TCA et dépression ? La mienne ? celle de mes parents ?....?

Cette tribune permet à l'association Partage et Ecoute, partenaire d'Enfine, de donner des informations sur ses activités et ses thèmes de réflexion.

Modérateurs : Modérateurs, Membres actifs

Répondre
PE
Enfinien avancé
Enfinien avancé
Messages : 238
Enregistré le : 16 mai 2006, 00:00
Contact :

TCA et dépression ? La mienne ? celle de mes parents ?....?

Message par PE »

[center]Compte rendu du partage du 23 mai à Amiens avec Virginie Megglé sur le thème [/center] :

La dépression: Avoir vécu une ou des dépressions antérieurement aux TCA? Elles étaient l'expression de quelles souffrances? Les TCA sont un symptôme de mal être, une défense contre des souffrances qui sont à chercher quelquefois loin dans notre histoire...faire un peu le point sur ces souffrances, occultée au présent par nos TCA, pourrait peut-être aider à en comprendre le noyau qui en est l'origine....

Bien sûr il n’y a pas eu de réponse : chaque histoire est singulière mais des pistes s’ouvrent.
Nous les avons regroupées par centre de réflexion :

Et si la dépression c’était…  
Ne pas aller dans sa vie = dépressive ?
Depression = mal à dire familial ?
Réussir tout et pourtant dépressive !

Les parents
- Parlons des pères
VM : on ne doute pas des mères puisqu’on est  certain de son origine de naissance. On a plus de doute sur la paternité. C’est pourquoi la mère est si souvent pointée. Et mise en cause. Alors que la « part » du père est aussi importante. Et que, s’il y a responsabilité, elle est partagée.
La fille a besoin d’être reconnue par son père.
Papa occupe-toi de moi et allège maman est la demande en filigrane.

- L’absence de place nette dans la famille
Je suis la mère de ma mère : elle est tellement mal dans sa peau. En grandissant je n’ai pas pu construire ma vie
Mes parents ne m’ont pas transmis l’envie de vivre

- Les erreurs que les parents peuvent éviter de commettre
En contactant mon médecin, mes parents m’ont empêchée d’être moi-même. Allez zou, une couche de maladie en plus
Un régime à 8 ans, sous le contrôle d’un pédiatre et l’incitation de mes parents …et me voilà dans les TCA.
Les parents doivent « travailler » chacun de leur côté ; pas avec l’enfant, sinon c’est de la co-dépendance.

Ce que vivent les personnes souffrant de TCA
L’anorexie est la privation du désir de vivre
La co-dépendance de l’environnement (qui le pousse à juger, contrôler…) freine la parole, la communication et aggrave la mal-à-dire
Les TCA c’est le seul moment où j’étais petite fille. Sinon j’étais l’adulte de mes parents, de ma sœur…. dit l’une
On a tellement pris sur soi qu’un jour ça craque et s’installent les TCA.
On dissimule et le corps devient une prison
Peur de mon corps, de ne plus le contrôler.
Absence de cadre du « bien se nourrir ». L’hôpital ne nous l’apprend pas

La culpabilité
VM : on se sent tous coupables ; c’est inhérent à l’être humain. On doit cultiver la non-culpabilité et ne pas céder à la pression sociale, maladivement culpabilisante

Le corps
Le corps est un organe de mémoire et il va vers ce à quoi il est habitué.
Il faut lui faire changer de registre, avec un temps d’apprentissage.
Le corps est une denrée périssable. La limite c’est de ne pas se faire trop de mal
Mettre un sens sur ses émotions en écoutant son corps : le corps aide souvent mieux que la tête.
Je suis incapable de ressentir et d’exprimer mes émotions dit l’une. Ce à quoi VM répond qu’il faut faire pour soi, pas contre l’autre. Le corps aide à sortir la violence rentrée.
Pour survivre on verrouille le corps. Les crises sont le lâcher prise.
On dissimule et le corps devient une prison.
Quand on sépare le corps, il parle et on ne peut plus le contrôler nous explique Jean Moisan qui propose des ateliers de danse thérapie pour les TCA. (hé oui, à Amiens)
De l’utilité d’explorer des solutions passant par le corps : réflexologie, hypnose, art thérapie, danse thérapie…

Apprendre à mettre un sens sur ses émotions
VM : attention à trop de lectures sur le sujet : les livres sont toujours une histoire singulière. Il faut prendre des précautions. Le danger est de s’identifier à un « format » et de chercher à y correspondre, au lieu d’apprendre à bien s’entendre soi-même et bien se comprendre.
Oser aller chercher ses zones d’ombre. Ca demande du temps mais on y arrive.
Le trop fort niveau d’émotivité qu’on reçoit avec la vie nous pousse de + en  + à aller dans le contrôle. Il faut donc apprendre à trouver de bonnes réponses à son émotivité pour ne plus avoir besoin de la contrôler (de façon anarchique) en se faisant du mal.

Faut-il vraiment aller chercher les causes ?
VM : Trop souvent on pousse à chercher la cause pour culpabiliser. Ca fait du mal. Chercher la cause ne peut être envisagé que dans la perspective d’un mieux-être. La cause ne doit pas être confondue avec la faute. Elle ne doit pas tant être prétexte à accusation que moyen de résolution. Remonter vers les origines du mal à dire peut alors aider à comprendre « ce qui a pu le déclencher », et de ce fait, à le résoudre.

