Hyperphagie

[Clem721]

Au départ, ça commence par un simple reflet dans son miroir. Une silhouette, la vôtre. Avec des cuisses un peu trop dessinées, un ventre un peu trop bombé, des joues bien rebondies. Et cette petite voix qui vous dit que si vous perdiez quelques kilos, vos cuisses seraient alors plus fines, votre visage serait plus fin, votre silhouette plus élancée. En bref, vous seriez plus jolie, les gens vous regarderaient plus, les gens vous aimeraient peut-être même plus qui sait.
Alors vous vous lancez, dans un régime restrictif. Trop restrictif. Pour perdre vite, pour vite ressembler à la personne idéale que sous souhaiteriez être rapidement. Puis l'enfer commence. A force de sauter des repas, de duper vos parents, vos amis, vos proches en cachant de la nourriture, en la jetant, en mentant, vous vous enfermez dans une spirale. Les dégâts du régime commence à se faire sentir : vous alternez jours de restriction avec jour de goinfrade, ou vous mangez tout ce que vous pouvez dans un temps record en quantité gargantuesque. Après ça, vous contemplez les dégâts, vous vous dites que jamais plus vous ne referez ça et pourtant...

J'ai 19 ans et tout a commencé comme ça pour moi. Je suis hyperphage, j'alterne période de restriction avec période ou je mange sans pouvoir me contrôler... Depuis j'ai toujours ces quelques petits kilos à perdre mais ce que je voudrais surtout, c'est retrouver une relation saine avec la nourriture. Normale...
Hélas, je suis seule face à ça car mes parents ne comprennent pas et ne souhaitent pas m'aider, je me suis isolée petit à petit, à présent il n'y a que moi et mon hyperphagie que j'aimerais tant pouvoir soigner...

[canicio15]

Salut Clem!
Pour beaucoup les parents se sentent parfois dépassés, perdus ou autres face à ce genre de problème.. L'hyperphagie, la boulimie et l'anorexie sont difficiles d'aide car c'est vrai après tout, qu'est ce qu'on pourrait te dire pour que tu t'arrêtes? "c'est pas bien" tu le sais déjà "tu devrais manger de tout sans te resservir" tu le sais déjà et ainsi de suite.. J'ai 22ans, quand j'étais ado-ano on ne m'a rien dit, quand j'ai pris [...]Kg on ne m'a rien dit, quand j'ai commencé à alterner période mince/période de surpoids j'ai entendu mon père "mange comme tout le monde tu fais chier", ma soeur "tu te crées des maladies", ma meilleure amie "ma pauvre j'aimerais tellement faire quelque chose" puis je me suis dit que je préférais plus les entendre. Au début on leur en veut (pour ma part en tout cas j'en ai voulu à la terre entière de ne pas m'avoir dit "putain t'es maigre ou putain tu bouffes trop tu vas finir énorme") puis ensuite je me suis aperçue qu'ils ne pouvaient rien faire.. depuis très peu de temps j'ai arrêté d'en parler à mon entourage, les réponses ne me convenaient pas "ton problème tu en fais toute une histoire alors que y a pire" "mange de tout en petites quantités t'as vraiment pas de volonté" etc... Je suis boulimique. Dès que je mange un aliment que je me suis interdite je crise, ensuite je mange peu ou pas, je recommence; y a des périodes d'accalmie depuis un an car je fais tout pour m'en sortir mais ça revient tout le temps. Tu peux largement t'en sortir car tu ne chercher pas à te purger en forçant ton corps à éliminer déjà (il faut toujours positiver), tu dis que tu veux retrouver une relation saine avec la nourriture, pense déjà "est ce que je peux vivre avec ces quelques kilos en trop déjà? Puis je suis mignonne quand même". Tu dois relativiser tout ça, repense au commencement, tu as voulu plaire à qui? à toi ou un idéal commun?
ça fait quelques années maintenant que j'ai réduit au maximum ma vie sociale, quand je sors je pense "la grosse goinfre est de sortie", toute ma vie, mes pensées pour la moitié de mon temps sont dirigées par "qu'est ce que je vais manger? Ne crise pas. Qu'est ce que je mangerai demain? Comment vais je éviter ce repas?". Tu as de la volonté, tu vas réussir!

[Clem721]

Merci beaucoup pour ta réponse Canicio!

