');">

Mon histoire

Par : Antoine

Bonjour à toutes et à tous,

 Je pense qu’écrire me fera le plus grand bien. Écrire. Panser ses blessures. Cicatriser avec le temps. Le temps qui passe et qui défile à une vitesse incroyable.

 Je m’appelle Sandrine, j’ai 25 ans et je suis atteinte de troubles du comportement alimentaire (anorexie-boulimie) depuis 9 ans.

Je me rappelle avoir commencé par un régime pour perdre quelques kilos parce que je me trouvais grassouillette. Beaucoup de réflexions blessantes, de remarques désobligeantes sur mon poids. Ainsi que sur mon physique. Depuis l’école primaire, en passant par le collège et en continuant au lycée j’ai du encaisser les moqueries des autres élèves. Je me sentais vraiment très mal dans ma peau. Pas besoin de vous dire que je n’avais aucune confiance en moi. A la maison, c’était un peu pareil. Un membre de ma famille m’appelait ‘la petite grosse’… Je ne me souviens plus très bien de la suite des évènements. C’est un peu flou je l’avoue. La restriction alimentaire étant devenue mon quotidien. Mais à la suite de ce régime, j’ai du restreindre mes portions jusqu’à bannir certains aliments. Sauter des repas jusqu’à jeûner.

Lire la suite...C’est à cette période que j’ai ressenti un énorme vide en moiMon père me manquait terriblement.Il est décédé d’un cancer lorsque j’étais enfant (5 ans et demi). A l’âge de 41 ans. Je n’arrive pas à me rappeler de ces quelques années passées avec lui. Le trou noir. Je ne me souviens de rien. Les photographies sont là pour me rappeler comment il était. Je ne possède aucun cliché de lui avec moi. Et je n’en ai jamais vu. J’ai longtemps éprouvé de la colère envers lui. J’avais le sentiment d’avoir été abandonnée. Mais avec les années, j’ai compris que mon père m’avait quitté non par choix mais parce qu’il n’avait pas le choix. Même si ma colère s’est dissipé, la peine ne m’a pas quitté. Je suis toujours habitée par elle. Et mon deuil, n’est pas encore terminé. J’ai énormément de difficulté à cicatriser.

 J’ai grandi sans père. Ni beau-père. Ma maman ne s’est jamais remariée. Elle n’a d’ailleurs jamais eu d’autre homme dans sa vie. Elle a élevé seule ses enfants. Ma mère était une femme autoritaire. Et l’est toujours. Impulsive, elle s’énervait pour très peu de choses. Lorsqu’elle se mettait en colère, j’avais l’impression qu’elle allait me gifler tellement qu’elle devenait hystérique. Je ne me souviens pas avoir eu le droit dans mon enfance et adolescence de rigoler, de pleurer ou de ressentir de la colère. Pour elle, rire c’était de la moquerie. Pleurer, de la comédie. Et si j’étais en colère, j’avais tout intérêt à la ravaler. Je ne me souviens pas d’une quelconque affection de sa part. Pas de câlins, ni de bisous. Pas de réconfort, ni de tendresse. Des encouragements non plus. Du soutien encore moins. Aucune communication. Nos relations ont été très conflictuelles. Je n’ai eu aucun soutien. Aucune compréhension. Simplement des reproches et des paroles assez blessantes concernant la maladie.

 J’ai été hospitalisée durant près d’un an en HDJ (hôpital de jour). Je passais un contrat avec ma psychiatre et une de mes infirmières référents pour une durée de 3 mois renouvelable. Durant cette période, j’avais 2 activités par semaine, des objectifs à atteindre, un repas et une collation obligatoires. Ce fut difficile et loin d’être une partie de plaisir. Généralement, après le repas du midi, que je prenais à l’hôpital, je n’avais qu’une hâte : rentrer chez moi au plus vite et me faire vomir. Tellement que ce que j’avais mangé me rendait malade. Je ne pouvais pas garder ce trop plein de nourriture en moi tellement que ma culpabilité était grande. Alors tout au long de l’après-midi, je mangeais et je vomissais. Parfois je ne faisais que ça dans ma journée : manger-vomir-remanger-revomir…. J’allais me faire vomir lorsque je ne pouvais plus rien avaler, le ventre plié en deux par la douleur.

