Présentation ; mon histoire, la maladie

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laura0687
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Enregistré le : 10 avr. 2012, 22:38

Présentation ; mon histoire, la maladie

Message par laura0687 »

Bonsoir à tous et toutes

je me suis inscrite il y a peu sur le forum et je n'ai pas vraiment pris le temps d'y être active ni même de me présenter

je vais donc tenter de réparer mon erreur, pour que vous puissiez un peu plus me connaître, et qui sait peut être que quelques uns et unes d'entre vous prendront contact avec moi et m'aideront un peu à sortir de mon sentiment d'isolement et de solitude.

J'ai aujourd'hui 25ans, je suis originaire de Nice mais vis sur Cannes depuis septembre dernier avec mon copain
Je n'ai plus d'emploi depuis cette période et me considère malade depuis maintenant 10ans

Pour les origines de la maladie en elle-même et que je considère comme le déclencheur de ma maladie ; tout cela s'est passé une journée de juin.
C'était en 2002, la veille de la première épreuve du brevet des collèges, j'avais 15ans.
J'étais chez mes parents l'après-midi pour réviser, mes soeurs elles étaient à l'école et mes parents travaillaient.
J'étais tranquillement allongée sur le canapé du salon à regarder les demies-finales de la coupe du monde de football (j'adore ce sport!) quand j'ai entendu frapper à la porte.
J'étais étonnée car je n'attendais personne. Mais parfois je savais que ma voisine du dessus passait à l'improviste et je me suis dit que ça devait être elle.
Cependant lorsque j'eus ouvert la porte, ça n'est pas une ado que j'entrevue mais bien un garçon; en l'occurence mon petit copain de l'époque. J'étais très heureuse de le voir même si j'aurais tout de même préféré qu'il m'en parle auparavant. C'était d'ailleurs la première fois qu'il venait chez moi, la plupart du temps on se voyait au collège ou bien dans un jardin pas loin de chez moi. Cela faisait 3ans que nous étions ensemble. Je l'aimais vraiment très fort.
Je me voyais déjà fonder une famille avec lui, vieillir auprès de lui.
Il m'acceptait et m'aimer telle que j'étais. Il me permettait de ne plus faire attentions aux moqueries et aux remarques que l'on me faisait au collège concernant le fait que j'étais en "formes" , avec de la poitrine , des hanches et des fesses ; alors que toutes les autres n'étaient que des fils de fer.
En plus j'étais la première de la classe alors les intellos sont assez mal vus..

Donc il était venu pour passer l'après midi avec moi; cool on pourrait profiter d'un petit moment à deux et regarder le foot tranquillement avais-je pensé.
Est ce que j'étais trop idiote pour ne pas avoir envisagé qu'il était venu pour autre chose?
A cette époque je n'y avais même pas songé; nous n'en avions d'ailleurs aucunement parlé ensemble avant.
Nous avons donc commencé à nous embrasser comme d'habitude puis rapidement il a voulu aller plus loin dans les rapprochements.
Je me suis relevée, disant que je n'étais pas prête, que je ne voulais pas et que nous devions nous arrêter aux calins et autres baisers tendres.
Mais il n'en a pas tenu compte.
N'ai je pas crié non assez fort? Je ne sais pas...
Ces minutes ont été les plus longues de ma vie..J'ai du faire des choses que je ne voulais pas , qui m'ont dégoutée de cela à tout jamais (enfin jusqu'à ce jour c'est le cas), et qui m'ont aussi fait me détester à un plus haut point.
Ensuite quand nous en avons fini, je me suis assise sur le bord du canapé pour pleurer et lui et reparti sans dire le moindre mot,sans adresser le moindre regard.

