Boulimie, ne sais plus trop quoi faire...

[valentinede59]

Bonsoir à toutes et à tous,

J'ai 18 ans, et cela doit bien faire 2 ans que la boulimie est devenue un sacré problème dans ma vie... Un problème qui a pris une ampleur que je n'imaginais pas. Depuis toute petite, c'est comme ça: j'aime la bouffe. J'aime manger sucré, prendre -et reprendre- du dessert, grignoter, picorer des bonbons, étaler une généreuse couche de pâte à tartiner sur mes tartines... Même si mes parents étaient assez sévères de ce côté là, je ne me suis jamais privée, et ça me convenait très bien! A l'adolescence (dès la 5ème), les mauvaises habitudes ont vraiment commencé à s'installer: mes parents étaient en plein divorce, je l'ai assez mal pris, et traversé une assez sale période. Mais la nourriture était toujours là pour compenser cette mauvaise passe, avec toujours une prédilection pour le sucré. A cette époque, j'avais beau manger n'importe quoi, je ne grossissais pas, et restais très mince.
Et puis, j'ai commencé à prendre la pilule... Cette chère pilule qui m'a fait prendre ** kilos: je suis passée de **à ** kilos pour 1,** mètre. Ca reste (car je suis toujours dans ces eaux là) raisonnable, mais à partir de ce moment là, j'ai commencé à avoir peur de grossir encore. Alors j'ai eu des périodes ou je faisais extrêmement attention... pour au final finir frustrée et commencer de réelles crises de boulimie. J'ai alors commencé à me faire vomir, et c'est depuis ce temps là que ça ne va plus.
Pourquoi ces crises? Mes parents faisaient (globalement) des repas équilibrés, mais dès que par malheur j'étais seule chez moi l'après-midi, j'allais ouvrir les placards et tout dévaliser. J'ai commencé à utiliser mon argent de poche pour faire des provisions... Mes parents voyaient que les placards étaient vidés en une après-midi, mais ne se sont jamais inquiétés et ont eu chacun leur propre méthode: l'humour pour mon père, le dédain et la pitié pour ma mère ("il serait peut-être temps que tu fasses attention à ce que tu manges, sinon tu vas devenir obèse ma fille!").
Mais ça serait mentir de dire que je suis sans arrêt en crise. Cela arrive par période: quand je me mets au régime (ce qui ne dure en général pas plus d'un mois, après je reprends les mauvaises habitudes), quand l'été arrive...
Quand ce n'est pas le cas, mon alimentation habituelle est désastreuse: je mange beaucoup de pâtes (vie étudiante oblige...), de biscuits, desserts, pâte à tartiner, chocolat... et tout cela à n'importe quelle heure du jour et de la nuit.

Il y a à peu près 2 mois et demi avec le retour des beaux jours, j'ai eu envie de changer tout cela: j'ai eu une soudaine envie de profiter de la vie et de ne plus me prendre la tête, et d'adopter un mode de vie sain! Ma motivation était sans faille. Je n'ai pas commencé de "régime": j'ai juste demandé à ma mère de se débarasser des trucs sucrés, commencé à manger des légumes, des fruits en cas de petite fringale, boire beaucoup, prendre mon temps lors des repas, les apprécier, et faire un peu de sport (mais vraiment le minimum). Et cela a payé: j'ai commencé à mincir! Au bout de 2 mois et des poussières, j'ai perdu * kilos. Ce n'est peut-être pas beaucoup pour certaines, mais j'en étais très heureuse, car je n'avais pas fourni d'horribles d'efforts, et que je me sentais beaucoup mieux dans ma peau.

Jusque là, tout va bien! Mis à part le fait que j'ai commencé à ne plus penser qu'à cela, et par conséquent à refuser d'aller manger chez mes copines (pour éviter la pizza du midi), au restaurant... Et je ne tolère plus les gros écarts, et continue malheureusement de me faire vomir dès que j'estime que j'en commets un. Dès que je me retrouve "lâchée" dans un environnement où il y a du sucre, je ne peux plus me maîtriser: j'engloutis TOUT. Pâques, apéro... Rien n'y échappe. Mais depuis 2 mois, je dois dire que je ne me suis que très rarement "lâchée", cela a du arriver 5-6 fois, pas plus...

