témoignage et entraide

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callinghope
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témoignage et entraide

Message par callinghope »

15 ans [...] Certains diront que c'est la norme, bien qu'en léger surpoids. Jusqu'au collège, je ne prêtais pas beaucoup d'attention à mon poids, à vrai dire je n'y pensais pas. Mais c'est au lycée qu'une réelle prise de conscience s'est faite. Je faisais exactement ce poids en seconde, à l'entrée ou en sortie, je n'en ai pas le souvenir, parce que là encore à cette époque, je ne me souciais pas de mon apparence. Et je m'en fichais tellement du regard des autres que je mangeais n'importe quoi, je me faisais plaisir, j'étais enfin heureuse d'avoir rencontré un groupe d'amies et de passer du bon temps avec elles, je me sentais juste... bien. En revanche, si je ne me rappelle pas très bien comment j'en suis venue à prendre conscience de mon « surpoids », je me souviens qu'en fin d'année, j'ai commencé à développer certains complexes, notamment lorsque je voyais que toutes mes amies étaient fines et que les filles de la classe l'étaient également. Je ressentais un peu de frustration parce que je voulais avoir le même physique élancé, je sentais alors que mes vêtements me boudinaient, je voyais mes grosses joues, mes grosses cuisses, ma grosse poitrine, mon gros ventre, mes gros bras (vous imaginez que j'arrivais même à complexer de mes bras parce que mon frère disait que j'avais de plus gros bras que lui ? Bref.. cette remarque m'a vraiment marqué). Ça n'allait plus, mon corps, mon poids, il fallait que je me débarrasse de toute cette graisse accumulée, que je soigne mon apparence. Je voulais changer et devenir plus mince. Des changements oui il y en a eu, mais ça a été aussi une longue chute en enfer... le début de la décadence.

A l'époque, le thigh-gap était LE phénomène à la mode. Tel n'importe quelle fille souhaitant maigrir et ne plus avoir les cuisses qui se touchent, j'ai cherché des vidéos sur ce thème et je suis tombée sur LA vidéo miracle, qu'aujourd'hui je suis encore. Les vacances étaient arrivées et il était temps pour moi de commencer le programme d'amincissement en me fixant pour objectif d'atteindre les 15 ans [...]. Je n'ai pas beaucoup de souvenirs en ce qui concerne cet été-là mais je me revoie faire du sport dans ma chambre et en cachette. Oui en cachette et je ne sais pas pourquoi d'ailleurs. Tout ce dont je me souviens de cette période c'est que j'ai légèrement fondu en faisant du sport et en modifiant mon alimentation qui est devenue plus « saine » et moins grasse. Je ne le savais pas mais on m'a apprit récemment que cela a été un vrai choc lorsqu'à la rentrée en 1ère on m'a vu, apparemment j'avais beaucoup changé physiquement, mais ça je ne le voyais pas. Les souvenirs m'échappent, quelques uns me restent en tête, je continuais à faire du sport, la balance affichait des chiffres en baisse à mon plus grand bonheur. Mais je sentais qu'en changeant physiquement, je changeais aussi mentalement. Je le sentais, j'avais commencé à moins apprécier le goût de la vie, à ne plus être heureuse comme je l'avais été l'année passée, je sentais que je perdais un peu mon « moi » d'avant. Et ça s'est confirmé au cours de mon année de terminale. J'étais vraiment mal dans ma peau, j'avais sans cesse cette voix dans ma tête qui me disait de maigrir, je souriais moins, je devenais susceptible et sensible, presque... faible, ce que je montrais devant personne parce que j'ai appris à porter un masque, à me forger une carapace. C'est aussi cette année-là que j'ai commencé à développer des troubles de l'alimentation, si on peut appeler cela un « trouble ». Je profitais des sorties en ville avec mes amies pour ne rien manger, au lycée j'avais fait croire à mes proches et amies que j'avais perdu ma carte de self (que j'avais soigneusement caché dans un tiroir de ma table de chevet) pour pouvoir sauter le repas de midi, n'apportant qu'une pomme pour me nourrir le midi. Je mourrais de faim, mon ventre gargouillait en classe mais j'essayais de ne pas y faire attention et puis je me disais que de cette manière, les kilos partiront plus vite et c'est ce qui s'est passé parce que je me souviens avoir perdu pas mal de kilos et atteindre mon objectif en fin d'année. J'avais décidé de ne plus prendre de déjeuner ni de gouter. Mais on le sait, même quand on atteint son objectif, on en veut toujours plus. Je voulais encore maigrir parce que je ne me sentais toujours pas bien dans mon corps que je trouvais encore boudinet et gras.
L'heure de quitter définitivement le lycée avait sonné, j'avais négligé mes vœux pour les études supérieures parce que je ne savais pas quoi faire après avoir obtenu le BAC et je me suis retrouvée obligé d'aller à Bordeaux pour suivre une classe prépa aux Ecoles de commerce. Vous imaginez pas la joie que j'ai dû ressentir à cette nouvelle... (ironie). J'allais quitter ma famille pour deux ans, c'était dur d'accepter cette réalité parce que je me sentais pas encore prête pour ça. Mais savoir que ma meilleure amie se trouvait dans la même merde que moi, me rassurait et puis je me disais qu'avec chance et sans la supervision parentale, j'allais pouvoir manger sainement et maigrir encore plus. Si seulement j'avais su que j'allais vivre un véritable enfer, que je n'allais plus me reconnaître et me perdre complètement...
J'ai tellement de choses à dire sur ces deux années que je ne sais pas par où commencer. Très introverti, j'ai eu du mal à m'intégrer à la classe, d'ailleurs je pense que je ne l'ai jamais été même après avoir terminé les deux ans. La timidité et le fait de me sentir mal dans ma peau m'empêchait de sociabiliser, d'autant plus qu'à part mon groupe d'amies en seconde, je n'avais jamais eu d'amis auparavant, j'éprouve beaucoup de difficultés à nouer des liens avec les gens. J'avais ma meilleure amie heureusement, sinon je n'aurais pas supporté ces deux ans toute seule mais même avec sa présence je me sentais très seule. J'étais sans cesse à part, je m'isolais alors qu'elle se mélangeait aux autres, je parlais peu, que ce soit à table ou lors des récréations. J'étais une véritable tombe. Bien évidemment j'avais toujours en tête l'idée de maigrir, mais l'emploi du temps chargé ne me permettait pas d'arranger les choses parce que je devais simplement me contenter du sport au lycée (soit 2h/semaines, et encore, étant un cours facultatif, nous n'y allions pas souvent) parce que j'étais gênée dans faire à l'appartement sachant qu'il y avait ma meilleure amie (que je connaissais pourtant depuis la seconde). En revanche, je faisais changer les choses grâce à mon alimentation. Bon, les repas du self étaient hyper hyper gras, toutes les semaines il y avait des frites, des pâtes et j'étais parfois obligée d'en prendre parce qu'il n'y avait pas de légumes, qui eux-même lorsqu'il y en avait était plongé dans l'huile d'olive. Les aliments commençaient déjà à me faire peur, je prenais soin de ne prendre que des légumes, je me privais des desserts alléchants (du style éclair au chocolat, gâteaux, beignets, cannelés..) et me contentait d'un simple fruit. Et ça me frustrait parce que je voulais pouvoir en manger comme tout le monde, mais je savais que si je cédais, j'allais m'en vouloir et culpabiliser et ne penser qu'à ça le reste de la journée, ce qui m'est souvent arrivé lorsque j'étais forcée de prendre des aliments gorgés de gras.. J'ai développé une vraie phobie du gras, je supporte pas de voir que les aliments que je mange soit plongé dans l'huile ou le beurre, parce que pour moi ça représentait des kilos en plus. Alors j'ai banni tous les produits à base de matière grasse de mon alimentation (beurre, huile d'olive ou de tournesol) et utilisé plutôt de l'eau, je ne mangeais plus de viandes (sauf au self), plus de féculent (sauf au self quand il n'y avait pas de légumes) et me nourrissait simplement de légumes et de jambons/surimi.

