Je ne sais pas trop comment commencer... Bonjour ? Salut ? ...
Je ne sais pas ce que j'ai. Je ne sais pas pourquoi. Et je me sens anormale. Je ne sais pas mettre des mots sur ce que je fais. Parfois ça va, ça vient, et ça fait 6 ans que ça dure. J'ai une psy, depuis deux ans. Mais je suis incapable de lui en parler. Ce serait comme un aveu d'échec Je ne sais pas qualifier ce que je fais, ni pourquoi. Je dirais que c'est douloureux, que je me sens coupable, triste, plein de choses en même temps.
J'ai pourtant arrêté de me mutiler depuis 2 ans. Pas une seule coupure ni même l'idée de me trancher depuis janvier-février 2015.
Mais ça, ça revient, ça reste, dès que je mange quelque chose qui soit autre chose qu'un légume vapeur ou cru, ou un fruit...même en l'écrivant, ça me semble absurde, et pourtant...
Parfois, quand je mange dehors avec des amis, j'arrive à ne pas y penser, mais je contrôle énormément. Je dis que c'est parce que j'ai une diète stricte pour le sport.
Je crois que je n'arrive pas encore à l'écrire, comme si ça me faisais mal à l'intérieur de le dire.
Je vois ça comme des "crises". Mais je ne sais pas ce que c'est.
Là, j'ai encore mal dans le fond de la gorge, et les yeux humides de ces espèces de larmes qui viennent toutes seules.
Je ne sais pas si c'est le bon endroit. Mais je crois que j'ai besoin d'aide.
Mon surnom est Lucy, j'ai 21 ans, je suis étudiante, je viens d'être diplômée d'une licence en sciences humaines, tout devrait bien aller dans ma vie. Mais non. Je crois que j'ai besoin d'aide, au moins de comprendre ce qu'il m'arrive depuis tout ce temps et est devenu un automatisme, une sortie de secours, et que je sais ne pas être bon...
L.
Une bouteille à la mer
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Re: Une bouteille à la mer
Bonsoir Lucy,
Tout d'abord félicitation pour ton diplôme !
Je ne sais pas non plus par quoi commencer pour te répondre.
Peut-être par la fin ... Ce n'est pas parce qu'on "a tout pour être heureuse", qu'on EST forcément heureuse.
Tu jettes "une bouteille à la mer", un appel au secours, c'est très positif, ça prouve que tu es consciente de ton état...
Je lis aussi que tu es allée jusqu'à te mutiler ! Pour moi c'est le signe d'une très grande détresse personnelle.
Je pense qu'il serait bon pour toi de mettre un nom sur ton problème. Je pense que ça t'aiderait à comprendre ce qu'il t'arrive et pourquoi tu agis comme ça ?
Les TCA sont d'un point de vue extérieur absurdes, débiles, tout ce qu'on veut, mais quand on vit avec quotidiennement, on sait que c'est une souffrance réelle, qui empêche de vivre "normalement".
Ta psy, si tu es dans une relation de confiance avec elle, est ta meilleure alliée contre la maladie. N'hésites pas à lui parler de tes problèmes, de tes failles, de tout, elle est là pour t'aider. Si elle est compétente, elle sera ta béquille vers ta guérison. Je suis réellement persuadée que tu devrait lui confier tes inquiétudes et lui faire confiance. Elle ne pourra t'aider que si tu lui tend la main.
Tu es très jeune, j'ai juste envie de te dire guéris vite et oublies les TCA, la VIE c'est mieux que cette p*** de maladie.
Par contre si tu n'oses pas en parler à ta psy pour le moment, n'hésites pas à venir sur ce forum, tu trouveras toujours une écoute bienveillante et des personnes prêtes à t'aider.
Prends bien soin de toi.
Tout d'abord félicitation pour ton diplôme !
Je ne sais pas non plus par quoi commencer pour te répondre.
