. C’est reconnaître que la personne est faible et c’est l’écraser davantage.
MC. Moi je n’arrive pas à m’apitoyer sur ma fille quand elle me dit que c’est à cause de sa maladie qu’elle ne sort plus de chez elle et qu’elle ne travaille pas. Ca me met en colère. Je pense qu’elle se cherche des excuses.
J.  quand je ne peux pas, je ne peux pas. Je ne le fais pas exprès. Je ne veux pas m’apitoyer mais ce qu’il me faudrait c’est quelqu’un qui me pousse malgré moi tous les jours hors de chez moi.  

La fin de la réunion approche. Nous décidons de remettre les objectifs à la semaine prochaine, car les parents présents ce soir, ont vraiment besoin de parler de la maladie de leur enfant et sont pleins d’interrogations au sujet de l’attitude à tenir ( faut-il lui avouer que nous sommes venus ? comment lui faire accepter l’intervention d’une tierce personne ?).

J. s’adressant à eux : « La seule chose que vous pouvez faire pour aider votre fille, c’est de lui dire et lui répéter que vous l’aimez telle qu’elle est ».        
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Re: Synthèse sur l'"Apitoiement"

Message par Ellaile »

Antoine a écrit :Dites nous si pour vous aussi un suivi en groupe de vos objectifs peut vous aider.
oui probablement...

Merci.
lui dire et lui répéter que vous l’aimez telle qu’elle est
hum... l'espoir fait vivre.
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Antoine
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Message par Antoine »


Merci Laurence

Aurélie, malgré sa lourde charge de travail, a trouvé le temps de nous faire ce compte rendu de la réunion de Courbevoie (La défense) sur l'apitoiement. Merci Aurélie et bonnes vacances à tous (enfin, pour ceux qui le sont ou en prennent).


[center]Groupe de Parole « Partage & Ecoute » de Courbevoie du 1er février 2006[/center]
[center]Thème : « L' Apitoiement»[/center]  

L’apitoiement : Fait de s’apitoyer, attendrissement, compassion.
Vb : s’apitoyer : Susciter la pitié, la compassion de. Etre pris d’un sentiment de pitié pour.


D’après la définition officielle nous avons abordé l’apitoiement sur les deux sens qu’il possède :

-          Le fait de susciter la compassion d’autrui
-          Le fait d’avoir de la compassion ou de la pitié pour quelqu’un


§          Avoir de la compassion pour quelqu’un :

F. le modérateur considère plus l’apitoiement pour son deuxième sens, en fonction de la position qu’il occupe par rapport à sa fille et son frère dans la maladie: « je vois l’apitoiement bizzarement, de trouver un plaisir dans le fait de s’apitoyer sur soi, pour que les autres nous plaignent »
« Je ne pense pas aider ma fille en ayant de la compassion pour elle ». Pour lui le fait de s’apitoyer peut apporter un soulagement provisoire, c’est un état, un sentiment, mais pas une action positive, concrète pour s’en sortir ou aider l’autre.


§         Les réactions possibles face à l’apitoiement de l’autre

Soit on peut réagir de façon compatissante face à l’apitoiement d’autrui, soit il peut y avoir des réactions moins attendus : A : « face à l’apitoiement de ma sœur anorexique-boulimique, j’ai d’abord eu de la compassion, j’étais sensible à sa souffrance, j’ai essayé de l’aider, puis je suis passé à la colère car j’avais le sentiment d’être manipulée, je sentais une demande d’aide dans cet apitoiement, mais je n’avais jamais le droit d’aider réellement ma sœur sinon elle avait une réaction forte et violente de rejet. Donc j’ai compris que le cercle serait sans fin : avoir une demande permanente d’aide, mais ne jamais avoir la possibilité d’aider. Depuis je suis plus réactive à l’apitoiement d’autrui, soit je fuis, soit je ressens de la colère, mais je ne veux pas céder et m’apitoyer sur la personne, car pour moi ce n’est pas une façon réelle d’aider ».
Si l’on s’apitoie pour un mal que l’on ressent il faut apprendre à accepter la main que l’on nous tend pour nous aider.
C’est pour cela que F. explique « de temps en temps avoir une épaule compatissante, une écoute, une aide, un regard, dans des moments difficiles est positif » mais pas de façon continue.


