J'ai peur de "ne pas avoir envie de guérir" - cela se peut-il ?

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prodeolavartus
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J'ai peur de "ne pas avoir envie de guérir" - cela se peut-il ?

Message par prodeolavartus »

Bonjour,

J'ai décidé de m'inscrire sur un forum afin de pouvoir échanger avec d'autres personnes atteintes du trouble boulimique (dans mon cas : boulimie vomitive avec période d'anorexie il y a longtemps maintenant).

J'ai entamé un suivi psychologique il y a un an, qui a duré deux mois, puis j'ai arrêté. Je souffre toujours de boulimie. J'ai consulté un nouveau psy la semaine dernière...

Pourtant, revient à moi cette remarque/cette question souvent : j'ai l'impression que je n'ai finalement pas envie de guérir. Et cela me fait très peur... ne dit-on pas qu'il faut arrêter de ce mentir à soi-même ?

Le soir, je rêve de ce que je vais bien pouvoir avaler le lendemain quand je serai de nouveau seule à la maison. Il m'arrive de regarder des photos de plats, d'aliments hypocaloriques pour fantasmer dessus (!) et me promettre d'y gouter le lendemain. Je suis sacrément atteinte quand même...

Quand j'achète de quoi faire "ma petite affaire", je suis comme en transe : je suis heureuse !!! Il m'est même arrivé d'acheter des aliments pour préparer une recette (un gâteau élaboré bien calorique) pour ensuite le vomir.

Tout cela me fait peur. J'ai peur de ne plus pouvoir faire mes crises, jamais. Cela me fiche une trouille de dingue !

Quelqu'un serait-il dans mon cas ? A-t-il déjà éprouvé cela ?

Merci infiniment....
prodeolavartus
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Re: J'ai peur de "ne pas avoir envie de guérir" - cela se peut-il ?

Message par prodeolavartus »

Désolée pour les fautes, entre autres : des recettes hyper caloriques (et non hypo) ! Les hypo c’est le reste du temps hors crise bien sur …
Clé des songes
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Peur de guéfir

Message par Clé des songes »

Bonjour,

je n'ai jamais été boulimique mais anorexique et j'avais peur aussi de guérir, et je sais que je ne suis pas la seule dans ce cas...je ne peux pas vous dire le pourquoi, peut-être qu'on a l'impression qu'on ne peut exister qu'à travers la maladie...

Donnez-vous vraiment le moyen de guérir car il faut vivre et la maladie nous dit le contraire, peut-être pour nous détruire.
Doune61
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Re: J'ai peur de "ne pas avoir envie de guérir" - cela se peut-il ?

Message par Doune61 »

Bonjour
Et bien moi je suis dans le même cas . J’ai + de 40 ans de boulimie derrière moi avec des années très ravageuses qui m’ont privées d’une vie sociale normale. Destructives aussi pour mon corps et tellement d’autres choses……… puis des périodes moins dures avec un mental plus solide mais toujours et toujours cette petite flamme malveillante qui sommeille en moi toujours prête à flamber à nouveau. Mais voilà je lutte pour m’en sortir mais parfois je me demande aussi si j’ai vraiment envie car je prend plaisir à manger tout ce qui est interdit car après je m’en débarrasse en vomissant. Bon tout ça serait tellement long à écrire. Mais voilà aujourd’hui j’ai à peu près une vie normale mais de temps en temps « je me fais plaisir « c’est horrible de dire ça mais je prend le temps d’accumuler ce que je vais engloutir et je le fais encore et encore et après je reprend une vie normale.
Mais voilà après je m’en veux quand même car j’ai 64 ans et ce fardeau est lourd à porter……. Alors oui je me retrouve un peu dans votre histoire
prodeolavartus
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Re: J'ai peur de "ne pas avoir envie de guérir" - cela se peut-il ?

Message par prodeolavartus »

Bonjour,

je vous remercie pour votre retour. Ce que vous écrivez me fait réfléchir ... j'ai l'impression que c'est aussi sur ce point que je dois travailler.

Je vous souhaite le meilleur
Erzsie
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Re: J'ai peur de "ne pas avoir envie de guérir" - cela se peut-il ?

Message par Erzsie »

Bonjour à toutes (et tous ?),

Voilà longtemps que je n'étais plus passée sur le forum, et quand j'y suis revenue, ce sujet m'a tout de suite interpellée.
En effet, ce que vous y écrivez toutes rejoint globalement ma réflexion personnelle concernant ma maladie (boulimie avec vomissements et/ou phases anorexiques, pendant 40 ans), puis ma guérison (depuis 9 ans).

