ce que nous disons du masochisme

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PE
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ce que nous disons du masochisme

Message par PE »

[center] Compte rendu Niort sur le thème :
Le masochisme : recherche du plaisir dans la souffrance reçue d'autrui ou de soi-même (wikipedia) [/center]


F. nous lit cette phrase de Lacan : « la souffrance voulue traduirait un besoin de se faire reconnaître par la personne qui l’inflige  »

Le groupe s’interroge :
Pour alerter ? Et si oui pour alerter qui ? L’autre ? Soi-même ?

Viennent aussi d’autres amorces de réflexion :
- la personne dans la mal-à-dire jouerait le rôle de paratonnerre dans sa famille.
- On n'approche peut être pas le plaisir dans la souffrance – simplement on se raccroche à se qu’on connaît. Faut-il parler alors de plaisir ou de recherche de tranquillité, d’apaisement ?

N. décortique pour la première fois le système qu’elle a mis en place avec sa maman, dans le seul but de recevoir de l’amour de cette dernière.
« Je lui fais mal mais je souffre en même temps – j’y prends plaisir – j’attends qu’elle me dise pourquoi elle aime mes frères plus que moi – pourtant je suis toujours là pour elle – je trouve du plaisir à la culpabiliser – j’attends qu’elle me dise qu’elle m’aime – je crois que j’ai trop joué le rôle de la mère de ma mère avec un père alcoolique et mon rôle d’ainée »

F. lance « la cruauté est à la hauteur de la souffrance. Les réponses qui ne viennent pas angoissent car ce silence sur nos interrogations peut signifier ce que l'on redoute le plus.  On en veut à la personne de son silence qui est source de souffrance d'où la cruauté.

N. va titiller sa mère sans cesse – la faire souffrir – sa réaction, par ricochet lui  amène du plaisir.

Et elle termine par ce mot paradoxal « il faut que je devienne adulte », dans ma relation à ma mère. Ne pourrait-elle pas plutôt dire je vais essayer de laisser grandir en moi un « enfant apaisé » ? Est ce que je ne reproduis par ce même scénario avec mon enfant ?

[center]Partage-écoute Courbevoie [/center]
[center]Réunion du 06/02/08 : [/center]
[center] « Le masochisme : recherche du plaisir dans la souffrance reçue d’autrui ou de soi-même » [/center]

Pour parler du masochisme, on choisira plutôt de montrer comment il se traduit avant de s’attacher à en donner une définition précise :

Le masochisme, cela peut être une façon de s’affirmer en tant qu’individu, avec sa sensibilité et ses souffrances. Chercher le conflit, être le plus cruel possible peut être une forme de masochisme, car en donnant à autrui une mauvaise opinion de soi, on se punit soi-même en dégradant l’image que l’on donne à voir aux autres, or l’on sait que l’image que l’on renvoie est une pierre de touche dans les troubles alimentaires.

A l’opposé, le masochisme peut résider dans une totale soumission, qui va conduire cette fois-ci à se nier en tant qu’individu en refusant d’exercer son libre-arbitre ; le malade peut alors se complaire dans cette position de victime asservie aux autres ou à ses vices. Le masochisme s’apparente alors à de l’auto-flagellation, paradoxalement crainte et volontaire. Crainte, dans le sens où l’on n’en retire aucun plaisir ; souhaitée, dans le sens où elle correspond à une recherche de sécurité, à un processus parfaitement huilé et connu.
Le masochisme révèle donc la peur de vivre et de sortir de ce rapport de lutte et  de soumission : « Je vais chercher où je sais, c’est-à-dire où j’ai mal, comme si je cherchais la clé uniquement là où c’est éclairé ».

Des exemples concrets :
Le viol. Après une agression, chercher à reproduire une situation semblable en cultivant des rapports de soumission avec ses partenaires relève du masochisme.
La faim. Avoir faim constamment est agréable et rassurant, cela confère une sensation de domination sur soi qui devient rapidement enivrante, malgré la faiblesse physique.
La boulimie. Se remplir jusqu’à l’écœurement est bien loin du plaisir de manger. Déguster un bon plat est à l’opposé du gavage, sans parler de la satisfaction malsaine de se purger après avoir trop mangé.
Le sport. Se pousser toujours plus avant, dépasser ses limites physiques sans fournir de carburant à son corps, c’est une forme de masochisme. La frontière entre le plaisir et la pratique punitive est parfois mince, d’autant plus que l’on puise une forme de jouissance dans la souffrance.
Le manger sain : l’addiction du bio. La montée du lobbying bio et la phobie des produits raffinés, des insecticides peut virer en un nouveau type d’addiction. Où est la limite entre le fait de faire attention à son corps, le respecter en mangeant sain, et l’addiction ?
Le contrôle. Manger lorsqu’on est certain de s’être assez affamé, être dans la maîtrise totale du moment, du lieu, des aliments, du mode de cuisson, de son corps en un mot, chercher à tout programmer est en contradiction avec la notion même de plaisir et de gourmandise : « Le plaisir ne va pas toujours avec l’ordre ».
On a souvent tendance, pour lutter contre une addiction, à la remplacer par une autre.

