Compte rendu de la réunion du groupe Partage et Ecoute du 16 Juin 2006. - Allauch
[center]Nous abordons le thème de ce soir : Qui suis-je ?[/center]
La Maladie nous renvoie une fausse image de nous et des autres
CLo. En tant qu’anorexique, on croit être au dessus de tout. Car on pense pouvoir contrôler notre corps.
SA. Moi j’ai toujours eu une image faussée de mon enfance, je pensais être délaissée par ma mère alors que maintenant mon entourage m’assure qu’au contraire j’étais la plus aimée.
CLo. Pour moi c’est le contraire, je pensais que mon père m’adorait alors que ce n’était pas le cas.
MA. La boulimie était un appel au secours, une aide pour devenir une autre. Je voulais sortir de moi-même, car j’avais peur de ne pas être aimée telle que j’étais
CL. Notre fille a été adoptée et ainsi qu’on nous l’a expliqué à la clinique, l’angoisse de l’abandon persiste. Dans sa tête, il faut qu’elle soit parfaite pour ne pas être à nouveau abandonnée et ainsi elle est tombée dans l’anorexie…
La Maladie nous rend manipulateur et « contrôleur »
MC. Vous maîtrisez aussi les personnes autour de vous car vous les faites souffrir.
SY. Les Psys appellent cela la « maladie du mensonge ». Car en fin de compte ma fille fait comme elle veut (elle décide d’arrêter ou non quand elle le décide), et je me sens manipulée.
MO. Ma fille aussi me manipule car par sa façon d’agir j’ai l’impression qu’elle veut me culpabiliser.
Demande de prise en considération, d’identité
SY. Ma fille est en demande de soins, mais est ce que ce n’est pas juste une manière de dire : « regardez je suis malade » et pas vraiment une envie de guérir ?
CLo. C’est vrai que j’étais comme elle, je ne voulais pas guérir. Je voulais simplement que l’on s’intéresse à moi. En fait c’est une maladie égoïste car on veut que les autres s’occupent de nous mais lorsqu’on décide de s’en sortir ce n’est que pour nous.
CLo. J’ai remarqué que lorsque vous parlez de vos filles, vous employez le mot enfant. Hors elles sont grandes, il faut parler de femme maintenant. Si vous voulez qu’elles guérissent, vous devez les considérer comme des adultes.
CE. Mais c’est à elles à se considérer comme des adultes. Car en fait ce comportement, c’est bien un refus de grandir. Il faut changer les clichés que l’on a en tête comme « maman s’inquiète pour moi donc elle m’aime, donc elle ne m’abandonnera pas ». Il faut essayer de comprendre que ce n’est pas parce qu’elle s’inquiète qu’elle nous aime. L’Amour doit se transmettre différemment.
RO. Je n’arrive plus à faire confiance à ma fille car elle m’en a tant fait et raconté. Si elle n’avait pas sa dépendance (qui pour moi la manipule) je pourrais à nouveau lui faire confiance. Elle est capable de faire une analyse très claire, très pointue sur un sujet quelconque et puis de partir dans l’irraisonnable à un autre moment.
Mais aussi, un effort que nous devons fournir
CLo . En fait, je comptais sur ma mère pour me secourir (en crises). Maintenant elle se détache de moi, et je dois assumer toute seule, ne plus me considérer comme une malade mais plutôt comme responsable.
MI. A cause de ma maladie, j’ai été égoïste et je me suis renfermée sur moi-même. Il faut maintenant que je me rééduque.
CLo. Il faut s’accepter comme on est et les années pour cela sont importantes car plus le temps passe et plus on change.
MI. On en revient toujours au problème de la confiance en soi.
SY. Je pense à ma fille hospitalisée actuellement et je me dis que « tant qu’on est vivant on peut s’en sortir ».
comptes rendus des réunions PE sur le thème qui suis-je ?
Modérateurs : Modérateurs, Membres actifs
qui suis je ? selon le groupe de Courbevoie
[center]Compte rendu de la réunion du 21.06 à Courbevoie[/center]
[center]Thème : qui suis-je ?[/center]
Merci à Smahane qui a lancé le débat avec tant de cœur, de profondeur et d’authenticité.
On sait qui on est mais on voudrait atteindre « le soleil qui est en nous »
S. nous dit :
Je suis une jeune femme de 27 ans cherchant la paix intérieure
Je suis une amoureuse des choses profondes, vraies
Je suis sensible à la beauté, y inclue la beauté des mots, l’art
La danse car c’est l’âme qui danse et entraîne le corps
Etouffée par la nourriture
Apeurée par la vie et la mort, comme prise au piège,
Je souffre de ma solitude mais je la garde précieusement comme un bien précieux
Je n’arrive pas à lâcher prise sur cette partie de moi-même qui entretient le malaise
J’y travaille mais c’est long et lent.