Tous les soirs pendant deux ans, mes repas ne composaient qu'une carotte crue, des lamelles de tomates ou concombres, une tranche de jambon ou deux surimis, accompagnés d'un fruit et du fromage (de temps en temps), et les soirs d'hiver, un bol de soupe et une carotte avec un fruit en dessert. C'est peu, j'en suis consciente mais je voulais à tout prix perdre du poids. Je culpabilisais sans cesse lorsque je faisais un écart et je me rassurais en disant que le jour suivant je sauterais un repas ou mangerais moins. J'avais pris une telle habitude que j'avais peur de rentrer chez moi pendant les vacances parce que je savais ce qui m'attendait... des plats gras qui n'allaient pas m'aider à maigrir, mais encore une fois, je me disais qu'une fois retournée à l'appart, je reprendrais les « bonnes habitudes ». Je stagnais au niveau du poids, si j'avais adopté une maigre alimentation, il manquait le sport pour compléter le tout. Mais je ne pouvais pas en faire du fait de la gêne et ne pouvait en faire que pendant les périodes de vacances chez moi. Pourtant, je ne sais pas comment ça m'est venu en tête, et j'ai tellement honte de le dire maintenant, j'avais trouvé une alternative : quand j'allais à la douche, je mettais la musique à fond et pendant 10 minutes je faisais des squats et des abdos, à noter que ma meilleure amie ne savait pas ce que je faisais pendant ces 10 minutes, d'autant plus que l'eau n'était pas actionnée... elle devait se poser des questions. Bref j'ai continué à faire ce petit rituel pendant quelques mois, mais je pense pas que cela a abouti à quelques choses. Et ça me déprimait parce que j'avais l'impression de ne pas maigrir, je me sentais toujours mal dans ma peau, complexée par chaque partie de mon corps que je cachais sous des vêtements larges, seules parce que je voyais tout le monde sympathiser entre eux pendant que je restais dans mon coin. J'ai vraiment commencé à déprimer, je me dégoûtais, je me sentais grosse, je voulais ces putains de corps de rêve que je voyais sur les réseaux sociaux, je me haïssais de ne faire aucun effort pour m'adapter à la classe, je me détestais d'être comme je suis... je ne savais plus qui j'étais, j'avais depuis longtemps perdu ma joie de vivre, j'étais d'habitude très souriante, tout le temps entrain de rigoler et faire des blagues et aujourd'hui je ne suis qu'une loque, je me force limite à rigoler et sourire,..
Mais j'ai continué à avancer malgré tout, avec en tête toujours mon objectif de maigrir et d'atteindre [...]. Je me souviens avoir commencé à faire du sport à l'appart vers la moitié de ma première année de prépa, j'apportais mon tapis et faisait à cette période pas plus de 30min de sport mais je voyais déjà les résultats, je fondais et avec l'alimentation draconienne, le poids sur la balance descendait peu à peu. Mais j'étais toujours pas satisfaite, je voulais encore perdre. Vous voyez, c'est comme une addiction, on en veut toujours plus parce qu'on n'est pas satisfait, pas rassasié. Alors comme une drogue, je faisais au début mon sport les deux jours de week-end et au fur et à mesure, j'en faisais 3,4,5 fois par semaine pendant 1h/1h30, ce rythme je l'ai surtout adopté pendant la deuxième année de prépa. J'étais épuisée mentalement mais je voulais maintenir le rythme, je me forçais parfois à sortir du lit pour enfiler ma tenue de sport et m'y mettre, le plus dur c'était lorsque je n'avais pas mangé de la journée, mes membres étaient si faibles qu'à la fin je tremblais de fatigue et d'épuisement mais je m'en fichais. Le sport était devenu mon quotidien et ma drogue, ça me permettait d'oublier tout (problème, frustrations...). Je sais que ce n'est pas bon pour la santé, pour MA santé mais je voulais pas arrêter, ça me faisait du bien, autant physiquement que mentalement. Sauter des repas était aussi devenu un rituel, lorsque je savais que j'avais un peu trop mangé ou que j'avais fait un écart, j'évitais généralement de manger le lendemain, parce que la culpabilité était trop grande. Chaque aliment que j'ingurgitais représentait un vrai défi, je ne voyais que les calories que j'allais prendre, ça m’obsédait et m'obsède toujours, je suis toujours obligée d'aller voir combien de calories font tel ou tel aliment, je n'arrive plus à profiter des plats parce qu'ils représentent pour moi une prise de poids, je ne vois que les calories et le poids qui vont s'ajouter sur la balance, j'essaye toujours de manger des aliments en basse calorie, j'évite de plus en plus le pain que je remplace par une galette de riz ou d’épeautre, même si je me permet parfois une tranche de pain, je ne mange plus de féculent (riz, pate, purée,..), je continue toujours avec mes légumes et fruits, j'ai délaissé le fromage et les yaourts qui sont devenus aujourd'hui mes ennemis.
En tous cas, j'ai bien atteint mon objectif de 15 ans [...], mais encore une fois, ça ne me suffisait pas, je voyais encore du gras partout, je me voyais toujours grosse malgré qu'on m'ait fait la remarque d'avoir perdu du poids... ce que moi-même je n'arrivais pas à réaliser, et ne réalise toujours pas d'ailleurs. Alors j'ai vu les kilos descendre.. 15 ans [...]. Je me souviens encore de la réaction de mes parents il y a quelques mois (3 ou 4 mois plus tôt) lorsqu'ils m'ont vu au retour des vacances. « Tu te nourris pas assez », « tu as la peau sur les os », « on dirait une anorexique ». Pour n'importe qui, cela aurait blessé la personne ce que je comprends tout à fait mais au fond de moi, je dansais de joie parce que cela se voyait que j'avais maigri de par les remarques que l'on m'avait adressé. Je suis allée plus loin que mon objectif et cela devrait me ravir d'avoir un tel poids, pourtant je ne le suis pas. Même à l'instant où je suis entrain d'écrire cette phrase, j'espère encore perdre du poids. J'ai l'impression de devenir dingue chaque jour un peu plus et ça m'épuise. Je suis épuisée, fatiguée de tout, je me sens faible, il m'est arrivé d'avoir beaucoup froid et d'enfiler un sweat alors que d'autres crevaient de chaud. Je suis sans cesse fatiguée, prise de vertige de temps à autre, l'envie de sourire et de rire a disparu tout comme ma joie de vivre, j'ai l'impression que tout ce que je dois faire c'est survivre et faire attention à ce qu'il y a dans mes plats. C'est devenu une véritable obsession et ça me rend malade, je n'en peux plus d'avoir ces manies de toujours compter, de faire attention, de culpabiliser, de me peser ! Putain, je sais pas pourquoi je fais ça, me peser sans cesse alors que la plupart du temps c'est du faux poids, sauf quand je le fais à jeun le matin. Je souris comme une débile et suis soulagée lorsque je perds quelques grammes mais retourne aussitôt dans la déprime lorsque j'en gagne, ne serait de 200 ou 300gr et ça me met de mauvaise humeur pendant plusieurs heures. Je n'en peux plus de sans cesse regarder mon corps, dans le miroir en essayant d'y voir tous les défauts, je vois des cuisses qui méritent encore d'être plus fines, un ventre que je veux encore plus plats.. je n'en peux plus de sans cesse contempler mes bras et de comparer pour voir s'ils sont assez fins ou pas, de toucher mon ventre pour voir s'il est plat ou gonflé.. et j'ai ce putain de petit gonflement au niveau du bas du ventre que je n'arrive pas à faire disparaître même si on m'a assuré qu'il n'y avait rien. Tout le temps, c'est une obsession de le regarder et de voir la moindre prise gras. Je n'en peux plus d'être obsedée par ces corps minces que je vois sur instagram, je n'arrive plus à décrocher de ce réseau social, la nourriture et les fitgirls envahissent mon actualité, je lis des témoignages de personnes dans lesquelles je me reconnais un peu. Ca me fatigue psychiquement, je voudrais ne pas avoir à me soucier de tout ça, manger avec plaisir sans compter ou manger ce qui me fait plaisir sans culpabiliser. Les autres me voient trop maigres, mais je n'arrive pas à me percevoir comme il me perçoit, je n'arrive pas à voir le poids perdu, bien sur que j'ai conscience d'avoir changé physiquement, 15 ans [...] de perdu c'est certain qu'on le sent, mais je ne réalise toujours pas, je suis coincée dans cette cercle vicieux infernale avec cette voix qui m'incite toujours à faire attention, à maigrir et à faire du sport pour éliminer ce que j'ai mangé.