Masochisme et jugement d’autrui :

Qui dit qu’on est masochiste ? Est-ce soi-même ou bien les autres ? La société nous pousse à devenir masochistes, en plaçant hors de notre portée des plaisirs qu’elle présente comme nécessaires à notre bonheur. Nous sommes des proies pour tous ceux qui manipulent notre affect.
PE
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Le masochisme vu d'Amiens

Message par PE »

[center]Le groupe d’Amiens fait le point et nous parle de « le masochisme : recherche du plaisir dans la souffrance reçue d’autrui ou de soi même »[/center]


Tour de table :
F. : sa dernière séance psy remonte à il y a un mois et demi. Beaucoup de positif depuis mais également un cap difficile. Pensait « être d’attaque mentalement pour travailler en septembre » mais ce ne fut pas le cas. Reconnaît qu’elle a placé la barre trop haute. Elle se dit fière d’elle. Elle a fait le deuil de sa dernière relation, se sent plus forte et recherche encore l’amour. Elle a des projets de cours (études). Elle dit « qu’il ne faut pas lutter contre les crises mais les remplacer ». Elle fait encore environ 7 crises par mois. Elle veut écouter son corps, être à l’écoute de ce qu’elle ressent et briser le cercle vicieux. En effet, elle constate qu’elle reproduit ce qu’a fait son père et ne veut plus. Elle aimerait voir un psychothérapeute et regrette l’absence d’Isabelle (psychothérapeute de l’association).

T. : dit qu’elle analyse trop, ressasse. Elle ne constate pas beaucoup de progrès
depuis deux semaines. Se pose des questions sur les antidépresseurs qu’elle prend. Elle dit qu’elle a peur. Mange mieux, elle a moins d’inquiétudes, moins d’interdits. Elle se sent plus détendue mais s’interroge sur la part des antidépresseurs dans son mieux être. Reconnaît qu’elle va mieux mais qu’elle n’est toujours pas très « épaisse ». Appréhende le week-end chez elle.

B. : « vie hyperactive ». On lui a donné une voiture, elle déménage, part en Espagne fêter ses 50 ans avec ses 2 fils. Elle va être licencie (elle dit avoir agit dans ce sens) mais se dit « confiante » car elle a mis des choses en place pour vivre après. Tout cela est « très fort » pour elle. En effet, cela fait 10 ans qu’elle prépare ce changement de cap. Ça y est, elle y est. Elle se prépare pour ses 60 ans. Sait qu’elle peut agir sur sa vie maintenant. Pendant 40 ans, elle dit avoir été un « pantin » . Par rapport à la nourriture cela se passe bien. « C’est bien » dit-elle « si j’ai envie de sucre, j’en prends ». Elle n’a plus d’envies obsessionnelles. «La fin d’un karma » dit-elle. Maintenant elle va vivre dans l’accueil, l’ouverture, l’amour inconditionnel. C’est une nouvelle façon d’être. Elle vit d’aider les autres (elle participe également à un groupe de paroles sur l’inceste) et dit « c’est bien que je l’ai vécu, c’est plus concret ».

L. : fait le bilan après un semestre passé à Amiens. Elle est contente car elle a le sentiment d’avoir enfin trouvé ses marques, son équilibre. Elle a passé une bonne semaine. Maintenant elle arrive à passer des soirées agréables seule chez elle. Ses études lui plaisent et elle est très motivée pour réussir et vivre pleinement le second semestre.

-------Thème : « le masochisme : recherche du plaisir dans la souffrance reçue d’autrui ou de soi même »-----

