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Récit d’une boulimique pensant que tout le mal s’acharne sur elle

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Par : A.

19 ans, de poids et de corpulence normale, je suis plus boulimique vomitive qu’étudiante en médecine: 7 ans de « folie » à mon actif.

Mon quotidien, mon but, ma raison de me lever le matin : la nourriture ; m’en priver serait me retirer ma seule motivation de me lever. Je vis pour manger, rien d’autre. D’ailleurs je ne sais pas si je vis réellement.

La fréquence de mes vomissements ? Je n’en sais rien. Une, deux ou trois crises ? Pas moins de 8 crises par jour si ce n’est un incessant et infernal enchaînement de vomissements. La nourriture me sauve de ce mal être, tout en me plongeant dans la détresse ; plonger dans un sommeil serait peut être plus sage ?.. avec l’espoir d’être sauvée.

Un brouillard floute toutes visions, perception ou simple esquisses que je pourrai avoir du réel. Je suis comme anesthésiée ; l’insécurité qui imbibe chacune de mes cellules dans leur mémoire fait de moi une handicapée de l’énergie. Mes pensées et mes idées ne tardent jamais à se faire écraser par l’idée reine de la nourriture. Être dans un monde parallèle régit par la bouffe, voilà mon impression. « Être », en réalité, je ne suis plus.

Au collège petit à petit, les yeux fermés et avec insouciance, Boulimie pris ses aises pour m’emporter dans un véritable gouffre. Manger pour vomir, se soulager pour mieux se détruire. Elle soulage cette tension en moi, elle m’apaise. Pourquoi? Pour m’effacer, m’enterrer encore et toujours plus bas. Elle m’emprisonne jusqu’à m’étouffer. Me débattre ne sert plus à rien.

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Ma famille? Mon père, médecin, est très compréhensif et à l’écoute. « Fille à papa » (et papa à fille) je m’en veux tellement de lui faire tout ce mal car en réalité, ma famille le (me) subit comme un véritable calvaire.

J’ai fait de ma maison un enfer. Des réactions à fleurs de peau, de l’insolence, de la culpabilitée, de la stoïque-té, tel un « je m’enfoutiste » exacerbé du monde qui m’entoure, une souffrance souvent perçu comme de l’égoïsme, une impuissance perçue comme de la fainéantise.

Je n’ai pas d’amies. Je ne peux pas ou je ne veux pas en avoir. Mes relations sont toutes superficielles, je le suis moi même. Je me cache derrière mon humour (plus ou moins drôle).

Mon frère était interne à Cochin au service des TCA ; il m’y a pris un rendez-vous. Psychiatre, généraliste, diététicienne…. ainsi était mon programme. Les consultations du psychiatre ont été suffisantes pour me refroidir et abandonner leur « traitement ». En sortant du bureau mon mal être et mon impression d’impuissance n’était qu’accentué. A quoi bon continuer ? Des résultats à long terme ? La patience s’effrite largement lorsqu’au fond on n’y croit plus.

Néanmoins ces consultations m’ont permis de pointer du doigt ma mère et son manque d’amour, de tendresse. En effet elle repoussait tous mes câlins et a effacé toute relation affective mère – fille, ou du moins celle que j’imaginais, celle que j’esperais. Je me pense toute fois toujours aussi responsable. Il faut dire que jeter toute la culpabilité sur le dos de ma mère ne fait qu’augmenter ma propre culpabilité : coupable de mon mal, coupable de leur mal.

J’ai fait de l’athlétisme à haut niveau pendant très longtemps (1 500m et 3 000m), une véritable passion que j’ai abandonné cette année. Mon entraîneur m’appelait « la guerrière » ; cette hargne ne m’a pas suffit pour sortir de cette spirale. « Demain j’arrête » : un, deux, trois jours voir même dix jours sans aucun vomissements. Ces tentatives de fugue déclenche en moi une pression tellement grande qu’il devient plus supportable de s’emporter à la folie des crises.

Il est tout de même vrai que durant cette période sans crises j’ai pu apprécier quelques moments de vie, de bonheur. Ma perception du monde est devenue autre : respirer, sentir ses pas lorsque l’on marche, s’extasier devant la nature et surtout réussir à réfléchir. Ces ridicules minutes m’ont donné envie de m’en sortir, les rechutes, quant à elles, me donnent une véritable claque.

« La guerrière » essaie de ne jamais se laisser abattre ; mon seul point fort, parfois fragilisé mais souvent ravivé. Relève-toi ! Chaque crise évitée est une victoire malgré la chute qui s’ensuit. Ne plus penser  » tout ou rien « , modérer son perfectionnisme et l’exigence avec laquelle on maltraite notre propre personne est, à mon sens, un grand pas vers la guérison. Hope.

Article écrit par A.


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