compte rendu "le dire ou pas ? L'entourage..."

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PE
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compte rendu "le dire ou pas ? L'entourage..."

Message par PE »

[center]     Le dire ou pas ? Comment l’entourage peut-il aider ? Qu’est ce qu’une famille à problème ? Pourquoi est ce que je crains toujours mon père ou ma mère ?[groupe de Marseille][/center]

Difficulté de parler

A 3.   Je n’osais pas en parler au début, car pour moi c’était honteux. J’ai vécu en Polynésie et là bas, le regard des autres n’existe pas. Ils regardent ce qui est à l’intérieur du cœur. Alors qu’ici en France, on est «matraqués de filles minces » (par les critères de la mode).  Par contre j’ai pu parler autour de moi de la maladie de ma fille (et non de la mienne) car je pense que n’étant pas concernée directement dans mon corps, je pouvais prendre du recul et en parler plus froidement.
MC.   J’ai une mauvaise expérience. Lorsque j’en ai parlé autour de moi (dans mon commerce), cela s’est retourné contre nous car les gens disaient « ces parents ne s’occupent pas assez de leur fille, ils travaillent trop et ne font pas ce qu’il faut ».
MA3.    Il faut savoir à qui le dire, seulement aux personnes qui vous aiment et qui s’inquiètent pour vous.
PA.    Oui, nos enfants doivent communiquer entre eux, mais malheureusement pour nous parents, on se cogne souvent à l’incompréhension de nos proches.
CH.     En fait pour pouvoir parler aux autres de sa maladie,  il faut d’abord l’avoir acceptée et reconnue ; régler le problème de sa culpabilité. Et puis cela dépend aussi des relations qu’on entretient avec l’entourage. Est –il capable de nous déculpabiliser, de dire « tu as le droit d’être ainsi, d’exister ». Sans ça, beaucoup de malades s’enferment en eux-mêmes.
PA.    Il faut que l’entourage proche fasse passer le message que [s]ce n’est pas honteux[/s]. C’est à eux de faire un effort de communication car bien évidemment nos filles ont trop honte pour faire le 1er pas.


Les réactions de l’entourage peuvent- elles nous venir en aide ?

CA.   Oui, car j’ai eu des amis compréhensifs et surtout de bon conseil. C’est pour ce que l’on peut en tirer qu’il faut parler à l’entourage.
SY.    Nous en avons parlé dés qu’on s’en est aperçus et j’ai finalement rencontré 90% de bonnes réactions. C’est vrai que pour la famille, ce n’est pas dans leur culture (ils ont connu la guerre et ne comprennent pas qu’on puisse ne pas manger), mais ils aiment ma fille, et pour cela, ils arrivent à accepter certaines choses (qu’elle évite les repas de famille par ex.).
CA.         Personnellement, étant boulimique, j’ai toujours voulu en parler autour de moi car c’était un appel au secours, je pensais que ceux qui m’aimaient pourraient me comprendre. Mais ma fille elle, niait son état. Il a fallu à moment donné que j’en parle à son professeur principal pour que j’obtienne un soutien de la part de tous les professeurs.
SY.     Moi aussi j’ai eu beaucoup de soutien de la part des professeurs de ma fille. Au collège comme au lycée. Pour moi il est très important d’en parler en milieu scolaire ne serait ce que pour « éduquer » les professeurs sur ce sujet et les aider à reconnaître les autres enfants atteints de TCA car il y en a beaucoup et on ne les décèle pas à temps.
FR.       Je me suis aperçue de la maladie de ma fille grâce à ma famille. J’étais prise par mon boulot et je ne voyais pas qu’elle maigrissait anormalement. Mon frère m’a ouvert les yeux. Ma famille proche a été d’une grande aide pour moi car ils ne m’ont jamais culpabilisée. Par contre, à l’école ma fille a été confrontée au regard des autres et elle a eu des réflexions très dures et méchantes (du style « elle doit avoir le sida »). J’ai dû en parler et les professeurs ont expliqué aux élèves la situation. Maintenant c’est mieux, le comportement des élèves envers elle a changé de façon positive. Je pense donc aussi qu’il est important d’en parler dans les établissements scolaires.  