Le déclic : il faut l’attendre ? il y en a toujours un ? C’est lequel pour vous ?
J’ai voulu m’en sortir pour ne pas transmettre à mes enfants.
Il n’y a pas de déclic magique.
VM : Il faut donner de la valeur à l’entêtement de rester dans la maladie pour comprendre ce que l’on cherche à dire à travers elle, arriver à l’entendre et à progressivement le dire autrement.
Pour laisser venir une situation favorable, il faut déjà avoir posé et répondu à la question préalable : ai-je vraiment envie de sortir des TCA ?
L’accès à un certain niveau de spiritualité m’a permis de me raccrocher à quelque chose nous dit l’une.
VM : l’amorce est d’apprendre à parler en « je ».

Comprendre et ne pas s’en sortir est ce normal ?
VM : trop expliquer peut enkyster
On ne peut guérir seule, sans soutien de confiance ou accompagnement.
Il faut se laisser aller, se donner du temps

La révolte des « robotisés »
VM : il faut accepter de déplaire ; il faut écouter et accepter son entêtement, même et surtout quand on est dans  la souffrance.
On dit faire le deuil mais de quelle douleur ?
VM il faut se détacher des contraintes, cesser de les traiter avec bienveillance. « Je préfère mourir plutôt que d’accepter ce que vous voulez me faire « avaler ». Mais je n’ai pas envie de mourir. Comprenez-moi, parfois je ne peux pas, je n’en peux plus. »
D’où les échecs répétés et enkystant des hospitalisations successives qui renforcent les résistances.
La maladie c’est la révolte à toutes les soumissions. C’est pourquoi un climat de confiance est indispensable pour favoriser la guérison. Et éviter l’aggravation.  

Allez, on se force un peu
VM : il y a un côté mécanique qu’on ne peut occulter dans la désintoxication. Il y a certains efforts à fournir. D’où, ici aussi, l’importance de la confiance.
Il faut lâcher son doudou que sont les TCA
Il faut se forcer à lâcher nos vieux fantômes, changer de registre.

La carence de soins en Picardie
Il y a consensus pour dire que la région est abandonnée.
L’assemblée est prête à mettre le « pied à l’étrier » à de bons praticiens.

xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx

[center]Et à Courbevoie, sur le même thème, voilà ce qui s’est dit :[/center]

Le thème de la dépression, en présence de beaucoup de parents en souffrance, s’est finalement orienté ainsi :

- L’histoire personnelle des parents et ce que nous renvoient inconsciemment les parents
La fonction pare-feu, paratonnerre prise par l’enfant et le trop plein d’émotions qui en découle
- Une relation robotisée avec les autres
- Manque de repères

Ces parents en souffrance avaient soif de comprendre. Aussi c’est surtout la voix des enfants en TCA que nous avons entendu. Chacun en tire les conclusions qu’il veut !

L’histoire personnelle des parents et ce que nous renvoient inconsciemment les parents
Phrases entendues :
Etre parfaite
Ne pas m’autoriser à pleurer
Mes parents avaient plein de projets pour moi. Ils mettaient leurs frustrations sur moi
Appels au secours non perçus
On pointait du doigt tout ce que je faisais mal
M. a décidé de s’en sortir quand elle a pris conscience que son père ne venait pas de la lune mais avait lui aussi une histoire ; elle le voyait comme le grand méchant loup ; elle a réussi à lui parler ; il a changé et la communication est meilleure ; elle n’a presque plus de crise.
S. une image négative de la vie que mène mes parents ne me donne pas envie d’en sortir ; je ne peux m’identifier à eux : mère dépressive ; père trop dans le matériel
Je ne me rendais pas compte que mon père avait une sensibilité

La fonction pare-feu, paratonnerre prise par l’enfant et le trop plein d’émotions qui en découle
Je suis devenue la mère de ma mère
Manque de repères
J’ai pris la fonction pare-feu pour que la famille n’éclate pas
Tendance à être noyée dans mes émotions ; une crise me permet de reprendre conscience que je suis en vie.

Une relation robotisée avec les autres
Essayer d’exister en rentrant dans les normes, ….toutes les normes
On se réfugie dans les anti-dépresseurs qui camouflent le mal-être et le travail personnel à faire

Manque de repères
Fin des repas pris en commun
Ma mère me coocoonait ; j’étais déconnectée de la vie matérielle comme si la nourriture arrivait dans l’assiette par miracle
Manque de repères

Un parent pose cette question : autant d’enfants, autant d’histoires. Quel es le lien entre vous, quels sont les points de convergence ? Réponse : la souffrance.
Avatar du membre
Hirondelle
Enfinien confirmé
Enfinien confirmé
Messages : 76
Enregistré le : 04 mai 2008, 00:00

Re: TCA et dépression ? La mienne ? celle de mes parents ?..

Message par Hirondelle »

PE a écrit : Les parents
- Parlons des pères
VM : on ne doute pas des mères puisqu’on est  certain de son origine de naissance. On a plus de doute sur la paternité. C’est pourquoi la mère est si souvent pointée. Et mise en cause. Alors que la « part » du père est aussi importante. Et que, s’il y a responsabilité, elle est partagée.
La fille a besoin d’être reconnue par son père.
Papa occupe-toi de moi et allège maman est la demande en filigrane.
Je rajouterai à ceci :

""Allez papa, Allez !!!!! mais quand vas-tu prendre TA PLACE,
ta place de père""

car toi non plus tu n'as pas TA PLACE,

et non pas occuper celle qui t'a été imposée, celle de rester à l'arrière du tableau,

tu restes si discret !!!!!!!!!!

Quand vas-tu enfin exprimer ton point de vue et tes sentiments !!!!!

La place d'un père est aussi celle de s'interposer au plus jeune âge de l'enfant,
entre la mère et l'enfant............
Répondre