Je n'eus pas vraiment le temps de m'apitoyer sur mon sort car je devais aller récupérer mes soeurs à l'arrivée du bus scolaire.
Je fis donc comme si de rien n'était.
De toute façon qu'aurais-je pu faire d'autre?
Mes soeurs avaient 8ans et moins.
Quand à mes parents; d'un côté mon père passait la majeure partie de son temps à son travail; tandis que ma mère elle lorsqu'elle rentrait du bureau ; allait systématiquement dans sa chambre, soit parce qu'elle était fatiguée soit parce qu'elle avait mal au ventre ou ailleurs..
Je n'ai jamais pu être proche d'elle et nous n'avons jamais parlé d'autre chose que de mes résultats scolaires. Je ne me voyais vraiment pas lui confier ce qu'il m'était arrivé cette après-midi là.

Le soir , au moment du repas il y eut un autre moment marquant pour moi.
Nous étions mes soeurs et moi à table; (mon père rentrait plus tard de son boulot et ma mère mangeait rarement le soir), ma mère venait de servir mes soeurs et moi je venais tout juste de me servir ma première cuillère à soupe de riz; j'allais m'en servir une seconde quand ma mère dit simplement "stop! ca suffit! tu ne crois pas que tu es déjà aussi grosse qu'un éléphant?" (je faisais 57kg pour 1m68, dont un 95D de poitrine) mais je reçu comme un second coup de poignard dans le coeur. Ma mère venait de confirmer ce que j'entendais chaque jour par les autres personnes que je cotoyais.
Je n'ai pas pu finir mon assiette et suis allée me coucher, totalement perdue

J'ai perdu une vingtaine de kilos en 2mois et jamais personne de ma famille n'a voulu en parler avec moi; je ne me voyais pas perdre de poids mais eux ne pouvaient pas ne pas le voir!

J'ai été hospitalisée une première fois en pédopsy juste après la rentrée au lycée après avoir fait un malaise en cours de francais, mais cela n'a rien donné. J'étais dans le déni de la maladie à cette époque (je n'avais d'ailleurs jamais entendu ce mot avant que le médecin ne me parle d'anorexie) et j'ai très mal vécu le contrat de poids, l'isolement total de la famille, etc...
je n'ai parlé de mon viol que lors de ma première hospitalisation en service pédopsy , quelques mois plus tard. à ce moment là, la psy qui me suivait ne m'a alors fait parlé de cet évènement que pendant une seule séance pour ensuite se focaliser sur ma situation et mes relations dans ma famille.
j'ai été hospitalisée pendant 3mois mais en vivant très mal la coupure totale avec ma famille.
n'arrivant pas à reprendre du poids assez vite, et les autres patients, me voyant particulièrement touchée par cela, m'ont poussé à manger en cachette des sucreries qu'ils rapportaient de leurs permissions pour sortir plus vite.

j'avais l'impression que l'équipe médicale ne se focalisait que sur la prise de poids et ne m'aidait pas à avancer psychologiquement .
ils avaient fait en plus sortir des choses à mes parents en rendez vous qu'ils avaient avec eux dont je n'étais pas au courant, et dont ils me reparlaient ensuite.
par exemple je ne m'étais jamais posé la question concernant le fait que je portais le nom de famille de ma mère et non pas celui de mon père (je pensais que vu qu'ils n'étaient pas mariés cela était possible que je porte celui de ma mère) en fait , alors que ma mère était enceinte, mon père qui était venu en france en tant qu'étudiant en droit a dû rentrer en Algérie car sa famille voyait d'un mauvais oeil qu'il soit avec une française. ce sont mes grands-parents maternels qui m'ont reconnue à la naissance. mon père n'est revenu que 5ans plus tard, ayant bien réfléchi et ce contre l'avis de sa famille.
lors de différentes permissions j'ai essayé de parler de ça avec mes parents mais ils se sont braqués. pour eux mon problème n'a aucun rapport avec le passé; la maladie serait tombée du ciel.
j'ai aussi eu de gros moments de tristesse avec eux car ma mère m'a dit notamment que je lui avais gaché sa vie; que ma naissance était un accident et quelle n'avait pas pu finir ses études et faire le métier qu'elle voulait à cause de moi.