Elle nous fait un dessin dont le centre est amour, joie sérénité dont le cercle suivant est tristesse, peur, angoisse…puis un cercle vide et le tout entouré d’une cuirasse épaisse qu’elle appelle l’écorce. Et cette écorce c’est « le truc qui l’empêche de respirer », qui l’empêche d’atteindre son centre qui n’est qu’amour.
MA ressent les mêmes choses mais en plus ne s’autorise pas le droit d’avoir du désir, de se poser. Ca tourne en autopunition dit-elle.
M. a subi 3 mois d’hospitalisation et après un léger mieux, retombe plus bas.
Mais d’où peu bien venir cette recherche, ce manque indéfini et si prégnant ?
MA : un truc effroyable, c’est les promesses qu’on se fait à soi même quand on est petit (quand maman reviendra de l’hôpital après sa dépression je serais une gentille fille ….)
Un autre : manque une base pour se tenir
S. depuis qu’il est tout petit s’est toujours senti en décalage, particulier, plus sensible, des façons de voir différentes…
MA petite elle se sentait différente, anormale, en décalage. N’a pu en parler à personne. Elle n’a pas rencontré l’adulte qui pouvait la reconnaître. A l’époque elle faisait confiance à l’avenir, se disait que ça s’arrangerait avec l’âge.
J. observe que la génération 47 a eu des voies toutes tracées et ne s’est pas forcément appesantie sur ses désirs profonds. Du coup il y a beaucoup de parents à tendance dépressive dont on sait qu’ils favorisent l’existence d’enfants dépendants affectivement. D’où TCA, drogue…
MA précise que le problème peut venir indifféremment du père ou de la mère.
Ce passage par les TCA nous rendra forts
Dans notre souffrance, il y a de la force derrière. Il y a des trésors derrière notre symptôme.
Si on sent cette différence si tôt, si petit, c’est peut être qu’on est en quête d’une mission.
On aurait dû revendiquer notre différence au lieu de rentrer dans le rang
Un truc pour s’en sortir plus vite : s’observer et comprendre pourquoi on a ces réactions. En se comprenant on fini par s’apprécier
S. nous dit que depuis qu’elle va mieux elle aime mieux, se rapproche de ceux qu’elle aime.[/color]
[center]Thème : qui suis-je ?[/center]
Merci à Smahane qui a lancé le débat avec tant de cœur, de profondeur et d’authenticité.
On sait qui on est mais on voudrait atteindre « le soleil qui est en nous »
S. nous dit :
Je suis une jeune femme de 27 ans cherchant la paix intérieure
Je suis une amoureuse des choses profondes, vraies
Je suis sensible à la beauté, y inclue la beauté des mots, l’art
La danse car c’est l’âme qui danse et entraîne le corps
Etouffée par la nourriture
Apeurée par la vie et la mort, comme prise au piège,
Je souffre de ma solitude mais je la garde précieusement comme un bien précieux
Je n’arrive pas à lâcher prise sur cette partie de moi-même qui entretient le malaise
J’y travaille mais c’est long et lent.
Elle nous fait un dessin dont le centre est amour, joie sérénité dont le cercle suivant est tristesse, peur, angoisse…puis un cercle vide et le tout entouré d’une cuirasse épaisse qu’elle appelle l’écorce. Et cette écorce c’est « le truc qui l’empêche de respirer », qui l’empêche d’atteindre son centre qui n’est qu’amour.
MA ressent les mêmes choses mais en plus ne s’autorise pas le droit d’avoir du désir, de se poser. Ca tourne en autopunition dit-elle.
M. a subi 3 mois d’hospitalisation et après un léger mieux, retombe plus bas.
Mais d’où peu bien venir cette recherche, ce manque indéfini et si prégnant ?
MA : un truc effroyable, c’est les promesses qu’on se fait à soi même quand on est petit (quand maman reviendra de l’hôpital après sa dépression je serais une gentille fille ….)
Un autre : manque une base pour se tenir
S. depuis qu’il est tout petit s’est toujours senti en décalage, particulier, plus sensible, des façons de voir différentes…
MA petite elle se sentait différente, anormale, en décalage. N’a pu en parler à personne. Elle n’a pas rencontré l’adulte qui pouvait la reconnaître. A l’époque elle faisait confiance à l’avenir, se disait que ça s’arrangerait avec l’âge.