Peut-être par la fin ... Ce n'est pas parce qu'on "a tout pour être heureuse", qu'on EST forcément heureuse.
Tu jettes "une bouteille à la mer", un appel au secours, c'est très positif, ça prouve que tu es consciente de ton état...
Je lis aussi que tu es allée jusqu'à te mutiler ! Pour moi c'est le signe d'une très grande détresse personnelle.
Je pense qu'il serait bon pour toi de mettre un nom sur ton problème. Je pense que ça t'aiderait à comprendre ce qu'il t'arrive et pourquoi tu agis comme ça ?
Les TCA sont d'un point de vue extérieur absurdes, débiles, tout ce qu'on veut, mais quand on vit avec quotidiennement, on sait que c'est une souffrance réelle, qui empêche de vivre "normalement".
Ta psy, si tu es dans une relation de confiance avec elle, est ta meilleure alliée contre la maladie. N'hésites pas à lui parler de tes problèmes, de tes failles, de tout, elle est là pour t'aider. Si elle est compétente, elle sera ta béquille vers ta guérison. Je suis réellement persuadée que tu devrait lui confier tes inquiétudes et lui faire confiance. Elle ne pourra t'aider que si tu lui tend la main.
Tu es très jeune, j'ai juste envie de te dire guéris vite et oublies les TCA, la VIE c'est mieux que cette p*** de maladie.
Par contre si tu n'oses pas en parler à ta psy pour le moment, n'hésites pas à venir sur ce forum, tu trouveras toujours une écoute bienveillante et des personnes prêtes à t'aider.
Prends bien soin de toi.
Re: Une bouteille à la mer
Merci beaucoup de ta réponse, et merci pour ma licence ! J'en suis fière, je n'aurais pas pensé pouvoir faire tout ça il y a quelques années.
J'ai toujours voulu m'en sortir. J'ai pas eu une vie simple mais j'ai toujours trouvé la force de me battre. Je me suis relevée après une TS en mai 2013 et 1 mois et demi d'hosto, après le bac j'ai décidé de changer de région pour prendre un nouveau départ, loin de tout ce qui m'était toxique, et il y a deux ans j'ai trouvé la force d'aller voir une psy.
Je l'ai vue cet aprem, elle est formidable, vraiment. Je la vois deux fois par semaine, à ma demande, et elle est là pour les urgences, et un collègue à elle quand elle n'est pas là. C'est sa présence qui m'a aidé à sortir de mes envies/idées/pulsions suicidaires, et des mutilations aussi.
Aujourd'hui, j'ai essayé, je jure que j'ai essayé de formuler ça, ce pourquoi j'ai ouvert un compte ici. Mais je n'y arrive pas. J'ai passé la séance à tourner autour du pot, utiliser des mots proches, sans jamais réussir à sortir des mots qualifiant ce que je suis/fais/subis, en ne parvenant pas à arrêter de pleurer (ce qui est pourtant assez rare devant elle), je ne sais pas trop comment le qualifier. J'essaie de le dire devant mon miroir mais je n'arrive pas à le verbaliser.
Je veux mettre, effectivement, un nom sur ce qui m'arrive, mais je ne sais pas, et je ne comprend pas... ou est-ce que je n'y arrive pas ?
J'ai comme l'impression que j'ai peur de trouver la clé de ce blocage qui fait que je n'arrive pas à verbaliser de façon simple ce que je fais. J'arrive à dire que j'ai une relation conflictuelle avec la nourriture, un rapport émotionnel à la nourriture, que je culpabilise après ce genre de moment, j'arrive à dire que "ça ne passe pas" ou que je "ne garde pas", mais rien que ça, c'est dur...
Tu emploie le terme de maladie mais...pourquoi...?
Merci beaucoup de ta réponse, et de cette main tendue. J'en ai marre, il faut que ça cesse, mais je ne peux pas résoudre ce problème sans le comprendre... et pour le moment, je ne le comprend pas... je crois que rien que pour ça, j'ai besoin d'aide...
