Que doit-on dire ? Ne pas dire ?

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PE
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Que doit-on dire ? Ne pas dire ?

Message par PE »

Nous attendons là le point de vue des personnes souffrant de TCA mais aussi celui des parents et de l'entourage qui ne savent plus comment se comporter.

merci
Jacqueline
claire1_2
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!

Message par claire1_2 »

Bonjour! J'imagine qu'il est assez difficile de savoir comment se comporter avec des gens «comme nous» et avec les gens psychiquement malades en général. Personnellement je suis du genre à tout me remettre sur le dos et a chercher des excuses aux personnes qui m'ont blessée (il a fait ça mais il a beaucoup des problèmes, je suis nulle, c'est de ma faute...etc.). En revanche dés que je suis livrée à moi même je peux vraiment les accuser de n'importe quoi. Mais je le refoule.
À mon avis, il faut surtout éviter les remarques du genre «t'as vraiment mangé tout ça?!» ou crier très fort «mais où est passé le gâteau que j'ai fait?» après une crise (surtout si, dans le deuxième cas, on se doute du responsable.). La boulimie, pour le malade, est une honte. Je trouve qu'il n'y a pas plus horrible.
Retenez bien que c'est une maladie, en revanche cela n'empêche pas la volonté de guérir. invitez la (le) malade à prendre des initiatives, elle (il) aura l'impression (et ce ne sera pas qu'une impression) de jouer un rôle dans sa guérison.
Je me lamente sur mon nombril parce que je suis malade est une excuse facile, même si cela arrive à tout le monde, moi comprise!
Il y a un moment où vous en avez marre d'entendre geindre, c'est normal. Incitez-la à trouver des solution, changez-lui les idées...ou dites-le lui franchement! Je me souviens d'une période où je me plaignais en permanence. On me l'a fait remarquer et j'ai fait des efforts. Maintenant j'écris tout ce que j'ai sur le cœur, plutôt que de le pleurer en culpabilisant mes parents.

c'est une étape très dure, pour le malade autant que pour les proches qui le voient souffrir. Cette pathologie est vraiment une question de temps et de compréhension, deux pas en avant, un pas en arrière.

Je vous souhaite beaucoup de courage et de patiente!
respectueusement,
Claire.
krevett
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Message par krevett »

Déjà il faut que la personne se responsabilise devant la nourriture : éviter de dire "T'as pas assez pris..."
Plus vous ferez des rq plus elle se braquera.
Eviter de parler de nourriture, de quantité...

En cas d'amélioration, ne pas faire trop de compliments : "Tu as bonne mine", "Tu as l'air en forme" = tu as des formes = je suis grosse...
Pas de rq sur le physique.
Plutôt : "Tu as l'air moins fatiguée".
Ou sur les vêtements, le maquillage : "... te met en valeur". "Tu es jolie".
C'est paradoxal, mais on ne "supporte"pas d'être imparfaite, et encore moins de pouvoir avoir des qualités tellement on a une image de nous-mêmes qui est faussée.
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Gwen
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Message par Gwen »

je suis d'accord ac tout ce que tu as dit krevett!!
Meg
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Message par Meg »

En ce qui me concerne, je ne suporte pas que ma mère me dise "tu as encore maigris" ou "combien tu pèses en ce moment"? Parce que je ne peux que mentir et répondre "non je ne crois pas avoir maigri" ou "je ne sais pas combien je pèse, je ne me pèses plus" (alors que je le fais plusieurs fois par jour) pour ne pas voir la déception ou la tristesse que je lirais INEVITABLEMENT dans ses yeux.
Ce genre de question nous culpabilise et ne nous engage pas à nous confier  :-?
mother
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Message par mother »

il me semble que ça peut-être trés différent selon les périodes traversées.