Effectivement je leur en ai voulu au départ.. Je me demandais pourquoi quand à table ils voyaient que je dépassais très nettement les limites sur la quantité de certains aliments ils ne m'ont pas stoppé.. Mais avec le recul et le temps je comprends bien que les proches se trouvent désemparés face à ces comportements.
Aujourd'hui, j'ai évolué, j'essaye vraiment de m'en sortir, mais je dois avouer que ce n'est pas facile tous les jours, le soutien manque parfois, les jours où ça ne va pas très bien. Je pense avoir fait l'erreur de me couper des autres, quand mes amis me proposaient des sorties aux restaurants, dans les fast-food, je trouvais toujours une excuse pour décliner alors qu'au fond, j'aurais aimé passer un moment avec eux.

Ces derniers temps, je me suis reconcentrée sur moi même, j'essayais d'améliorer la situation, je me dis que le reste viendra plus tard. Je fais un gros travail sur moi- même seule, mais les fois où je craque c'est très difficile à gérer pour moi, l'envie de se restreindre est plus forte que tout après, alors je me restreins puis je rechute et c'est le cercle vicieux... Mais je sais qu'il faut garder espoir, toujours.

[canicio15]

Tu es courageuse d'essayer de t'en sortir seule Clem mais vraiment tu n'y arriveras pas, je te dis ça car depuis des années que je suis dedans je me répétais que ce n'était qu'une histoire de volonté, un moment j'ai pas crisé pendant 3semaines, j'avais même perdu du poids en mangeant équilibré 3repas par jour et je me suis dis "je suis guérie", grosse erreur, dès l'instant que je me suis dis ça je me suis remise à criser, j'ai repris les kg perdus et je suis repartie au mm stade. Ensuite j'ai essayé d'en parler à ma famille: j'affrontais un mur. Du coup c'est le psychiatre mais au moins tu peux te décharger comme il faut.. j'aimerais essayer les groupes de parole mais je ne me sens pas prête, je craquerais direct à l'évocation de la boulimie. Se priver de sorties je te comprends, hier soir par exemple j'avais invité une amie que j'adore à dîner, 1h avant j'ai annulé, je sentais la crise monter alors je me suis goinfrée plutôt que de la retrouver.. . Et depuis longtemps c'est comme ça, même au niveau des garçons. Je reste seule chez moi entourée de provisions.. Tu n'es pas encore ancrée dans la maladie, j'espère qu'en lisant tu te dis "il faut pas que je finisse comme ça", vraiment. Tu vas réussir à vaincre cette merde et tu vivras tellement mieux sans elle!

Courage, bonne journée:)

[Clem721]

Je comprends, beaucoup de personnes me disent qu'aller voir un spécialiste peut m'aider... Mais je ne sais pas comment entreprendre la démarche. Je suis étudiante, j'avoue ne pas trop avoir envie que ça se sache et puis je ne sais pas vraiment vers qui me tourner. J'ai conscience d'avoir un problème, je pense en connaître les origines, ce que je n'ai pas, se sont les armes efficaces qui me permettront de vaincre ce problème de façon durable. Le psy t'aide-t-il vraiment beaucoup ?
En tout cas, merci pour tous tes conseils, ça m'aide déjà beaucoup :)
J'espère que tu réussiras à guérir bientôt pour pouvoir profiter de ta vie et de ceux qui t'entourent! Bon courage et bonne soirée !! :)

[canicio15]

Je suis aussi étudiante, au début j'allais voir gratuitement le psychologue de ma fac en disant "ah j'ai la visite médicale... oh je dois mettre à jour les vaccins" etc.. mais ça ne m'a pas servi. Le psychiatre je te dirais quand j'entamerais vraiment la TCC, pour l'instant on "apprend à se connaître" il me pose des questions sur mon enfance et autres.. mais oui je suis heureuse d'aller voir quelqu'un et de tout lui dire sans avoir peur de jugements (car même si il peut me juger je peux décider de ne plus aller le voir). Comme toi je sais d'où ça vient mais je n'arrive pas à le résoudre, je sais même plus pourquoi je mange!
Peut être que je guérirais, peut être pas (je t'avoue qu'après toutes ces années je deviens plutôt fataliste) mais ça me fait plaisir quand je vois d'autres filles sen sortir parce qu'après c'est "aah peut être qu'un jour...".

bonne soirée et continue comme ça!!