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Pensées d’un lit d’hôpital

Par : Marine

Je m’appelle Marine. J’ai 21 ans. Je suis anorexique boulimique depuis 5 ans. J’ai été hospitalisée l’année dernière. Aujourd’hui je ne le suis plus mais je continue à me battre pour guérir. J’ai écrit ce texte depuis mon lit d’hôpital à l’attention de toutes les autres qui souffrent du même mal que le mien.

 » On a pu jouer avec le feu à un moment, c’est vrai. Mais est ce pour autant de notre faute ? Moi je dis que non. On porte déjà le poids du monde sur nos épaules, on ne va pas en plus se tenir responsable de ce qui nous arrive.

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Rien ne sert de vouloir revenir en arrière pour autant. Plus rien ne sera plus jamais comme avant. Ce n’est pas un mal. La roue tourne.
Si on avait su, on aurait tiré la sonnette d’alarme bien avant. Mais on a pas senti le danger. Pas assez tôt.

Maintenant qu’il est bien là et qu’on le sent, est-il trop tard ? Jamais. Il n’est jamais trop tard pour se réveiller de ce cauchemar. La route est longue et elle le sera encore, mais nous vivons.
Chaque jour nous vivons la victoire et la défaite en alternance. La victoire de la privation, du contrôle de notre corps, mais quelques temps plus tard on vit la défaite, quand nous ne contrôlons plus rien pendant ces satanées crises, et quand nous nous rendons compte, après ça, que nous sommes happés par cette maladie.
Nous ne choisissons pas de céder à ces ivresses alimentaires, nous en sommes victimes, et là est la différence.


La vie est un combat permanant, plus que jamais on le sait, on le sent. On ne sait pas si on s’en sortira, mais en tout cas on fera tout pour ça, parce qu’on est courageuses, nous avons cette qualité en commun, même si parfois on se demande quand ce courage nous reviendra enfin. Il reviendra par sursaut, pour nous tirer peu à peu hors de l’eau. J’espère, j’ai confiance en lui, en moi, en nous. Ce serait trop bête de nous laisser bouffer par ces maladies, il tient à nous de combattre vaillamment. Nous savons que nous ne sommes pas des cas isolés. Notre maladie s’apparente même de plus en plus à une épidémie. Mais nous ne céderons pas, nous combattrons jusqu’à la fin, jusqu’au dernier souffle de nos amies, qui elles n’ont pas eu la chance d’en sortir vivantes. De là haut elles nous regardent et avec leurs regrets, nous envoient les armes pour le combat, qui s’annonce long et pénible.

Le secret est de s’aimer. Oui. Comment on fait ? On apprend. J’apprend à m’aimer, à me respecter et j’aurai déjà une arme dans chaque main pour combattre cette maladie sournoise. Elle est là pour nous détruire, mais ne cédons pas à la colère, ni à la fatalité. Nous ne devons pas être en colère parce que ce n’est la faute de personne, personne ne s’est levé un matin en se disant « tiens je vais inventer les maladies alimentaires » et nous ne devons pas céder à la fatalité parce que cela signifierai l’arrêt des combats. Et nous n’avons pas le droit. Nous ne trouverons jamais de vaccins contre ça, mais chacun peut trouver son antidote personnel. On peut y arriver, avec du courage et plein d’espoir.

La route sera semée d’embûches et parfois on aura l’impression de redescendre plus bas que terre, mais n’oublions jamais que sous tout ça, notre cour bât.
Un jour, nous nous en sortirons pour de bon. Ce jour, qu’il soit proche ou lointain, rêvons le chaque jour…
  »

Marine

Article écrit par Marine


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