J'avais un peu peur de retourner chez moi à la fin des deux années parce que je savais que je n'allais plus avoir aucun contrôle sur ce que j'allais manger, en tout cas je ne pourrais plus sauter de repas comme j'ai eu l'habitude de faire... mais maintenant que je suis rentrée, je suis un peu rassurée parce que comme c'est moi qui cuisine, je peux me faire mes propres plats et donc contrôler la quantité et la composition, même si je râle lorsque ma mère se met au fourneau et qu'elle met une quantité astronomique d'huile dans la casserole pour cuire la viande ou les légumes. Je croyais que j'allais faire beaucoup plus d'écart que je ne le croyais mais finalement je n'en ai presque pas fait depuis que je suis revenue et ça me rends fière, j'espère que ça va durer et que je saurais résister à la tentation des gâteaux et des bonbons, c'est dur lorsque je les vois mais j'essaye de me contrôler. C'est dur, dur de se battre contre tout ça, de ne penser qu'à ça, de la fatigue constante qui m'habite... mon moi d'avant me manque, j'aimerais retrouver ma joie de vivre, ne plus avoir à me soucier de mon putain de poids, profiter de la vie tout simplement.. mais je me perds, je sens que je vais rester coincé dans ce cercle vicieux pendant un bon moment. Je ne pensais pas du tout en arriver là lorsque j'ai eu ma première prise de conscience. Je me suis détruite toute seule et le pire dans tout cela, c'est que je ne veux d'aucune aide (de toute manière personne n'est au courant de tout ce que je viens de raconter), je ne voudrais jamais regagner du poids même si c'était pour mon propre bien, je ne le supporterais pas, je ne pourrais pas revoir ce gras sur mon corps alors que j'ai l'impression que j'en ai toujours. Je ne pourrais pas, alors je préfère rester dans cette situation même si cela me rend malheureuse. Je sais ce que c'est de ma faute, j'aurais dû arrêter lorsque je sentais que je me perdais, mais je ne pouvais pas, je n'y arrivais pas, je pense que je me réfugiais dans mes objectifs pour cacher mon mal-être. Je suis épuisée et je me dis si finalement, cela ne vaut pas la peine de vivre, je me fais du mal pour rien, je vois le mal où il n'y en a pas, je m'isole, j'ai l'impression d'avoir dégradé ma relation avec les membres de ma famille, je n'essaye même pas de prendre de nouvelles des quelques amies qui me restent. En plus cela va faire bientôt un an que je n'ai plus mes règles, ce qui inquiète beaucoup ma mère.