j'ai appris que j'avais passé la majeure partie de mon enfance chez les nounous ou chez mon oncle et ma tante avec qui je suis plus proche que ma mère.
je dis j'ai appris car je n'arrive pas à me rappeler de cette période de 0 à 7ans.

j'arrive à parler assez ouvertement de tout cela maintenant, mais je ne comprends toujours pas ce que j'attends, ce que je recherche et ce qu'il faut que je fasse pour me sortir de cette maladie

jamais les médecins ne m'ont aidé à chercher, à comprendre ce qui faisait que je me sentais bien dans la restriction, le contrôle, puis le relâchement par la boulimie

mes parents lorsque j'étais chez eux mettaient des cadenas sur les placards, enfermaient les provisions dans le cellier, fouillaient ma chambre tous les soirs pour voir si je cachais de la nourriture. ils m'ont traitée de monstre.ils m'ont dit que je détruisais la famille

cela m'a confortée dans mon manque total de confiance en moi, dans mon dégoût de moi-même, dans ma détestation.

j'ai été profondément touchée lorsque j'ai appris que ma mère avait violé mon intimité en lisant mon journal intime alors que j'étais à l’hôpital.
lorsque je suis rentrée chez eux la première chose que j'ai faite a été de le brûler dans la cheminée de la maison.

j'ai aussi été traitée de prostituée par mon père car il ne comprenait pas comment je pouvais trouver de l'argent pour me payer les biscuits et autres friandises pour mes crises, alors qu'ils ne me donnaient pas d'argent.

je suis plus proche de mon père que je ne le suis de ma mère.
mais il passe énormément de temps au travail et il n'était jamais présent le soir.
au début de la maladie il a semblé motivé pour m'aider à aller mieux mais les mois ont passé et il n'a plus accepté le rôle de médiateur entre ma mère et moi que les médecins voulaient qu'ils prennent.

j'ai eu une deuxième hospitalisation dans le même service deux ans plus tard, et cette fois ci au moment d'en ressortir j'avais comme projet d'aller dans une clinique pour y rester jusqu'à la fin de l'année scolaire et tenter d'obtenir mon bac, les médecins ayant compris que mon environnement familial était particulièrement néfaste.

j'ai donc pu faire mon dernier trimestre de terminale dans cette clinique qui ne se trouvait qu'à une demie heure du domicile de mes parents.
les 3 premières semaines je faisais l'effort de retourner les voir en permission durant le week end, mais comme à chaque fois j'avais l'impression d'être totalement transparente à leurs yeux et que étant là ou pas cela ne changeait en rien leurs habitudes, je décidais de rester tous les autres week end dans la clinique.
j'ai pu obtenir mon bac avec mention à mon grand étonnement, mes parents m'ont simplement dit qu'ils savaient que je l'aurais et ne m'ont guère plus félicitée que ça...
j'ai eu des promesses de financement de permis, ou d'achat de voiture que j'attends toujours à ce jour
ils ne sont jamais venus me voir à la clinique, et j'ai du me débrouiller seule sans eux le joue où j'en suis sortie car "ils n'avaient pas le temps"

je suis partie tenter une licence d'histoire à aix ( sur conseil des médecins encore) mais j'avais trop rechuté durant l'été où je suis rentrée chez mes parents , du coup je n'ai tenu qu'un mois là bas avant de me présenter aux urgences de l'hôpital , me sentant beaucoup trop faible