Mais depuis une semaine, la crise se faisait sentir. Je ne pensais qu'à la bouffe, surtout le soir avant de me coucher... J'avais une envie folle de sucré. Je pense que cela est du au fait que j'ai fini les cours (je suis en révisions), donc du coup je suis sans arrêt chez moi à tourner en rond... Aujourd'hui, après le déjeuner, je suis entrée dans une sorte de transe, et je ne pensais qu'à une chose: MANGER. Sans réfléchir une seconde à ce que je faisais, j'ai mis mon manteau et mes chaussures et suis partie à la hâte au magasin le plus proche où j'ai acheté 4 plaques de chocolat, un paquet de brownies, un paquet d'oeufs en chocolat, 2 paquets de biscuits et 4 éclairs au chocolat... J'ai honte rien que d'énoncer cette liste. Je suis rentrée chez moi, et vous vous doutez de la suite. Bon, je n'ai pas réussi à tout manger, "juste" les éclairs et un paquet de biscuits. Après, j'ai directement été me faire vomir, j'ai même pris une célèbre pilule (je ne sais pas si j'ai le droit de citer la marque) diurétique.

La, j'essaie de relativiser. Je me dis que ce qui est fait est fait, que j'ai vomi, et donc que je ne vais pas prendre * kilos d'ici demain, que je vais faire attention les jours qui arrivent, me débarasser de la nourriture qu'il me reste (peut-être les donner à un SDF) et puis enfin arrêter de me prendre la tête. Mais qu'est-ce qui me dit que ça ne va pas recommencer demain, après-demain? Je n'en peux plus. Pourquoi moi, pourquoi nous? Pourquoi autant de pression face à la bouffe? Pourquoi cette obsession de grossir? J'en ai marre de me faire vomir, ça me dégoûte et ça me fait peur quand je pense à la tournure que cela prend.

Je suis désolée: ce récit était un peu long, mais j'ai vraiment besoin de parler... Si d'autres sont dans le même cas que moi, désirent partager leur expérience, prendre contact sur ce forum afin que l'on se soutienne, je pense que ça vaut le coup et qu'on y serait gagnantes... L'avenir est déjà tellement incertain, je ne veux pas que ça continue comme ça et que la boulimie le menace.

Courage à toutes,

Val.

Message modéré : Merci de respecter la nétiquette. Eviter les rapports taille/poids.

[Gwen]

Bonjour Valentine,

On est nombreuse dans ce cas-là ou la nourriture envahie tout notre espace interieur et "exterieur" parfois...
Seulement, on est seule à la combattre interieurement et c'est parfois très douloureux.

J'ai connu l'anorexie puis la boulimie et ce que je peux retenir, c'est que je comblais ma vie "de nourriture" pour ne pas penser à autre chose (douloureuse ou angoissante), et comme cela, je "controlais" un peu ma vie...je dis bien "un peu" car finalement, on contrôle rien du tout, on perd pied et c'est la maladie qui nous contrôle...

Il faut peut etre que tu reflechisses a ce qui t'angoisses : ton avenir? d'etre seule?
Ne te coupes pas de tes amies car ils ont un rôle important ds ta recherche de mieux-être car être avec eux te permet de te maintenir dans la société, de faire des choses en pensant moins a la nourriture même si cela reste angoissant à se dire que tu vas manger plus gras ou plus sucré...

N'hesites pas à en parler a ton medecin traitant, voir de consulter un nutritionniste et s'il y a des choses qui te font souffrir interieurement, consultes un psychiatre pour mieux comprendre pourquoi tu as besoin de ce contrôle.
Cela te fera gagner peut etre des années plutot que de rester enfermer dans ce cercle vicieux....

Gardes des repas sains et equilibrés qui te permettent de moins avoir faim, cela n'empeche pas les envies de crises de boulimie mais cela restreint un peu...
Qd on est mal interieurement, on mange pour oublier, pour ne pas penser, est ce cela que tu ressens?

bon courage, et bats-toi!

[valentinede59]

Merci pour ta réponse, cela m'a fait beaucoup de bien. Ma dernière crise a été terrible, et j'ai tellement souffert que j'ai décidé de ne plus me laisser faire!

A vrai dire, j'ai toujours été angoissée et très très timide. Les cours, les activités extrascolaires... J'ai toujours eu une grosse pression sur mes épaules de la part de mes parents, donc j'ai une peur terrible de l'échec.

La j'ai mes examens de droit la semaine prochaine, je crois que ça y est pour beaucoup dans ces dernières crises... En effet, les révisions ne se passent pas au mieux, je ne m'en sors pas! Alors pour "compenser", je mange... Et du coup je ne pense plus qu'à ça, ce qui me stresse encore plus pour mes exams, alors je mange encore... Un vrai cercle vicieux!

Je pense à aller voir quelqu'un de qualifié pour en parler, une fois que mes épreuves seront finies et si la situation ne s'améliore pas. As tu réussi à t'en sortir toi? Le contact avec un professionnel est-il une aide?