Je voudrais être heureuse à nouveau. 19 ans, 15 ans [...].

Je suis extrêmement désolée de la longueur, je ne pensais pas autant écrire, mais je souhaitais témoigner mon histoire avec vous, je vous avoue que cela m'a pris beaucoup de temps et d'effort parce que cela me faisait rappeler des souvenirs dont je ne voulais pas forcément ressasser... mais au final, un poids vient de quitter mes épaules. Mon expérience et histoire n'est rien comparée à certaines/certains qui souffrent réellement de la vraie maladie qu'est l'anorexie sous toutes ses formes, la boulimie et le TCA. Ces sujets sont d'actualité et bien plus présent qu'on ne le croit pourtant peu en parle alors qu'il s'agit d'un vrai combat. Je témoigne mon histoire pour que ceux qui s'y reconnaissent ne se sentent pas seuls ou abandonnés, que des personnes partagent les mêmes sensations. Ces sujets sont tellement importants et je vous supplie d'en parler si jamais vous en souffrez, ne restez pas dans l'isolement, parlez-en à quelqu'un en qui vous avez confiance ou venez vous réconforter sur des forums, nous sommes présents comme une famille et l'entraide est la voie vers la guérison. Je remercie d'avance ceux qui ont pris le temps de lire ce long témoignage, si jamais vous vous sentez concerné(e)s ou perdu(e)s, je ferais de mon mieux pour être à votre écoute et je reste à disposition pour les messages privés si besoin.

Merci :)
hiverVolcanique
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Re: témoignage et entraide

Message par hiverVolcanique »

Ce que tu vis n'est pas rien. Au contraire. Il faut que tu prennes conscience que tu es anorexique.
J'ai vécu la même chose et je sais que c'est un véritable enfer, qui te coupe toute énergie et envie de vivre. Cependant au fond de toi tu as cette volonté de vivre, de t'en sortir, même si tu as très peur de re-grossir. Se sortir de l'anorexie c'est dur, ça peut prendre du temps. Peut-etre qu'il serait judicieux pour toi de voir un psychologue. Les aliments sont des ressources d'énergie. Ce ne sont pas des ennemis, ils ne font pas grossir si on en abuse pas. Mais au contraire ils fournissent le carburant pour ressentir vraiment la vie. L'anorexie plonge dans un état de détresse et de faiblesse où il n'est plus question de vie mais de survie, d'angoisse, d'heures longues. On ne ressent plus rien, un voile s'est dressé devant la réalité. Mais quand tu as l'énergie c'est merveilleux, tu ressens tout intensément, tu prends plaisir à rire, à parler, à regarder. C'est le jour où je me suis rendue compte que seule l'énergie fournie par la nourriture me rendait la vie, que j'ai pris la décision d'en sortir.
L'anorexie anesthésie, vole des années de vie. C'est un véritable cauchemars. Avant quand j'y pensais je ne pouvais pas retenir mes larmes, tant cette maladie plonge dans une tristesse infinie, qui paraît inexorable. Tu l'as vu, la minceur (maigreur) n'apporte pas le bonheur. La vie est courte, la satisfaction qu'apporte la perte de poids est tellement mince comparé à la joie de ressentir sa vie.
Je te recommande vivement de supprimer Instagram. Ce truc renforce l'obsession, et te fait du mal. Fais des choses qui te font du bien, la vie est trop courte pour se détruire.
Ton message m'a vraiment touché et donné les larmes aux yeux, tant je m'y reconnais. Je voudrais te donner toute ma force pour combattre cette affreuse maladie. Si tu souhaites en parler davantage tu peux m'envoyer un MP.
Prend soin de toi, soi bienveillante avec toi-même
adora999
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Re: témoignage et entraide

Message par adora999 »

hiverVolcanique a écrit :Ce que tu vis n'est pas rien. Au contraire. Il faut que tu prennes conscience que tu es anorexique.
J'ai vécu la même chose et je sais que c'est un véritable enfer, qui te coupe toute énergie et envie de vivre. Cependant au fond de toi tu as cette volonté de vivre, de t'en sortir, même si tu as très peur de re-grossir. Se sortir de l'anorexie c'est dur, ça peut prendre du temps. Peut-etre qu'il serait judicieux pour toi de voir un psychologue. Les aliments sont des ressources d'énergie. Ce ne sont pas des ennemis, ils ne font pas grossir si on en abuse pas. Mais au contraire ils fournissent le carburant pour ressentir vraiment la vie. L'anorexie plonge dans un état de détresse et de faiblesse où il n'est plus question de vie mais de survie, d'angoisse, d'heures longues. On ne ressent plus rien, un voile s'est dressé devant la réalité. Mais quand tu as l'énergie c'est merveilleux, tu ressens tout intensément, tu prends plaisir à rire, à parler, à regarder. C'est le jour où je me suis rendue compte que seule l'énergie fournie par la nourriture me rendait la vie, que j'ai pris la décision d'en sortir.
L'anorexie anesthésie, vole des années de vie. C'est un véritable cauchemars. Avant quand j'y pensais je ne pouvais pas retenir mes larmes, tant cette maladie plonge dans une tristesse infinie, qui paraît inexorable. Tu l'as vu, la minceur (maigreur) n'apporte pas le bonheur. La vie est courte, la satisfaction qu'apporte la perte de poids est tellement mince comparé à la joie de ressentir sa vie.
Je te recommande vivement de supprimer Instagram. Ce truc renforce l'obsession, et te fait du mal. Fais des choses qui te font du bien, la vie est trop courte pour se détruire.
Ton message m'a vraiment touché et donné les larmes aux yeux, tant je m'y reconnais. Je voudrais te donner toute ma force pour combattre cette affreuse maladie. Si tu souhaites en parler davantage tu peux m'envoyer un MP.
Prend soin de toi, soi bienveillante avec toi-même
Je partage totalement le message d'hiverVolcanique, je n'aurais pas mieux dit qu'elle. :clap:
Moi aussi ton témoignage m'a beaucoup touchée car moi aussi je m'y reconnais...Je n'ai pas su te répondre de suite parce que je ne savais pas par quoi commencer ? :?:
Lis et relis le message d'hiverVolcanique, il est plein de bon sens, de bons conseils et d'espoir ! :respect:
Courage.
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Re: témoignage et entraide

