Bonjour à toutes et tous,
Pour commencer, je te dirais malheureusement que je n'ai pas la solution à ton problème. Comme les personnes qui t'ont répondu et toi même, je souffre de la même chose. "Souffrir", le terme n'est pas choisis au hasard, par ce que c'est une réelle souffrance que de ne plus vivre qu'à travers ce que l'on mange, ce que l'on vomis et surtout notre aspect physique.
Et je te rejoins sur un point: on ressent un certains soulagement à lire ces témoignages de personnes inconnues qui vivent la même choses que nous. On ce sent moins "exceptionnellement fou, malade mental, taré, dégeulasse..." Comme j'ai pu entendre à mon sujet.
Pour le coup, je suis un homme. Agé de 27ans, j'ai été diagnostiqué anorexique il y a 1an et demis. C'était une anorexie purement restrictive a ces débuts. Avec une activité sportive intense mais globalement sans vomissement.
Puis, petit à petit, je me suis mis à essayer de me faire vomir quand je me sentais trop coupable et mal de ce que j'avais pu manger. C'était difficile, je me faisais du mal avec tous ce que je trouvais en essayant de me l'enfoncer au fond de la gorge pour faire sortir ce que je venais de manger. Ça à été une période très compliqué, douloureuse. J'étais à bout psychologiquement et physiquement.
J'ai finalement réussis à prendre contact avec un centre spécialisé dans les TCA. Prise de conscience, espoir, écoute. Bref, sans rien faire de spécial, j'ai stoppé tous les vomissements du jour au lendemain. Ça a duré 1mois et demis. Chaque jour était une victoire et chaque début de semaines, j'envoyais un message à mes parents pour leur dire que j'avais réussis à ne pas me faire vomir
Et puis, il y a eu un repas de famille pour un anniversaire .... Moment de faiblesse, j'ai baissé ma garde et j'ai replongé après avoir "trop mangé" et surtout mangé des aliments "interdis"..
Par la suite, il m'est arrivé la pire chose qu'il pouvait m'arriver : Je me suis mis à réussir à vomir sans effort, sans douleurs, quand je le voulais et en totalité jusqu'à vomir de la bile quand mon estomac est vide.
Ca à été un tournant dans cette maladie.
Je suis alors passé à une anorexie vomitive. J'avais un "super pouvoir", je pouvais mangé tous ce que je souhaitais et tous ce qui me faisait envie, sans culpabilité, sans restriction et sans grossir. Le rêve ....
Du coup, je me suis mis à remanger des gâteaux, du fromages, des plats en sauces, des pâtes.. A remanger avec ma famille et surtout là même chose qu'eux. Je suis même allé au restaurant plusieurs fois

C'était "génial", j'avais l'impression de revivre! Plus de questions à ce poser sur la nourriture, c'était simple, ça m'enlevait cette pression quotidienne.
Bien sur, même si je remangeais de tous et dans des quantités pantagruéliques, je continuais de maigrir. Plus vite encore même.
Malheureusement, tout pouvoir à un prix. Et j'ai bien failli le payer de ma vie.
Malgré le fait que je sois interne en pédiatrie et que je connaisse les risques d'une telle pratique, je me disais que ce ne pouvait pas m'arriver. Que ce n'était que chez mes patients, pas pour moi.
Le fait est que je me suis trompé et sur un bilan sanguin on s'est aperçus que j'avais une hypokaliémie très sévère. Direction la réanimation, le coeur atteint, risques d'arrêt cardiaque, urgence vitale et perfusion de potassium.
Une semaine plus tard, j'étais sortis de l'hôpital contre avis médical et avec 5-6 kilos de plus, à cause de l'hydratation, de l'alimentation. Par ce que oui, étonnamment, je n'avais aucuns mal à manger et surtout à garder mes repas. La peur, le choc, le contexte j'imagine.
Bref, on en arrive à cet été où plus que jamais, je détestais ce nouveau corps. Trop épuisé physiquement pour le sport et voulant maigrir absolument malgré une faim continue, j'ai repris mes vomissements. Avec un bilan sanguin chaque jours et des compléments quotidien en potassium.
J'avais retrouvé mon super pouvoir et en plus, j'avais un filet de sécurité cette fois ....
Depuis, je suis incapable de manger quoi que ce soit sans me faire vomir derrière. Depuis plus de 5mois, je n'ai pas gardé un seul repas, quelqu'il soit. J'ai constamment faim, j'en suis arriver à devoir manger toutes les 2-3h. Ce qui me faisait jusqu'à 10 vomissements par jours.
En gros, je ne faisais que ça de mes journées comme j'étais en arrêt maladie... C'était un rituel.
Je mange uniquement ce qui me fait envie. Ce qui ne se définit de fait pas vraiment comme des crises de boulimie. Je prépare systématiquement et méthodiquement ce que je vais mangé. Parfois sucré, parfois salé, selon les envies du moments. Je m'installe tranquillement, mets une série ou un film et c'est partis pour 45min. Pas une minute de plus. Avec mon timeur sur le portable. Pourquoi ce temps ? Par ce que je m'imagine que en moins d'une heure mon estomac n'aura pas le temps de digéré et rien ne sera absorbé au niveau de mes intestins. A tord ou à raison, le fait est que malgré les quantités astronomiques que je suis capable d'ingérer sur ce laps de temps, je ne reprends pas de poids. Il est tellement difficile de vomir un carré de chocolat que je préfère manger la tablette entière pour faciliter la chose.
Aujourd'hui, c'est un handicap majeur dans ma vie.
Plus de restaurants, plus de sortis entre amis, très souvent en hypoglycémie ce qui m'empêche d'être loin de chez moi trop longtemps. Particularité, j'habite à l'hôpital, en dessous du service de pédiatrie. Ce qui n'est pas la meilleure chose pour moi au final ...
Donc, vomissements à chaque prise alimentaire et tous comme vous, si je ne peux pas vomir pour telle ou telle raison par la suite, je suis dans un état d'angoisse et de détresse terrible. La seule solution que j'ai trouvé pour pallier à cela, c'est tout simplement de ne rien manger. Du tout.
Ce qui fait que pour les repas de fête de fin d'année, j'étais présent, à table. Mais sans couverts, sans assiette. Juste là, à table avec un verre de coca zéros. Pendant la totalité de l'apéro et du repas.
Dans ces situations, je n'éprouve pas le besoin ni l'envie de manger. Je sais tellement à quel point je serais mal et que je gâcherais le repas de tout le monde si je venais à manger et ne pas pouvoir me purger derrière, que j'ai cette inhibition sur l'alimentation.
A présent, j'ai réussis à diminuer les prises alimentaires et donc les vomissements. Selon les jours, j'oscille en 4 et 5. Notamment maintenant que j'ai repris le travail. J'ai à peut près stabilisé mon poids, bas certes, mais au moins il est à peut près stable. Je cherche encore et toujours à en perdre, mais je n'y parviens plus. Je ne peux plus faire de sport, par manque de temps et de force physique et je mange parfois jusqu'à 5000 kcal par repas, alors j'imagine que je dois en absorber quand même une partie ce qui me permet de ne pas m'écrouler de dénutrition.
Je ne sais pas qui me lira, je sais que malgré la longueur du texte, je n'apporte aucunes solutions ni aucunes aides, mais ces quelques lignes m'ont fait beaucoup de bien ... Pouvoir vider mon sac, sans retenue, en ne disant que la vérité sans être jugé.
Merci de m'avoir écouté en tous cas et j'espère sincèrement que l'on s'en sortira tous. On ne peut plus continuer ainsi...