on m'a proposé de me faire soigner sur nice, ce que j'ai accepté pour me rapprocher de ma famille, même si j'allais me retrouver en hôpital psy pour adulte...
j'y suis restée trois mois, sans aucune visite de ma famille
j'étais avec des vrais fous, et j'ai fait la rencontre d'un homme dont je suis tombée amoureuse
me sentant totalement délaissée par tous j'ai bu ses paroles et me suis installée chez lui à ma sortie, ne voyant pas d'autre solution de toute façon
je pensais reprendre mes études ici mais je n'ai pas pu car l'homme en question était un alcoolique , violent et il ne pouvait pas garder d'emploi durant longtemps
pour que nous ne nous retrouvions pas à la rue j'ai donc abandonné mes études et me suis faite embaucher comme caissière pour subvenir à nos besoins
je pensais que mon amour pour lui l'aiderait à guérir, et pendant 2ans je me suis totalement sacrifiée, isolée de tous pour qu'il s'en sorte
un soir où je me sentais vraiment en danger à cause de ses délires je suis sortie en pleine nuit et ai appelé ma famille pour qu'ils viennent me chercher mais ils n'ont pas voulu venir disant que j'avais fait mon choix
je suis restée à l'hôtel pendant un peu plus d'un mois puis n'ayant plus assez d'argent je me suis retrouvée à la rue durant quelques mois
j'ai pu remonter la pente grâce à une association qui m'a aidé à se porter garant pour un apart et trouvé une formation pour préparer les concours de la fonction publique

je vous passe ces dernières années où j'ai changé souvent de boulot, et ai survécu tout en étant tjs autant malade pour arriver à aujourd'hui.

je vis avec mon copain depuis 3ans et lui ai seulement tout avoué de la boulimie et des vomissements il y a quelques mois.

Je sais qu'intégrer une structure est une décision importante à prendre, j'y songeais déjà depuis de nombreuses années mais avais toujours repoussé cela en pretextant des difficultés financières.
Je sais aussi que beaucoup de malades ont pu s'en sortir sans avoir à intégrer ce genre de lieu, et que d'autres en sont ressortis aussi mal qu'avant.
Pour autant je crois que c'est ce dont j'ai besoin; même si l'enfermement et la distance avec les personnes que j'aime va être un sacrifice très lourd et difficile à supporter, mais je sais aussi que sans véritable arrêt de toutes mes habitudes quotidiennes et sans rupture de tous mes repères je ne pourrais jamais arriver à stopper mes vomissements. or à ce jour et ce depuis plus de 9ans maintenant je ne peux pas ingérer le moindre aliment sans que ne suive une compulsion alimentaire et donc des vomissements par la suite...

j'aimerais donc pouvoir échanger avec d'autres membres du site, peut être même si des personnes sont totalement guéries, o u en cours de rémission

j'aimerais aussi pouvoir avoir des infos sur les différentes cliniques qui se trouvent en france, et si vous y avez déjà été pouvoir m'en dire un peu plus

bonne soirée à toutes et tous
Caul49
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Re: Présentation ; mon histoire, la maladie

Message par Caul49 »

Bonjour,

Merci d'avoir partager sa avec nous, se n'est pas facile d'ouvrir son cœur, son âme, son histoire en publique!
Se que tu as vécu n'as pas été facile.
Ici, nous avons tous une histoire différente,mais je suis sûre que tous nous nous retrouvons dans chacune des expérience partager sur se,site.

Pour moi, se qui ressort le plus de ton témoignage réside dans le ressentie avec ta famille.
Ta famille n'as pas assimile(se qui se comprend) que la victime ici c'est toi!!
Je me retrouve dans cette incompréhension!
Tu ressent sa comme une injustice et cela t'énerve, t'agaçe!
Je ne suis pas,dans la pratique de la consultation d'un psy. Je te conseillerai un livre,qui ma aider, "lise bourdeau" les 5 blessure de l'âme. Se livre m'a aider, au moins dans l'acceptation des erreurs de ma famille.(c'est je étape nécessaire).
Si je peut t'aider, tes transmettre se que j'ai,vecu ou ressenti j'en serai ravit.
Je ne suis pas,guéri de cette boulimie! Mais j'ai réussi à comprendre l'attitude de ma famille,.
Cela m'a aider!
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