§         Susciter la compassion d’autrui

V. a eu des problèmes de santé enfant, elle a du être hospitalisé à maintes reprises, notamment pour de l’asthme, à l’époque, elle avait compris que sa mère était très sensible à son état de santé et attentive. V. a alors compris qu’elle pouvait s’apitoyer, sa mère angoissée pour sa santé, acceptait de faire ce que V. demandait. A l’adolescence elle se plaignait de tout, mais elle a compris « à la fin ce n’est pas positif, les gens sont lassés par des personnes négatives ». Lorsqu’elle a commencé à souffrir de boulimie, sa mère n’a pas compris sa détresse et sa souffrance, pensant presque que cela pouvait être un « caprice » alors que ce n’était pas du tout le cas, l’apitoiement était le seul moyen d’exprimer sa souffrance à ses proches.
C’est donc pour cela que l’écoute de l’entourage compte, à partir du moment où il y a une plainte exprimée, il y a forcément, quelque chose qui ne va pas : un mal être, une souffrance. C’est l’interprétation de cette souffrance qui peut être mal comprise ou causer des conflits, être nié.
M-A, ressent une « honte » à s’apitoyer sur elle, donc elle ne le fait pas, alors qu’elle en a le droit. Elle a trop souvent été confronté à sa mère qui s’apitoyait beaucoup sur elle, et prend M-A à témoin de sa souffrance, alors qu’elle n’en est pas responsable, donc ne peut pas lui apporter le soulagement qu’elle recherche. M-A résiste à cet apitoiement alors sa mère lui en veut et essaie de la faire culpabiliser .

Par l’apitoiement on exprime un mal à l’autre, on souhaite qu’il guérisse nos blessures, ou du moins qu’il en prenne conscience, alors que notre vie est entre nos mains, nos souffrances nous appartiennent, c’est à nous de décider de les soulager, pas l’autre.


§          La boulimie et l’apitoiement

La boulimie ne s’exprime pas à travers l’apitoiement, elle reste caché, la personne a honte d’exprimer sa souffrance liée à la boulimie à son entourage, alors que cette souffrance et réelle et légitime.
Aussi paradoxal que cela puisse paraître pour M-A la boulimie est la seule chose qui lui permet de « remonter à la surface pour reprendre de l’oxygène par rapport à une vie qui n’a pas de sens. »
Aussi M-D nous dit qu’elle ressent de la culpabilité à s’apitoyer sur sa situation, de ne penser qu’à la boulimie, de concentrer touts ses efforts dessus au lieu de penser à sortir, voir des amis, avoir un petit copain, un travail.


L’apitoiement est comme un signal de détresse, il permet d’exprimer à l’autre par la parole ou un comportement, ce qui nous fait souffrir, cependant c’est la façon dont nous le gérons qui peut être source de difficulté : avec excès, l’autre peut se lasser de cette demande incessante d’aide, et surtout il faut apprendre à accepter l’aide de l’autre quand elle se présente.
oceane44
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Message par oceane44 »

Bonjour,

tout d'abord c'est ma première participation à ce forum et je voulais remercier ceux qui l'ont fait car c'est si rare sur le net !.

Néanmoins, à ce sujet, je cite .....  s’adressant à eux : « La seule chose que vous pouvez faire pour aider votre fille, c’est de lui dire et lui répéter que vous l’aimez telle qu’elle est »  :-({|= .. telle qu'elle est ? c a d   " fragile, frêle, et MAIGRE
c'est pas de la compassion ça ?
faites attention cette phrase on s'en souvient que trop qd ça va mieux car la compassion transforme .. vos dires

vous pensez : je me préoccupe, nous pensons  : donc il m'aime ano & me préfère mince, :cry:  :inlove2:

c'est donc dommage de mettre cette phrase ici. merci  :soleil2:
dragonfly
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Message par dragonfly »

Bonsoir Océane,
Je pense qu'accepter qqn, tel qu'il est pour l'instant, ce n'est, à mon sens, pas de la compassion (au contraire, c'est bcp d'effort)...c'est aussi dire qu'on l'aime malgré ce qu'il est pour l'instant...lui laisser la responsabilité de son devenir en lui montrant l'exemple: "accepte toi, aime toi, comme je t'aime, moi, avec respect" ?? Peut-être qu'il ne faut pas s'arrêter à l'aspect extérieur... Qu'en penses-tu?  :-k  :silly:
MA
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