L’angoisse est communicative

FR.     Certaines  personnes de ma famille ne sont même pas au courant de l’état de ma fille. En fait, j’ai toujours peur pour elle, ce qui fait que je suis toujours « sur elle », à la surveiller. J’ai aussi de gros soucis avec mon mari  qui n’a pas supporté l’état de ma fille. Et du coup, je culpabilise beaucoup et j’ai tout le temps peur, car je sens ma fille encore « trop bébé ».
PA.      Arrête de montrer tes angoisses  à ta fille.
MA3.    Parfois l’enfant ne veut pas montrer sa peur car il a en plus l’angoisse de sa maman
MA3. Peut-être que ta fille attend que tu aies un comportement plus ferme envers elle mais aussi que tu lui fasses confiance.
RO.     L’ambiguïté c’est que nos filles veulent d’une part cette fusion totale avec leurs parents, mais d’autre part qu’on les lâche…
SY.      Il y a tellement de sensibilité chez toutes ces jeunes filles qu’elles ressentent même ce que l’on ne dit pas. C’est exact quelorsque j’ai été mieux moi-même, elle est allée mieux elle aussi, c’était flagrant. Cette symbiose m’a d’ailleurs quelquefois fait peur.

En conclusion

MA3.     Quand le malade en parle, c’est un pas en avant qui permet d’entrouvrir la porte.
MC.       A l’évidence, il faut informer le système scolaire .D’accord mais comment en parler ? Car lorsque j’ai fait cette démarche dans l’école de ma fille, j’ai compris que la plupart des parents non concernés n’y comprenaient rien et pensaient seulement avec soulagement « ouf heureusement que ce n’est pas la mienne ». Alors comment organiser cette information ?

Nous réfléchirons donc ensemble pour informer déjà le collège d’Allauch. Nous allons prendre contact avec  la principale qui souhaite un RDV
Modifié en dernier par PE le 21 oct. 2006, 18:18, modifié 1 fois.
PE
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synthèse sur le dire ou pas ? L'entourage

Message par PE »

[center]Le dire ou pas ? Comment l’entourage peut-il aider ? Qu’est ce qu’une famille à problème ? Pourquoi est ce que je crains toujours mon père ou ma mère ?(réunion du 20.09 06 à Courbevoie)[/center]  

"L'histoire de chacun est particulière, spécifique, elle est liée aux histoires familiales. Sachant que chaque cas est unique, la voie de guérison est unique aussi. Les TCA témoignent d'un profond mal être ; on entretient une attitude autodestructrice.. Cela a des conséquences sur l'entourage et le regard qu'il porte sur nous.
On est profondément vulnérable, et de ce fait le regard de l'autre peut être perçu comme agressif. Cette maladie cristallise beaucoup de choses, des nœuds d'angoisse, de peur accompagnée d'une profonde culpabilité qui nous bloque complètement. L'anorexie laisse voir la maladie par la maigreur, tandis que la boulimie, qu'elle soit BV ou non, peut passer inaperçue, les conséquences physiques sont peu visibles mais tout aussi graves. Dans ce cas, l'entourage peut découvrir la maladie tardivement. Dans la plupart des cas, le trouble du comportement alimentaire est vécu honteusement, on a peur d'être jugée, étiquetée, mal compris et surtout rejeté, on n'ose pas s'exprimer librement.
L'entourage peut vraiment aider à partir du moment où il essaie dans la mesure du possible de ne pas juger. Il peut aider en acceptant de reconnaître l'enfant souffrant. Cependant la culpabilité des parents affaiblit le soutien et la médiation qu'il veulent apporter. En ce qui me concerne, j'ai préféré ne rien dire, j'ai fait une tentative mais ma mère n'était pas réceptive ou trop préoccupée ailleurs. Je pense que le manque de réceptivité, de disponibilité, d'écoute des parents peut révéler l'existence de leur profonde souffrance.
Nos parents sont des êtres humains, ils ont leur propre passé qui influe encore sur leur vie d'adulte. Etant élevée par une mère profondément dépressive, j'ai absorbé sa souffrance. Je ne pense pas que la mère puisse aider dans ce cas. La dépression d'un ou des 2 parents crée un mur entre eux et l'enfant. L'enfant se sent complètement seul et sait qu'il ne peut pas compter sur ses parents à un âge où il n'est pas encore en mesure de comprendre pourquoi. Cette blessure importante engendre plus tard, colère, sentiment d'infériorité, sentiment d'abandon. Tout cela pour dire, que pour témoigner d'une souffrance quelle qu'elle soit, elle doit avant tout être entendue. Lorsque la famille entend, accepte la souffrance de l'enfant, un vrai travail peut commencer. A ce niveau, la famille assure un soutien quotidien en plus du travail individuel thérapeutique. Les 2 soutiens sont complémentaires si chacun reste dans son rôle. Une famille à problème est une famille où les parents seraient psychologiquement indisponibles. Cela traduit un état de tension, de silence familial qui cristallise la souffrance de chacun des membres de la famille.