Je crois en effet, comme vous le dites les unes et les autres, que quand on est boulimique, on n'a pas envie de guérir. Ça paraît fou dit comme ça, mais vu que c'est une maladie qu'on entretient par nos comportements (manger ou ne pas manger, vomir), si réellement on voulait guérir, il suffirait de mettre fin à ces comportements. Or on ne le fait pas, on n'y parvient pas.

Pourquoi ? Je vois une seule réponse à cette question, et j'espère que je ne vais choquer personne : parce qu'on trouve des avantages à nos TCA. Si on ne retirait pas des bénéfices de la maladie, on ne la laisserait pas se prolonger (après tout, quand on a par exemple la grippe, vu qu'il n'y a aucun bénéfice à la fièvre ou aux courbatures, on fait tout pour qu'ils cessent).

Vient alors une autre question : quels avantages ? Il y en a déjà un, commun à toutes et tous : c'est le plaisir qu'on retire de nos compulsions (ou de la privation de nourriture, on parle après tout, dans l'anorexie, "d'orgasme de la faim"). Vous le notez vous-mêmes, puisqu'une écrit "je suis heureuse", et une autre "je me fais plaisir".

Les compulsions provoquent en effet une puissante décharge de plaisir au moment où on cède à la nourriture. Le problème est que ce plaisir débouche sur une souffrance (physique, on se sent mal ; et morale, culpabilité, honte, peur de grossir). Je dis souvent que j'étais autrefois une masochiste de la nourriture.

Mais à mon avis, il n'y a pas que le plaisir des compulsions, qui nous empêche de guérir. C'est certainement plus complexe que cela, on tire sans doute toutes d'autres bénéfices de la maladie. Je ne les connais pas pour chaque personne atteinte de ces troubles, mais je peux dire en quelques mots ce qu'il en était pour moi.
D'abord, ma maladie était en quelque sorte devenue mon identité. J'étais horriblement malheureuse, mais au moins, je n'avais pas besoin de chercher qui j'étais, ni un sens à ma vie. Je le connaissais : j'étais boulimique (à l'époque, je disais plutôt anorexique, vu que j'étais souvent mince ou maigre, c'était plus valorisant).

Et puis, ma boulimie était une excuse à tout. Elle m'occupait tellement qu'elle justifiait tous mes échecs, dans tous les domaines : professionnel, amoureux... Si je ratais quelque chose, ce n'était pas ma faute, c'est parce que j'étais malade. Cela m'évitait de chercher des solutions, de me remettre en question, d'affronter la réalité.
Je crois réellement que comme j'avais peur de la vie, je me réfugiais dans la maladie, pour une pas affronter mes angoisses, en me focalisant sur une autre angoisse : la nourriture. Autant dire que ma boulimie m'était vraiment très utile, et que même si j'ai beaucoup consulté, mes tentatives ne pouvaient déboucher que sur des fiascos, car ce qu'on me proposait, c'était de supprimer ce qui me permettait de survivre.

Bon, je pourrais en écrire des pages, je vais me contenter de ces lignes, mais en tout cas, c'est comme ça que j'ai guéri : parce qu'à un moment, j'ai accepté de "sacrifier" les bénéfices que j'avais à être boulimique.
Et deuxièmement, parce que j'ai eu la chance d'arriver à compenser un des bénéfices que je perdais : celui du plaisir des compulsions, puisqu'en effet, un peu par hasard, j'ai découvert une nourriture qui, avec de petites quantités, me procurait un plaisir aussi intense que celui que j'éprouvais autrefois lors de mes crises alimentaires.

J'espère que mes remarques pourront servir à certaines d'entre vous.
Bon courage à toutes.
prodeolavartus
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Enregistré le : 03 mars 2023, 00:28

Re: J'ai peur de "ne pas avoir envie de guérir" - cela se peut-il ?

Message par prodeolavartus »

Bonjour

Votre dernier message me fait énormément réfléchir. En effet, si on m’enlevait « ma grosse bouffe », sur le resterait-il pour aller bien ? Elle m’est utile, vitale presque, sans elle je ne sais pas vivre.

Y renoncer, ce serait renoncer au plaisir. Cependant, elle m’empêche aussi de vivre une autre vie à laquelle j’aspire désormais de plus en plus.