Message par callinghope »

hiverVolcanique a écrit :Ce que tu vis n'est pas rien. Au contraire. Il faut que tu prennes conscience que tu es anorexique.
J'ai vécu la même chose et je sais que c'est un véritable enfer, qui te coupe toute énergie et envie de vivre. Cependant au fond de toi tu as cette volonté de vivre, de t'en sortir, même si tu as très peur de re-grossir. Se sortir de l'anorexie c'est dur, ça peut prendre du temps. Peut-etre qu'il serait judicieux pour toi de voir un psychologue. Les aliments sont des ressources d'énergie. Ce ne sont pas des ennemis, ils ne font pas grossir si on en abuse pas. Mais au contraire ils fournissent le carburant pour ressentir vraiment la vie. L'anorexie plonge dans un état de détresse et de faiblesse où il n'est plus question de vie mais de survie, d'angoisse, d'heures longues. On ne ressent plus rien, un voile s'est dressé devant la réalité. Mais quand tu as l'énergie c'est merveilleux, tu ressens tout intensément, tu prends plaisir à rire, à parler, à regarder. C'est le jour où je me suis rendue compte que seule l'énergie fournie par la nourriture me rendait la vie, que j'ai pris la décision d'en sortir.
L'anorexie anesthésie, vole des années de vie. C'est un véritable cauchemars. Avant quand j'y pensais je ne pouvais pas retenir mes larmes, tant cette maladie plonge dans une tristesse infinie, qui paraît inexorable. Tu l'as vu, la minceur (maigreur) n'apporte pas le bonheur. La vie est courte, la satisfaction qu'apporte la perte de poids est tellement mince comparé à la joie de ressentir sa vie.
Je te recommande vivement de supprimer Instagram. Ce truc renforce l'obsession, et te fait du mal. Fais des choses qui te font du bien, la vie est trop courte pour se détruire.
Ton message m'a vraiment touché et donné les larmes aux yeux, tant je m'y reconnais. Je voudrais te donner toute ma force pour combattre cette affreuse maladie. Si tu souhaites en parler davantage tu peux m'envoyer un MP.
Prend soin de toi, soi bienveillante avec toi-même
Je te remercie HiverVolcanique pour ce message tellement touchant, vraiment il m'a atteint d'une puissance que tu n'imagines même pas. Tes mots sont forts et encourageants, je suis désolée que tu aies dû traverser une longue période difficile et heureuse d'apprendre que ton combat a fini par payer, je t'envie beaucoup.
Pour être franche, je ne sais pas réellement si j'ai envie de m'en sortir parce que je n'arrive pas à prendre conscience que j'ai un problème. Je ne pense pas être anorexique à ce point, je veux dire, je n'ai pas non plus la volonté de vomir après chaque repas, j'ai peut être un peu la peau sur les os mais ce n'est pas choquant et quand je me regarde dans un miroir je vois tout sauf une anorexique lorsque je me compare à un vrai corps ayant des problèmes d'anorexie.. (que parfois j'envie, je sais que c'est mal mais ça me fascine et j'ai de temps en temps la pensée de vouloir avoir le même corps..). C'est également ce que je me dis, si j'essaye de re-grossir, peut-être que je retrouverai mon énergie, ma joie de vivre et en finir avec les moments de vertiges et de fatigues, mais ça me fait tellement peur, je flippe rien qu'en prenant quelques centaines de gramme alors prendre des kilos je pense pas pouvoir le digérer, surtout après tout le chemin que j'ai traversé pour atteindre enfin un poids "convenable" et un corps qui semble potable.
Oui, j'ai l'impression que peu importe le "problème" que j'ai, ce truc me draine de toute énergie, je suis constamment sur les nerfs et comme tu me le conseilles dans ton message, j'essaye déjà de reprendre ce qui étaient avant mes passions mais ce n'est plus pareil, je ne prends plus de plaisir maintenant et ça me saoule.. en revanche tu m'as légèrement boosté, tu m'as donné envie de faire changer les choses et je vais tenter d'enlever les réseaux sociaux de mon quotidien, de m'en séparer petit à petit.
Je te remercie du fond du coeur d''avoir pris le temps de lire le post et d'y avoir répondu, je ne pensais pas qu'il allait tant d'émouvoir, heureusement que des personnes comme toi existe, pour remonter le moral des personnes qui en ont besoin avec quelques mots.
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Re: témoignage et entraide

Message par callinghope »

adora999 a écrit :Je partage totalement le message d'hiverVolcanique, je n'aurais pas mieux dit qu'elle. :clap:
Moi aussi ton témoignage m'a beaucoup touchée car moi aussi je m'y reconnais...Je n'ai pas su te répondre de suite parce que je ne savais pas par quoi commencer ? :?:
Lis et relis le message d'hiverVolcanique, il est plein de bon sens, de bons conseils et d'espoir ! :respect:
Courage.
Ahah, c'est vrai que son message était... plein d'espoir, j'aimerais en tirer ma force avec ces mots. :(
Merci infiniment d'avoir pris le temps de lire mon post, tu es aussi passée par là? je suis désolée de l'apprendre, comment ça se passe? est-ce que tu as besoin d'en parler?
Merci beaucoup pour ton message encourageant. :)
hiverVolcanique
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Re: témoignage et entraide

