Besoin d'écoute

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Mowgli
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Enregistré le : 11 août 2017, 23:18

Besoin d'écoute

Message par Mowgli »

Bonjour tout le monde,
Voilà, j'ai vraiment besoin de parler de ma situation et de mes souffrances avec des personnes qui ne me connaissent pas et qui (je l'espère) pourront me donner un avis réellement objectif sur ce que je suis en train de vivre en ce moment.
Je ne sais pas vraiment si je suis anorexique ou si je souffre d'un quelconque problème alimentaire "pur". Mon entourage me dit que ma perte de poids fulgurante (-... kilos en 3 mois et demi) est dûe à l'adversité à laquelle je dois faire face depuis quelques temps (je viens de me séparer de mon mari). Chacun y va de son bon conseil, se métamorphosant en diététicien/psychologue de comptoir, persuadé que cela va m'aider à aller mieux. Ce qui est l'exact contraire bien évidemment....
J'ai commencé à perdre du poids il y a 7 mois mais je pense que ça n'est que la manifestation d'une souffrance bien plus ancienne. Avant, je souffrais de mon surpoids et j'ai subi des moqueries de la part de tout le monde pour ça. Ça me faisait mal mais j'essayais d'y trouver mon compte en me trouvant une identité de "femme belle et forte", malgré mes ... kilos pour mon ... J'essayais d'avoir la confiance d'une Marianne James combiné à la sensualité d'une Beyoncé.... Ce qui était ridicule bien sûr, parce que je n'étais ni l'une ni l'autre. Je viens d'une famille purement féminine où toutes mes aînées étaient de jolies blondes qui avaient "ce qu'il faut là où il faut" tandis que j'étais la petite brune potelette et mal dans sa peau. Je les admirais mais je ne les jalousais pas ; quand elles me surnommaient "bouboule" je ne les traitais pas de "sacs d'os" pour me défendre, parce que ça n'était pas vrai. Elles étaient belles, tout simplement. Pas moi, c'était un fait. La souffrance ne m'a pas rendue amère, juste malheureuse.
À 16 ans, j'ai rencontré mon mari, qui en avait 25 (ne hurlez pas, je faisais plus vieille que mon âge et j'ai attendu qu'il soit trop amoureux pour me quitter avant de lui avouer la vérité, et c'est le seul mensonge que je ne regretterai jamais :^o ). C'est la première personne qui m'ait réellement aimée, moi, avec mes souffrances, mes traumatismes, mes imperfections et mes espoirs. Hors de question que je le laisse filer pour une histoire d'âge, j'avais enfin trouvé mon "chevalier blanc"...
Malheureusement, lui comme les autres (mais de façon plus insidieuse) ne m'acceptais pas pour ce que j'étais. Pendant 11 ans j'ai vécu comme la bonne petite épouse qu'il voulait. Hors de question d'avoir des rêves ou des ambitions (passer mon permis, avoir un diplôme, un compte en banque, des amis qu'il n'avait pas préalablement choisi etc...) J'étais devenue littéralement un personnage secondaire à la disposition de sa propre vie. J'en souffrais mais j'avais si peu confiance en moi qu'à chaque "revendication" de ma liberté, il réussissait à me retourner comme une crêpe et je retournais dans mon trou de souris.
Mais quand je suis devenue maman, tout a changé.
J'ai mis au monde un adorable et fantastique petit garçon, qui a 2 ans et demi aujourd'hui. Je me suis totalement consacrée à lui à l'instant même où j'ai su que j'étais enceinte. Mon mari également, mais de façon très malsaine : plutôt que de prendre plaisir à être avec sa famille et en profiter simplement, il s'est littéralement plongé dans le négativisme et le repli sur soi : il n'y avait que nous trois, le reste du monde était devenu un ennemi pour lui. Dès que je voulais rendre visite à ma famille où une amie j'avais droit à une avalanche de reproches. J'avais l'habitude de justifier chacun de mes faits et gestes, et je continuais. Mais ce qui à tout changé, c'est quand j'ai remarqué que mon propre enfant calquait son attitude sur celle de son père : il a refusé de m'appeler "maman" pendant une semaine quand j'ai rendu visite à une de mes sœurs un weekend !!!
