Anorexie

Par : Duclaux

Bonjour,

Je m’appelle Maylie. J’ai 16 ans et je souhaite partager mon témoignage sur l’anorexie avec vous.

Tout a commencé il y a trois ans. À l’époque, je ne me préoccupais guère de mon apparence ou des opinions des autres à mon sujet. Cependant, j’ai traversé une période de harcèlement scolaire qui m’a profondément affectée et attristée. Même si je n’ai pas remis en question ces expériences à l’époque, je pense qu’elles ont eu des répercussions mentales inconscientes.

À la suite de cela, j’ai été confrontée à des commentaires, peut-être insignifiants pour certains, mais qui m’ont fait souffrir. On me disait des choses comme « arrête de manger du sucre, ça fait grossir » ou encore « Maylie, calme-toi un peu, tu as pris du poids ». Ces remarques portaient non seulement sur mon corps, mais aussi sur ma façon de m’habiller et de me maquiller.

J’ai alors commencé à faire de « petites » crises d’anorexie, pendant lesquelles je ne mangeais qu’un repas par jour pendant environ deux semaines. Ces crises survenaient tous les deux mois environ. Peu à peu, j’ai commencé à prêter davantage attention à mon image et à ce à quoi je devais ressembler. Cependant, ces préoccupations étaient de courte durée, car tout redevenait normal ensuite.

Ces crises sont devenues de plus en plus fréquentes et longues. Au début, je me contentais de manger de bonnes salades au chèvre, mais je réduisais les quantités chaque jour, jusqu’à ne manger qu’une tomate cerise par jour en cas d’écart, comme manger un peu de pain ou céder à la tentation en mangeant un morceau de fromage. Dans ces moments-là, je m’enfermais dans ma salle de bain et courais sur place pendant des heures. Certains jours, je ne mangeais même plus du tout, me sentant puissante dans ces moments-là, mais le simple fait de manger une tomate cerise le lendemain me détruisait. Même en me privant de nourriture, je ne voyais aucun résultat. C’était le pire aspect de cette maladie : je pouvais voir mes os, mais les parties de mon corps que je détestais semblaient toujours aussi volumineuses.

Il y a eu un moment où je n’avais même plus envie de boire, ce qui m’a finalement conduite aux urgences, car j’étais déshydratée et sous-alimentée. On m’a alors « menacée » de m’hospitaliser définitivement. Étant très anxieuse, j’ai fait semblant d’avoir eu un déclic et d’être prête à manger à nouveau. Je suis rentrée chez moi et j’ai simulé en mangeant des salades complètes pendant deux semaines, mais c’était trop difficile pour moi. Je suis retombée à une tomate cerise par jour. J’idéalisais l’extrême maigreur, le squelette était mon idéal corporel.

J’ai eu des séances de suivi psychologique toutes les semaines, puis toutes les deux semaines pendant un an. Au départ, je ne voyais pas vraiment d’intérêt à cela. J’ai subi de nombreuses prises de sang, mais à la fin, les infirmières ne parvenaient plus à trouver mes veines en raison de l’épuisement de mon corps. Mon cœur et mes reins ont commencé à montrer des signes de défaillance. Je ne pouvais plus m’habiller seule, car la vue de mon propre corps me répugnait. Je ne pouvais plus me maquiller seule, bien que ce visage m’appartienne. Je ne pouvais pas tenir un trajet de dix minutes sans m’endormir. Je ne retenais aucune information. J’étais constamment fatiguée et en colère, principalement contre moi-même. Je ne me rendais aux toilettes que toutes les deux semaines, car mon corps n’acceptait plus aucune nourriture, et ainsi de suite. Cette maladie est véritablement un enfer, un combat contre soi-même.

Cependant, à côté de cela, je suis passionnée de mode et j’ai eu une opportunité qui a probablement sauvé ma vie. J’ai eu la chance de participer à un concours de Miss. Je savais que dans l’état où j’étais, ce n’était tout simplement pas possible, mais cela m’a donné la force de me battre. Même si cela fait huit mois que j’étais à l’hôpital (et si vous me trouvez étrange, parfois cela me manque), je ne regrette absolument pas d’avoir surmonté cette épreuve. Aujourd’hui, il y a des moments où j’arrive à aimer mon corps de plus en plus. La vie mérite d’être vécue. Il faut du courage pour vouloir s’en sortir, c’est la phase la plus difficile de la maladie, mais lorsque l’on trouve quelque chose qui nous donne envie de nous battre pour rester en vie, alors on a déjà gagné.

Voilà mon témoignage ☺️. J’espère qu’il pourra aider et faire comprendre certaines choses. Vous n’êtes pas seuls. Sachez-le.

Article écrit par Duclaux


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  • Association Enfine - Écoute & Entraide Autour des Troubles du Comportement Alimentaire

1 réflexion sur “Anorexie

  1. salut à toi !

    Je tiens à te feliciter pour ton parcours, c’est un combat qui se fait au jour le jour, et sans motivation, on ne peut y arriver, donc bravo à toi! Pour ma part, je cherche encore ce qui m’aidera à avoir ce fameux déclic, j’essaye, mais c’est difficile quand on se sent si démotivée et seule…

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