Message par hiverVolcanique »

callinghope a écrit :Je te remercie HiverVolcanique pour ce message tellement touchant, vraiment il m'a atteint d'une puissance que tu n'imagines même pas. Tes mots sont forts et encourageants, je suis désolée que tu aies dû traverser une longue période difficile et heureuse d'apprendre que ton combat a fini par payer, je t'envie beaucoup.
Pour être franche, je ne sais pas réellement si j'ai envie de m'en sortir parce que je n'arrive pas à prendre conscience que j'ai un problème. Je ne pense pas être anorexique à ce point, je veux dire, je n'ai pas non plus la volonté de vomir après chaque repas, j'ai peut être un peu la peau sur les os mais ce n'est pas choquant et quand je me regarde dans un miroir je vois tout sauf une anorexique lorsque je me compare à un vrai corps ayant des problèmes d'anorexie.. (que parfois j'envie, je sais que c'est mal mais ça me fascine et j'ai de temps en temps la pensée de vouloir avoir le même corps..). C'est également ce que je me dis, si j'essaye de re-grossir, peut-être que je retrouverai mon énergie, ma joie de vivre et en finir avec les moments de vertiges et de fatigues, mais ça me fait tellement peur, je flippe rien qu'en prenant quelques centaines de gramme alors prendre des kilos je pense pas pouvoir le digérer, surtout après tout le chemin que j'ai traversé pour atteindre enfin un poids "convenable" et un corps qui semble potable.
Oui, j'ai l'impression que peu importe le "problème" que j'ai, ce truc me draine de toute énergie, je suis constamment sur les nerfs et comme tu me le conseilles dans ton message, j'essaye déjà de reprendre ce qui étaient avant mes passions mais ce n'est plus pareil, je ne prends plus de plaisir maintenant et ça me saoule.. en revanche tu m'as légèrement boosté, tu m'as donné envie de faire changer les choses et je vais tenter d'enlever les réseaux sociaux de mon quotidien, de m'en séparer petit à petit.
Je te remercie du fond du coeur d''avoir pris le temps de lire le post et d'y avoir répondu, je ne pensais pas qu'il allait tant d'émouvoir, heureusement que des personnes comme toi existe, pour remonter le moral des personnes qui en ont besoin avec quelques mots.
Je suis vraiment très très heureuse si à travers mon message j'ai pu t'apporter un peu de réconfort et de force !
Ce n'est pas en regardant dans ton miroir que tu vas voir l'anorexie. Déjà parce que le regard et le jugement que tu poses sur ton corps n'est pas objectif, il est forcément déformé, tu te vois peut-être pas si maigre que ça mais est-ce vraiment le cas ? En revanche tu vas voir l'anorexie si tu sondes tes pensées. Tu te restreins, tu as très peur de grossir, et ça c'est pathologique. Je pense vraiment que ça t'aiderait de consulter un professionnel de santé qui pourrait t'aider à prendre conscience que non ça ne va pas du tout. L'anorexie mentale est avant un problème psychologique avant d'être un problème du corps. Même si tu estimes qu'il y a certaines personnes "plus anorexique" que toi, dis-toi bien que ce n'est pas quelque chose que l'on peut graduer, évaluer. Chaque personne est différente, chaque problème s'exprime de façon différente. Mais je comprend très bien ce problème de l'incessante comparaison, c'est très dur à enrayer. C'est un travail de chaque instant que de se répéter que l'on ne peut pas prendre les autres comme objet de comparaison. Pense à toi, à ce que tu pourrais faire pour te faire du bien. Tu es constamment sur les nerfs car cette maladie est épuisante mentalement et physiquement. C'est tellement apaisant que de pouvoir vivre quelques heures sans angoisser pour la nourriture, sans y penser. Plus tu trouveras des situations de confort et de joie qui sont dissociés de cette obsession, plus tu prendras conscience que le bonheur c'est de vivre vraiment libéré des TCA.
Quand j'étais encore en plein dans l'anorexie, je ne prenais pas non plus de plaisir à mes activités. A vrai dire je ne prenais plaisir en rien, tout n'était qu'une épuisante suite d'heures où il fallait tenir jusqu'au prochain repas qui m'apporterait un semblant d'énergie me permettant de tenir encore un peu jusqu'au prochain repas ect... C'était la même journée qui se répétait en boucle, la fatigue, la faim, toujours. Alors les activités qui me passionnaient avant...c'était simplement des choses qui remplissaient les heures, mais qui m'épuisaient encore plus, je n'avais pas la force d'en profiter, j'avais toujours l'esprit tourmenté et le corps fatigué. La vie ce n'est pas cette même journée qui se répète en boucle.
Tu peux t'en sortir, tu peux vivre ta vie vraiment. L'anorexie c'est comme une pause, un retranchement en soi quand on a trop peur de la vraie vie. S'en sortir ça demande du courage bien sûr, c'est un peu comme si on réapprenait à vivre. Tu as peur de reprendre du poids car tu l'as associé à quelque chose de totalement négatif et de dangereux, mais c'est pourtant quelque chose de nécessaire à ton corps si tu veux lui permettre de fonctionner normalement. Tu peux le faire petit à petit, en douceur, quelques grammes par-ci par-là, un aliment d'ajouté de temps à autre. Et puis peu à peu on reprend conscience de son corps, ce corps qu'on habite comme si c'était un étranger, ce corps que l'on maltraite, ce corps que l'on peut apprivoiser et même aimer.
callinghope
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Re: témoignage et entraide

Message par callinghope »

