Proches d’anorexique : la tentation de la culpabilité

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Parents, fratrie, amis… Difficile place que celle des proches d’une personne anorexique, à divers points de vue.

 

Les parents sont concernés au premier chef. La culpabilité risque de s’abattre sur eux, d’autant qu’on a pendant longtemps avancé le fait que les parents, la mère surtout, étaient responsables. Avec un peu de recul, bien sûr, on se rend compte que c’est beaucoup plus compliqué que ça et que la culpabilité est non seulement inutile mais consommatrice d’énergie. Mais lorsque la situation vous tombe dessus, c’est plus compliqué de relativiser. C’est pourquoi il ne faut surtout pas hésiter à s’en ouvrir à des professionnels, médecin ou psychologues.

 

La vie au quotidien avec une anorexique peut se révéler un véritable parcours du combattant. En effet, elle peut devenir tyrannique, surtout dans la cuisine. Le Dr Senninger cite ainsi l’exemple d’un ado qui était capable de s’enfermer dans la cuisine dès 11h30 pour, supposément, préparer son repas. Les parents attendaient d’abord patiemment pour manger à leur tour, pleins d’espoir à l’idée que leur fille aille mieux et essaie de manger. Finalement, à 13h30, ils forçaient l’entrée de la cuisine pour constater que finalement, elle n’avait plus faim et donc pas envie de déguster le plat qu’elle avait mis deux heures à préparer… Sans aller jusque là, l’anorexique s’avère souvent dictatoriale pour ce qui concerne l’organisation des repas : non seulement elle doit respecter un rituel qui ne souffre pas de perturbations extérieures, mais en plus, elle essaie souvent d’imposer aux autres de manger.

 

Tout simplement, elle est aussi parfois agressive et renfermée au quotidien. Ce qui, ceci dit, ne diffère pas tant que ça de l’adolescent « traditionnel »…

La place des frères et sœurs n’est pas facile à tenir non plus. Comme presque chaque fois lorsqu’un enfant est malade, l’essentiel de l’attention se porte sur lui, souvent au détriment du reste de la fratrie. Jessica Nelson se dit « très reconnaissante à mon petit frère de ne pas me tenir rigueur de cette époque ».   Certains amis éprouvent tellement de gêne qu’ils disparaissent rapidement de l’entourage de la personne malade. Les autres, les fidèles, ne savent pas toujours quelle attitude adopter. Là aussi, la culpabilité de ne pas savoir comment aider peut jouer un rôle. « Mes amies n’ont jamais abordé le sujet, se souvient Jessica Nelson. Avec le recul, je pense que c’était très bien comme ça. Ca m’aurait embarrassée qu’elles m’en parlent et ça aurait été difficile pour elles. »

 

Les proches ont un rôle important à jouer, souvent malgré eux, dans la guérison de la personne anorexique. Il est des phrases ou des attitudes à éviter, tandis que d’autres peuvent être la clé de la guérison. Jessica Nelson en livre quelques-unes. Mais il n’y a pas de recette miracle, tout dépendant évidemment du contexte mais aussi (surtout), de la personne malade. »Tout cela est un jeu d’équilibre, qui n’est pas simple du tout, confie Jessica Nelson. Je dirais qu’il n’y a rien de pire que de se sentir fliquée. C’est complètement contre-productif.

 

D’un autre côté, il est clair qu’un parent ne peut pas et ne doit pas abandonner son enfant à son triste sort. Il faut donc trouver un juste milieu. Il est très important aussi de respecter l’intimité de la personne malade, ainsi que des comportements, même si on les juge bizarres. Il faut essayer de se dire que l’on est tous névrosés de toute façon et que par conséquent, il n’y a pas de jugement à porter. Surtout, ne rien imposer. Quel que soit l’âge à laquelle elle se déclenche, l’anorexie est une sorte de crise d’adolescence. Il faut donc adopter un comportement adéquat. Globalement, je dirais qu’il faut être présent pour recevoir la confidence de la personne malade si elle a besoin de parler, mais ne surtout pas susciter ou solliciter cette confidence. La démarche doit venir de l’anorexique. Il faut être disponible mais pas encombrant. »

 

Article de Mathilde Regnault – JournalDesFemmes.com

Disponible en ligne à l’adresse suivante : cliquez ici

Article écrit par Isabelle PODETTI


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