J'ai toujours voulu m'en sortir. J'ai pas eu une vie simple mais j'ai toujours trouvé la force de me battre. Je me suis relevée après une TS en mai 2013 et 1 mois et demi d'hosto, après le bac j'ai décidé de changer de région pour prendre un nouveau départ, loin de tout ce qui m'était toxique, et il y a deux ans j'ai trouvé la force d'aller voir une psy.
Je l'ai vue cet aprem, elle est formidable, vraiment. Je la vois deux fois par semaine, à ma demande, et elle est là pour les urgences, et un collègue à elle quand elle n'est pas là. C'est sa présence qui m'a aidé à sortir de mes envies/idées/pulsions suicidaires, et des mutilations aussi.
Aujourd'hui, j'ai essayé, je jure que j'ai essayé de formuler ça, ce pourquoi j'ai ouvert un compte ici. Mais je n'y arrive pas. J'ai passé la séance à tourner autour du pot, utiliser des mots proches, sans jamais réussir à sortir des mots qualifiant ce que je suis/fais/subis, en ne parvenant pas à arrêter de pleurer (ce qui est pourtant assez rare devant elle), je ne sais pas trop comment le qualifier. J'essaie de le dire devant mon miroir mais je n'arrive pas à le verbaliser.
Je veux mettre, effectivement, un nom sur ce qui m'arrive, mais je ne sais pas, et je ne comprend pas... ou est-ce que je n'y arrive pas ?
J'ai comme l'impression que j'ai peur de trouver la clé de ce blocage qui fait que je n'arrive pas à verbaliser de façon simple ce que je fais. J'arrive à dire que j'ai une relation conflictuelle avec la nourriture, un rapport émotionnel à la nourriture, que je culpabilise après ce genre de moment, j'arrive à dire que "ça ne passe pas" ou que je "ne garde pas", mais rien que ça, c'est dur...
Tu emploie le terme de maladie mais...pourquoi...?
Merci beaucoup de ta réponse, et de cette main tendue. J'en ai marre, il faut que ça cesse, mais je ne peux pas résoudre ce problème sans le comprendre... et pour le moment, je ne le comprend pas... je crois que rien que pour ça, j'ai besoin d'aide...
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- Enfinien confirmé
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- Enregistré le : 19 mars 2017, 14:31
Re: Une bouteille à la mer
Bonjour Lucy,
Si adora999 parle d'une maladie c'est parce que les troubles du comportementaire alimentaire sont considérés comme tel. Si tu fais de la boulimie, c'est pathologique, c'est une sorte de maladie psychologique au même titre que la dépression par exemple (enfin c'est mon ressenti). Tu l'as compris, tu ne pourras pas avancer tant que tu n'auras pas identifié/nommé ce qui t'affecte. Cela permet de sortir du dénie, de légitimer ta souffrance qui existe bien. Mais cela ne reste qu'un nom. Dire "je crois que je souffre de boulimie" (ou autre), ce n'est qu'un diagnostique, une étiquette collée à la réalité. Il ne faut pas en avoir peur. Tu as le droit de souffrir et d'en parler, les TCA plongent dans une solitude et une incompréhension complexe et j'espère que tu trouveras la force de t'en sortir. Plein de bisous et de courage
Si adora999 parle d'une maladie c'est parce que les troubles du comportementaire alimentaire sont considérés comme tel. Si tu fais de la boulimie, c'est pathologique, c'est une sorte de maladie psychologique au même titre que la dépression par exemple (enfin c'est mon ressenti). Tu l'as compris, tu ne pourras pas avancer tant que tu n'auras pas identifié/nommé ce qui t'affecte. Cela permet de sortir du dénie, de légitimer ta souffrance qui existe bien. Mais cela ne reste qu'un nom. Dire "je crois que je souffre de boulimie" (ou autre), ce n'est qu'un diagnostique, une étiquette collée à la réalité. Il ne faut pas en avoir peur. Tu as le droit de souffrir et d'en parler, les TCA plongent dans une solitude et une incompréhension complexe et j'espère que tu trouveras la force de t'en sortir. Plein de bisous et de courage
Re: Une bouteille à la mer
Bonsoir,
Comme d'habitude je suis totalement d'accord avec ce que dis hiverVolcanique, mettre un mot sur un mal, ça aide, mais ça ne fait pas tout. Et surtout, que tu souffres d'Ano, de boulimie, d'hyperphagie ou autre TCA, tu n'ES pas ça, tu restes TOI souffrant d'un TCA. Les TCA et comportements autodestructeurs ( tels TS ou mutilations) sont parfois liés parce que ce sont des punitions qu'on s'infligent alors que nous sommes victimes et souvent doublement victimes. Très souvent ces troubles apparaissent à la suite d'un traumatisme subi et tellement violent et/ou douloureux qu'on n'arrive pas à le verbaliser, ça a été mon cas pendant longtemps. Ce n'est pas facile d'accepter et de "reconnaître" ce qui nous torture.
