« L’adolescence à l’épreuve du corps »

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Par : Isabelle PODETTI

Compte-rendu du colloque Fil Santé Jeunes[1], organisé par l’Ecole des Parents et des Educateurs (EPE), avec le soutien de l’INPES. Propos rapportés par Séverine Davy, Association Enfine.

 

Vendredi 28 novembre 2014

 

 

L’adolescence commence suite aux transformations que la puberté imprime sur le corps. Le narcissisme de l’adolescent est alors mis à mal : ce dernier ne sait bien souvent pas comment s’adapter à ce nouveau corps embarrassant, et surtout, désormais apte aux relations sexuelles. Cette nouvelle donne modifie les relations de l’adolescent avec son entourage. Selon le Professeur Philippe Jeammet[2], Président de l’Ecole des Parents et des Educateurs (EPE), il existe une injonction paradoxale propre à l’adolescence : ne surtout pas se démarquer du groupe tout en montrant sa différence identitaire, sa singularité. Ce paradoxe génère des conflits difficiles à surmonter, et l’ado tentera alors soit un rapprochement, soit, au contraire, une mise à distance de son corps et du corps de l’autre. 

Ces conflits intérieurs peuvent également s’exprimer par divers symptômes physiques et psychiques : conduites à risque, passages à l’acte, etc. Le corps peut devenir un lieu de marques (tatouages, piercings…) ou d’attaques auto-infligées (scarifications, prises de risques, tentatives de suicide, suicides…). Si le narcissisme de l’adolescent n’est pas suffisamment consolidé, cette période s’avère d’autant plus difficile. Si les parents se sont montrés des parents réjouis que cet enfant existe, il aura certainement pris conscience qu’il a de valeur que son existence a du sens. Dans le cas contraire, l’enfant devenu ado risque de faire le choix inconscient de la pathologie.

La pathologie est un comportement dans lequel on est enfermés. Elle réduit ou empêche les aléas émotionnels. Philippe Jeammet nomme deux grandes émotions de base : la peur et la confiance.  Si l’adolescent a pu se construire sur le versant de la confiance, il va pouvoir continuer à se construire et à construire. Il apprendra notamment à prendre soin de lui et des autres, à développer sa sociabilité et ses potentialités. A l’inverse, un adolescent qui s’est construit dans la peur risque d’opter pour la pathologie, pour la destruction ou l’autodestruction. S’il est sujet à une charge émotionnelle trop forte, l’être humain est programmé pour agir : c’est l’homéostasie émotionnelle. Pour les adolescents, sujets à de grands bouleversements émotionnels, ceci est d’autant plus vrai. Se détruire plutôt que de demander l’aide qui permet de construire permet d’éviter de prendre le risque de la déception, inhérente à la vie. L’adolescent est sûr du résultat : s’il n’y a pas de certitude dans la construction, on est toujours sûrs de réussir dans la destruction.

L’enfant se co-construit avec son Environnement (en premier lieu : les parents ou les substituts parentaux). Plus l’Environnement sera accompagnant, plutôt que contrôlant, mieux l’enfant apprendra qu’aller bien « c’est apprendre à supporter de la déception et de la souffrance, et en même temps c’est avoir des projets, des perspectives »[3]. Dans le cas où l’adolescent « tombe » malgré tout dans la pathologie, il s’agira de l’aider à (re)trouver la confiance, ce qui pourra se faire dans la relation à l’autre et l’expérimentation (ex : thérapie). Ainsi, l’adolescent pourra progressivement choisir la vie, se réconcilier avec son corps et l’habiter pleinement pour devenir « sujet ».

 



[1] Fil Santé Jeunes

Créé en 1995 par l’Etat et géré par l’association Ecole des Parents et des Educateurs d’Ile-de-France, Fil Santé Jeunes est un dispositif de prévention et d’aide en matière de santé qui s’adresse spécifiquement aux adolescents et aux jeunes adultes.

Un numéro : 0 800 235 236 (anonyme et gratuit)

Site internet : www.filsantejeunes.com

Chat : www.habbo.fr (bus Fil Santé Jeunes présent sur le jeu HABBO) 

[2] Psychanalyste, Professeur de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à l’université Paris V. Il a notamment dirigé le service de psychiatrie de l’adolescent et du jeune adulte à l’Institut Mutualiste Montsouris à Paris.

[3] ibid

Article écrit par Isabelle PODETTI


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