Valérie Guérin, Carnet de Vies, Une traversée picturale et humaine de l’anorexie

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Par : Charlotte Planchette

Une aunews_carnet_de_vie_022014tre perception de l’anorexie, c’est ce que Valérie Guérin est parvenue à transmettre à travers ce livre. Ses dessins, encres et peintures s’accordent avec les témoignages, poèmes et écrits d’hommes et de femmes ayant chacun une approche différente de la maladie – grâce à  leur profession ou vécu. Non sans rappeler l’association artistique entre Blaise Cendrars et les Delaunay autour de la Prose du Transsibérien, c’est autour de l’œuvre de Valérie Guérin que s’est construit ce livre. Les récits divers se mêlent aux dessins de la jeune femme pour faire émerger une œuvre unique par le mélange des arts, touchante par sa sincérité et originale par l’approche qu’elle propose de la maladie.

En effet, ce n’est pas uniquement le point de vue de l’artiste sur sa propre expérience qui est donné mais également celui de professionnels qui accompagnent au quotidien les patients dans leur combat. L’anorexie n’est plus alors uniquement perçue comme une douleur personnelle, intérieure ou une volonté de déconstruction de sa propre histoire mais également comme une préoccupation collective. Bien que le début de l’œuvre soit consacré à la critique et l’explication des tenants de l’œuvre de Valérie Guérin –et à une consécration de la beauté artistique et de la valeur humaine de ce témoignage-, la seconde partie du livre est un terrain d’expression. Se détachant petit à petit de l’œuvre de V. Guérin, on peut alors comprendre que ce livre ne reflète pas uniquement l’expérience d’une individualité mais de tout un groupe uni par un même rejet de soi, de son corps et du monde, préférant se replier sur soi-même dans un univers d’idéaux fermé à toute personnalité qui lui est extérieur.

C’est ce paradoxe qui fait la beauté de cette œuvre : cette jeune femme, accroupie, repliée sur elle-même, à la fois anxieuse et impénétrable, bien qu’elle soit – dans l’absolu- le reflet de Valérie Guérin, représente toute personne souffrant de cette maladie. Le titre donné à son œuvre, les Anorexiques,  est en cela éclairant ; on se trouve bien dans une volonté d’universalité visant à traduire une expérience personnelle pour aider l’autre.

Son interview ainsi que les poèmes et écrits de ceux qui se sont associés à elles sont extrêmement touchants parce qu’ils révèlent la souffrance vécue dans l’intimité, le mécanisme destructeur que chaque malade met soi-même en place et la façon de perpétuer cette souffrance au-delà même du raisonnable jusqu’à ce que l’isolement et la faiblesse de son propre corps soit trop importants pour pouvoir la supporter plus longtemps. Cependant, une fois le livre refermé c’est bien une lueur d’espoir qui apparaît car la vie peut reprendre après la maladie. Même les pires moments de celle-ci sont surmontables. Apprendre à apprécier son corps, s’ouvrir aux autres, découdre cette bouche si longtemps fermée et à reprendre pied dans la vie courante c’est cela sortir de l’anorexie et c’est cela que Valérie Guérin a fait et perpétue dans son oeuvre.

Enfin, il faut remercier ces artistes et professionnels pour leur travail car c’est bien en déconstruisant cette montagne de douleur et en analysant chaque moment de la maladie que l’on peut espérer aider, ouvrir la porte de ces cages de verre dans lesquelles chaque malade s’est un jour enfermé.

Article écrit par Charlotte Planchette


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