Je te trouve très lucide et avec énormément de recul sur toi-même, pour ton jeune âge, c'est très surprenant et très encourageant. Je suis sûre que tu peux guérir, de plus tu me sembles très combattive... J''aime ça !!!
Je suis contente de lire que tu as une très bonne relation avec ta psy, c'est super important pour ta guérison. Prends le temps pour te reconstruire. La guérison est lente (bizarrement
), mais elle est possible. Ne force pas les choses, le temps t'aidera à verbaliser. Tu es sur la bonne voie pour la guérison, ne lâche rien ! Courage !
Je t'envoie plein de courage et de bisous.
Tu m'a beaucoup touchée parce que je te sens très combattive.
GUERIS tu le mérites ^^.
Je restes dispo pour toi ainsi que toutes les fidèles du forum.
Bisous et courage.
Comme d'habitude je suis totalement d'accord avec ce que dis hiverVolcanique, mettre un mot sur un mal, ça aide, mais ça ne fait pas tout. Et surtout, que tu souffres d'Ano, de boulimie, d'hyperphagie ou autre TCA, tu n'ES pas ça, tu restes TOI souffrant d'un TCA. Les TCA et comportements autodestructeurs ( tels TS ou mutilations) sont parfois liés parce que ce sont des punitions qu'on s'infligent alors que nous sommes victimes et souvent doublement victimes. Très souvent ces troubles apparaissent à la suite d'un traumatisme subi et tellement violent et/ou douloureux qu'on n'arrive pas à le verbaliser, ça a été mon cas pendant longtemps. Ce n'est pas facile d'accepter et de "reconnaître" ce qui nous torture.
Je te trouve très lucide et avec énormément de recul sur toi-même, pour ton jeune âge, c'est très surprenant et très encourageant. Je suis sûre que tu peux guérir, de plus tu me sembles très combattive... J''aime ça !!!
Je suis contente de lire que tu as une très bonne relation avec ta psy, c'est super important pour ta guérison. Prends le temps pour te reconstruire. La guérison est lente (bizarrement

Je t'envoie plein de courage et de bisous.
Tu m'a beaucoup touchée parce que je te sens très combattive.
GUERIS tu le mérites ^^.
Je restes dispo pour toi ainsi que toutes les fidèles du forum.
Bisous et courage.
Re: Une bouteille à la mer
Merci beaucoup pour vos réponses, d'un côté c'est assez terrible de me forcer à me mettre "enfin" face à ce qu'il se passe, à prendre les devant et le taureau par les cornes, d'un autre côté je me dis que je trouverais probablement, à force d'échanges, la force et la volonté d'exprimer face à ma psy ce que je fais, ce qu'il se passe, avec de vrais mots...
J'ai vu vos réponses tard dans la nuit, et je n'ai pas jusque là réussi à me dire "ok, maintenant tu te magnes, et tu verbalises".
