« J’avais le sentiment que rien de récent ne me représentait, ne me parlait. Alors j’ai commencé à écrire… » Amy Winehouse

Pour retranscrire la vie de la chanteuse décédée en 2011, Asif Kapadia a opté pour la modernité, soit un documentaire constitué de témoignages et d’images d’archives, reléguant délibérément les entretiens officiels au second plan. Le film est organisé de façon chronologique, et l’on y suit la jeune femme de son enfance jusqu’au moment de sa chute tragique précipitée par la sortie de son deuxième album « Back to Black ».

Asif Kapadia nous plonge dans l’intimité de la célèbre chanteuse et nous raconte de façon touchante l’histoire d’une jeune femme malmenée par le monde du showbiz, le système médiatique voyeuriste et la pression familiale. Les témoignages coordonnés façonnent le portrait d’une jeune femme talentueuse et authentique mais fragile et peu sûre d’elle. Chanter était son seul réconfort, étant selon la chanteuse la seule chose qu’elle savait faire. L’écriture et la mise en voix de textes lui permettaient de donner sens à ce monde auquel elle n’appartenait déjà plus et qu’elle ne comprenait plus.

Avec objectivité et sans moralisme bien-pensant, le réalisateur évoque tour à tour les différents formes de dépendance de la chanteuse, à savoir l’alcoolisme, la toxicomanie et les troubles du comportement alimentaire. La boulimie dont souffrait la chanteuse est en effet dépeinte comme un mal l’ayant affectée très tôt et qui n’a fait que prendre de l’ampleur avec le succès de ses albums. Le film retranscrit cette démarche d’auto-destruction et cette descente aux enfers sur un fond musical bouleversant. Les paroles des chansons d’Amy résonnent, puissantes et investies d’un sens nouveau, et les images donnent une autre dimension aux morceaux mythiques que nous connaissons tous, véritables élégies à la gloire d’une icône partie trop tôt et d’une jeunesse gâchée.

Article écrit par Charlotte Planchette