Bonjour,
Ceci n'est pas mon premier sujet sur ce forum, je fais actuellement face à une dilemme et je profite de ce message pour vous demander anonymement quelques conseils, idées, réflexions ... En me disant que peut être me comprendrez vous d'avantage au vu de nos soucis communs.
Je suis actuellement interne de pédiatrie et au vu de la situation sanitaire mondial, je suis en première ligne face au Covid19 pour m'occuper des enfants atteints ou suspect de l'être. C'est une période compliqué pour les soignants avec énormément de patients, de règles d'hygiène à l'hôpital, de manque de personnel, d'horaires toujours plus indécents.
Malheureusement, j'ai été contacté hier par le centre des TCA dans lequel je suis suivis pour anorexie. Ils m'ont indiqué que j'étais un patient fragile et à risques malgré mes 27 ans, du fait de la maladie. En conséquence, je devrais être en arrêt maladie pour ne pas risquer de contracter le Coronavirus et ne pas prendre de risques ... Pour le moment, je n'en ai pas parlé a mes chefs. Je ne souhaite pas être arrêté, je ne veux pas abandonner mes collègues, ni les patients.
Personne n'est irremplaçable et indispensable bien sur, mais si je ne peux plus être dans le service à travailler, alors d'autres devront travailler encore plus pour combler mon absence et je ne veux pas leur infliger ça. Bien entendu, mes proches me poussent à me mettre en arrêt pour ne pas risquer d'être contaminé. Je n'arrive pas à m'y résoudre, bien que je sache au fond de moi qu'il faudrait ...
Que feriez-vous?.. Qu'en pensez-vous? ... Je ne sais pas, je ne sais plus, que dois-je faire ...
Besoin conseils ...
Modérateurs : Modérateurs, Membres actifs
Règles du forum
Merci de prendre connaissance de la Netiquette d'Enfine avant toute consultation ou utilisation.
Merci de prendre connaissance de la Netiquette d'Enfine avant toute consultation ou utilisation.
-
- Enfinien avancé
- Messages : 27
- Enregistré le : 08 mai 2017, 17:31
Re: Besoin conseils ...
Bonjour Aaron,
J'espère que tu te portes bien et je suis désolée que ton dilemme soit resté sans réponse pour l'instant.
Tu es médecin - tu connais toi-même l'importance que l'avis médical peut avoir sur la santé de quelqu'un, et aussi le danger encouru quand on ne le suit pas. On le voit absolument partout aujourd'hui : tous ces gens qui refusent de se protéger et qui ainsi se mettent en danger et mettent en danger la vie des autres. Je ne crois pas qu'il faille les juger. On subit tous tant d'injonctions à être là, présent, toujours opérationnel, toujours souriant, toujours vivant. Oui, mais parfois c'est impossible.
Je pense que tu sais très bien rationnellement, en tant que médecin et en tant que personne qui vit avec toi-même depuis tant d'années, que tu es à risque et que la meilleure chose à faire c'est peut-être d'être en arrêt. ça n'est pas facile de faire la chose la plus rationnelle parfois. Je dirais même que tu risques d'être envahi de pensées très dures une fois que tu auras pris ta décision. Mais le plus dur est encore l'indécision.
Je te dirais de t'écouter et d'écouter tes médecins, comme tu souhaiterais certainement que certains de tes patients t'écoutent (bien que tu ne doives certainement pas trop faire face à l'indiscipline vu que tu bosses avec des gosses). Ensuite, pose toi, reprends tes esprits, essaie de combattre les pensées qui t'envahiront. Et puis, parce qu'on va y être pendant un moment dans le corona, trouve peut-être un moyen d'aider mais à distance.
Donne des conseils médicaux à des proches ou des inconnus. Sois présent à ta manière.
Je suis sûre que tu fais déjà beaucoup pour tes patients et les autres.
Prends soin de toi et n'hésite pas si tu souhaites parler.
Bien à toi,
Tatjana
J'espère que tu te portes bien et je suis désolée que ton dilemme soit resté sans réponse pour l'instant.
Tu es médecin - tu connais toi-même l'importance que l'avis médical peut avoir sur la santé de quelqu'un, et aussi le danger encouru quand on ne le suit pas. On le voit absolument partout aujourd'hui : tous ces gens qui refusent de se protéger et qui ainsi se mettent en danger et mettent en danger la vie des autres. Je ne crois pas qu'il faille les juger. On subit tous tant d'injonctions à être là, présent, toujours opérationnel, toujours souriant, toujours vivant. Oui, mais parfois c'est impossible.
Je pense que tu sais très bien rationnellement, en tant que médecin et en tant que personne qui vit avec toi-même depuis tant d'années, que tu es à risque et que la meilleure chose à faire c'est peut-être d'être en arrêt. ça n'est pas facile de faire la chose la plus rationnelle parfois. Je dirais même que tu risques d'être envahi de pensées très dures une fois que tu auras pris ta décision. Mais le plus dur est encore l'indécision.