hiverVolcanique a écrit : Je suis vraiment très très heureuse si à travers mon message j'ai pu t'apporter un peu de réconfort et de force !
Ce n'est pas en regardant dans ton miroir que tu vas voir l'anorexie. Déjà parce que le regard et le jugement que tu poses sur ton corps n'est pas objectif, il est forcément déformé, tu te vois peut-être pas si maigre que ça mais est-ce vraiment le cas ? En revanche tu vas voir l'anorexie si tu sondes tes pensées. Tu te restreins, tu as très peur de grossir, et ça c'est pathologique. Je pense vraiment que ça t'aiderait de consulter un professionnel de santé qui pourrait t'aider à prendre conscience que non ça ne va pas du tout. L'anorexie mentale est avant un problème psychologique avant d'être un problème du corps. Même si tu estimes qu'il y a certaines personnes "plus anorexique" que toi, dis-toi bien que ce n'est pas quelque chose que l'on peut graduer, évaluer. Chaque personne est différente, chaque problème s'exprime de façon différente. Mais je comprend très bien ce problème de l'incessante comparaison, c'est très dur à enrayer. C'est un travail de chaque instant que de se répéter que l'on ne peut pas prendre les autres comme objet de comparaison. Pense à toi, à ce que tu pourrais faire pour te faire du bien. Tu es constamment sur les nerfs car cette maladie est épuisante mentalement et physiquement. C'est tellement apaisant que de pouvoir vivre quelques heures sans angoisser pour la nourriture, sans y penser. Plus tu trouveras des situations de confort et de joie qui sont dissociés de cette obsession, plus tu prendras conscience que le bonheur c'est de vivre vraiment libéré des TCA.
Quand j'étais encore en plein dans l'anorexie, je ne prenais pas non plus de plaisir à mes activités. A vrai dire je ne prenais plaisir en rien, tout n'était qu'une épuisante suite d'heures où il fallait tenir jusqu'au prochain repas qui m'apporterait un semblant d'énergie me permettant de tenir encore un peu jusqu'au prochain repas ect... C'était la même journée qui se répétait en boucle, la fatigue, la faim, toujours. Alors les activités qui me passionnaient avant...c'était simplement des choses qui remplissaient les heures, mais qui m'épuisaient encore plus, je n'avais pas la force d'en profiter, j'avais toujours l'esprit tourmenté et le corps fatigué. La vie ce n'est pas cette même journée qui se répète en boucle.
Tu peux t'en sortir, tu peux vivre ta vie vraiment. L'anorexie c'est comme une pause, un retranchement en soi quand on a trop peur de la vraie vie. S'en sortir ça demande du courage bien sûr, c'est un peu comme si on réapprenait à vivre. Tu as peur de reprendre du poids car tu l'as associé à quelque chose de totalement négatif et de dangereux, mais c'est pourtant quelque chose de nécessaire à ton corps si tu veux lui permettre de fonctionner normalement. Tu peux le faire petit à petit, en douceur, quelques grammes par-ci par-là, un aliment d'ajouté de temps à autre. Et puis peu à peu on reprend conscience de son corps, ce corps qu'on habite comme si c'était un étranger, ce corps que l'on maltraite, ce corps que l'on peut apprivoiser et même aimer.
Encore une fois je suis impressionnée par tant de positivité, l'optimisme que tu renvoies. Je pense que cela doit être ça, je ne crois pas être atteinte de l'anorexie au sens où j'ai la peau sur les os, où l'on voit mes côtes etc.. mais plutôt l'anorexie mentale. Le problème c'est que personne n'est au courant de tout ça et j'ai bien trop peur d'en parler à mes parents, j'ai toujours été quelqu'un de débrouillarde qui résout ses problèmes toute seule, j'ai toujours gardé tout pour moi, je parle peu de ma vie privée à mes amies alors je me vois mal confier ce "problème" à ma famille ou amies, et encore moins à un professionnel. Est-ce que tu penses que l'on peut gérer ça par ses propres moyens? franchement même si ça va prendre du temps je veux prendre le risque parce que je ne veux vraiment en parler à personne... je sais ce que tu dois penser mais c'est pour moi la seule solution envisageable.
Oui, être constamment sur les nerfs m'irrite de plus en plus, j'ai l'impression d'être plus agressive avec mes proches, d'être sur la défensive tout le temps, de prendre tout au 1er degré, et quand je sens que je suis sur le point de péter les plombs je me renferme et je ne parle plus. C'est comme si toute la colère et les sentiments que j'ai gardé en moi pendant des années ressortaient et honnêtement ça me déplait.
C'est exactement ça, les journées se sont vraiment transformées en routine: sport, manger, penser à la nourriture, au poids, me tourmenter l'esprit, culpabiliser, se priver, dormir. J'espère vraiment m'en sortir, mais dans le même temps, comme je l'ai dis, je n'ai pas vraiment de réelles motivations et finalement parfois je me mets à penser que je n'ai pas envie de m'en sortir parce que si c'était ce que je voulais, cela reviendrait à devoir gagner des kilos et ça s'est inenvisageable pour le moment, je n'arrive pas à m'assumer même avec ce corps de maintenant, alors je pense encore moins m'assumer et être bien dans ma peau si je passe la barre des 50kg. Ca me terrorise vraiment et je sais pas quoi faire.
hiverVolcanique
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Re: témoignage et entraide

Message par hiverVolcanique »

