Après l’anorexie, la boulimie/l’hyperphagie, je ne sais plus ce que je suis exactement.
Je mange. J’achète des kilos et des kilos de sucré, de salés, patisseries, viennoiseries, sandwichs,paninis, chocolat, pain, beurre, pâtes, gâteaux, fromages….Parfois des vomissements, parfois pas.
Parfois ça dure toute la journée, dès le levé, manger, boire, vomir, boire, manger, boire, vomir, boire, manger, boire, vomir… jusqu’à épuisement, parfois jusqu’au soir !
Et d’autres fois, j’en suis tellement malade que je ne peux rien faire d’autre que de me laisser « mourir » par terre, le coeur qui bat à 200 à l’heure, le sang qui a des pulsions dans tout le corps, la nausée à un point insoutenable. Je m’étonne même de ne pas tomber dans les pommes, à chaque fois je ne suis pas loin du malaise. Et quand ça m’arrive dans la rue, alors là c’est terrible, je n’arrive même pas à faire 20 pas pour aller jusqu’à, l’arrêt de bus ! Je suis incapable de marcher, de me porter sur mes jambes. Et j’ai beau être très très suivi, médecin, psychologue, psychiatre, nutritionniste, amis…je ne vois pas de fin. Je prends du poids encore et encore […], « si ça continue c’est le surpoids » me dit mon médecin, alors qu’il y a deux mois j’étais encore en sous-poids !
Et le pire (ou le mieux je ne sais pas) c’est que je cache très bien mon jeu, avec de grands sourirs, l’humour… J’affiche une « bonne tête », et certains amis n’en reviennent pas quand je leur dis que ça ne va pas fort (sans en dire plus, parce que je ne veux pas que ça se sache; autant l’anorexie on veut l’afficher partout, mais la boulimie, c’est top secret, tabou!).
Et j’en peux plus d’être cataloguée « malade » par ma famille. Et elle n’imagine pas à quel point je culpabilise vis-à-vis d’elle (et de mes amis aussi). Tout ce que je leur fais subir… Et en même temps je n’en peux plus de ma famille, et elle n’en peut plus de moi. Elle sature, elle craque, la cuisine dévalisée, mon compte qui fond comme neige au soleil. Y a-t-il une fin? Comment faire? J’ai l’impression de ne faire plus aucun effort pour m’en sortir, moi aussi je sature. Ces très grosses crises sont là depuis 6 mois, je n’en sors pas ; pourtant j’avais beacoup de volonté avant, maintenant j’avoue que je l’ai perdue, comment faire pour la retrouver !?
Je suis lasse, je me sens foutue, alors « foutue pour foutue »; pourquoi faire un effort !? La bouffe, c’est mon suicide. Je me tue par la bouffe ! C’est dingue ! Comme l’anorexique se laisse mourir privée de nourriture, moi je me laisse mourir sous le poids de la nourriture. « Le soleil tourne ». Moi j’ai l’impression qu’il a déjà tourné pour moi, pendant une courte période où je reprenais plaisir à manger (tout en restant mince), et là ça y est c’est fini, c’est l’orage jusqu’à la fin. La bouffe, mon cauchemard !