Je suis arrivée ici car atteinte de TCA depuis presque 4 ans maintenant, je ne sais plus comment m'en sortir. J'ai 35 ans, suis maman d'une adorable princesse de 10 ans que j'élève seule, et suis (en ce moment) dans une phase hyperphagie qui me plombe le moral, le physique, la vie sociale...
D'aussi loin que je me souvienne j'ai toujours été bonne mangeuse, avec dès l'enfance un petit surpoids qui a dégénéré à l'adolescence. De régimes en reprise de poids, je m'étais stabilisée entre 25 et 30 ans sur un poids de forme qui me laissait encore quelques rondeurs mais je me sentais bien dans ma peau.
Début 2016, un chagrin d'amour très intense. Mon hypersensibilité déjà pénible à vivre au quotidien m'a complètement submergée, j'ai fais une grosse dépression et ai goûté pour la 1ère fois à l'anorexie. J'ai perdu [...] en à peine 1 mois, puis encore 5 ou 6 étalés sur quelques mois supplémentaires.
Mon entourage commençait à avoir peur, on me disait que je devenais trop maigre, qu'on voyait mes os ici ou là, que ce n'était pas joli. Moi j'adorais

Au bout de presque 2 ans j'avais réussi à stabiliser : je surveillais toujours scrupuleusement mon alimentation et ma balance, mais avais enfin cessé de maigrir.
Et puis fin 2017, il y a eu les fêtes et leurs excès...
Début 2018 je me suis donné comme bonne résolution de perdre les [...] que j'avais pris. Sans m'en inquiéter plus que ça, car je savais que j'étais capable de les perdre en quelques jours seulement. C'était juste une "formalité".
Mais mon cerveau "abîmé" par tant de contrôle et de privations en avait décidé autrement. Nous sommes maintenant fin 2018, et je m'aperçois que j'ai passé toute l'année à essayer de perdre ces quelques kilos, sans jamais y parvenir. J'en ai même au contraire pris... [...] de plus !! [...]
Car oui, je suis maintenant devenue hyperphage... et accro au sucre.
Mes journées se ressemblent toutes.
Je me lève tôt pour aller travailler, le ventre vide bien sûr car incapable d'avaler quoi que ce soit un lendemain de crise... Jusqu'à présent mon travail me donnait la possibilité de beaucoup bouger, marcher, courir, dévaler les escaliers... Ce qui me permettait de maintenir un peu les choses. De ne pas grossir trop vite dirons nous... Je zappe aussi le repas du midi. Sans peine, car je n'ai jamais faim à cette heure là.
Mon estomac se réveille autour de 18h. Si c'est trop pénible je tiens jusqu'au repas avec un quignon de pain et un fruit.
Le soir je mange avec ma puce. Je fais toujours très light pour moi, une petite viande maigre et des légumes, du pain et un laitage nature.
21h, une fois ma puce couchée, la crise commence...
Au début 2 ou 3 fois par semaine. Désormais c'est quasi TOUS LES SOIRS.
Desserts lactés, chocolat en tablette, pain de mie, confiture, beurre, nutella, chocolat en poudre du petit déjeuner !! Et autres joyeusetés over sucrées et chocolatées...
Je vais me coucher le ventre archi plein et douloureux, mais satisfaite d'avoir comblé un certain vide... (psychologie bonjour !)
Et tous les lendemains sont alors bien sûr très compliqués.
Culpabilité, dégoût de soi, honte... Mal à l'estomac, nausées, crampes abdominales...
Je repasse la journée à me gaver de caféine (oui j'ai manifestement de gros soucis d'addiction avant tout...), mais aussi de thé vert (alors que je n'aime même pas ça), de compléments alimentaires amaigrissants, et je m'épuise à courir partout pour éclater un max de calories ingurgitées la veille.
Nouveauté pour 2019, je viens de changer de travail. Me voilà désormais assise sur une chaise toute la journée devant un PC...
Je pèse ce matin[...]. (il y a tout juste 1 an, je pesais [...]...)
J'ai donc pris [...]en 1 an, en m'imposant 1h ou 2 de sport quotidien, et en ne m'alimentant qu'à partir de 18h. Imaginez ce que cela sera dans quelques semaines si je n'arrive pas à me soigner... Je vais devenir obèse

Dans l'année j'ai parlé de tout ça à mon médecin. Il n'a pas compris. M'a gentiment grondée et fait la morale, m'a parlé des pics d'insuline, de l'hypoglycémie, etc... mais ne vois tout ça que comme une mauvaise habitude, et non une maladie. Ne m'a proposé aucune aide...
J'en ai parlé à un 2ème toubib, pour le même constat.
Un 3ème a eu la présence d'esprit de m'orienter vers un psy...
... Mais le psy non plus ne m'a rien apporté.
Je ne sais plus quoi faire pour me sortir de ça... Je n'arrive plus à m'habiller, n'ai pas envie d'aller dépenser de l'argent que je n'ai pas (des soucis à la banque aussi tiens...) pour me racheter des fringues à ma taille alors que j'ai toute une armoire de jolies choses. Je ne rentre juste plus dedans

Mes amis ne m'invitent plus à manger, ou alors me précisent "t'en fais pas, on fera light".
J'me sens horrible, grasse et faible. Et terriblement seule avec ma culpabilité. Et chaque jour désormais, j'appréhende la soirée. Toute la journée se déroule toujours bien, je me sens forte et confiante, je me dis toujours que ce soir il n'y aura pas de crise. Mais une fois seule dans mon canapé, les TCA me rattrapent. J'essaie toujours de résister mais me suis aperçue récemment que cela joue maintenant aussi sur mon sommeil : je ne me sens pas fatiguée tant que je n'ai pas "ma dose". Je n'arrive pas à aller me coucher et il n'y a qu'une fois que j'ai foutu le nez dans le frigo et les placard qu'enfin Morphée débarque. Mais toujours trop tard...
J'ai essayé d'en discuter aussi avec mes proches, me disant que le fait de parler m'aiderait peut-être.
Mais les gens ne comprennent pas. La semaine dernière, on m'a dit "fais un effort"...
Faire un effort ? Mais bon sang j'essaie tous les jours !!
J'avais aussi rencontré quelqu'un en début d'année. Un amour naissant, me redonnant plein d'espoir. Avec lui jamais de crise, je passais des soirées normales sans penser au sucre ni au chocolat. Mais je profitais justement de ces moments de répit pour manger light et perdre quelques kilos. Sauf qu'on sait bien que les filles au régime ça ne vend pas du rêve aux hommes qui aiment profiter de la vie... Et en ajoutant cela à d'autres soucis plus profonds, l'amourette n'aura duré que quelques mois. Me revoilà seule avec mes crises (et encore avec du chagrin, haha.)
Enfin voilà... Je me suis dis que peut-être en essayant de partager mon mal-être avec des gens qui connaissent et vivent le même problème, je verrais peut-être une petite lumière loin au fond du tunnel ?
Je ne sais plus quoi faire