callinghope a écrit :
Encore une fois je suis impressionnée par tant de positivité, l'optimisme que tu renvoies. Je pense que cela doit être ça, je ne crois pas être atteinte de l'anorexie au sens où j'ai la peau sur les os, où l'on voit mes côtes etc.. mais plutôt l'anorexie mentale. Le problème c'est que personne n'est au courant de tout ça et j'ai bien trop peur d'en parler à mes parents, j'ai toujours été quelqu'un de débrouillarde qui résout ses problèmes toute seule, j'ai toujours gardé tout pour moi, je parle peu de ma vie privée à mes amies alors je me vois mal confier ce "problème" à ma famille ou amies, et encore moins à un professionnel. Est-ce que tu penses que l'on peut gérer ça par ses propres moyens? franchement même si ça va prendre du temps je veux prendre le risque parce que je ne veux vraiment en parler à personne... je sais ce que tu dois penser mais c'est pour moi la seule solution envisageable.
Oui, être constamment sur les nerfs m'irrite de plus en plus, j'ai l'impression d'être plus agressive avec mes proches, d'être sur la défensive tout le temps, de prendre tout au 1er degré, et quand je sens que je suis sur le point de péter les plombs je me renferme et je ne parle plus. C'est comme si toute la colère et les sentiments que j'ai gardé en moi pendant des années ressortaient et honnêtement ça me déplait.
C'est exactement ça, les journées se sont vraiment transformées en routine: sport, manger, penser à la nourriture, au poids, me tourmenter l'esprit, culpabiliser, se priver, dormir. J'espère vraiment m'en sortir, mais dans le même temps, comme je l'ai dis, je n'ai pas vraiment de réelles motivations et finalement parfois je me mets à penser que je n'ai pas envie de m'en sortir parce que si c'était ce que je voulais, cela reviendrait à devoir gagner des kilos et ça s'est inenvisageable pour le moment, je n'arrive pas à m'assumer même avec ce corps de maintenant, alors je pense encore moins m'assumer et être bien dans ma peau si je passe la barre des 50kg. Ca me terrorise vraiment et je sais pas quoi faire.
C'est vrai qu'en parler à quelqu'un est très difficile. Je ne sais pas ce qui pourrait marcher pour toi, mais je vais te parler un peu de mon expérience. Personnellement j'avais vu des médecins et des psys, mais sans conviction. C'était plutôt une obligation imposée par mes parents (je ne leur ai jamais fait part de quoi que ce soit, j'ai toujours nié en bloc être dans la restriction, mais mon corps parlait pour moi). Je n'avais pas réellement envie de m'en sortir, j'étais trop attachée à la maladie, à ce réconfort qu'elle m'apportait. Alors ça a été inutile ! Quand j'ai commencé à vouloir m'en sortir, j'ai revu une psychologue. J'étais un peu comme toi en ce moment : je savais que cette situation était problématique, j'avais l'idée de m'en sortir mais j'avais trop peur. La psychologue ne m'a pas aidé du tout, elle m'a plutôt contrarié. Je pense que pour que ce genre d'échange soit profitable, il faut trouver un thérapeute qui nous comprend vraiment. Enfin bref, je m'en suis sortie toute seule. "Sortie" est peut-être un bien grand mot, je ne suis pas sortie des troubles du comportement alimentaire. Mais de la peur panique de grossir et de manger, si! Certes, en parler à un psychologue ne m'a pas aidé. Mais j'en ai parlé à des amies, et mettre des mots là-dessus m'a été libérateur. Je ne sais pas comment on peut s'en sortir s'en en parler. Je crois que nous sommes des êtres d'échanges et de contact, je crois qu'on ne peut pas garder des poids aussi lourd en nous. Finalement j'en parle de plus en plus librement, et je sais maintenant que c'est le signe que ça va de mieux en mieux.
Je crois que ce qui m'a "sauvé" dans un sens, c'est qu'un jour mon corps a dit stop, mon corps a mangé. Et c'est dingue comme l'énergie procurée par la nourriture aide à réfléchir, c'est dingue comme on peut devenir "bête" quand on ne mange pas (et oui, notre cerveau tourne au ralenti). J'avais envie de vivre, j'en avais marre d'être un zombie, d'être tout le temps épuisée, de ne jamais accepter les sorties. Ce n'est pas une vie cette routine malsaine et obsessionnelle. Non ce n'est pas ça la vie, ce n'est pas ça...ça serait trop triste.
Ton corps, si tu n'arrives pas à t'entendre avec lui, ce n'est pas une question de poids. Pour ma part, même quand j'étais maigre comme tout, je me trouvais moche et grasse. Maintenant je ne vais pas dire que reprendre du poids c'est facile, ça fait affreusement peur parfois. J'ai énormément de mal avec mon corps, je cherche un terrain de paix, et c'est encore un long cheminement à faire. Je pense que le corps, au lieu de le regarder, il faut le ressentir. Le regarder ce n'est pas objectif, par nos yeux on ne voit qu'une représentation. Qu'est-ce que c'est que ce corps, est-ce que c'est moi, est-ce qu'il est désirable, il y a tant de question sans réponses face au miroir, tellement d'angoisses. Il faut laisser tomber le regard acerbe que l'on porte sur nous, et ressentir. Faire du yoga et de la musculation chez moi m'aide énormément. Les étirements par exemple, ça me fait prendre conscience de mon corps, je le prend en main réellement puisque je le touche, je l'étire, et ça me fait du bien. Quand je fais des exercices de musculation, j'aime la sensation du muscle qui tremble, j'aime les courbatures, j'aime toutes ces sensations qui exacerbent la conscience de son corps. Le rapport au corps est un méli-mélo tellement étourdissant et fascinant. Et en constant renouveau. Finalement je me dis que c'est une quête, un chemin à faire, des solutions à tester. Ca marche, ça ne marche pas, il faut tenter, expérimenter. Ressentir son corps ça fait tellement du bien. Mais sans nourriture, sans carburant, c'est impossible, on ne ressent plus rien.
Tu n'es pas un poids. Le nombre qu'affiche ta balance n'est pas toi. Tu es plus que ça, tu peux réaliser des choses qui te tiennent à coeur, vivre la vie que tu veux vraiment. Qu'est-ce que tu veux VIVRE vraiment ? Finalement l'anorexie ça cache toutes ces questions. L'obsession de la restriction et du contrôle occulte toutes les questions existentielles, ne subsiste que les questions des calories et du poids.
Je le répète, ce n'est pas une vie. C'est long, c'est dur, mais tu peux t'en sortir. Avant je pensais que c'était trop tard, qu'une fois qu'on est tombé là dedans on ne peut jamais vraiment en sortir. Je n'en sais rien. Mais je veux essayer, je veux faire la paix avec mon corps. Tant pis si ce n'est pas le plus beau, je veux prendre du plaisir à vivre dedans. Et toi aussi tu peux essayer. J'ai vraiment envie de t'aider.
Bella45
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Re: témoignage et entraide

Message par Bella45 »

Magnifique témoignage !
Er très juste puisque je le vis..
Ce qui me surprends dans ce que je lis, c'est qu'aucune ne parle de psychiatre, hospitalisation, suivi psy, de prise en en charge quoi!!
Non....les filles on ne s'en sort pas seule.
Psychiatre er psychologue spécialisés vous devez voir.
L'association Endat à Paris est super...
Il y a des maisons de repos , des hôpitaux qui prennent très bien en charge cette Maladie tel que la clinique de la Verrière dans le 78. Petite unité de 8 lits mais très pros.
A l' hopital Tarnier il existe aussi une unité psychiatrique intéressante. ..plutot pour les " borderline "..mais les tca le sont non??
Si vous avez besoin d'adresses. ..je suis a vous...
Mon experience chaotique mais riche m'a fait tater de tout. ..jai pu voir moultes spécialistes et vivre des hospitalisations diverses...
Bien â vous !! \:D/
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