Je suis terrifiée. J'ai toujours tout vaincu dans ma vie, réellement. J'arrive toujours à passer par-delà les obstacles, on me dit toujours "t'es forte" "t'es vachement lucide" "qu'est-ce que je t'admire", et c'est comme un aveu de faiblesse que de venir ici, comme d'en parler à ma psy (je le lui ai dis).
Ici, j'écris comme j'écrirais à un journal, je crois que ça me protège. Ok bon, j'arrête de tourner autour du pot, je sèche mes larmes, je me lance. Si je veux pouvoir mettre un mot, un nom sur ce qu'il se passe, je pourrais ensuite en trouver la cause, avec vous je l'espère, très sincèrement.
Putain c'est dur. J'ai des larmes qui me montent au yeux. J'ai les tempes qui tapent. Mon plexus me fait un mal de chien. 1, 2,3. Bordel.
Ok.
Ça m'arrive pas tout le temps. Je contrôle tellement, depuis tellement longtemps, que je ne mange que ce qui ne me fera pas péter un plomb. J'ai un rapport très émotionnel à la nourriture, je le sais. Si tout va bien, je vais faire attention, des fruits, des crudités, des légumes, tout peser, calculer mes macronutriments, tout bien, muesli à 5,5g de sucre/100g le matin dans du lait de soja, cacao 100%, éventuellement dans la journée un carré de chocolat 98% bio et commerce équitable bref, l'alimentation parfaite de la fille qui prend soin d'elle et de ses résultats sportifs.
Enfin, ça, c'est quand tout va bien dans le meilleur des monde. Sauf que la dépression plane toujours comme un vautour que j'aurais libéré mais qui attendrait patiemment la moindre faiblesse pour me piquer le coeur. Et mon hypersensibilité aussi, n'attend qu'un signe pour se manifester.
Et là, c'est l'enfer. Je ne peux rien contrôler. Du sucre, principalement. Céréales au chocolat, tablettes, crackers au fromage, parfois même une sublime tarte que j'aurais préparé, avec du fromage et de la pâte brisée, ou une pizza. Parfois, ça dure une heure. Puis je me sens "pleine", grasse et honteuse. J'avale un peu d'eau, j'attache mes cheveux, et j'évacue tout ce que j'ai pu avaler. Pour réparer mon erreur. Ne plus culpabiliser. Et ça me fais toujours aussi mal. Et j'ai toujours ces larmes qui coulent toute seules. Le visage rouge et bouffi. Alors j'oublie, tout va mieux. Parfois, j'enchaîne. Une, deux, trois fois. Quand j'ai plus rien à vomir, et que je me sens affreusement honteuse, vide, détestable, je pleure, longtemps. Et je vais courir. Ma boucle quotidienne rassurante de 11km qui se termine dans la nature, au bord d'un canal, avec des petits lapins et des poules d'eau. J'en oublierais presque ma douleur au fond de la gorge.
Parfois, c'est tous les jours. Parfois, il ne se passe rien pendant deux, trois semaines, ou même un mois.
Je ne comprend pas. Je me sens toujours horriblement mal, je culpabilise, mais pourquoi est-ce que je n'arrive pas à stopper tout ça ? A me dire "nan, tu vas pas acheter ce paquet de céréales parce que c'est blindé de sucre, mauvais pour toi, tu vas encore prendre du gras"...
Et personne le voit. Je suis la meuf qui fait beaucoup de sport, qui est combative, plutôt "bien foutue" comme certains disent, qui surveille son alimentation, et grâce au sport rentre dans du 36 sans être maigre. C'est un secret entre mes placards, mes toilettes et moi... Depuis plus de 6 longues années... Enfin, j'ai pas calculé... plus longtemps, je dirais... ça a commencé quand j'étais en 3°, en fait... Après tout ce temps, je ne sais pas ce qui m'arrive....