Lorsque l'état physique est trés critique la meilleure des choses est qu'il y ai un "professionnel" qui s'occupe de ce problème, et dans ce cas l'entourage n'a pas à parler de poids, de repas, apparence physique et de tout ce qui s'y rapporte
Lorsque la situation est critique et qu'il n'y a aucune prise en charge, particulièrement s'il s'agit d'un ados c'est trés difficile, les parents ne sont pas des thérapeutes, des infirmières mais il y a aussi des choses qui sont inacceptables. le mieux est de prendre un temps, en dehors du temps des repas, pour discuter de ce qui est possible ou non pour chacun, d'essayer de s'y tenir sans revenir sur le sujet trop souvent, rependre rendez-vous par exemple au bout d'une semaine pour faire le point.
Pour cela on peut se faire aider par une dététicienne
l'idée étant qu'il faut éviter que l'alimentation envahisse tout dans la relation

en arrivant à responsabiliser le plus possible la personne qui a des soucis avec l'alimentation

je crois que s'il faut éviter tout commentaire sur le physique et sur les prises alimentaires, tout pouvant être interprété de façon négative, il faut aussi éviter tout jugement de valeur sur toute sorte de "performances" notamment scolaires, ou sportives

essayer de parler de choses positives en gardant toujours à l'esprit que la personne est en souffrance, même quand elle ne le montre pas, et surtout parfois lorsque l'on a l'impression que physiquement ça va mieux, ce sont des périodes où il y a une totale incompréhension, l'entourage se réjouissant d'une reprise de poids( ou d'une perte de poids) alors que la personne luttant contre elle même est en grande souffrance

garder le contact , en n'oubliant pas que derrrière l'anorexique il y a une personne. si l'on est avec quelqu'un souffrant de diabète on ne parle pas que de sucreries , ou de la pathologie...

s'accorder des temps de respiration, de plaisir simples

et, surtout  lorsqu'on est parent,  faire le ménage dans sa vie et sa relation de façon à être capable d'entendre ce que notre enfant a à nous dire, sans pour autant se sentir jugée, dénigrée, attaquée. il faut se préparer à entendre certaines choses;
savoir écouter sans pour autant chercher de solutions, de réponses car souvent il n'y en a pas


ne jamais oublier que les problèmes autour de l'alimentation sont uniquement des symptomes, que l'alimentation est leur obession, inutile d'en rajouter

garder toujours dans son discours du respect, de l'amour, de l'estime et la confiance en l'avenir sachant que même dans les pires cas il est possible de s'en sortir, même si c'est un long chemin

c'est cette approche qui m'a beaucoup aidée, mais chaque cas est unique !
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toutepetitemarie
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Re: Que doit-on dire ? Ne pas dire ?

Message par toutepetitemarie »

Bien sûr, je vais ici parler en mon nom, mais en lisant les réponses précédentes je me mets à croire que les miennes pourront être généralisées car je suis plutôt d'accord avec tout ce qui a été dit :
- effectivement, je pense que les questions sur le poids sont à éviter : elles poussent au mensonge ("non, je ne me suis pas pesée" ; "oui, j'ai pris un kilo")
- de même pour les reproches du type "tu n'as pas repris assez" : elles braquent et démotivent celui qui doit grossir - fait déjà assez pénible !
- à l'inverse, les compliments tels que "tu as bien grossi", "tu as repris des joues", "tu fais moins maigre" sont aussi difficiles à entendre : même s'ils signifient en réalité "tu as meilleure mine", on ne peut s'empêcher de penser que notre prise de poids, pour qu'on la remarque à ce point, est trop importante
- par rapport à la boulimie, il vaut mieux, en effet, passer sous silence la disparition des paquets de gateaux dans le placard : cela n'amène que de la honte mais n'empêche de toute façon pas le sujet de recommencer

De manière générale, je préfère que mon entourage n'aborde pas le sujet : en revanche, lorsque j'ai besoin d'être rassurée et encouragée, il m'arrive d'en parler de moi-même. Par exemple : "tu as vu, j'ai mangé X trucs, c'est bien non ?". Même si cela peut sembler complètement anodin, voire insuffisant, dans ces cas-là, j'attends que l'on me complimente et que l'on soutienne mes efforts.

( je parle ici du point de vue d'une malade, mais c'est certainement très compliqué à mettre en oeuvre pour l'entourage, bien sûr, à la place duquel je ne peux pas me mettre : j'écris donc cela à titre indicatif et pas comme s'il fallait absolument l'appliquer ! )
cathpeti54
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Re:

Message par cathpeti54 »

krevett a écrit : 30 avr. 2010, 12:26 Déjà il faut que la personne se responsabilise devant la nourriture : éviter de dire "T'as pas assez pris..."
Plus vous ferez des rq plus elle se braquera.
Eviter de parler de nourriture, de quantité...

