Anorexie, entre nous, tout est fini.

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skritchouille
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Anorexie, entre nous, tout est fini.

Message par skritchouille »

J’avais 13ans et demi quand sa a commencé.

J’ai compris que j’etais anorexique la première fois où je me suis faite vomir. Je ne mangeais plus du tout, et un jour je me suis dites que j’etais en train de devenir anorexique, que je devais manger pour eviter l’hopital. Alors j’ai fait un repas complet. Mais la culpabilité a été trop forte. Je me disais que j’avais fait tout ces efforts pour rien, que j’allais grossir. Je pouvais presque, 5minutes après mon repas, sentir la graisse s’installer. Je me disais que j’avais été faible, que je n’avais pas su m’en tenir à ce que j’avais décidé. Je me suis faite vomir, pour réparer mon erreur. Là j’ai compris que je ne maitrisais absolument rien. Que j’etais devenue esclave de la maladie. Que ce n’etais meme plus moi qui décidait. Tout m’etait dicté par l’anorexie, et je ne pouvais pas, je n’arrivais pas, à lui désobéir.

Je n’ai rien dit à personne, je ne voulais pas qu’ils tentent de m’arreter. J’aurais suivi mon anorexie jusqu’à la mort.
Mais ma mère a compris. J’avais perdu 13kilos en deux mois, sa se voyait donc. De plus j’étais cernée, blanche comme une morte, je ne bougeais plus (plus d’energie pour), je restais collée au chauffage ...
Elle m'a emmenée chez un medecin généraliste, et le diagnostic est tombé : anorexie restrictive.
Je le savais, mais j'avais encore du mal à realiser. Anorexique? Moi? Impossible!
Et pourtant...Je ne pouvais pas trouver que mon comportement était normal.

Dans le miroir,je me voyait, et me voit toujours, beaucoup trop grosse. Je n'etait jamais assez mince.
Le soucis n’est pas d’etre jolie, comme on pourrait le penser. C’est vraiment vouloir perdre ses formes, toutes ses formes, maigrir pour le plaisir de maigrir, pour le plaisir de souffrir, de se voir couler petit à petit.
On se sent tellement pure quand on peut sentire ses os…C’est rassurant.
La graisse me deguoute..
Aujourd'hui je sais que mon image de moi meme est fausse, et que je ne suis pas aussi grosse que ce que le miroir me montre, mais c'est très difficile d'accepter que ce que l'on voit n'est pas la réalité.

Petit à petit, je ne parlais plus à personne. Pour plusiseurs raisons, d’abord, parce que j’avais peur qu’elles comprennent que j’etais anorexique.
Ensuite, parce que je ne pensais meme plus à mes amis ou ma famille. Je passais mon temps à compter les calories, à me répéter dans ma tete « ne pas manger, ne pas manger », à verifier mon poid, à verifier que je sentais toujours mes os… C’est tellement obsedant qu’on ne pense plus a rien d’autre...
Et puis au bout d’un certain temps, c’était aussi par manque d’energie. Meme parler, sourire devenait difficile. Entretenir une relation amicale, amoureuse, ou familiale, c’est trop dur dans ces conditions.

Il faut savoir que mon quotidien en tant qu’anorexique c’etait :
-Ne rien manger ( rien du tout du tout, j’insiste)
-Aller à l’ecole
-Rentrer, aller courir deux heures.
-Etudier deux heures.
-Dormir tout de suite (aucune energie)

Puis plus tard :
-Ne rien manger
-Ne meme plus boire (je me disais que puisque le corp etait composé de beaucoup d’eau, en perdant cette eau, je perdrais aussi du poid…)
-Courir 3heures
-Nager 1heure
-Etudier 2heures.

Evidemment, a coté de cela, tout les moyens sont bon pour maigrir plus : fumer, etudier un maximum, bouger un maximum, avoir très froid, pour bruler des calories…

Je n’en ai parler à personne. D’abord parce que je ne voulais pas qu’ils m’aident. Je pensais que j’avais trouver la verité. Que j’avais compris comment on vivait vraiment. Qu’en fait on avait pas besoin de nourriture pour vivre. Que ceux qui mangeaient étaient faibles. Je savais bien qu’ils ne seraient pas d’accord, et ne comprendraient pas. J’etais tellement sure que j’avais raison, que c’etait comme sa qu’on vivait quand on était fort.
Ils ont forcément compris le jour ou je me suis retrouvée a l’hopital.
Les reactions ont été divers.
Certains on essayer de comprendre, lu des livres sur le sujet, essayer de parler avec moi, etc.
Ceux là m’aidaient le plus, meme si quand ils venaient me voir à l’hopital, et me regardaient comme une mourrante, ils m’enervaient. Pour moi j’etais forte ! Je ne supportais pas leurs pitié.
D’autres m’ont dissputée, en me disant que j’étais stupide, que c’était horrible de faire cela quand des gens mourraient de faim. Que j’étais egoiste. Ils ne comprenaient pas que je ne controlais rien… Sa fait très mal de se voir reprochée quelque chose qu’on ne fait pas volontairement, dont on est esclave, dont on souffre aussi…
Pour d’autre, c’etait juste un caprice, une façon de me faire remarquée. C’etait peut-etre un peu vrai, mais malheureusement, ce n’etait pas que sa. Et voir que des gens qui vous sont proches prennent quelque chose qui vous detruit, physiquement et moralement pour un simple caprice, c’est aussi très blessant.