F. parle de la violence verbale et des gifles de son père.
Jean recadre : le masochisme c’est « le mal que l’on se fait à soi même ». Il demande à F comment elle perçoit le masochisme.
F « on se fait du mal à soi même en faisant du mal aux personnes que l’on aime le plus ».
J « quels sont les moments où tu cherches à te faire du mal ? »
F « quand je me coupe de mes amis, quand je ne veux pas écrire (dans mon journal), je préfère prendre le téléphone, quand je manque de confiance ». Quand elle se dit « tu ne mérites pas d’être heureuse ». F reconnaît que cette pensée est « perverse » car elle est consciente de mériter d’être heureuse. Les moments les plus difficiles à gérer pour elle, sont les crises de boulimie. Elle ajoute qu’il y a des moments où elle « n’a pas envie de se faire du bien », où elle ne se sent pas bien mais n’a pas envie de comprendre pourquoi. Pour elle, se faire du mal est lié au relationnel : puisqu’elle n’a pas confiance en elle, elle a confiance en l’autre, d’où une certaine fragilité.
J résume : « tu te coupes pour te protéger ? »
F dit que dialoguer avec une personne est différent de dialoguer avec un stylo et un papier. Le mal qu’elle se fait est relié à la confiance en soi et à la boulimie. A force que son père lui dise qu’elle n’est pas capable, elle a finit par intérioriser.
J « tu te fais du mal en cherchant à ne pas savoir »
Brigitte dit que c’est du « déni »
F dit que la fin de ses écrits est toujours heureuse, à la façon « ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants ». Elle s’étonne de sa discussion avec une amie sur sa relation à ses petits amis et notamment d’avoir prononcé d’elle-même le mot « transfert ». Elle a « peur de trouver des embûches ».
T. : «On a peur de s’en sortir »
F « Là où je suis masochiste c’est que je me complets à ne pas savoir » « je me protège ». Pour F, se faire du mal c’est ne pas voir ses démons car elle craint que ce qu’elle va trouver est plus douloureux que ce qu’elle vit actuellement.
B « tu sais que tu es en train de te leurrer »
J lui conseil de juste « noter » ces démons dans son journal sans rentrer dans les détails pour les apprivoiser.
B quant à elle lui conseille de « leur donner un nom »
F fait le point. Elle a parcouru un sacré chemin. Le plus dur fut cet été.
T : « le masochisme c’est le contrôle de l’alimentation, le plaisir du contrôle ». Pour T la boulimie c’est « une perte de contrôle ». Pour T, la balance évalue l’appréciation qu’elle va avoir d’elle dans la journée.
J : « c’est quoi pour toi vouloir se faire du mal ? »
T dit qu’elle se sent moins bien quand elle a des crises que quand elle contrôle. Les crises arrivent plus souvent chez ses parents car chez elle il y a moins de tentations. Elle dit qu’elle passe trop de temps au supermarché car réfléchit sur tout, prend beaucoup de temps pour choisir. Elle ne sait pas comment ces troubles du comportement alimentaires sont arrivés. Elle pense que c’est une conjoncture : elle n’était pas heureuse au collège, ni au lycée, s’entendait mal avec son frère. Quitter le domicile des ses parents lui a permis de réduire la nourriture.
J : « le masochisme c’est le plaisir là où ça fait mal »
T explique que depuis qu’elle a appris que sa mère a des problèmes d’hypercholestérolémie elle ne mange plus d’œuf car l’hypercholestérolémie est héréditaire.
B « ce sont des croyances »
J « tu perçois bien que c’est vraiment une histoire de contrôle ? »
T dit que aujourd’hui elle « hyper contrôle » moins et a donc moins de perte de contrôle qu’avant.
J « c’est quoi le plaisir  corporellement » ?
T « la balance » « voir qu’elle ne va pas monter »
F « c’est une arme ». F ajoute que ça fait 4 ans qu’elle n’a plus de balance chez elle.
T dit qu’elle ressent son malaise est à l’extérieur de la maison, à la fac. Le regard des autres la rend mal à l’aise.
B « Est-ce que c’est une jouissance ? »
T répond que oui, le matin, quand elle se pèse si la balance n’a pas bougé elle a le cœur léger. La balance détermine le cours de sa journée. Elle rajoute que quand elle vomit elle se sent mal, épuisée.
F acquiesce « t’as l’impression de te battre contre un titan » qui « vient me tenter, me tente, fait ses dégâts et puis s’en va ».
T « A chaque jour suffit sa peine ». Elle ajoute « si c’était à refaire, je ne serais jamais tombée là dedans »
F « tu serais tombée dans autre chose »…
J « Est-ce que tu perçois les moments où tu te fais du mal ? »
T répond qu’elle ne voit plus les moments où elle se fait du mal car elle ne ressent plus le manque. Mais ça lui fait du mal de ne pas trouver de convivialité à être réuni autour d’un plat. A table, avec ses parents, elle trouve du plaisir à la discussion mais l’inquiétude l’emporte.
F dit qu’elle ressent les jours de crise comme un échec total. Autrefois les crises lui apportaient du plaisir, plus aujourd’hui.
B «Le masochisme c’est le masque que je porte quand je suis dans ma blessure d’humiliation »  
J « Tu veux dire quoi par masque ? »
B « tu rentres dans ce comportement ». Elle explique que ce n’est pas toujours ce masque là qu’elle va porter dans la journée. Elle a pris conscience d’être une victime grâce à un psy et à renverser le processus. Elle raconte que ses crises de boulimie n’avaient lieux que le samedi. Elle est toujours vigilante aujourd’hui à ce qu’elle fait le samedi. A « cadrer » cette journée.
J « Et toi L. ? »
L. « Moi je crois que je me suis fais du mal à trop vouloir me faire de bien ». Elle explique quand voulant tout trop bien faire elle a finit par se mal traiter.
J résume « tu es une perfectionniste »
L « oui, c’est ça». Elle ajoute que pourtant ses parents ne l’on jamais trop « poussée » au contraire. Ils cherchent à lui montrer qu’ils sont fières d’elle, qu’elle a toujours bien réussi et que si pour une fois elle ratait un examen (ou autre) ça ne serait pas une catastrophe : elle s’en sortirait quand même et ne perdrait pas leur amour pour autant.
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