J'ai vu vos réponses tard dans la nuit, et je n'ai pas jusque là réussi à me dire "ok, maintenant tu te magnes, et tu verbalises".
Je suis terrifiée. J'ai toujours tout vaincu dans ma vie, réellement. J'arrive toujours à passer par-delà les obstacles, on me dit toujours "t'es forte" "t'es vachement lucide" "qu'est-ce que je t'admire", et c'est comme un aveu de faiblesse que de venir ici, comme d'en parler à ma psy (je le lui ai dis).
Ici, j'écris comme j'écrirais à un journal, je crois que ça me protège. Ok bon, j'arrête de tourner autour du pot, je sèche mes larmes, je me lance. Si je veux pouvoir mettre un mot, un nom sur ce qu'il se passe, je pourrais ensuite en trouver la cause, avec vous je l'espère, très sincèrement.
Putain c'est dur. J'ai des larmes qui me montent au yeux. J'ai les tempes qui tapent. Mon plexus me fait un mal de chien. 1, 2,3. Bordel.
Ok.
Ça m'arrive pas tout le temps. Je contrôle tellement, depuis tellement longtemps, que je ne mange que ce qui ne me fera pas péter un plomb. J'ai un rapport très émotionnel à la nourriture, je le sais. Si tout va bien, je vais faire attention, des fruits, des crudités, des légumes, tout peser, calculer mes macronutriments, tout bien, muesli à 5,5g de sucre/100g le matin dans du lait de soja, cacao 100%, éventuellement dans la journée un carré de chocolat 98% bio et commerce équitable bref, l'alimentation parfaite de la fille qui prend soin d'elle et de ses résultats sportifs.
Enfin, ça, c'est quand tout va bien dans le meilleur des monde. Sauf que la dépression plane toujours comme un vautour que j'aurais libéré mais qui attendrait patiemment la moindre faiblesse pour me piquer le coeur. Et mon hypersensibilité aussi, n'attend qu'un signe pour se manifester.
Et là, c'est l'enfer. Je ne peux rien contrôler. Du sucre, principalement. Céréales au chocolat, tablettes, crackers au fromage, parfois même une sublime tarte que j'aurais préparé, avec du fromage et de la pâte brisée, ou une pizza. Parfois, ça dure une heure. Puis je me sens "pleine", grasse et honteuse. J'avale un peu d'eau, j'attache mes cheveux, et j'évacue tout ce que j'ai pu avaler. Pour réparer mon erreur. Ne plus culpabiliser. Et ça me fais toujours aussi mal. Et j'ai toujours ces larmes qui coulent toute seules. Le visage rouge et bouffi. Alors j'oublie, tout va mieux. Parfois, j'enchaîne. Une, deux, trois fois. Quand j'ai plus rien à vomir, et que je me sens affreusement honteuse, vide, détestable, je pleure, longtemps. Et je vais courir. Ma boucle quotidienne rassurante de 11km qui se termine dans la nature, au bord d'un canal, avec des petits lapins et des poules d'eau. J'en oublierais presque ma douleur au fond de la gorge.
Parfois, c'est tous les jours. Parfois, il ne se passe rien pendant deux, trois semaines, ou même un mois.
Je ne comprend pas. Je me sens toujours horriblement mal, je culpabilise, mais pourquoi est-ce que je n'arrive pas à stopper tout ça ? A me dire "nan, tu vas pas acheter ce paquet de céréales parce que c'est blindé de sucre, mauvais pour toi, tu vas encore prendre du gras"...
Et personne le voit. Je suis la meuf qui fait beaucoup de sport, qui est combative, plutôt "bien foutue" comme certains disent, qui surveille son alimentation, et grâce au sport rentre dans du 36 sans être maigre. C'est un secret entre mes placards, mes toilettes et moi... Depuis plus de 6 longues années... Enfin, j'ai pas calculé... plus longtemps, je dirais... ça a commencé quand j'étais en 3°, en fait... Après tout ce temps, je ne sais pas ce qui m'arrive....