L nous dit qu'il n'y a pas de problème avec sa mère. Le problème est avec son père. En attente par rapport à ce dernier qui refuse de prendre sa part du problème familial. Il remet tout sur le compte du divorce. Regrette que les mères soient tout de suite la cible des médecins car elles se culpabilisent, ça n'aide pas. Elle aimerait que les médecins écoutent et "arrêtent de nous prendre pour des débiles"...
V dit tout de sa maladie à sa mère: "il n'y a qu'à elle que j'en parle". A l’impression qu’il n’y a qu’elle qui peut la comprendre. A le sentiment que sont père ne peut comprendre parce que c’est un homme. Ses parents ont très vite demandé de l'aide mais ont dû attendre 7 mois avant d'avoir un RDV avec un psy alors que cette maladie évolue très vite.
MA: "Je n'en ai jamais parlé. Ca s'est vu. Ma mère a pu poser un nom sur cette maladie qu'est l'anorexie, puis on n’en a plus jamais reparlé. Je voulais que ma mère me laisse en paix car elle m'angoissait et me faisait perdre confiance en moi. J'avais l'impression de tout porter. C'était moi...la malade, c'était moi qui avait un problème, qui était folle."
F nous dit que sa fille croyait qu’il ne l’aimait pas. Elle cherchait à manager la famille, à "prendre le contrôle de la famille", cela n'allait pas sans créer des frictions avec son père, heureusement ce père a su mettre des limites et "accepter de modifier certaines choses, accepter de changer..." Il travaillait beaucoup et n'a vu sa fille que quand elle a été très amaigrie. Il y avait déjà "une lourde histoire familiale mais aussi autre chose"... "S'y prendre très vite est très important"... F précise aussi qu'il faut "être 2 pour aider, ne pas rejeter la culpabilité sur l'autre". Pour lui, "il faut le dire pour ne pas être seul..."
M dit qu'il y a 40 ans on ne disait pas anorexie mais dénutrition. Se fait du mal parce que son père ne voulait pas la comprendre. Aurait aussi voulu le dire à sa mère mais aujourd'hui elle est malade. Pour elle c’est une maladie honteuse: "je sais tout ce qu’il faut faire mais à l’idée de redresser la barre, ça m’ancre encore plus dans la maladie"... Se croyait forte, capable de s'en sortie seule..."J’en veux à la terre entière de ne pas m’aider..."
S n’en parle pas à sa famille, sauf à sa sœur. "Les parents ont leur sac à dos", dit-elle. Ils ne sont pas près à accueillir notre problème. Ma mère est dépressive mais elle porte beaucoup de souffrances : trois générations de femmes qui ne se sont pas réalisées, sorte de fatalité dans sa famille, nous dit-elle. Depuis qu’elle va mieux, S nous dit que son amour pour ses parents est encore plus fort car elle les prend comme ils sont. "Il ne faut prendre des parents que ce qu’ils veulent bien nous donner". S pense aussi que "la malade prend pour de l’indifférence ce qui, pour l’autre, est la peur de faire un impair.»
L se rend compte qu'elle voulait changer son père. "Il faut s’accepter tel qu’on est et tel qu’est l’autre". Prendre les gens comme ils sont.
F a pris tous les membres de la famille un par un, leur a expliqué la maladie et leur a dit "si vous ne faites par l’effort d’accepter, d’aimer ma fille sans la juger, sortez du cercle". Beaucoup sont sortis !
F: "Les pères sont fuyants"...
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