En tout cas, merci infiniement pour ton soutien

[Gwen]

salut!

comment vas tu depuis?
As tu fini tes examens?
C'est sur que la periode est propice à "se refugier" sur la nourriture, je l'ai fait aussi et c'est vraiment difficile de se concentrer sur les revisions du coup...

oui, un professionnel peut t'aider a mieux comprendre pourquoi tu as besoin de la nourriture ds les moments de stress et aussi ds d'autres moments!

N'hesites pas à prendre contact avec qq'un, l'attente est parfois longue.
Moi en tout cas, cela m'aide ds le sens ou j'ai l'impression d'etre entendu et comprise, et aussi c'est l'espace ou je peux tout dire.Cela me fait du bien qd je sors de chez le psy.

bonne continuation et bon courage pour les exams s'ils ne sont pas finis!!

[valentinede59]

Bonsoir Gwen,

Tout d'abord, merci de prendre de mes nouvelles, ça me va droit au coeur; et pardon du temps de réponse!
Les examens se sont bien passés, les résultats sont tombés il y a quelques jours et c'est bon, j'ai eu mon année
Et toi, comment vas-tu?

Au niveau de la boulimie, il y a eu pas mal de remous de mon côté. En effet, depuis mon post, j'alterne les périodes où tout se passe bien (mode de vie sain, bien dans ma peau, etc) et les périodes où tout dégénère... Donc forcément avec des épisodes boulimiques. J'ai d'ailleurs fait une crise aujourd'hui, et j'ai pris la décision d'aller voir quelqu'un, car je pense que je ne tiendrai pas longtemps comme ça... Le problème, c'est que je ne sais pas vers qui me tourner, quelles démarches entreprendre. Je ne sais pas si je dois mettre mes parents au courant (j'ai des relations assez tendues avec eux), et même si je fais du baby sitting de temps en temps, je ne sais pas si je pourrais prendre en charge le prix des consultations... Et puis qui aller voir, d'abord, psychologue, psychiatre...? Je suis un peu perdue! En tout cas j'espère que cela m'aidera, je compte vraiment m'en sortir.

J'espère que tout va bien de ton côté,

Val.

[juliane]

Bonjour,

Ca fait 10 ans que je suis boulimique. Et cela fait 2 ans que je lutte. C'est la première fois que je fais la démarche de parler de cela avec d'autres personnes concernées; Je ne sais pas trop comment on s'y prend, je suis un peu perdue, je n'ai pas l'habitude. Je cherche juste un peu d'écoute de la part de personnes qui vivent la même chose, la même lutte, les mêmes désillusions, les mêmes espoirs, bref les mêmes montagnes russes. J'espère avoir quelqu'un qui me réponde.
A plus tard.
Juliane

[valentinede59]

Bonsoir Juliane,

Je tenais simplement à te souhaiter la bienvenue, et à te dire que tu n'es pas seule. C'est aussi une grande première pour moi: depuis que j'ai découvert enfine, j'ai arrêté de me voiler la face et j'ai admis qu'à 18 ans, j'ai un sérieux problème de boulimie. Avant, je n'en avais jamais parlé à personne...

Alors si tu veux parler, si tu veux partager ton histoire, si tu veux qu'on se soutienne, n'hésite pas. J'ai aussi un grand besoin de parler, et je suis sûre que nous sommes nombreuses dans ce cas.

Courage et à très bientôt j'espère,

Val.

[titetiti49]

bonjour, je m'apelle laetitia, j'approche les 20 ans dans 1 mois. j'ai déja posté quelques messages sur ce forum il y a quelques mois et je continue à vous lire quotidiennement mais ce soir j'ai décidé de recommencer a écrire car cela m'avais aidé, j'avais pu trouvé du soutien, conseil.. donc j'ai été anorexique en 2008 et depuis juillet 2010 je suis tombée dans la boulimie (vomitive depuis janvier). je suis en première année d'école d'infirmière mais j'ai décider d'aaréter mes étude debut juillet et de validé mon année en tant qu'aide soigante car je n'arrrive pas à tout gérer psychologiquement (pression des cours,stress des éval, boulimie...). je ne sais pas si j'ai fais un bon choix, on verra bien. en ce moment je suis vraiment perdue par rapport à moi même. je ne sais plus quoi faire pour m'en sortir, est ce qu'une hospitalisation serait nécessaire?je n'en ai pas envie mais peu etre que ça peut etre une bonne solution (j'ai déja été hospitalisé 6 mois en 2008 pr mon anorexie). la je suis rendu a un stade ou je fais des crises a longueur de journée quand je n'ai pas cours et autrement c'est minimum 2 fois par jour avec vomissement à chaque fois. Il y a des jours ou j'arrive plus ou moins à le controler mais les crises reviennent vite me hanter. voila mon pti début d'histoire. j'espère qu'on pourra s'entraider pour vaincre ce conbat perpétuelle. gros bisous à tous

