« Il ne s’agit plus de survivre, mais de vivre. Rien n’a changé mais tout est différent » Maïté Jarrige

Guérir des troubles du comportement alimentaire est un processus, non un état fixe et immuable à atteindre. Il s’agit d’un cheminement personnel plus ou moins long vers la vie. Pour y parvenir, un accompagnement global et interdisciplinaire de la personne souffrant de TCA est nécessaire. On distingue plusieurs types de guérison :

• la guérison somatique : rétablissement et maintient du poids de santé, menstruation régulières, disparition des carences,…
• la guérison comportementale : comportement alimentaire régulier
• la guérison psychique : évolution positive de l’image du corps
• la guérison sociale : (re)construction de liens affectifs sincères (famille, amis, loisirs…), reprise de la vie professionnelle

Il est difficile pour une personne qui souffre de TCA d’accepter qu’elle a besoin d’une aide extérieure pour guérir. Elle se perçoit comme autonome et pense dans un premier temps pouvoir s’en sortir seule. Pourtant, la guérison n’est nullement une question de volonté, et le sentiment d’indépendance des personnes malades illusoire. Souvent, les personnes atteintes de troubles alimentaires connaissent un déclic qui les encourage à entamer le processus de guérison. Ce déclic peut être :

• un sentiment d’insatisfaction par rapport au mode de vie actuel
• un état de sidération devant la réalité de la maladie
• une prise de conscience : « Ce n’est pas de la nourriture que je vomis… c’est de la haine ! »
• l’envie de s’en sortir pour ses proches
• un événement de vie difficile (décès, rupture…)
• des conflits dans le couple
• le désir de plaire
• le désir d’enfant

Au cours de ce chemin, long et tumultueux, la personne apprend à s’ouvrir et à se réaliser. Son regard sur elle et sur le monde change. Elle rompt avec l’image de l’enfant idéal à laquelle elle s’efforçait de se conformer. Elle apprend à s’affirmer et à tisser des liens profonds et sincères avec les autres. Elle ne s’identifie plus à la maladie et découvre alors qui elle est véritablement, ce qu’elle aime, ce qu’elle sait faire. Elle vit, enfin.

*article inspiré de l’intervention de Maïté Jarrige, psychologue et art thérapeute, lors du colloque de l’AFDAS-TCA, le 13 juin 2014 à l’Hôpital Européen Georges Pompidou.

Article écrit par Isabelle PODETTI