ce soir j'ai peur

demain j'ai rendez vous avec le médecin qui devait me voir à ma sortie, demain je ne pourrais plus me leurrer!

alors ce soir je ne dors pas, ce soir elle est là, elle me tient éveillée par la peur, l'angoisse...sentiment terrible, combien je suis impuissante devant!

je respire mal, le souffle ne veut pas entrer, je me tourne et retourne, me lève, inspire profondément mais rien...j'ai peur.
les douleurs s'éveillent à cette heure, le dos se réveille, le ventre, la poitrine... comment peut-on contenir tant de choses dans son corps? ](*,)
dans 12h je serais face à lui, dans 12h je serais mal...
alors je me raccroche à samedi...

au regard plein de joie de mon neveu, à ses mots, ses cris, son enthousiasme...

je me raccroche aussi à cette "blouse blanche"


on s'est rejoint loin de chez moi et de la clinique, en montagne, faire une balade comme je les aime, être éloignée des tracas et de la maladie!
Elle m'a emmené dans un coin tranquille, à un col, où l'on pouvait accéder en voiture, elle avait déjà vu mes petits yeux et la fatigue qui m'enveloppait!
on est partie à pied sur quelques mètres, j'ai trébuché, elle était derrière, m'a rattrapé, encore

elle a senti mes mains, le froid qui les transperçait...quand ça va pas j'ai tjs les mains froides

elle a surtout vu mon regard se dérober, signe souvent que je cache quelque chose, en l'occurence que je me cachais de l'infirmière...

elle m'a pris la main, m'a forcée à m'asseoir, m'a observé et a franchi le pas qu'elle s'interdisait depuis quelques temps m'a pris dans ses bras et m'a serrée fort...pendant un instant magique et inoubliable. ma tête contre elle, je n'avais pas été ainsi depuis des années, protégée l'espace d'un instant!

on est restée assise en silence quelques minutes, puis elle a parlé....ne sachant pas trop comment me parler...
elle m'a dit qu'elle s'était rendue compte en me voyant qu'après la chute de moral c'est physiquement que ça se gâtait, qu'elle avait vu cette fatigue, ce "dérapage" dans les rochers qui n'était autre qu'un vertige, ce regard absent inhabituel chez moi...
elle m'a dit qu'elle avait compris que la maladie avait repris un sacrè bout de chemin, que je ne savais pas lutter et ne savais même pas si je le voulais...

je n'ai pas dit gd chose, aucun mot ne sortait, les larmes montaient et j'aurais tant voulu les lâcher...


elle m'a repris dans ses bras, en me serrant fort...
on est redescendue doucement...

c'est ds la voiture que je lui ai lâché mes doutes, mes peurs, ma panique...elle m'a avoué son inquiétude, "tu ne m'empêcheras pas de m'inquiéter..." mais a renouvellé sa confiance en ce rendez vous...
je reste à ces images, ces instants si précieux!
ce soir je suis là, face à un écran, dans la peur, le désarrois sans savoir si oui ou non je veux vraiment qu'elle me lâche!

je n'ai plus peur d'elle, j'ai peur de la décision pouvant être prise demain.
je n'ai plus peur de la maladie...c'est ce qui augmente mon doute sur une guérison...
octobre est là et je suis plus mal que l'an passé au même moment...
où est ma vie? celle en qui je croyais il y a plus de 2mois?

peut être est-ce que je suis en train de lui faire mes adieux?