[alex86]

Bonjour à tous et à toute,

C'est impressionnant de se retrouver dans vos messages. Je m'appelle Alexia, 24 ans et la boulimie-l'anorexie me pourrie la vie depuis près de 10 ans! perte de poid puis grosse reprise, régimes à tout va, complexe et l'enfer commenca! des crises de plus en plus nombreuses, regret, haine et dégoût de soit qui en découle, voici le quotidien d'une malade incomprise par ses proches. Je sais que la nourriture représente pour moi une alternative: elle me permets d'etouffer mes émotions, de me remplir d'un manque d'amour et de m'envelopper d'une couche de graisse qui me dégoute!!! on veut maigrir mais on mange comme 4 et on finis au dessus de la cuvette, tel est l'ambiguité de cette maladie. Alors je suis ouverte à toute aide, conseils et pour toute informations me permettant de me rétablir! enfin, connaissez vous des réunions qui permettent de partager de se problèmes!

merci

[Gwen]

bonjour!

Valentine, bravo pour tes examens!!

Concernant ta prise en charge, tu peux soit prendre rdv chez un psychiatre qui est remboursé ou alors auprès du CMP le plus proche qui est gratuit. As tu deja fait qq demarches? Comment vas tu? tjs une alternance de periode que j'appelle souvent "tout ou rien"...
C'est difficile de traverser ces moments car a chaque fois, on perd espoir qu'un jour on se sente mieux, mais si tu te fais aider pour mieux comprendre pourquoi tu as besoin de te refugier dans les tcas, tu devrais reussir à aller mieux ds ta tête et accepter peut etre d'etre à un certain poids pour ne pas trop rebasculer dans les crises de boulimie.

Bienvenue Alex, Juliane et rebienvenue a toi Laetitia!

[Gwen]

Alex, concernant des reunions, je me suis faite aider a un moment donné par des groupes de parole et en effet, ca fait vraiment du bien de ne pas se sentir seule a vivre cela.

Renseignes soit aupres des "maisons pour ados" car souvent, ils organisent des reunions et cela ne concernent peut etre pas que les "ados" mais aussi les jeunes adultes!
Sinon, il y a aussi les OA, "Outremangeurs Anonymes" qui fonctionnent comme pour les alcooliques anonymes.

bon courage

[valentinede59]

Bonjour Gwen,

Merci de prendre de mes nouvelles, ça me fait plaisir. En ce moment, c'est exactement ce que tu décris, des périodes de "tout ou rien"... Parfois la journée commence bien, et puis je craque, cela finit en crise de boulimie. Alors que la majorité du temps, je n'ai pas faim! C'est ça qui me tue. Je mets ça sur le compte de l'ennui (je n'ai rien eu à faire pendant le mois de Juin): je tourne en rond chez moi, alors je mange... C'est un cercle vicieux: je commence à manger une cochonnerie, et puis je me dit "puisque j'ai craqué la dessus, autant me faire plaisir à 100%, de toute façon je me ferai vomir après". Sauf que mon corps commence à crier au secours!

Depuis quelques jours, cela va mieux: je maîtrise les choses (hier, j'étais prête à aller au fast food à 23h, mais j'ai réalisé que ça ne valait pas le coup de me faire subir ça. C'est déjà comme une grande victoire!), je me prépare des repas équilibrés... Je vois mon copain vendredi et samedi, je pars en vacances une semaine dimanche, après je commence mon job d'été, et enfin je pars en vacances avec mon amoureux! Ca me rassure, ça me motive: j'aurai quelque chose à faire, je serai entourée... Bref: ça va mieux De ce fait, j'ai décidé d'aviser concernant la consultation d'un spécialiste, si je vois que la situation ne s'améliore pas pendant et après les vacances, je prendrai le taureau par les cornes!

J'ai décidé de ne plus me laisser marcher dessus par la boulimie. Le "plaisir" ressenti lors des crises vaut-il le dégout qui s'en suit, l'obligation de se faire vomir, le mal-être? Je ne pense pas... Alors oui, hier j'ai été au restaurant, oui j'ai pris du dessert (des profiteroles), oui j'ai apprécié, et je n'ai pas été vomir. Et c'est comme si mon corps me disait "ouf", de toute façon, je ne sais pas s'il aurait supporté ce rythme infernal encore longtemps... J'espère que je vais garder cette motivation, mais au fond de moi, je sais que cela n'appartient qu'à moi!