Rayon_de_Soleil a écrit :[
Alors pour cette fois, je ne serai pas énigmatique,
je ............ je..........
Alllez je me jette à l'eau, à vrai dire
J'ai P E U R de l'écrire, mais je cherche un peu de votre propre expérience personnelle,
Le défi que je veux relever, c'est de contacter mon IN-CESSE-TUEUR,
pour lui dire que pendant un certain temps, j'espérai une reconnaissance de sa part,
pour lui dire combien je me suis sentie seule face à tout cela,
combien je me suis sentie seule, suite à la réponse de ma mère
(Pas grave, c'est arrivé dans toutes les familles)
Que parents et une soeur m'ont demandé de me taire et de te pardonner !!!!!!!!!!
Ah faut pas que ces choses là ne s'ébruitent au delà de l'enceinte familiale.
Laisser le tableau intact, tous souriants, et tous s'aimant........
NON NON et NON !!!!!!!!
J'ai continué mon petit bonhomme de chemin,
à présent, que s'ils considèrent cela comme anodin et courant,
ils se trompent.
que de mon coté, je n'en ai plus honte, ce n'est pas moi la coupable.
Il faut rendre à César ce qui appartient à César.
Je m'attends malgré tout à ce que je n'ai jamais d'excuses de sa part.
J'ai fait le "deuil" de toute reconnaissance.
En fait, O S E R lui faire face,
O S E R lui montrer que le roseau, même s'il paraît fragile,
il a bien plus de force qu'il ne laisse paraître.....
Cette démarche m'est absolument nécessaire pour perdre ce sentiment
d'infériorité, cette sensation de toujours tout rater, d'être une incapable.
Tout est prêt pour le faire, mais il me faut O S E R maintenant,
car c'est là que la P E U R intervient, et déroute.
Rien que d'y penser, cette PEUR provoque des tremblements
qui m'envahissent mon corps de la tête aux pieds.
Mais je n'ai plus le choix.
C'est partir vers un inconnu, ne pas savoir comment cela se passera,
mais s'il m'écoute jusqu'au bout, je sais que ça ne pourra m'amener
que du BIEN
O S E R ou F U I R
F U I R ou O S E R
Si parmi vous, quelqu'un a été amenée ""à affronter son démon""
que ce soit en face à face, par tél, en audience, se serait sympa
de partager votre ressenti, d'avant, pendant et après défi.
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Je tremble en te lisant devant tant de douleurs, d'hypocrisie familiale, de rejets
Rayon_de_Soleil, tu sens que cette démarche t'est necessaire pour vivre sans te detruire dans la rancoeur , fais le, fixe toi une date butoir
et le moyen.
Le moyen est important et c'est à toi de sentir ce qui te libereras le plus (par ex si un affrontement direct te fait peur mais que tu sens que ça degageras le plus tes souffrances, fais le, car un autre moyen comme le tél ou une lettre te laisseras un goût amer d'inachevé).
Tu en es capable, tu sens que c'est le moment, fonce.
Tu demandes des temoignages, j'en ai deux à te livrer, j'espere que ça t'aidera même si les situations ne sont pas similaires.
J'ai subi un abus sexuel il y a 20 ans d'un "ami" de mes parents qui a été ravivé le 20 novembre 2002 où j'ai été victime d'une agression sexuelle de la part d'un inconnu.
J'ai porté plainte (+ test HIV) et à la mi octobre 2002, je trouve dans ma boite aux lettres une convocation des flics à me presenter au poste le jour même pour une reconnaissance d'un agresseur venant d'être pris en flagrant délit d'abus sexuel similaire. Une collègue au courant m'accompagne, c'est très dur car je souffre de surcroit d'agoraphobie et le poste de police se trouve à deux pas du lieu de mon agression.
On me met devant une glace sans teint où se trouvent plusieurs individus, je LE reconnais d'emblée.
Je chie dans mon froc (je croyais que c'etait juste une expression jusque là), je passe aux WC, jète mon slip et me lave.
Au retour, on me demande si je souhaite une confrontation directe avec mon agresseur, je reponds oui, je l'avais decidé dès la convocation, même si je suis morte de trouille, j'en ai besoin.
Il est parqué dans une cellule à barreau d'environ 3m sur 1. J'ai de la pitié pour lui et je sens monter une haine incroyable, je l'insulte puis lui dis "Tu te rends compte de ce que tu as fait, tu m'as detruite !" Il baisse les yeux (je precise qu'il ne parle ni ne comprend le français).
Je me sens libérée d'un poids.
Le jour même, on me dit que je dois aller au service medical judiciaire pour faire evaluer les consequences de l'agression. Une policière m'y accompagne car je suis incapable d'y aller seule.
Je passe devant un groupe de 5 medecins qui me questionnent, me sens comme un cobaye, un animal bizarre et fou. Ils me declarent 10 jours d'ITT (interruption temporaire de travail, ce qui est beaucoup).