C'est là que j'ai compris que j'étais en train de mourir à l'intérieur. Et les kilos ont fondu en même temps que mon identité.
Un soir où mon mari m'a fait une énième crise de jalousie parce qu'un homme m'avait parlé à la fête d'anniversaire de ma meilleure amie, j'ai explosé. Je lui ait dit tout ce que j'avais sur le cœur et ça m'a fait beaucoup de bien. En revanche je n'avais pas prévu qu'il tenterai de nous tuer tous les deux en jetant la voiture dans un fossé. Il s'est arrêté juste à temps mais il m'a fait du chantage au suicide dès que nous sommes rentrés à la maison. Mon fils dormait juste au dessus de nous.
Et là j'ai compris.
Il était HORS DE QUESTION que qui que ce soit se mette au travers du bonheur de mon enfant. Il était hors de question qu'il devienne orphelin de père et de mère à cause des problèmes de ses parents. À ce moment j'ai compris ce qui était important : ce n'était pas mon couple, ni ma tranquillité sociale, mais le bonheur de mon fils. J'ai donc pris la décision de quitter mon mari. D'accord, je vivrai plus chichement, d'accord, j'affronterai l'inconnu et cela me faisait peur. Mais je savais une chose : je ferai toujours en sorte que mon foyer soit empli de bienveillance. Et j'y ai vu un intérêt primal pour mon petit, car on ne doit jamais se contenter de moins que ce qu'on mérite.
J'ai bataillé mais j'y suis parvenue : je vis dans un joli petit appartement avec une jolie chambre pour mon petit. Je vis grâce aux aides sociales et aux petits boulots en "extra", mais même si j'ai l'impression de jongler avec des tronçonneuses enflammées pour boucler les fins de mois, je sais que mon fils est sincèrement heureux d'avoir enfin "trouvé" sa maman : il ne calque plus du tout son attitude sur celle de son père et notre complicité s'est décuplée depuis. Quand je le regarde, je sais que j'ai pris la bonne décision, même si je suis toujours morte de peur pour l'avenir.
En revanche, sur le plan alimentaire, je fais vraiment n'importe quoi. Une tomate me suffit.... pour la journée. J'ai banni depuis longtemps tous les aliments transformés à l'exception du "Kiri" avec un toast de maïs une fois par semaine. Et je le vis comme un plaisir coupable.
Je ne vomis pas, j'ai de temps en temps des périodes "d'envie d'hyperphagie" mais je fais exprès de ne pas faire les courses dans ces moments. Pour ne pas me tenter...
Je pense que je fais tout ça parce qu'au final mon alimentation est la seule chose sur laquelle j'ai un contrôle dans ma vie. Paradoxalement, c'est quand j'ai faim mais que je ne me nourris pas que j'ai l'impression de gérer enfin ma vie. Quand je me pèse (3-4 fois par jour, je l'avoue) je suis heureuse quand je perds du poids, même si je sais que faire 40.2 kilos c'est pas bien. À l'inverse, je suis horrifiée quand je prends du poids et je ne bois que du thé vert pendant 2 jours, associés à 2 heures de sport au minimum à 48h d'intervalle (j'ai fait des calculs sur le métabolisme pour toujours faire en sorte d'être en état de perte de poids, je me rends bien compte que c'est bête mais c'est le seul moyen que j'ai trouvé pour ne plus ressentir de culpabilité... pour un temps). J'ai pris RDV avec une psy mais elle m'a dit que j'avais raison de faire ça car j'étais plus belle comme ça (elle a visiblement un problème de comportement alimentaire elle aussi car elle est très fluette, elle a l'air "fixée" sur elle même et part dans un monologue les 3 quarts de la séance, et c'est dommage parce qu'elle est douée en dehors de ça). J'ai pris un rdv avec un autre psy du coup... Mais je n'ai rdv que fin septembre.
Et j'ai vraiment besoin de parler (vous vous en êtes rendu compte je crois :-p)
Merci de m'avoir lue, ça m'a fait du bien d'écrire tout ça ! J'ai besoin de mots, j'ai besoin de ne pas me sentir seule. Je suis heureuse d'avoir trouvé ce forum, et je l'espère des "ami(e)s numériques" pour que nous puissions nous soutenir mutuellement. J'espère que tout cela nous sera bénéfique !

À bientôt,

Mowgli ;-)
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