Je te dirais de t'écouter et d'écouter tes médecins, comme tu souhaiterais certainement que certains de tes patients t'écoutent (bien que tu ne doives certainement pas trop faire face à l'indiscipline vu que tu bosses avec des gosses). Ensuite, pose toi, reprends tes esprits, essaie de combattre les pensées qui t'envahiront. Et puis, parce qu'on va y être pendant un moment dans le corona, trouve peut-être un moyen d'aider mais à distance.
Donne des conseils médicaux à des proches ou des inconnus. Sois présent à ta manière.
Je suis sûre que tu fais déjà beaucoup pour tes patients et les autres.
Prends soin de toi et n'hésite pas si tu souhaites parler.
Bien à toi,
Tatjana
Re: Besoin conseils ...
Bonjour Tatjana,
Merci beaucoup pour ta réponse. Malheureusement, je n'en ai pris connaissance que aujourd'hui n'ayant pas reçus de notifications/mails, je n'étais pas revenus sur le forum ...
Finalement, j'ai accepté.
Je suis donc en arrêt depuis le 20 mars et n'ai pas depuis, développé de symptômes malgré mon exposition dans les jours qui ont précédés. Etant interne à l'hôpital dans un petit studio de 16m2 et ayant la porte de notre internat physiquement à 5m de l'entrée du service temporaire spécialisé Covid19, je ne pouvais pas rester la bas et suis donc rentré chez mes parents. Pas trop de soucis là dessus, je reviens déjà régulièrement les week ends et ai passé 5 mois ici cet été dans les suites d'un passage en réanimation avec un arrêt maladie de convalescence. Bien sur, le confinement modifie quelque peut les choses, mais mes parents (mon père maire/ et ma mère dans le milieu médical) continuent eux à travailler.
Tu as entièrement raison part rapport aux sentiments très difficiles qui m'envahissent depuis ... Cette culpabilité qui ne me lache plus, cette rumination de me retrouver enfermé quand je vois tous ce qu'il se passe dehors, ces patients, ces confrères à bouts de moyens et physiquement ... Les journées ne sont que bien plus longues. Trop longues.
Ce qui malheureusement exacerbe les symptômes de la maladie ... Mes parents sont au courant et sont également impuissants face à cela, on en parle peu, on en parle plus en réalité, je ne souhaite plus en parler. Tu parlais d'ambivalence dans une autre discussion, je suis en plein dedans. Je ne souhaite pas guérir, je ne me sens pas malade, tous ce que je veux c'est de travailler. Etre disponible pour les patients.
Or, je sais que si je ne peux être à leurs cotés, pour eux, c'est par ce que je suis malade. Pour autant, au fond de moi, je souhaiterai avoir les deux ...
Depuis, un nouveau dilemme se présente à moi... Mon arrêt de travail initial de 2 semaines se termine dimanche 5 avril. J'avais réussis à négocier seulement deux semaine dans un premier temps avec réévaluation de la situation pour un possible renouvellement plutôt que de directement mettre 1 mois ferme.
La situation actuelle n'a donc pas changé... Si ce n'est que l'hôpital où je travail à accueillis des patients Covid+ du grand Est cette semaine. Je n'ai pas encore recontacté les médecins qui me suivent. Seulement mes collègues de travaillent qui me disent de ne pas revenir ...
Je sature ici, de part le confinement, de part le fait d'être inutile, d'abandonner mes confrères ... J'ai tenté de mettre en place via mon père un service d'aide au sein du village, mais il n'y a eu aucunes demande depuis.
Je veux y retourner, je veux tellement ! Et quand bien même c'est risqué, vous savez tous ici combien une personne souffrant d'anorexie se fiche de son état de santé et en fait toujours plus pour être toujours au plus mal
Merci beaucoup pour ta réponse. Malheureusement, je n'en ai pris connaissance que aujourd'hui n'ayant pas reçus de notifications/mails, je n'étais pas revenus sur le forum ...
Finalement, j'ai accepté.
Je suis donc en arrêt depuis le 20 mars et n'ai pas depuis, développé de symptômes malgré mon exposition dans les jours qui ont précédés. Etant interne à l'hôpital dans un petit studio de 16m2 et ayant la porte de notre internat physiquement à 5m de l'entrée du service temporaire spécialisé Covid19, je ne pouvais pas rester la bas et suis donc rentré chez mes parents. Pas trop de soucis là dessus, je reviens déjà régulièrement les week ends et ai passé 5 mois ici cet été dans les suites d'un passage en réanimation avec un arrêt maladie de convalescence. Bien sur, le confinement modifie quelque peut les choses, mais mes parents (mon père maire/ et ma mère dans le milieu médical) continuent eux à travailler.