J. observe que la génération 47 a eu des voies toutes tracées et ne s’est pas forcément appesantie sur ses désirs profonds. Du coup il y a beaucoup de parents à tendance dépressive dont on sait qu’ils favorisent l’existence d’enfants dépendants affectivement. D’où TCA, drogue…
MA précise que le problème peut venir indifféremment du père ou de la mère.
Ce passage par les TCA nous rendra forts
Dans notre souffrance, il y a de la force derrière. Il y a des trésors derrière notre symptôme.
Si on sent cette différence si tôt, si petit, c’est peut être qu’on est en quête d’une mission.
On aurait dû revendiquer notre différence au lieu de rentrer dans le rang
Un truc pour s’en sortir plus vite : s’observer et comprendre pourquoi on a ces réactions. En se comprenant on fini par s’apprécier
S. nous dit que depuis qu’elle va mieux elle aime mieux, se rapproche de ceux qu’elle aime.[/color]
texte superbe écrit par une ex anoboul
[center]]Anna K.[/center]
Je m'appelle Anna. Anna Khronic. Je ne suis ni juive, ni grecque. Que suis-je alors ? Et surtout, qui suis-je ? D'aussi loin que je m'en souvienne, j'ai toujours eu l'impression étrange de ne pas être à ma place. D'être déplacée dans telle situation, tel environnement. De ne pas appartenir à l'air du temps. De ne pas être là, présente parmi mes proches, pour ne pas dire être totalement loin d'eux. Avoir l'air absent. Cette expression m'allait comme un gant. Avoir le regard dans le vague. Ce regard qui se perd dans le vide à ne pas savoir où se diriger… Ma plus grande peur serait d'arriver à cinquante ans, en ayant un mari que je n'ai jamais aimé, des enfants en situation d'échec due à un modèle parental peu équilibrant et un métier pour lequel je n'éprouve aucune passion. Du coup, je n'ai rien de tout cela. Ni mari. Ni enfant. Ni même un métier. Pour l'instant. Parce que je travaille à surmonter mes peurs.
Mais cela ne signifie en aucune façon foncer la tête baissée et les yeux fermés dans la première relation qui se présente à moi sous prétexte de rentrer dans le schéma traditionnel de l'épouse comblée. Parce que pour moi, le vide à combler ne doit pas l'être par un homme. Ou des enfants. Ou des amis. Pourtant, seule, je rêve encore d'un monde parfait…
Laisser passer ses rêves comme des nuages que l'on voit défiler au-dessus de nos têtes. Et que l'on contemple un sourire béat aux lèvres. Mais les suivre pourtant. Et les rattraper. Pour mieux les relâcher plus loin... Un rêve que l'on emprisonne dans une boîte bien réelle n'a plus rien de magique. Et bien souvent il a du mal à s'adapter aux dimensions d'un réceptacle. Tandis qu'essayer de l'attraper sans cesse en cherchant à donner à nos bras une forme capable d'en épouser les contours, quelques minutes à peine, puis rouvrir les bras, voilà ce qui fait la beauté d'une vie. Mes rêves, j'ai pu enfin vous retrouver dans le ciel, après toute une période en plein brouillard. Vous êtes bien là, au-dessus de moi, et les dessins que vous tracez sont autant de formes malléables et qui cheminent au gré du vent. Le ciel de ma vie est chargé de nuages, mais il reste bleu. Et les nuages sont blancs, diaphanes, vaporeux. Ils glissent entre mes doigts. Mais je suis d'humeur joueuse et j'aime à leur courir après. J'aime à les sentir tout près pour les voir m'échapper la seconde d'après.
Lire, écrire, danser sur des airs entêtants. La musique, je l'écoute à plein volume, tant pis pour mes conduits auditifs pourtant fragiles. Et je fais des danses dans ma tête. Je me libère ainsi de chaînes que je me suis moi-même fixées aux poignets ainsi qu'aux chevilles. Même si aujourd'hui elles sont moins nombreuses et plus légères, ces chaînes restent là pour me signifier une chose. La liberté est à portée non de mains mais de yeux. Je peux cesser d'être aveugle quand je le décide, quand je chasse la brume de mon cerveau pour me concentrer sur mes priorités. Sur mes désirs et non sur ceux des autres…
Quels sont mes désirs ?J'ai envie de procurer de la joie. De dispenser du bonheur. De voir un sourire naître sur un visage. Des yeux s'illuminer de gaieté. Je veux tout court. Alors que durant de longues années je croyais, j'avais fini par croire que je ne voulais rien. Je veux brûler ma vie par les deux bouts. Je préfère dix minutes d'absolu à dix ans de demi-teinte. Et pourtant, j'ai besoin d'un peu des deux. Ou disons de beaucoup du premier et d'un soupçon de la seconde. Je veux aller à fond sur une moto en voyant défiler ma vie à toute vitesse plutôt que monter dans un train qui me laissera le temps d'observer à loisir les paysages et la vache dans le pré...