J'ai finalement, apres ma première hospitalisation, été denouveau réhospitalisée, puis transférée dans un centre spécialisé. J'en suis sortie toute heureuse, soulagée, avec un poid parfaitement normal, plus aucune restricition, aucun vomissement, en me sentant bien dans ma peau.

A peine un mois plus tard, suite à des disputes répétées avec mon père, je rechute... Je reperds 4kg, puis je stabilise. Depuis je stabilise +/-, mais je me fais vomir tous les jours...

Je pense avoir trouvé les causes :

Lorsqu’on est petite fille, on idéalise son père, et on se voit comme sa petite femme.
C’est le role de la mère de couper ce lien.
Or mes parents ont divorcé lorsque j’avais 5ans, ma mère n’en a donc pas eu l’occasion.
C’est pourquoi, je faisais tout pour que mon père soit fièr de moi, quoi qu’il m’en coute.
C’est ce qu’on appelle un complexe d’oedipe, en psychologie.
Or lorsque j’ai eu mon premier copain, il m’a traitée de « s***** ».

J’ai commencé ma puberté très jeune. J’avais de la poitrine en 4e primaire, c’etait très difficile pour moi, je ne l’assumais pas, j’etais trop jeune, et aucune de mes copines n’avaient de seins (moqueries, etc..)

A 11ans, alors que j’entrait dans l’adolescence, j’ai un jour trouvé dans la chambre de ma mère, des objets à caractère pornographique et sexuel.
J’ai été très choquée.
Petite, on prend evidemment sa maman comme modèle feminin. Avec dans la tete, inconsciemment : « je vais devenir comme cela »
Or elle a salit mon image de la femme adulte, qui voudrait grandir quand on pense que ce qui nous attend, c’est de devenir cela ?

Un mois avant de devenir anorexique, je me suis faite violée. Sa a été le declanchement. Je me disais que c’etait ma faute, que si je n’avais pas eu ce corps là, ces formes là, sa ne serait jamais arrivé. C’est surement vrai d’ailleurs, on est pas attiré par un petit squelette.
Je me disais donc que ce viol, c’etait ma faute, que je l’avais provoqué.

____Donc l’anorexie c’etait un moyen de perdre ces formes de femme que je n’assumais, et ne voulais pas.
-Je redevenais la petite fille parfaite de mon papa chéri, pas une « s***** »
-Je ne devenais pas provocatrice comme maman
-Je me protégeais, et m’assurait de ne plus jamais me faire violée.
-Je me punissais en souffrant, pour payer toutes ces choses qui « etaient ma faute »
-Je devenais parfaite, très forte, si forte que je luttais contre la faim (deux mois avant j’avais doublé, donc je me rattrapais)
-Je me fixais un objectif et me prouvait que je pouvais y arriver ( je peux tout faire = sentiment de toute puissance)
-Enfin, je me suicidait lentement, j’abandonnais cette vie qui ne m’interressait meme plus, et je mourrais petit a petit, pour prendre le temps de souffrir, de « payer mes erreurs ».

Evidemment, c'etait inconscient.

Je suis très heureuse aujourd'hui d'avoir trouvé les raisons. Mais sa ne me guerit pas pour autant.
Oh je mange, oui.
Je n'ai plus vraiment de restriction. Je suis en très leger sous poids, donc de ce coté la sa va aussi.
Mais il ne se passe pas un jour sans que je me fasse vomir. Sans pourtant avoir de crise de boulimie. J'ai juste très difficile à gerer les repas, en particulier celui du soir. Les quantités me semblent énormes. Pourtant, j'essaye d'ecouter mon corps, de manger à ma faim, ni plus ni moins. Mais mon corps veut manger des quantités que mon mental trouve gigantesques pour etre rassasié..


Je suis tombée amoureuse. Depuis quelques mois, sa y est, je l'ai, l'homme de ma vie, le seul, le vrai.
Il est au courant de tout.
Il me soutient de son mieu, mais je le vois souffrir de mon mal etre, et je ne peux le tolérer.
Parce que je l'aime, parce que je veux le rendre heureux, parce que je veux vivre pour tout ce que nous projettons, lui faire des enfants, je DOIS guérir.

J'ai très peur de la prise de poid. Les aliments,meme gras, ne m'effraient plus. J'ai juste enormement de mal a accepter mes formes, mon corps, et toujours cette hantise d'etre grosse. J'essaye de manger normalement, et à ma faim, mais apres a peine une semaine,je constate une prise de poids, je panique et je rechute...
Pourtant, je veux tellement fort m'en sortir. Comment accepter de voir mon corps changer?

Peut etre avez vous surmonter cela déja, ou peut etre vivez vous la meme chose...

Peut-etre mon témoignage vous aura-t-il apporter quelque chose, en tout cas, à moi, sa m'a vraiment fait du bien.

Si vous avez lu jusqu'ici, vous etes courageux  :)

Peut-etre avez vous des conseils, des idées?
Je suis ouverte à tout.

Merci de votre lecture.
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