Tu as entièrement raison part rapport aux sentiments très difficiles qui m'envahissent depuis ... Cette culpabilité qui ne me lache plus, cette rumination de me retrouver enfermé quand je vois tous ce qu'il se passe dehors, ces patients, ces confrères à bouts de moyens et physiquement ... Les journées ne sont que bien plus longues. Trop longues.
Ce qui malheureusement exacerbe les symptômes de la maladie ... Mes parents sont au courant et sont également impuissants face à cela, on en parle peu, on en parle plus en réalité, je ne souhaite plus en parler. Tu parlais d'ambivalence dans une autre discussion, je suis en plein dedans. Je ne souhaite pas guérir, je ne me sens pas malade, tous ce que je veux c'est de travailler. Etre disponible pour les patients.
Or, je sais que si je ne peux être à leurs cotés, pour eux, c'est par ce que je suis malade. Pour autant, au fond de moi, je souhaiterai avoir les deux ...
Depuis, un nouveau dilemme se présente à moi... Mon arrêt de travail initial de 2 semaines se termine dimanche 5 avril. J'avais réussis à négocier seulement deux semaine dans un premier temps avec réévaluation de la situation pour un possible renouvellement plutôt que de directement mettre 1 mois ferme.
La situation actuelle n'a donc pas changé... Si ce n'est que l'hôpital où je travail à accueillis des patients Covid+ du grand Est cette semaine. Je n'ai pas encore recontacté les médecins qui me suivent. Seulement mes collègues de travaillent qui me disent de ne pas revenir ...
Je sature ici, de part le confinement, de part le fait d'être inutile, d'abandonner mes confrères ... J'ai tenté de mettre en place via mon père un service d'aide au sein du village, mais il n'y a eu aucunes demande depuis.
Je veux y retourner, je veux tellement ! Et quand bien même c'est risqué, vous savez tous ici combien une personne souffrant d'anorexie se fiche de son état de santé et en fait toujours plus pour être toujours au plus mal
-
- Enfinien avancé
- Messages : 27
- Enregistré le : 08 mai 2017, 17:31
Re: Besoin conseils ...
Salut Aaron,
Très heureuse de te lire!
Je trouve que c'est très louable les sentiments qui te traversent et ça paraît juste évident que tu aies envie d'aider au moment où, même nous, laïcs du monde médical, on se demande ce qu'on peut faire, au lieu de rester comme des cons chez soi alors que dehors c'est l'apocalypse.
C'est dur comme situation, et je pense que quoi que tu décides, ça se tiendra et ça se comprendra.
Tu as effectivement pas mal d'ambivalence quand tu parles de toi, tu parles parfois de maladie et en même temps tu ne te sens pas malade. Objectivement, si tu étais extérieur à toi-même, dirais tu que tu es malade? Dirais-tu que tu dois recevoir des soins?
Quoi qu'il en soit, peut-être que tu peux prendre ton temps pour prendre une décision. Prolonger ton arrêt maladie par petites tranches et te concentrer à essayer de faire connaître et tourner ce service d'aide (c'est juste génial!!), genre vraiment passer ton énergie là-dedans tant que tu ne retourneras pas à l'hôpital (ça t'apprendra des choses en plus!), et puis te dire que tu auras le temps d'aider. Ce confinement et cette situation vont durer, et bien que l'urgence soit partout, peut-être qu'il n'y a pas tout à fait urgence à ce que toi tu prennes une décision.
Courage! Tu as toute ta vie pour aider :)
Bien à toi,
Tatjana
Très heureuse de te lire!
Je trouve que c'est très louable les sentiments qui te traversent et ça paraît juste évident que tu aies envie d'aider au moment où, même nous, laïcs du monde médical, on se demande ce qu'on peut faire, au lieu de rester comme des cons chez soi alors que dehors c'est l'apocalypse.
C'est dur comme situation, et je pense que quoi que tu décides, ça se tiendra et ça se comprendra.
Tu as effectivement pas mal d'ambivalence quand tu parles de toi, tu parles parfois de maladie et en même temps tu ne te sens pas malade. Objectivement, si tu étais extérieur à toi-même, dirais tu que tu es malade? Dirais-tu que tu dois recevoir des soins?
Quoi qu'il en soit, peut-être que tu peux prendre ton temps pour prendre une décision. Prolonger ton arrêt maladie par petites tranches et te concentrer à essayer de faire connaître et tourner ce service d'aide (c'est juste génial!!), genre vraiment passer ton énergie là-dedans tant que tu ne retourneras pas à l'hôpital (ça t'apprendra des choses en plus!), et puis te dire que tu auras le temps d'aider. Ce confinement et cette situation vont durer, et bien que l'urgence soit partout, peut-être qu'il n'y a pas tout à fait urgence à ce que toi tu prennes une décision.
Courage! Tu as toute ta vie pour aider :)
Bien à toi,
Tatjana