En cas d'amélioration, ne pas faire trop de compliments : "Tu as bonne mine", "Tu as l'air en forme" = tu as des formes = je suis grosse...
Pas de rq sur le physique.
Plutôt : "Tu as l'air moins fatiguée".
Ou sur les vêtements, le maquillage : "... te met en valeur". "Tu es jolie".
C'est paradoxal, mais on ne "supporte"pas d'être imparfaite, et encore moins de pouvoir avoir des qualités tellement on a une image de nous-mêmes qui est faussée.
En fait les trop superlatifs ne sont pas les bienvenus quand on s'adresse à une personne car soit cette dernière se la pète, soit elle va prendre ça comme de l'ironie.
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Re: Que doit-on dire ? Ne pas dire ?

Message par Ecoute »

Sinon, il est peut être judicieux d'être à l'écoute de ces personnes, de leur montrer qu'elles sont importantes, que leur personne et leurs actes ce n'est pas pareil. A mon humble avis ce qui est destructeur c'est les reproches basés sur leur comportement face à l'alimentation. Cela revient à leur dire que vous ne comprenez pas que ce n'est pas cela leur problème. (En tous les cas pour ce qui est de leur psyché) Une personne qui ne mange pas on peut parfaitement la nourrir par sonde. Mais essayez de lui donner l'envie d'être heureuse ou le sentiment de sécurité.
L'anorexie ce n'est pas une maladie qui s’attrape comme un rhume. Ce n'est pas une volonté de destruction par pure contradiction. Ce n'est pas un manque de force, d'intelligence ou de volonté.
C'est une stratégie (aussi fou que cela puisse paraître) qui permet aux personnes concernées de tenir bon. Une stratégie mortifère mais une stratégie tout de même très élaborée. Le jour où tout le monde arrêtera de croire que l'anorexie= une personne qui ne mange pas et la boulimie= un goinfre. Le jour où les aspects émotionnels, sexuels, d'attachement, d'identité...seront compris comme faisant partie intégrante, peut être que les forums comme celui-ci n'existeront plus. Parce qu'il faut bien l'admettre, il y a un vrai problème de société lié aux TCA et à toute autre troubles psychiques d'ailleurs. Les gens et surtout les filles apprennent toute leur vie qu'il faut faire attention à son poids, faire des régimes, que l'apparence est la seule chose qui compte dans la vie. Même les jouets conditionnent les enfants dans cet état d'esprit. (J'ai lu quelque part que les barbies ont une silhouette inhumaine en terme de maigreur par exemple) Sans parler des réflexions du type "tu as grossi" qui peuvent être dévastatrices pour les enfants et ados. Et cela passe et sans mauvaise foi pour de la plaisanterie.
En résumé, si vous voulez bien vous comporter avec une personne atteinte de tca ou d'autre chose d'ailleurs, voyez la normalement. Parce que vous pouvez me croire : tout le monde a des troubles : ils s'expriment juste différemment d'une personne à l'autre. C'est les médias et la société qui pousse le monde à voir les défauts des personnes comme des faiblesses et comme des bêtes de foire pour oublier ses propres faiblesses.
nanouch31
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Re:

Message par nanouch31 »

Exactement valoriser la personne permet d'accentuer la confiance en soi. Je vous suis dans votre raisonnement.
maria 85
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Re: Que doit-on dire ? Ne pas dire ?

Message par maria 85 »

Il semble que vous ayez une compréhension profonde et empathique des défis auxquels sont confrontées les personnes souffrant de troubles psychiques, notamment de la boulimie. Votre capacité à reconnaître à la fois la souffrance des personnes malades et les difficultés rencontrées par les proches est très louable.

Il est effectivement essentiel de reconnaître que les troubles psychiques, y compris la boulimie, sont des maladies qui nécessitent compassion, soutien et traitement approprié. Il est également important de ne pas minimiser la volonté et la capacité des personnes malades à guérir, tout en reconnaissant que le chemin vers la guérison peut être difficile et parsemé d'obstacles.

Votre conseil d'encourager les personnes malades à prendre des initiatives dans leur processus de guérison est précieux. Donner aux personnes concernées un sentiment d'empowerment et de contrôle sur leur propre traitement peut être extrêmement bénéfique pour leur bien-être mental et leur rétablissement.

De plus, votre expérience personnelle de reconnaître et de faire des efforts pour surmonter les moments de plainte excessive montre votre résilience et votre capacité à prendre des mesures positives pour améliorer votre propre situation.
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