Equilibre entre trop et pas assez, entre blanc et noir. J'ai du mal avec le compromis. Je préfère une femme qui se prostitue et que l'on va traiter de p*** plutôt que toutes celles qui gardent la tête haute alors qu'elles font exactement la même chose, l'hypocrisie en plus.
Je voudrais par n'importe quel moyen pouvoir donner de l'amour aux gens. Par des mots, par des gestes, par un regard, par un sourire... Je veux mettre tous les hôtels du monde dans la rue de la paix.
Je voudrais, pas à pas, partir à la conquête de mes peurs afin d'en obtenir de la joie capable d'irradier la terre entière. Je voudrais avoir cent vies pour vivre dans chacune d'elle une histoire d'amour unique et magnifique. J'aimerais pouvoir laisser le réel de côté et ne vivre que dans l'imaginaire. Mais un imaginaire riche en symboles toutefois. J'aimerais avoir un enfant un jour et lui transmettre toute la beauté du monde épurée de toutes ses folies. Encore que la folie peut être belle...
Etre en retrait par rapport aux autres, c'est être spectateur-voyeur d'une vie à laquelle nous ne participons pas. J'ai passé des années posée à côté des autres, sans habiter réellement mon enveloppe charnelle. Sans parler.
Parce que j'observais, je m'observais de l'extérieur en tâchant d'exprimer mes impressions profondes. Mes silences étaient souvent mal interprétés je crois. Quelqu'un qui ne dit rien peut être perçu comme celui qui est en mesure de juger parce que lui sait, lui sait tellement qu'il n'a pas besoin de dire, de se dire. Mais en fait, ma position en retrait voulait seulement dire une chose. Mon besoin de solitude, de calme pour y voir clair dans la masse confuse d'une vie que je vivais à côté de moi-même. Comme si j'étais le spectateur d'un film dont j'étais l'héroïne à l'insu de mon plein gré. Je me sentais déplacée partout où j'étais, dans tout ce que je faisais. Mais en fait, je n'étais nulle part, ne faisais rien du tout.
Quand je dansais en regardant le professeur debout devant le miroir, je ne voyais que le corps de la personne devant moi. Je ne ressentais pas mon propre corps en train d'effectuer les mouvements. Comme une coquille sans rien à l'intérieur, mon corps semblait inhabité... ]
Je m'appelle Anna. Anna Khronic. Je ne suis ni juive, ni grecque. Que suis-je alors ? Et surtout, qui suis-je ? D'aussi loin que je m'en souvienne, j'ai toujours eu l'impression étrange de ne pas être à ma place. D'être déplacée dans telle situation, tel environnement. De ne pas appartenir à l'air du temps. De ne pas être là, présente parmi mes proches, pour ne pas dire être totalement loin d'eux. Avoir l'air absent. Cette expression m'allait comme un gant. Avoir le regard dans le vague. Ce regard qui se perd dans le vide à ne pas savoir où se diriger… Ma plus grande peur serait d'arriver à cinquante ans, en ayant un mari que je n'ai jamais aimé, des enfants en situation d'échec due à un modèle parental peu équilibrant et un métier pour lequel je n'éprouve aucune passion. Du coup, je n'ai rien de tout cela. Ni mari. Ni enfant. Ni même un métier. Pour l'instant. Parce que je travaille à surmonter mes peurs.