Comment avez-vous réussi à lui dire « adieu » ? Je veux dire, après avoir accepté de renoncer aux plaisirs que ce trouble procure. Ça a pris du temps ?

Merci beaucoup :)
Quelqu'un
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Re: J'ai peur de "ne pas avoir envie de guérir" - cela se peut-il ?

Message par Quelqu'un »

Je suis exactement dans ton cas.
Le pire c'est quand j'avais arrêté, j'en rêve la nuit, le fait de manger puis de vomir.
Erzsie
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Re: J'ai peur de "ne pas avoir envie de guérir" - cela se peut-il ?

Message par Erzsie »

Bonjour,

C'est un peu compliqué à expliquer en quelques mots. En effet, si ma guérison s'est faite très vite (en quelques semaines, quelques mois pour qu'elle soit achevée), il y a eu toute une série d'événements, tout un processus. Je dirai que j'ai eu beaucoup de chance, car j'ai bénéficié de hasards dont j'ai pu tirer parti.

Il y a eu deux étapes principales : l'une qui m'a permis d'accepter de "sacrifier" ma boulimie.

Mais je passe à la seconde, qui semble au cœur de votre message : comment j'ai réussi à renoncer aux plaisirs que me procurait la nourriture en excès.

En réalité, je n'ai pas accepté de renoncer au plaisir que me procuraient mes compulsions. J'ai juste remplacé ce plaisir alimentaire toxique par un autre, aussi intense.
En fait, selon moi, selon mon expérience, le plaisir alimentaire a deux composantes : une physique, gustative (il faut que la nourriture soit bonne), et une intellectuelle, mentale (il faut qu'elle satisfasse notre esprit).

Pour le plaisir alimentaire gustatif, j'ai réalisé que je ne l'avais jamais connu. Je n'avais jamais mangé une nourriture que j'aimais. Soit, pendant mes compulsions, je mangeais tout ce qui me tombait sous la main : biscuits et gâteaux bas de gamme, chocolat écœurant, etc. Soit, dans les phases où j'arrivais à me priver, je mangeais des aliments que je croyais bons pour moi : laitages allégés, pommes, légumes bouillis avec un jus de citron... tout ce qu'en fait, je déteste.

J'ai décidé de laisser tomber tout ça, de ne plus calculer les protéines, les glucides, de ne plus me laisser dicter, par des discours extérieurs, ce que je devais manger, pour ne privilégier que ce que j'aimais. Pas beaucoup de protéines (je suis végétarienne), peu de fruits frais (je n'aime pas), peu de laitages (je n'aime pas trop non plus), beaucoup de légumes mais assaisonné et cuisinés, des légumineuses... Tout d'un coup, ma nourriture a été en adéquation avec mes goûts, pas avec les préceptes du "bien manger", et ça a tout changé.

Et puis, j'ai pu cerner quelle nourriture satisfaisait cette fois mon esprit : elle doit être la moins mauvaise possible pour ma santé, et elle doit être en accord avec mes exigences écologistes (produits de saison, pas d'aliments qui viennent de loin, etc.) Je précise que ce sont seulement mes critères personnels.

Quand ces trois éléments sont réunis (une nourriture qui correspond vraiment à mes goûts, une nourriture bonne pour la santé, une nourriture bonne pour la planète), j'éprouve, en mangeant, un plaisir aussi intense que celui que j'éprouvais autrefois par mes excès alimentaire. Ma nourriture me satisfait le corps et l'âme.
Et pour en profiter pleinement, je la mange lentement, attentivement, j'apprécie les saveurs, j'apprécie qu'elle me fasse du bien à tout point de vue. Et j'en profite tellement que je n'ai plus besoin de trop manger. Une fois que je suis satisfaite, j'arrête, car je sais que cette nourriture reviendra quand je le voudrai.

Voilà sur l'aspect plaisir alimentaire. Je sais que j'ai été un peu longue, désolée.

Cordialement.
prodeolavartus
Petit enfinien
Petit enfinien
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Re: J'ai peur de "ne pas avoir envie de guérir" - cela se peut-il ?

Message par prodeolavartus »

Au contraire ! Je vous remercie beaucoup d’avoir pris le temps de me répondre ainsi.

Moi aussi je suis végétarienne depuis de nombreuses années maintenant. Je comprends ce bonheur de manger en adéquation avec ses convictions.

Merci beaucoup
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