Juillet 2003 première convocation au tribunal, je suis sans avocat, je n'en ai pas les moyens (l'agresseur lui a droit à un avocat gratuit). Je le vois devant la salle d'audience, seul, je ne ressens plus de haine mais de l'indifference envers lui. J'attends 3 heures, vois defiler les affaires dans la salle d'audience, puis viens la mienne, je m'avance, le juge me demande si je n'ai pas d'avocat. Mais il y a un problème, ils n'ont pas trouvé de traducteurs parlant la langue de mon agresseur, l'affaire est reportée en novembre. Un avocat sur place, touchée par ma situation, un ange tombé du ciel me propose de me defendre gratuitement et me tend sa carte.
On prepare le dossier avec mon avocat (certificats medicaux...etc).
Arrive le jour J fin novembre 2003.
J'arrive en avance devant la salle d'audience accompagnée de ma petite amie, je fume une cigarette avec une avocate (qui se revelera être la sienne, elle est très renommée, j'ai vu sa photo dans des magazines, elle a defendu des cas très importants).
Puis je LE vois sur le banc devant la salle d'audience et là je suis prise de compassion, je sais que je lui ai pardonné.
le pardon est difficile, c'est un processus long et douloureux, on est habité par son passé, fixé par les cicatrices recues, c'est comme une sorte de mort, un processus de deuil.
Pour moi ce n'est pas oublier ou effacer la faute mais ne pas reduire la personne à cette faute (qui est inexcusable), lui laisser une chance de ne plus faire le mal et lui souhaiter le bonheur, lui ouvrir une chance pour l'avenir.
Avant la 2ème audience, je ne connaissais pas sa situation personnelle et je l'imaginais un bon père de famille ou un bon professionnel même s'il a commis le pire (4 depots de plaintes pour agression sexuelle dont une sur une jeune fille de tout juste 18 ans).
Salle d'audience, 3 heures d'attente, mon affaire passe en dernier. Le juge demande à mon avocat s'il demande le huis clos, celui-ci dit non.
Nous sommes appelés à la barre avec son traducteur, IL est à 30 cm de moi physiquement. J'ai la voix tremblotante mais je m'exprime facilement, réponds aux questions.
Plaidoirie de son avocate : il est célibataire, sans papier, exploité dans des boulots au noir, hébergé, envoyant une partie de son argent dans sa famille d'un pays sous développé avec une soeur handicapée. J'ai de la peine pour sa situation mais je lui avais déjà pardonné avant de la l'apprendre. Il aurait pu être un riche industriel, ça aurait été pareil.
Son avocate dit que j'avais déjà des problèmes psychologiques avant cette agression (et pour cause).
Plaidoirie de mon avocat, je ne me souviens que d'une seule phrase à mon adresse "VOUS N'ETES PAS COUPABLE".
Résultat : une peine de prison (il ressortira pour bonne conduite en avril 2004) et une amende (qu'il ne pourra me payer mais que j'ai reçu par l'état un an après par le service d'indemnisation des victimes).
Je n'ai plus peur de le rencontrer, je suis libérée.
Après ce procès (je n'avais pas revelé cette agression à mes parents), j'ai decidé de leur révéler les 2 agressions (la deuxième, plus facile, pour ricocher sur la première) separement (ils sont divorcés).
Debut decembre à ma mère : pour l'abus de mes 15 ans elle n'a rien vu mais coupe tout lien telephonique avec cet ancien ami. Elle en profite pour me faire une revelation qu'elle n'a jamais dit à personne (pas même à mon père), elle a été violée alors qu'elle était enceinte de moi d'environ 6 mois (je suis née prematurée) et quand j'ai calculé les dates concordent avec mon agression de 2002. Je repars avec ce poids, dois voir mon père à Noêl.
Jour de Noêl, confidence à mon père dans la voiture : "Pourquoi n'as tu rien dit" ? (se referant à ma 2eme agression) "Pour pas vous inquieter, vous êtes loin". Je pose la tête sur son épaule, attends qu'il me prenne dans ses bras. Rien (mes deux parents sont très pudiques au niveau manifestation de tendresse et j'en manque cruellement).
On fête Noêl.
On en a plus jamais parlé ni avec mon père ni avec ma mère.
Pour mon abus, adolescente, je ne peux pas livrer tous les éléments, mais j'en ai qui laissent à penser (des paroles de cet "ami" à mes parents) que mes parents auraient du voir.
J'ai ses coordonnées, j'ai souvent pensé à lui écrire (j'ai peur à chaque fois que je retourne dans la region de mon père de le rencontrer et même dans ma ville d'habitation actuelle où il a une soeur), je sais qu'il est marié avec sa compagne de l'epoque. Je me sens encore coupable malgré des années de therapie.
Je ne le hais plus, je sais qu'il avait d'autres antecedents de pedophilie mais je ne lui pardonne pas, j'ose juste esperer qu'il s'est assagi car il doit approcher la soixantaine.
Voilà mon temoignage, c'est la premiere fois que je l'ecris sur un forum avec tant de details (enfin pour le deuxieme) et je suis completement bouleversée.
Rayon_de_Soleil, je ne sais pas si ça peut t'aider ou si c'est juste un lâchage égoiste mais dans le premier cas j'en serais ravie.
Je ne sais pas si je vais revenir sur le forum aujourd'hui, je vais voir mon medecin puis me reposer.
Rayon_de_Soleil ne recule pas devant ta decision, je te souhaite tout le courage possible et beaucoup de force et d'amour de toi même :