Mais cela ne signifie en aucune façon foncer la tête baissée et les yeux fermés dans la première relation qui se présente à moi sous prétexte de rentrer dans le schéma traditionnel de l'épouse comblée. Parce que pour moi, le vide à combler ne doit pas l'être par un homme. Ou des enfants. Ou des amis. Pourtant, seule, je rêve encore d'un monde parfait…
Laisser passer ses rêves comme des nuages que l'on voit défiler au-dessus de nos têtes. Et que l'on contemple un sourire béat aux lèvres. Mais les suivre pourtant. Et les rattraper. Pour mieux les relâcher plus loin... Un rêve que l'on emprisonne dans une boîte bien réelle n'a plus rien de magique. Et bien souvent il a du mal à s'adapter aux dimensions d'un réceptacle. Tandis qu'essayer de l'attraper sans cesse en cherchant à donner à nos bras une forme capable d'en épouser les contours, quelques minutes à peine, puis rouvrir les bras, voilà ce qui fait la beauté d'une vie. Mes rêves, j'ai pu enfin vous retrouver dans le ciel, après toute une période en plein brouillard. Vous êtes bien là, au-dessus de moi, et les dessins que vous tracez sont autant de formes malléables et qui cheminent au gré du vent. Le ciel de ma vie est chargé de nuages, mais il reste bleu. Et les nuages sont blancs, diaphanes, vaporeux. Ils glissent entre mes doigts. Mais je suis d'humeur joueuse et j'aime à leur courir après. J'aime à les sentir tout près pour les voir m'échapper la seconde d'après.
Lire, écrire, danser sur des airs entêtants. La musique, je l'écoute à plein volume, tant pis pour mes conduits auditifs pourtant fragiles. Et je fais des danses dans ma tête. Je me libère ainsi de chaînes que je me suis moi-même fixées aux poignets ainsi qu'aux chevilles. Même si aujourd'hui elles sont moins nombreuses et plus légères, ces chaînes restent là pour me signifier une chose. La liberté est à portée non de mains mais de yeux. Je peux cesser d'être aveugle quand je le décide, quand je chasse la brume de mon cerveau pour me concentrer sur mes priorités. Sur mes désirs et non sur ceux des autres…
Quels sont mes désirs ?J'ai envie de procurer de la joie. De dispenser du bonheur. De voir un sourire naître sur un visage. Des yeux s'illuminer de gaieté. Je veux tout court. Alors que durant de longues années je croyais, j'avais fini par croire que je ne voulais rien. Je veux brûler ma vie par les deux bouts. Je préfère dix minutes d'absolu à dix ans de demi-teinte. Et pourtant, j'ai besoin d'un peu des deux. Ou disons de beaucoup du premier et d'un soupçon de la seconde. Je veux aller à fond sur une moto en voyant défiler ma vie à toute vitesse plutôt que monter dans un train qui me laissera le temps d'observer à loisir les paysages et la vache dans le pré...
Equilibre entre trop et pas assez, entre blanc et noir. J'ai du mal avec le compromis. Je préfère une femme qui se prostitue et que l'on va traiter de p*** plutôt que toutes celles qui gardent la tête haute alors qu'elles font exactement la même chose, l'hypocrisie en plus.
Je voudrais par n'importe quel moyen pouvoir donner de l'amour aux gens. Par des mots, par des gestes, par un regard, par un sourire... Je veux mettre tous les hôtels du monde dans la rue de la paix.
Je voudrais, pas à pas, partir à la conquête de mes peurs afin d'en obtenir de la joie capable d'irradier la terre entière. Je voudrais avoir cent vies pour vivre dans chacune d'elle une histoire d'amour unique et magnifique. J'aimerais pouvoir laisser le réel de côté et ne vivre que dans l'imaginaire. Mais un imaginaire riche en symboles toutefois. J'aimerais avoir un enfant un jour et lui transmettre toute la beauté du monde épurée de toutes ses folies. Encore que la folie peut être belle...
Etre en retrait par rapport aux autres, c'est être spectateur-voyeur d'une vie à laquelle nous ne participons pas. J'ai passé des années posée à côté des autres, sans habiter réellement mon enveloppe charnelle. Sans parler.
Parce que j'observais, je m'observais de l'extérieur en tâchant d'exprimer mes impressions profondes. Mes silences étaient souvent mal interprétés je crois. Quelqu'un qui ne dit rien peut être perçu comme celui qui est en mesure de juger parce que lui sait, lui sait tellement qu'il n'a pas besoin de dire, de se dire. Mais en fait, ma position en retrait voulait seulement dire une chose. Mon besoin de solitude, de calme pour y voir clair dans la masse confuse d'une vie que je vivais à côté de moi-même. Comme si j'étais le spectateur d'un film dont j'étais l'héroïne à l'insu de mon plein gré. Je me sentais déplacée partout où j'étais, dans tout ce que je faisais. Mais en fait, je n'étais nulle part, ne faisais rien du tout.
Quand je dansais en regardant le professeur debout devant le miroir, je ne voyais que le corps de la personne devant moi. Je ne ressentais pas mon propre corps en train d'effectuer les mouvements. Comme une coquille sans rien à l'intérieur, mon corps semblait inhabité... ]