Mon quotidien

[Sharkies]

C'est avec beaucoup d'hésitation que je poste ce message aujourd'hui. À vrai dire, je déteste parler de moi et par dessus tout avouer mes faiblesses. Mais aujourd'hui je suis faible. Et aujourd'hui j'ai décidé de changer pour enfin aller mieux. J'ai mis un certain temps à réaliser que je souffrais et encore plus lorsqu'il a fallut trouver de quoi et pourquoi je souffrais. Mais cela remonte d'il y a plusieurs années. Lors de mes années de collège, j'ai commencé à voir mon corps changer, comme toutes les filles de mon âge à l'époque. Seulement moi, ce ne sont pas mes formes qui augmentaient, c'était les chiffres sur la balance. À cette époque, rien de très mauvais. En dernière année de collège j'ai commencé à développer certains complexes par rapport au fait que je n'avais pas beaucoup de seins. Mais le pire était encore à venir. À vrai dire, une fille de 14 ans qui n'a pas beaucoup de seins pas la peine d'en faire toute une histoire. Mais à 14 ans tous se développe en même temps. De ce fait je commençais à grossir. J'ai pris [...] entre mon entrée au collège et mon entrée au lycée, pour l'instant rien d'anormal vu que je suis passée de 12 à 15 ans. Mais le lycée n'a fait qu'aggraver les complexes qui étaient encore très peu profonds à l'époque. Au lycée j'ai commencé à voir toutes ces nouvelles personnes dont certaines étaient tellement belles et tellement minces... Bien sûr en entrant au lycée je pensais à High School Musical et au prince charmant. Et c'est très connu que prince charmant de nos jours ne rime qu'avec minceur. C'est difficilement que je l'avoue mais je me trouve grosse. Techniquement parlant une partie de mon cerveau me dit que je suis normale mais en pratique je me trouve affreuse. Des défauts par ci, par là, des détails que personnes ne remarquent mais qui m'obsèdent. Entre temps, ma mère commença un régime. Étant donné que c'est elle qui me prépare mon déjeuner lorsque je rentre du lycée, mes repas étaient donc plutôt sains. J'ai donc par la suite voulu imiter ma mère car je me disais qu'elle me motiverait. Le début d'une fin tragique. Les frustrations, l'effet yoyo représentaient mon quotidien et ça a duré plus d'un an. Jusqu'à l'été dernier. C'est connu, tout le monde commence son régime quelques mois avant l'été en espérant de tous son cœur d'avoir un corps de rêve à la plage. Je me suis donc sérieusement mise au sport. J'ai perdu 2kg mais ce n'était jamais assez. Arrivé au mois de juillet, je pars au Portugal. C'est connu que qui dit vacances, dit famille, dit repas de fête tous les soirs. Or repas de fête égal repas très copieux et très gras. Je reprends tous les kilos perdu, si ce n'est plus. Je plonge dans une déception profonde où je ne m'autorise plus aucun plaisir même si toute ma famille autour de moi se régale avec de bonnes glaces, comme des personnes normales. En août, je pars en Italie avec ma sœur et ma mère. Ma sœur n'ayant jamais été une grande mangeuse et ma mère suivant toujours une alimentation saine, je suis le vilain petit canard. Je suis celle qui réclame qu'elle a faim, qu'elle a tout le temps faim. Mais en Italie, il a fait très chaud et j'ai passé une semaine à ne boire que des litres et des litres d'eau et à me nourrir que de pâtes natures et de glaces très "naturelles" (on sentait vraiment le fruit et il n'y avait donc je pense pas bcp de graisse contrairement aux glaces industrielles). J'ai perdu [...] en 1 semaine. Bien entendu c'était trop beau pour que ça dure. Mais ce qui était bizarre c'est que je n'avais jamais été aussi mince mais que pourtant je n'étais toujours pas satisfaite, ni heureuse, ni fière de moi. J'ai repris [...] et je suis restée autour de ce poids jusqu'à la rentrée. Pendant cet été j'ai notamment arrêté tous ce qui était fastfood, sodas, gâteaux industrielles trop gras et trop sucrés, boissons sucrées et tous ce qui peut représenter l'alimentation d'une adolescente normale. C'est ainsi que j'ai arrêté de partager des goûters et des repas avec mes amis. Une souffrance en plus à rajouter à la liste des choses que je me fais subir. À la rentrée, le même schéma que les années précédentes. Régimes, frustrations, déception, abandon, réessayer, reéchouer, reabandonner, aujourd'hui. Aujourd'hui je suis comme lors de mon entrée au lycée, mais en pire et en plus grosse. J'ai de même développée quelque chose, dont je ne me suis pas rendue compte tout de suite : l'hyperphagie. À vrai dire je ne me suis pas faite diagnostiquée hyperphagique mais j'ai eu besoin de mettre un nom sur ce qu'il m'arrivait. Il m'arrive, trop souvent, souvent après une journée très soft où je finis mon dîner (soft) avec une satifaction que demain j'aurais perdu du poids par rapport à la veille. Mais après le dîner tout dérape. J'ai encore faim. Mais je ne peux pas me remettre à manger sous le regard de mes parents. J'attends donc qu'ils aillent se coucher et je descends manger, honteuse. Je mange essentiellement des choses sucrées qui me procure un certain bien étant donné que pendant la journée, tous mes repas aient été soft. Je mange donc toutes les choses que je me refuse de manger la journée, quand je fais régime. Et je remonte dans ma chambre, honteuse, dégoûtante, sale. J'aimerais même me mettre à pleurer des fois. Mais je n'y arrive jamais. Aujourd'hui je ne veux pas essayer de pleurer, je veux changer. Je veux aller mieux. J'essaye de toutes mes forces de résister même si ce soir j'ai encore cédé. Demain je ne céderai pas. Après demain je ne cèderai plus. Mais après demain j'ai cèdé, et le schéma se répéta.

[hiverVolcanique]

Bonjour à toi,
Je comprend très bien ce que tu vis. Les restrictions entretiennent l'hyperphagie. La privation incite à craquer et à outrepasser les règles que l'on s'est fixé. Je vis un peu la même chose que toi cette année, et je me rend compte que mes crises naissent de la frustration accumulée à force de m'imposer des restrictions. Peut-être que tu devrais essayer autre chose, changer d'objectif : que ton objectif ne soit pas de réussir à te restreindre ou de réussir à perdre du poids, mais de réussir à manger sans frustration. Si tu t'autorises tout, tu n'auras pas "besoin" de franchir les limites et donc de faire une crise, puisqu'il n'y a pas de limite. Oui c'est un peu tordu. En gros, tu dois te dire que tu as le droit de tout manger. Mais en étant connectée à toi même. Plutôt que de cultiver la restriction, cultive la sérénité et la bienveillance avec ton corps. Hormis ça, essaie de manger assez la journée pour ne pas avoir trop faim, la faim étant un grand facteur déclenchant des crises.
Bon courage, je sais combien c'est dur et combien la culpabilité est destructrice, prend soin de toi. Car si tu ne prends pas soin de toi, qui le fera ?