 J’ai été sous antidépresseurs et sous anxiolytiques. J’ai avalé près d’une centaine de comprimés. J’étais complètement déphasée. Durant 2-3 semaines. Fatigue extrême. Vertiges. Problèmes de compréhension et d’élocution. Je titubais. J’étais complètement perdue et seule. J’avais des idées noires. J’avais envie de mourir. Je me suis longtemps auto-mutilée. Je déversais toute cette colère, toute cette haine, ce dégoût de moi-même en me taillant le bras. Cela me soulageait. Sur le moment. A la moindre contrariété, je me faisais mal. J’ai arrêté l’auto-mutilation il y a quasiment 1 an. L’envie de voir mon bras saigner à nouveau est toujours présent en moi. Mais j’essaie d’éviter d’assouvir ce désir si fort à certains moments. Une victoire en soit.

 J’ai rencontré lors de mes 20 ans (septembre 2005) un jeune homme dont je suis tombée éperdument amoureuse. Un coup de foudre. Je suis sortie avec lui. Notre histoire, si histoire il y a eu, n’aura duré que quelques jours. 4 précisément. C’est dérisoire. Et pourtant, ça ne l’était pas pour moi. A cette époque, je m’attachais énormément et très rapidement aux autres et aux hommes plus particulièrement. Pour moi, ils comblaient mon manque affectif paternel. Je n’avais pas fait le deuil de mon père. La douleur et le vide que j’éprouvais étaient immense. Alors, je m’accrochais à eux. Ils étaient la drogue que je ne pouvais pas me passer. La rupture avec ce jeune homme m’a brisé. Parce que c’était la première fois que j’étais véritablement amoureuse de quelqu’un. A la suite de cette rupture, j’ai continué mes crises de boulimie mais j’ai commencé à me faire vomir. Je m’enfonçais un peu plus dans la déchéance. Je n’ai jamais cessé de penser à lui. Même 5 ans et demi plus tard, il est toujours aussi présent dans ma tête et dans mon cœur. Je suis malheureuse et souffre de cette situation. L’oublier m’est impossible. J’ai commencé à enchainer flirts et aventures à la suite de cette déception sentimentale. Je me sentais importante aux yeux de l’autre l’espace d’un instant. Désirée peut-être aimée. Puis, je suis passée d’un extrême à l’autre. J’ai fini par ne plus m’attacher à qui que ce soit. Me renfermant ainsi un peu plus dans ma solitude.

 Aujourd’hui, je suis seule. Une vie sociale inexistante.

Une amie qui est cher à mon cœur et que je connais depuis un peu plus de 8 ans a toujours été présente pour moi. Elle fait toujours partie de ma vie. Mais je pense avoir pris un peu de distance par peur qu’elle m’abandonne elle aussi un jour.

 Je me sens démunie face à la maladie. Elle me contrôle. Je ne suis qu’une marionnette. Un jouet pour elle. Elle est celle contre qui je me bats au quotidien. Une lutte acharnée. Épuisante. Et sans relâche. Je suis fatiguée. Et lasse de cet état. J’aimerais pouvoir m’en sortir. Mais la sensation que jamais je n’y arriverais est plus fort que tout.

 Je n’arrive pas à manger. Je mange mais très peu de choses. Je mange toujours la même chose. J’ai l’impression d’avoir mes repères comme ça. Dès qu’il y a un changement, je panique. Et même s’il y a des choses que j’arrive à manger sans trop de difficultés, je regrette. Je culpabilise et la seule idée qui me vient en tête c’est de me faire vomir. Voir les autres personnes manger m’écœure. Me dégoûte. Me répugne. Cela me donne la nausée.

 J’espère m’en sortir un jour. Mais même si je guéris (chose inimaginable pour le moment), la maladie fera toujours partie de moi et ce, tout au long de ma vie. Je resterais fragile.

 Je vous remercie de m’avoir lu.

Bon courage à toutes et à tous.

Article écrit par Antoine


Partagez cet article

  • Association Enfine - Écoute & Entraide Autour des Troubles du Comportement Alimentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Nom *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.



Ils nous soutiennent

Service Civique
Ile de France
Fondation de France
CRAMIF
Partage et écoute
La ville de Paris