débat 3.09 Courbevoie : estime de soi, amour de soi....

[PE]

Aujourd’hui que je suis au crépuscule de ma vie je me rends compte que souvent j’ai mélangé l’amour de moi et le narcissisme ; qu’à chaque fois que je n’acceptais pas honnêtement ce que j’étais j’ai foiré ma vie (et celles des autres par ricochet) ; que souvent j’ai géré ma vie à la « je veux », ce qui m’a empêche d’inter-agir avec mon environnement et de cultiver mon estime de moi.
De ce fait une partie de ma vie a été encombrée par une anxiété existentielle, une recherche permanente d’assurance, une peur de l’échec…...
Aujourd’hui je sais que la vie est un voyage et que si on s’enferme dans une voiture blindée on ne voit rien de rien, on n’a rencontré personne et on en ressort aigri, appauvri.
Aujourd’hui, j’accepte d’être poreuse aux autres et bientôt, un jour, je serais indulgente avec moi-même.

Et vous, vous en êtes où ?
Jacqueline

[dragonfly]

Bonjour Jacqueline,
J'ai encore pas mal de boulot à faire sur l'estime de soi et l'amour de soi, parfois je confonds avec orgueil...il a suffit qu'on me l'ait dit une fois pour que ça reste gravé...et souvent, je prends tellement de marge de sécurité que j'en reste en bas...
Tu penses que l'estime de soi se cultive avec et grâce aux autres? tu parles d'inter-agir avec son environnement...
Quelles sont les bases d'une bonne estime de soi? pour moi c'est sentir qu'on a une place dans le monde, qu'on n'est pas qu'un pion bousculé par les uns et les autres, les événements...que notre vie a un sens, et peut-être même que notre présence se repercute dans l'univers tout entier...
Alors pour chaque être qui souffre sur terre, c'est l'univers qui pleure...on parle de la terre et de la diminution de la couche d'ozone, moi j'ai peur pour l'univers...

[Hirondelle]

Bonjour

Pour ma part, L'estime de soi entraine forcément l'amour de soi.
Ce manque d'estime de soi a été forgé avec le passé, par le vécu, les remarques dévalorisantes........

Jacqueline tu dis :
"""qu’à chaque fois que je n’acceptais pas honnêtement ce que j’étais j’ai foiré ma vie (et celles des autres par ricochet)"""

Je partage ou plutôt je partageais cet idée.
Le fait de foirer sa vie et celle des autres par ricochet, est une situation
que j'ai moi-même été amenée de constater bien souvent.
Les deux points que tu soulèves en sont à la base.

Je vais essayer d'exprimer mon point de vue le mieux possible mais pas toujours facile de mettre en lettres un ressenti.

Le premier "pas honnêtement ce que j’étais", après un travail sur soi, permet de découvrir que
comme tout un chacun on a une valeur, des qualités,
(des défauts aussi faut pas se leurrer non plus)
mais ce sont points positifs qui ont été si souvent étouffés dans notre passé
pour ne mettre qu'en priorité, en valeur que les points négatifs.

Quand les situations tournent au vinaigre pour notre vie et celle des autres,
(c'est ce que j'ai pu constater en analysant les situations qui ont coutées le plus),
c'est qu'en fait, la principale chose que l'on recherche auprès des autres
c'est une reconnaissance du positif qui est en nous et qui ravive notre estime de soi.

Tant que l'on arrive à nourrir cette estime auprès des autres par leur regard, leur remarque,
qu'on est toujours "première" tout va pour le mieux, on est heureux.
Mais lorsque cette reconnaissance n'est pas ou n'est plus au fil du temps,
ou qu'un "défaut" soit mentionné, tout s'écroule d'un seul bloc
et comme dit l'expression on jette tout dehors, l'eau du bain et le bébé avec .
Et là ça rejoint ta remarque :
"j’ai foiré ma vie (et celles des autres par ricochet".
et on arrive à un :
""Tant pis, un "Na" enfantin",
et un "
"c'est vous les pas gentils,
je tourne les talons, j'efface tout ce que j'ai pu faire de bien,
en espérant vous faire du mal, mais non pas principalement dans le but de faire mal,
(parce que là c'est nous qui nous culpabilisons à mort)
mais dans le but que l'autre se culpabilise et vienne
nous complimenter sur nos qualités""
Mais là, c'est la tuile car l'autre ne revient pas et au contraire s'éloigne de nous,
alors que nous, nous restons seule, et nous pleurons lamentablement
sur notre propre sort,
que l'on est pas aimée, qu'on ne vaut rien, qu'on ne fait que des conneries..........

On est à la quête que du "parfait"
(et pour cause, c'est l'imparfait qui a régulièrement été prioritaire,
remarqué, mentionné dans la mesure où l'on était pas cet idéal que l'Autre attendait de nous enfant)

J'ai appris un peu à la fois que des défauts on en a forcément
et aussi qu'ils ne sont pas pour autant dévalorisant au point où on nous l'a enseigné.
Il faut arriver à se donner le droit à l'erreur.
Un défaut, une erreur si on en a conscience, si on le reconnait,
peut se rattraper, se récupérer se rectifier...
Et ne pas la rejeter systématique sur quelqu'un d'autre.

Au fur et à mesure que ce point là est accepté (avec le temps, jour après jour, embuche après embuche..... )
en parallèle on découvre nos qualités que chacun d'entre nous possède,
et pour lesquelles on n'attend plus d'être gratifiée comme par le passé.
Agir au mieux n'a plus besoin d'une continuelle reconnaissance des autres.
Les qualités existent et les défauts ont le droit d'exister aussi.
La perfection totale ne peut en aucun cas exister,
mais c'est ce que l'on recherchait pour être gratifiée.
Mais ces ressentis de ne pas être à la hauteur ne s'effacent pas non plus du jour au lendemain
et c'est en se reprenant d'autres claques qu'on avance et qu'on se construit.

C'est comme cela que je conçois l'estime de soi.
Elle n'est plus à chercher continuellement de le regard des autres mais
dans notre propre regard.

L'estime de soi rejoint la confiance en soi, et de là seulement naîtra l'amour de soi.

Merci de m'avoir lue

Hirondelle